Qiu Xiaolong, écrivain chinois né à Shanghaï surnommée « La
Cité de la poussière rouge », après plusieurs polars à succès, a écrit «
Cyber China » ayant pour thème le cyber-harcèlement.
Avec Internet, ce réseau informatique mondial et son utilisation sont devenus de plus en plus plus importants. Cet ouvrage a pour thème une chasse à l'homme par des cyber-citoyens contre Zhou, un membre influant du parti, retrouvé mort après avoir été pris en flagrant délit de corruption.
C'est le récurrent inspecteur Chen Cao, un policier poète qui est chargé de l'enquête.
Zhou a été retrouvé dans une chambre d'hôtel où il était assigné en shuanggui (résidence surveillée) suite à une dénonciation sur son train de vie plus somptueux que la normale car il aurait du vivre de façon plus simple conformément aux lois du parti communiste.
Chen Cao, en qualité de conseiller principal, doit superviser l'inspecteur Wei, ce qui va gêner quelque peu les responsables du parti, les services de renseignements de la police du net (wang guan) mais cela va lui permettre de faire connaissance d'une jolie journaliste, Lianping.
Avec cette cyber-révolution, Chen va se retrouver pris dans la Toile car elle enflamme le pays. Mais notre héros ne manque pas de garder son calme, n'oublie jamais de citer des poèmes chinois traditionnels et nous entraîne dans un voyage bien dépaysant, au milieu de la révolte des citoyens par l'intermédiaire des réseaux sociaux.
Avec
Qiu Xiaolong c'est toujours un plaisir de lire ses ouvrages. Il faut signaler qu'il a quitté son pays suite aux événements de la Place Tian'anmen pour se réfugier aux États-Unis.
Ses ouvrages portent sur l'évolution sociale et culturelle de la Chine et ont également souvent pour thème la corruption due à l'argent.
Nous assistons donc à cette « chasse à l'homme sur le web », déclenchée soudainement à cause d'une photo. On peut lire :
« - Zhou. Une chasse à l'homme sur Internet. A cause d'un paquet de cigarettes.
- Un paquet de 95 Majesté Suprême, précisa Li. Une photo publiée sur Internet a lancé la chasse à l'homme et fait éclater un terrible scandale. (…)
Mais Chen ne possédait aucune information, il n'avait fait qu'entrevoir un gros titre dans un journal local. Ce n'était que par curiosité naturelle qu'il avait retenu l'expression « chasse à l'homme ». Une histoire de traque sur Internet, c'était tout ce qu'il savait. Un nombre incalculable de termes empruntés au réseau avaient surgi dans le langage courant et leur sens restait souvent à peine intelligible pour les non-initiés comme lui. Donc réaction ultra-violente, démesurée...
L'enquête va conduire Chen à Shaoxing, au sud de Shanghaï – parsemer le récit de vers tirés de poèmes – faire aussi parvenir certains de ses poèmes à Lianping – nous faire connaître la gastronomie locale – nous tenir en haleine car finalement, c'est à Shanghaï, dans une pièce contiguë au bureau de Zhou que des preuves seront trouvées. Oui, mais quelles preuves ? Et comment finit cette enquête ?
«
Cyber China » (publié en 2012) est un excellent polar sans avoir besoin d'intégrer des descriptions morbides. Bien au contraire. On suit notre inspecteur poète allègrement tout en constatant les ravages causés par le Net, démontrant que l'évolution du progrès n'est pas toujours bonne.
Encore un excellent ouvrage de cet écrivain qui ne faillit pas à sa réputation.
Trois critiques relevées parmi de nombreuses autres : « Un polar chinois réussi sur la corruption à l'heure d'Internet. Une excellente cuvée. » (Rue 89).
«Un portrait passionnant et sans concessions de la Chine contemporaine.»( L'Hebdo).
«Une écriture transparente permet de saisir un paysage d'une profonde complexité.» (Alternatives internationales).