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Bernard Eisenschitz (Autre)
EAN : 9782702101803
265 pages
Calmann-Lévy (01/04/1994)
3.46/5   92 notes
Résumé :
Ils sont trente-neuf à rêver un hypothétique avenir. Un futur idéal où notre civilisation prospère aurait laissé derrière elle les guerres, les inégalités, la surpopulation, le terrorisme et la pollution. Comment en arriverions-nous là ? C'est la question à laquelle doivent répondre les trente-neuf scientifiques du projet Wessex, dont on envoie l'esprit plusieurs centaines d'années en avant. Mais parmi eux, Julia Stretton a une tout autre définition du projet. Bien... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Ecrit entre le monde inverti et La fontaine pétrifiante, ce roman fait donc partie des premières oeuvres de Christopher Priest, et présente justement un savant mélange entre un suspense pouvant à tout moment mener à du thriller, sans pourtant jamais y tomber, et le fameux côté onirique, contemplatif et philosophique propre au monde de l'Archipel du rêve qui s'ensuivra.

J'ai lu, dans un autre commentaire, que ce livre ne prend pas si on a déjà vu le film Inception, et justement cette remarque souligne l'imagination incroyable et débordante dont sait faire preuve Priest. Juste pour information, Futur intérieur a été publié pour la première fois en 1977 quand le film de Christopher Nolan (réalisateur du Prestige, sacré hasard !) sortait dans les salles en 2010. L'un n'est absolument pas adapté de l'autre, mais le thème évoqué ici est bien celui d'une intrigue menée principalement dans un monde rêvé à plusieurs. Chaque rêveur possède donc une certaine influence sur cet espace ainsi créé.
Mais cela demeure du Priest, avec les caractéristiques qui lui sont propres, à savoir qu'il ne faut chercher ici ni courses poursuites, ni thriller musclé avec de l'action dans tous les sens. Non, le tout est grandement réfléchi, détaillé, décrit, présentant les émotions des protagonistes principaux, basé sur leurs propres expériences. On se laisse prendre au jeu, on se demande constamment comment cela finira.

Et bien évidemment, la question si chère à Priest, comme elle l'était également à K. Dick, qu'est-ce que la véritable réalité finalement ? Peut-il y en avoir plusieurs ? Peut-on du coup choisir celle que l'on préfère ? Sachant qu'une fois dans ce monde, on ne réalise pas que c'est un monde "irréel".

Entre un homme poussé par une destinée qu'il ne comprend pas mais qui guide toute son existence, une femme qui trouve le bonheur en fuyant, se contentant, par comparaison avec un passé malheureux, de la simplicité de l'instant présent, et un autre homme qui désire pouvoir tout contrôler égoïstement.

C'est un beau récit, intéressant, prenant, avec une belle morale.
Toutefois, on sent que l'auteur n'était pas arrivé à sa mâturité, ni au sommet de son art, car ce que je pourrai reprocher à Futur intérieur, c'est justement que le tout demeure un peu trop modeste à mon goût.
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Le Wessex, arraché à l'Angleterre à la suite d'un cataclysme, est désormais une île paradisiaque, destination privilégiée des surfeurs et des riches touristes, qui font vivre les petits artisans du coin. Si cette description de l'Angleterre heurte votre sens de la géographie, rassurez-vous : ce Wessex n'existe pas vraiment. Il s'agit d'une expérience scientifique censée guider les choix politiques. Un ensemble de savants imaginent une société idéale, et leurs inconscients créent une simulation « visitable » : il ne reste plus alors qu'à l'explorer pour comprendre quelles sont les décisions à prendre pour faire de ce paradis artificiel une réalité.

Tout semblait bien se passer jusqu'à ce que l'ex-compagnon d'une participante débarque à l'improviste dans le projet et impose sa participation grâce aux soutiens des politiciens qui tirent les cordons de la bourse. Cette dernière craint le pire : son ancien amant est narcissique, pervers et manipulateur. Et comme chaque participant amène dans le Wessex une partie de lui-même, il y a lieu de craindre de sacrés bouleversements.

Aimant beaucoup le thème des mondes artificiels, je me suis lancé dans la lecture avec enthousiasme. Hélas, il n'a pas duré bien longtemps. Déjà, j'ai un peu coincé sur le principe même du Wessex : des gens imaginent un monde, puis le visitent pour… comprendre sur quelles bases ils l'ont imaginé ? D'accord, l'inconscient nous fait faire des choses que l'on a beaucoup de mal à justifier ensuite, mais là il s'agit quand même de choix politiques, d'organisation de société, … Ça a l'air un peu plus concret. D'autant que le Wessex n'est pas une « bulle » isolée de tout : il est présenté quand la conséquence logique des actions politiques décidées pendant cent ans à partir de l'époque des chercheurs impliqués.

Ensuite, l'histoire d'amour entre les deux protagonistes prend un peu trop de place dans le récit à mon goût. On passe beaucoup de temps à se demander si Julia va réussir à échapper aux griffes de son sinistre compagnon plutôt que de s'interroger sur le caractère de la simulation. Tout est question de goût évidemment, mais pour moi, j'attendais beaucoup plus de ce second point. La relation entre les deux héros, même si elle contient une certaine violence, m'a au final assez ennuyé.
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Le Wessex est un projet scientifique visant à définir ce que serait l'avenir idéal. Sa méthode consiste à projeter les esprits de trente-neuf hommes et femmes 150 ans en avant, dans un univers considéré comme idéal. Ils sont alors chargés de se fondre dans la société, d'observer et de comprendre ce qui pourrait mener à un tel ordre mondial. Une fois de retour dans le présent, et dans leur corps, ils rédigent des rapports circonstanciés de leur expérience.

Julia Stretton est l'une de ces scientifiques. Mais pour elle le projet Wessex n'est pas une simulation, mais bel et bien une réalité alternative dans laquelle tous ses fantasmes pourraient bien se réaliser. Alors quand son ancien amant, l'incarnation de ses pires cauchemars dans le monde réel, est intégré au projet, c'est en quelque sorte son passé qui rattrape son futur ; son seul espoir réside finalement dans les mystères de l'inconscient qui peuvent façonner demain des identités très différentes de celles d'aujourd'hui.

Roman de jeunesse de Christopher PRIEST, Futur intérieur préfigure néanmoins ce que son oeuvre est appelée à devenir, notamment avec Les Extrêmes. Partant d'une situation sociale et politique marquée par la crise pétrolière et le terrorisme, l'auteur imagine un avenir dans lequel les Etats-Unis seraient musulmans et l'Europe sous domination soviétique. Dans ce nouvel ordre mondial, le paradis se situe dans le Wessex, une île isolée de l'Angleterre, sur laquelle le naturisme est la règle, et l'artisanat le moteur de l'économie. de tels arguments peuvent aujourd'hui faire sourire, mais il faut les resituer dans le contexte de leur rédaction, et bien garder à l'esprit que l'essentiel du roman n'est pas à rechercher à ce niveau.

Comme dans tous les romans de PRIEST, l'essentiel c'est l'humain en tant qu'individu. Dans Futur intérieur, c'est certes collectivement que le Wessex est rêvé par 39 individus (métaphore de notre monde réalisé par près de sept milliards d'individus aujourd'hui), mais c'est individuellement que chacun est à même d'avoir une influence, positive ou négative, sur notre univers. Dès lors les sentiments et les aspirations personnels interfèrent sur l'objectivité scientifique, et donc sur ce qui a été créé collectivement. C'est en tout cas ce que l'auteur montre avec Julia Stretton et son ancien amant, proposant pour ce faire une réflexion passionnante sur les réalités alternatives, le rôle de la mémoire sur le déroulement des évènements historiques, sans oublier celui de l'inconscient dont les éternels besoins insatisfaits pourraient bien être déterminants pour notre univers, qu'il soit vécu et/ou rêvé.

Roman de jeunesse donc, mais déjà les mêmes préoccupations qu'aujourd'hui ; et déjà la même prose percutante. Alors si Futur intérieur est parfois présenté comme mineur dans l'oeuvre de Christopher PRIEST, c'est probablement parce que le développement de ses thèmes de prédilection n'est pas aussi abouti qu'aujourd'hui. le roman est toutefois constitutif de la genèse d'une oeuvre majeure et se pose encore aujourd'hui comme un très bon récit.
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Disons-le tout net, je me suis tout de même emmerdé un peu à la lecture de ce livre. En effet, il n'y a pas grand chose qui se passe, et même si je ne suis pas un lecteur privilégiant l'action en toute circonstance, je me suis ennuyé pendant une bonne partie du livre. Et de fait, je pense que le livre est un peu trop faible, manquant de corps et de développements pour être réellement intéressant. C'est le genre d'ouvrage dont la lecture me laisse plus dubitatif qu'intéressé.

Au commencement, ce livre m'a intéressé par son sujet. Imaginer le futur, le vivre en essayant de le créer par son inconscient, c'est une riche idée. Malheureusement, le livre développe sa trame doucement, lentement, et je dirais même trop lentement. En parlant d'une histoire d'amour, le thème du livre va notamment bouger autour de l'inconscient, de la force de l'esprit et de personnalité toxique (Paul est le genre de salaud qu'il m'insupporte de lire). Bref, je trouvais que l'idée première semblait finalement moins développé que l'on aurait pu l'attendre, et c'est ce qui se confirme dans la deuxième moitié du livre. le développement joue avant tout sur les relations de personnages, et non pas sur un développement de tout le potentiel de son idée scientifique. Je ne dirais pas que c'est frustrant, l'auteur ayant visiblement envie de traiter ce thème et le faisant plutôt bien, avec des développements de personnages plutôt bien vu. Mais en même temps, le livre devient un peu bancal : il mélange plusieurs thèmes mais n'en développe aucun réellement, ce qui finit par donner un ensemble fade. Il manquerait quelques développements plus poussés pour arriver à complètement donner du corps à l'histoire. Ici, on a finalement un seul sujet traité d'un bout à l'autre, et c'est Julia et son développement. le reste est un peu passé à la trappe, et l'exploitation de la superposition des mondes, qui aurait pu être une fin bien plus ambiguë, est résolue assez facilement et rapidement. le final est un peu banal, en comparaison, et l'élément déclencheur de certains évènements (un article de journal retrouvé par hasard) fait très très "grosse ficelle scénaristique". Bref, une fin qui semble aller dans le sens du livre.

C'est encore un de ces livres qui ne me laisse pas une impression indélébile, mais qui n'est pas non plus mauvais. C'est juste dispensable, mais cela dit ce n'est pas non plus un livre à fuir. Si l'on a que ça sous la main, ou que l'on vent découvrir tout les livres de l'auteur, pourquoi pas ? Mais pour ma part, je reste sur le monde inverti, qui m'a plus marqué et porte un propos bien meilleur !
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Le futur intérieur nous relate les effets d'une expérience de prospective pure, on envoie des individus dans la projection d'un monde idéal (le Wessex dans 150 ans) afin de mesurer les efforts à fournir pour y parvenir (dépasser la crise pétrolière et apaiser les relations internationales). La plupart des participants à l'expérience finissent par être plus attaché à ce rêve qu'à leur réalité.
Pour nous, c'est une fuite vers le rêve vers la quelle sont portés la plupart des malades mentaux et aujourd'hui ceux d'entre nous qui vivent dans la réalité virtuelle (notamment à travers les jeux vidéos).
Les relations entre les personnages sont complexes et la profondeur psychologique est au rendez-vous d'autant plus que l'ancien compagnon d'une des participantes (qui à un tempérament agressif et violent) va tenter de prendre le pouvoir dans une quête de domination totale de l'autre (tant sur sa personnalité virtuelle que sur la fondation) le paradis qu'était le Wessex virtuel va devenir de fait une effroyable prison. Et l'équilibre (utopique) dans lesquels vivent les personnages va être bouleversé.

http://sfsarthe.blog.free.fr

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Et il avait toujours eu " beaucoup d'affection pour elle "comme un enfant cruel affectionne la poupée qu'il tourmente ; pas une seule fois il n'avait employé le mot amour. Pas même au moment de leur plus grande intimité. Pas même pour signer une lettre.
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Il n'ignorait pas qu'ils en avaient parlé, mais le contraire était également vrai. La réalité commençait en cet instant, à chaque instant, chassant le passé trompeur.
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Les événements étaient bien à l'origine de la mémoire, non ?
Cela ne pouvait être l'inverse.
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Nous sommes différents, vous et moi, avait-il dit. Nous sommes différents, parce que nous sommes semblables.
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première phrase de la page 45:

Borovitine parcourait à nouveau la lettre d'introduction , comme si, à première lecture, quelque chose d'essentiel lui avait échappé.
- Je ne vois pas pourquoi vous avez besoin d'aller là-bas.
- C'est important et intéressant historiquement.
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