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EAN : 9782494062177
172 pages
Editions Fugue (03/03/2023)
4.16/5   16 notes
Résumé :
Un peintre recueille un enfant trouvé qui devient son assistant. Lors d'un voyage, le garçon reçoit comme une déflagration sa première vision de la mer, et découvre la sensualité. Ces rencontres lui révèlent ce qui l'habite depuis toujours : le manque. Après la mort du maître, une chute le défigure et en fait à jamais « Gueule demi », exclu de la société des hommes. L'Envolée, jeune fille de conte de fées, reconnaîtra le don qui anime ses portraits : capter l'étince... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
J'aime beaucoup la page de couverture. C'est un personnage portant une blouse blanche maculée de peinture. C'est une image qui me parle car elle se réfère à ma conscience, non pas à la seule peinture mais au peintre en particulier. L'homme, l'artisan et tant et si bien le créateur, de cette image il m'agrée de me souvenir de ce blanc et de tout ce qu'une vie à couvert en couleurs. L'histoire de Gueule demi oscille entre un réel et son imaginaire sans toutefois s'écarter d'une réalité plausible ou possible. Après son accident l'homme devra poursuivre vie et chemin affublé d'une identité prêtée, héritée de par son aspect comme celle des gueules cassées de l'après-guerre 14- 18-. Sauf l'enfant, le nourrisson, Bleu qui se présente à son chemin, tout comme la mer, qui lui vaut ce surnom pourront le regarder sans traduire une quelconque anomalie quant à une idée préconçue du paraître en général. Il en est ainsi aussi des chiens qui aiment sans compter tout maître quel qu'il soit. En dehors, de ces deux figures, les enfants du village et les gens de l'entourage se révéleront cruels, du moins dans un premier temps. Il n'y a pas ici de chien dans le récit, c'est juste un élément de précision, d'ailleurs, il n'y a que très peu de personnages pour constituer un lien en résonance dans le récit. Je n'ai pas réussi à établir ce lien, justement ou injustement qui aurait pu m'établir en symbiose ou en accord avec l'histoire et son déroulement. Peut-être que mon peintre à moi, aujourd'hui disparu, à tout emporté et qu'il ne m'aura laissé d'autre construction qu'un tableau par lui tracé, de ses brosses et pinceaux. Je ne dis pas que je n'ai pas voyagé avec l'écriture de Benoît Reiss mais que simplement je suis restée en surface plutôt qu'en profondeur. Bien évidemment, je remercie sincèrement Fugue éditions, l'auteur et Babelio dans le cadre de cette masse critique.
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Bleu ! Voûte lactée ! Un des plus beaux livres en ce printemps, couleurs et regain.
Ce livre est une ode à la pureté, l'onirisme bleu océan.
L'écriture de Benoît Reiss si douce à l'instar d'une voix chuchotante.
Un conte, une fable, rien n'est étrange dans ces lignes superbes et c'est bien ainsi. La vie y est souveraine, au ralenti, un goutte à goutte de lumière. Dans une dimension ésotérique, magnétique, sensuelle et habitée par la grâce.
Bleu comme la couverture sur l'enfant et bleu de la mer. « Ce bleu sur la pente, qui se révèle un lit d'enfant, est comme celui de la mer ».
Enfant coquille, trouvé par le Maître sur un tas de bois abandonné en pleine solitude loin de toute terre habitée.
« L'enfant referme les yeux, sa minuscule main repliée près de sa tempe. Il se rendort ».
Enfant d'Octobre, des vendanges salvatrices. le maître solitaire n'est plus, « tout cela est nouveau pour l'enfant et pourtant déjà pleinement accueilli ».
Bleu, dans cet antre renouvelé , le Maître peint. Différemment, avec des nuances de vie sur le pinceau. Lui, qui regarde cet enfant comme le Messie. Sentir le vivant jusqu'au bord des cils de ce petit être. Prénommé Bleu comme les toiles mappemonde. le Maître peint encore et encore. L'enfant grandissant observe les toiles, les mouvements comme des étoiles accrochées sur le toit du monde. La connivence entre le maître et Bleu est pudique, secrète, comme ces choses qui vont de soi mais en silence. L'apprentissage pour Bleu, peindre et apprendre de son Maître l'invisible des frémissements. « Peindre lui est venu avec sa découverte de la mer… Il ne perdait rien de ce qui se formait alors, les reliefs, tracés à la lame, des grèges, des bruns, des innombrables verts et bleus, les consécrations de rouges , d'ocres, de jaunes, toutes les nuances, les gris, les marrons, les violets s'étirant, après chaque passage de la main, vers le clair ».
« Ici, on va s'installer ici ! Tout le jour, le maître est assis sur le pliant, au travail sur la toile, lui debout dans son dos, occuper à examiner les mélanges des couleurs...s'étonnant de n'éprouver aucun ennui, de désirer, même, que cela dure encore ».
On ressent le solaire des gestuelles qui se comprennent. Un lien entre le Maître et Bleu comme une rencontre qui n'en finit pas d'éclore. La beauté de la simplicité.
On pressent le Sud de la France. Un lieu imaginaire mais qui, pourtant, nous est connu : « août aurait été brûlant sur le plateau, un feu blanc du matin jusqu'à la nuit ».Le Maître à l'instar d'un berger dont l'aura transperce Bleu. Mais, le Maître meurt. Bleu se retrouve seul. Il ferme la maison part rejoindre le vrai Sud. Dans ce périple, il chute malencontreusement. La joue arrachée par un rocher tranchant. Il sombre dans un gouffre, le manque du Maître, la distance avec la vraie vie. Redevenir le bleu de son enfance. Il sera sauvé mais mutilé. La moitié du visage basculé dans le noir et l'horreur. Mais son visage de monstre devenu est repoussant et il est surnommé Gueule Demi. Les couleurs n'oublient pas. L'intrinsèque du récit non plus. Il y a dans ce livre majestueux, initiatique , L'Envolée. Celle qui reste clouée dans son lit et qui, pourtant sait. Maîtresse des couleurs et de la vie. Elle est de transmutation, une voyance qui perce bien plus loin que le regard d'un aigle. Lequel va sauver l'autre ? L'Envolée ou Bleu ?
Ce texte de cristal est métaphorique et sublime. Ici, près du bleu, rayonne un récit boréal. Vertigineux, théologal, dans une poésie des transhumances. « Gueule Demi » est un livre filmique mais au ralenti. Il honore la création, la transmission, le bleu céleste et l'approche du secret. Lire doucement, mot à mot le charme vivifiant d'un Gueule Demi qu'on aime de toutes nos forces. Publié par les majeures Éditions Fugue.
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Benoit Reiss m'avait énormément touché avec son premier roman, le petit veilleur, il signe aujourd'hui son deuxième, très belle histoire, pudique et poétique, ultrasensible, dans laquelle j'ai adoré me glisser.
Son personnage, après un accident, est devenu un paria parmi ses semblables, porteur du mauvais oeil. Celui qu'on nomme Gueule demi découvre un nourrisson abandonné, le recueille ; avec douceur, avec une tendresse sans mots, le "monstre" se révèle père nourricier.
Élevé par un vieil artiste, Gueule demi peint à son tour d'étranges petits tableaux. C'est la peinture qui lui permettra de retrouver une place parmi les hommes, et toucher du doigt le mystère qui fait notre humanité.
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Un livre d'une douceur magnifique.

Merci à l'opération masse critique de m'avoir envoyé ce livre, bien différent de mes habitudes littéraires. J'ai l'habitude des fantaisies où prince et magie sont légion. de ce fait, j'avais un peu peur de me lancer dans Gueule Demi.
Et pourtant, ce livre fut une bulle de tendresse, un petit coussin tout doux que je lisais chaque soir, avec, finalement, sa propre magie.

C'est un livre très poétique, qui donne envie de prendre son temps, d'explorer ses passion et d'apprécier, d'observer la nature et ses myriades de couleurs. Comme un long poème sur la mer.

Tous les sens sont en éveil, comme une danse en des milliers de couleurs. On a l'impression de flotter entre les différents chapitres, à l'image de notre chère Envolée.
Entre la douceur du personnage principal et de son attachement à l'enfant trouvé, on y voit aussi la méchanceté bête et superstitieuse des uns et la gentillesse, l'innocence et la beauté des autres.

Moi qui ne suis d'ordinaire pas très attirée par la peinture, j'avais durant la lecture une envie folle de voir de mes propres yeux les tableaux et dessins décrits. Les variations de formes, de traits et de couleurs sont magnifiquement bien décrites, donnent envie, au point d'en regretter que le livre ne soit pas illustré.

Un petit point négatif tout de même, non sur le fond mais sur la forme : Des phrases gigantesques à en faire tout un paragraphe, ce qui avait tendance à m'endormir par moment. D'où l'impression de flotter par moment. Mais en soit, cela correspond parfaitement à l'ambiance du livre.
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L'homme avait déjà une vie frustre et solitaire quand il parcourait les collines dépeuplées du Sud. C'est quand il a dévissé sur un sentier escarpé que sa vie a basculé. le visage déchiré, il est recueilli et soigné. Mais la laideur de sa cicatrice le rend infréquentable au point de lui donner la réputation du « mauvais oeil ». On finit par le nommer « Gueule demi » et bien lui fasse, car en nommant les choses, les craintes s'estompent. le monde l'accepte. Un jour de solitude, il découvre un nourrisson abandonné, décide alors de le garder, l'aimer et l'éduquer. Et pourquoi pas lui transmettre son goût démesuré pour le dessin et la peinture ?
Ce n'est pas par hasard qu'un être sensible arrive à la peinture. Son coeur exprime ses sentiments à travers les outils (l'oeil, la main, le pinceau ou le crayon). Si l'artiste reprend un dessin froissé, c'est que son humeur a changé, que le besoin de transmettre devient plus fort. Si le lecteur de ce roman a l'impression de voyager dans le flou, c'est que l'humeur des personnages varie au fil des jours. On sent le manque de lien social, ce lien indispensable pour se construire, ce lien qui redonne vie à la jeune fille alitée en attente de l'étincelle. En traçant des portraits, l'artiste donne aux autres la joie d'être reconnus, d'appartenir au monde.
L'écriture est souple, poétique, avec une palette de couleurs à chaque détour, dont le bleu de la mer omniprésent. Merci à Bruno Reiss pour ce roman apaisant. Et merci à Babélio et à Editions Fugue pour cet ouvrage tiré de Masse Critique.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Les premières fois, il se trouvait blessé par ce « Gueule demi », il n’en voulait pas de ce « gueule » qui le rappelait à l’animal, il n’en voulait pas non plus de ce « demi » qui le châtrait, le rendait moins qu’un homme entier, il serrait les dents, serrait les poings au fond de ses poches. Mais depuis que le nom lui avait été donné, il remarquait que les gens étaient moins craintifs, moins troublés par sa présence, par la monstrueuse béance qu’il portait au-dessus de son col, certains s’arrêtaient pour causer, prendre de ses nouvelles, et quand ils s’adressaient à lui, ils ne détournaient plus les yeux. Un matin, le cafetier de Maindon, Brad lève depuis l’autre côté de la place, l’a salué.
Hé, bonjour Gueule demi !
Et dans cet appel il n’y avait pas de méchanceté, aucune intention de blesser; Gueule demi, simplement était devenu son nom.
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Lui rentre le matelas, l’installe contre le mur au fond, dans l’ombre, y allonge Bleu endormi. Avant de ressortir, il allume le poêle. Il s’assied sur le banc dehors, près du seuil de la cabane, ne s’éloigne pas trop, il ne voudrait pas ne pas être là quand Bleu se réveillera et cherchera une présence, il ne voudrait que l’enfant se retrouve seul ne serait-ce qu’un instant. (…) Il veut que Bleu sente que lui est bien là, toujours là - grand corps fidèle -, il veut que sa propre présence pèse dans le giron de l’enfant comme ferait un tombeau de terre où la souche d’un grand arbre. Il veut que l’enfant s’abandonne sans crainte au sommeil, qu’il s’en aille au plus loin dans la région des songes, mais que lui sera là. (…) lui veut que Bleu ait la certitude, dans son esprit d’enfant, que les ombres de la solitude ont toutes étés écartées.
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Bleu se réveille dans ses bras, ouvre les yeux sur lui, le regarde comme il le ferait pour une autre apparition nouvelle. Il penche la tête dans un effort de concentration, il parait se rappeler une chose qu’il a déjà vue, il sort un bras de sous la couverture, tend la main, doigts écartés, pour saisir ce qui est au dessus; lui le soulève entre ses bras, redressé le petit corps maintient à hauteur de son visage, les doits alors avancent, passe sur la joue pleine, sur l’arrête du nez, entrent dans l’enfoncement, sur la peau grêlée, caressent la chair fripée, granuleuse, durcie, s’attardent sur les aspérités, les tendons, les creusements qu’il y a là, lui sent les doigts de Bleu qui font une danse, vont et viennent sur la blessure comme s’il y avait là une douceur, les doigts ne s’en détachent pas.
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Vidéo de Benoît Reiss
Interprétation libre par Christophe, Chloé et Manu à la Gare Saint Sauveur du roman L'Anglais Volant de Benoit Reiss, Quidam Editeur.
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