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EAN : 9782020230698
224 pages
Seuil (12/10/1994)
3.3/5   28 notes
Résumé :
"Puis ils pénétrèrent dans l'autre monde." Ces quelques mots de Pascal Quignard indique clairement l'espace occupé par le livre : entre l'extrême réalisme du roman moderne, où chaque chose est nommée et désignée, et le flou du conte de fées ; entre une France réelle, celle de la fin des années 1960, datée jusque dans les moindres détails, et une France rêvée, où les bases américaines se confondent avec le souvenir des camps romains et les balades de Villon avec l'âp... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique




N°547 – Novembre 2011.
L'Occupation américainePascal QUIGNARD – Éditions du Seuil.

Marie-José Vire, fille du quincaillier-épicier de Meung sur Loire et Patrick Carrion, fils du vétérinaire de ce même village... Ils s'aiment depuis l'enfance, c'est à dire depuis les années 50. Ils sont allés à l'école ensemble, ont découvert ensemble le monde immédiat, c'est à dire les paysages de Sologne faits de terre et d'eau, l'eau de la Loire et celle du ciel, ont rêvé ensemble à l'avenir, se sont inventé des histoires où ils étaient les seuls acteurs, dans le décor d'une île sur le fleuve ...Seul leur amour les intéresse, mais c'est un amour d'enfant fait de peurs et d'imaginaire. Patrick est même devenu l'auxiliaire zélé du curé, mais cela ne dure qu'un temps... Dehors, c'est un autre monde, celui des adultes, de l'Histoire, des guerres et de leurs conséquences, de la politique intérieure et internationale. Que le monde autour d'eux soit en flammes ne les concerne en rien. Ce qu'ils voient se sont les troupes américaines qui occupent la France sans pour autant l'avoir vaincue. Avant, il y avait eu les Romains, Attila, Jeanne d'Arc et l'occupant anglais, les Allemands et maintenant les Américains ! Et Meug sur Loire, c'est aussi la ville qui avait jadis accueilli François Villon pour le mettre aux fers !
Cet autre monde, ils l'observent de loin, toujours ensemble et ce qu'ils voient c'est un camp protégé par des barbelés, une ville étrangère avec ses magasins, ses rites militaires, son drapeau... C'est pourtant un monde qu'on singe volontiers quand on est adolescent. On en adopte les coutumes, des rudiments de la langue, les cigarettes, les boissons, la drogue, la musique, les trafics, les voitures. Il fascine ce monde-là surtout quand le corps change, comme celui de Marie-José qui devient belle, désirable et intéresse un sergent Américain qui pourrait être son père ! Pour elle c'est un peu le rêve qui se dessine, loin de Patrick... Lui non plus n'est pas insensible aux charmes de Trudy, la jeune américaine mais il pense surtout au jazz, à la batterie et au groupe qu'il a formé au village. Pour lui, la vie immédiate c'est les photos de pin'up, la bannière étoilée, la bière, pendant que les adultes crient volontiers « Us go home » et craignent pour la vertu de leurs filles. Puis vient l'anniversaire de Patrick que chacun fête à sa manière avec, en contre-point la mort [« La mort est seule à arracher notre vie à elle-même »], la désintégration du groupe de musique, le bac qu'il faut passer, le départ définitif des Américains, l'incompréhension qui mine la famille de Patrick et sa vie à côté de Marie-José qui se décline sur le mode « Je t'aime moi non plus ».

J'ai peu goûté les dissertations philosophiques de Rydell sur la vie et la mort. J'ai lu ce livre paru en 1994 jusqu'au bout, davantage pour en connaître la fin que par réel intérêt. Ce dernier est venu pourtant, mais pas avant les vingt dernières pages. Même si le style m'a paru un peu sec, même si d'ordinaire je ne goûte guère les romans qui affectionnent le « happy end », cela m'a laissé un goût amer et pour tout dire je m'attendais à autre chose de la part de celui qui sera Prix Goncourt en 2002. D'ailleurs, mon improbable lecteur pourra constater que malgré la lecture que j'ai pu faire de quelques romans de cet auteur, je n'en ai guère été bouleversé.
©Hervé GAUTIER – Novembre 2011.http://hervegautier.e-monsite.com






























































































Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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A la fin des années 1950, Marie-José Vire et Patrick Carrion (dites « Pee-Cee »), un couple d'adolescents, sont fascinés par les USA et par les soldats américains qui se sont installés dans une base de leur petite ville de Meung-sur-Loire, ville où François Villon fut emprisonné au 15ème siècle.

L'adolescence est l'un des thèmes majeurs de ce roman – toutes les avancées et les empêchements de cette période de la vie - le corps, les convictions, les rapports aux parents, et la découverte de la musique, ici le jazz avec la batterie pour Patrick. L'adolescence, métamorphose qui détruit l'amour d'enfance de Marie-José et Patrick.

Le jazz est le deuxième grand thème du livre :
« Voir jouer du jazz fut une illumination... C'était l'exact contraire de la contention et de la prétention des concerts de musique classique qu'il avait pu entendre à Orléans. Patrick n'avait jamais imaginé que la musique pût être cela : une tristesse devenue corps ; un lien immédiat associant sur-le-champ ceux qui jouaient à ceux qui écoutaient comme s'ils formaient un seul corps ; une façon de respirer et de mouvoir tous ses membres ; une possibilité de prendre au mot le hasard d'un instant et de le ressentir de la tête aux pieds ; une façon de vivre plus intense. »

Et enfin les États-Unis, objet permanent de culte et de rejet.

Toujours un plaisir de lire Pascal Quignard.
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Un titre très dénonciateur, et pourtant du jazz ! de la musique, des questions, et des adolescents qui apprennent à vivre !
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Après les nuages dans le ciel, après les guerres humaines, après les corridas de l'Espagne, après les bambouseraies du Nord-Est de l'Inde, la grand-messe en latin dans le rite catholique compte parmi les plus violents spectacles qu'un homme puisse voir.
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La mort est seule à arracher notre vie à elle-même 
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Vidéo de Pascal Quignard
L'auteur Pascal Quignard a bâti une oeuvre érudite et sensible. Avec "Compléments à la théorie sexuelle et sur l'amour", il poursuit sa réflexion sur la sexualité et la relation amoureuse et nous parle d'art, de masochisme, ou encore de sirènes... Il est l'invité de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
Visuel de la vignette : Les Amants / René Magritte
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