L'écriture de
Quignard c'est un son.
Un son particulier que l'on reconnaît.
Un son comme une respiration, un échange.
Une présence.
Presque une ghost note.
Une note muette.
L'empreinte de la frappe d'une lettre.
Une écriture. Une écriture comme un pas. Un dit.
Expliquer le son que produit
Quignard ce serait un peu
comme tenter de peindre le temps.
On peut peindre le silence comme le faisait Hopper.
Mais le temps , ce temps intérieur comment l'exprimer
sinon par des notes ?
Ce laps de temps.
Une période. Un espace. Un lieu. Un intérieur. Un dedans.
Comment peindre une recherche ?
Un mouvement ? le rythme d'une respiration ?
Port Royal des Champs...
Je suis entrée en Port Royal avant de lire ce livre.
Ce livre que j'avais posé sur ma table
et qu'un jour je me devais de rencontrer.
La vision fut importante. Et je lui suis reconnaissante.
Port Royal des champs est un espace qui s'intériorise
ou plus exactement qui intériorise.
Il ne reste plus grand-chose de visible.
Je veux dire de ce temps, temps qu'un pouvoir a voulu rayer
de la carte. Faire table rase.
Détruire Port Royal c'était vouloir détruire l'Esprit.
le spirituel, le temporel, l'unicité , voilà des notions
dont un Sieur qui se voulait soleil ne voulait
pas entendre parler.
En avait il la capacité , le pouvait- il ?...
Malgré tout, la charge est toujours présente, imposante sur ce
lieu, sur ces terres .
Nous habitons une absence écrit
Houellebecq.
A Port Royal des Champs c'est une présence qui nous habite.
Voilà le différence qu'il existe entre un bruit et une note.
Certains font beaucoup de bruit, d'autres sont musiciens.
Et cette présence, nous la recevons, l'entendons la comprenons.
Solitairement mais en formant un Ensemble.
Les cents marches, le pas des solitaires.
Les petites écoles.
Que reste t il de cette communauté ? Existe t elle encore ?
En nous, en chacun de nous elle reste présente,
grâce à ces liens qui nous relient.
En chaque syllabe qui empreinte l'esprit du liseur, en chaque
lettre qui rejoint la main d'un auteur.
Écriture, lecture, chemin, marche, escalier, communauté.
Esprit porté en dedans soi et éternellement partagé en une
communauté.
Lieu d'échange et de partage. Espace étonnant que cette
communauté.
Lieu de communion.
Être à part, à l'écart, se soustraire, s'abstraire. Il ne s'agit de
recul mais de liberté.
Il y a bien du spirituel dans l'Art comme l'écrivait
Kandinsky.
Se tenir en retrait, cela a toujours semblé suspect.
Que penses tu toi qui garde silence ?, que lis tu, de quoi , de qui
parles tu dans tes écrits ?
Qui te donnes ces pensées ?
A qui parles tu dans ton silence ?
A qui adresses tu cette pensée, ce regard ?
Quel est ce monde qui t'habite ?
Comment ne pas penser à Monsieur de
Sainte Colombe ? A son
savoir d'être.
Être musicien. Qu'est ce que cela peut donc vouloir dire.
Ne pas faire musique pour plaire, séduire, convoiter, ne pas se
servir de musique, mais être à son service.
Vivre sa musique.
Comme on peut vivre Amour, Dieu, Art ou même sa Foi.
Oser penser que l'on peut être libre de cela.
Peu importe le mot que l'on posera.
Tout repose sur la vérité de ce que nous vivons.
Ce lieu de pensée, Cette quiétude qu'il faut protéger.
Protéger du bruit général, global, d'un universalisme
totalitaire mené par un pouvoir porté par une majorité.
Port Royal faisait peur. Les solitaires ont toujours été regardé
avec étrangeté.
En retrait. « à l'écart de Versailles et à l'écart du
droit.Réserver une poche à la rareté quand elle est devenue
extrême, une loge au coeur de la solitude, une crevasse à la non
reproductibilité."
«il faut peut être retourner à une diffusion plus solitaire plus
clandestine à l'oeuvre d'art »…
voilà sujet de réflexion.
Réflexion face à soi, face à ce que nous faisons,
ce que nous recherchons.
Fait d'exception. Paysage miroir.
Oui des espaces, des espaces pour chacun d'entre nous où
chacun a une place et réfléchit en cette place.
C'est un peu le jeu des perles de verre de Hesse.
C'est une idée effectivement, un projet.
Et nous sommes nombreux à y réfléchir. Une idée, une vision.
Une question, une question de temps, comme une inspiration.
Rien n'est détruit tout subsiste.
Je le sais bien mieux que je ne le crois.
Astrid Shriqui Garain
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