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EAN : 9782266321280
176 pages
Pocket (12/05/2022)
3.77/5   44 notes
Résumé :
VIIIe siècle de l'Hégire, Kemal bin Taïmour, pêcheur de perles de Bahreïn, a reçu d'Allah, le Miséricordieux, le don de voyance – en plus d'un sixième doigt. L'émir local le fait enlever et l'intègre à sa cour peuplée d'autres infirmes voyants. À leur contact, les visions du pêcheur s'intensifient et c'est un avenir très lointain qu'il pressent. Mais que valent des augures qui annoncent la future richesse pétrolière des pays du Golfe ou l'Europe frappée par la peste... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Après la réédition d'Un Étranger en Olondre de Sofia Samatar par les éditions Argyll, voici qu'un autre trésor méconnu de la fantasy est remis sur le devant des étals : le Prophète et le Vizir d'Yves et Ada Remy.
Repris en poche par Pocket Imaginaire au sein de son nouveau label des « Étoiles montantes de l'imaginaire », ce court roman initialement paru en 2012 aux excellente éditions Dystopia est malheureusement passé quelque peu inaperçu.
Et pourtant…

Dans l'Orient brûlant…
Pourtant, Yves et Ada Rémy restent deux figures indispensables du milieu de l'imaginaire français, couronnés en 1979 par le Grand Prix de l'Imaginaire pour leur roman La Maison du Cygne. Avec le décès récent d'Yves Rémy, il était plus que temps de se pencher sur l'oeuvre tout en finesse et en poésie de ce couple d'écrivains (et cinéastes !) français.
Avec le Prophète et le Vizir, voici le lecteur propulsé dans le passé, au VIIIème siècle de l'Hégire sur L'île de Bahreïn où le plus doué des pêcheurs de perles du golfe Persique est enlevé par l'émir Nour al-Din Malek, un prince obsédé par l'avenir et, plus particulièrement par la future expédition punitive d'un des rois du Yémen à son encontre. Malgré une cour riche en monstres-devins (en fait des hommes et femmes affublés de difformités diverses et variés), il ne parvient pas à extraire ce qu'il souhaite de cette assemblée aussi étrange que repoussante, mécontentant par la même les nombreux visiteurs qui viennent chercher conseil auprès de l'émir.
Kemal bin Taïmour, le pêcheur de perles aux six doigts, va excéder tous les espoirs de l'émir et, au contact des autres devins, acquérir un don de prescience qui lui permet de saisir l'avenir le plus lointain. Devenu inutile et grotesque aux yeux de Nour al-Din Malek qui ne comprend pas les visions par trop nébuleuses de son sujet, voici Kemal embarqué dans un voyage qui fera de lui le plus grand prophète de son temps, chez les Croyants comme chez les Infidèles.
En fait d'un roman, le Prophète et le Vizir résulte du collage de deux nouvelles : « L'ensemenceur » et « Les huit enfants du vizir Fares Ibn Meïmoun », la seconde constituant une suite directe à la première. Dans une atmosphère proche de celle des Milles et Unes Nuits, Yves et Ada Rémy imagine un conte philosophique sur le passage du temps et sur la causalité.
Ou devrait-on dire plus poétiquement : sur le destin.

Peut-on changer le cours de l'Histoire ?
En compagnie de Kemal, le lecteur découvre l'Orient puis l'Occident, il mélange l'Histoire avec l'histoire et le présent avec l'avenir. le récit, aussi poétique que subtil, évoque différents évènements historiques tels que le siège de Malte ou la Peste de Marseille. Les Rémy s'amusent à porter le regard d'un homme du XIVème siècle sur des faits qu'il ne saisit pas et qu'il tente, avec sa compréhension limitée, d'exprimer au mieux. C'est l'occasion pour le lecteur de déchiffrer à la place de Kemal et de percevoir par la même occasion toute la difficulté du prophète pour savoir quoi faire et quoi dire de ces visions qu'il ne saisit pas lui-même. C'est non seulement un exercice de style réussi sur le sens des légendes à travers les siècles, mais aussi, et surtout, une réflexion sur l'influence de ces révélations dans le temps. Au fond, le Prophète et le Vizir s'interroge sur la possibilité d'influer sur le Destin ou si celui-ci, quoique l'on fasse, est-il déjà tout tracé ? On se demande alors si les révélations de Kemal sont à l'origine d'un changement dans les évènements prédits ou si c'est le fait pour lui d'en avoir parler qui a engendré ces visions en devenir ?
La causalité tourne en rond, le temps se fige et Kemal finit par se demander pourquoi Allah le tourmente de cette façon.
Mais outre sa réflexion sur l'inéluctabilité du Destin, le récit se permet de raconter le récit d'un homme à la fois tout à fait extraordinaire et complètement banal. Kemal est un personnage émouvant, à la fois sauveur et martyr, témoin et acteur. Il est un instrument entre les mains d'Allah, de Dieu, du Temps, du Destin…et des Rémy aux-même qui, en un sens, finissent par être les ultimes maîtres de cette vie de papier.

Déjouer le Destin
Dans la seconde histoire, Yves et Ada Rémy poussent plus loin leur expérimentation littéraire autour du Destin en resserrant leur intrigue sur le sort des enfants du vizir Fares Ibn Meïmoun, celui-là même qui occupait la dernière étape du voyage du prophète Kemal bin Taïmour.
Alors qu'un a prédit la mort de ses huit enfants, le vizir s'entête à tromper le Destin en les cachant au milieu du désert. C'est l'occasion cette fois pour les auteurs français de s'amuser avec leur concept et de l'installer de façon théâtrale, floutant encore davantage la frontière entre leur rôle d'écrivains et celui du Destin créateur. Moins dépaysant mais certainement plus tendu que le précédent récit, cet affrontement convoque créatures surnaturelles et mirages pour montrer que le démon véritable n'est pas forcément celui qui ôte la vie à la fin. de nouveau, Yves et Ada Rémy font merveille dans leur façon de dresser un décor oriental et de l'intégrer dans une histoire plus vaste et plus subtile qu'il n'y paraît de prime abord. Dépaysement garanti.

Avec ces deux récits, Yves et Ada Rémy prouvent qu'ils sont de grands conteurs. Poétique, intelligent, subtil et envoûtant, le Prophète et le Vizir s'amuse avec l'Histoire et la vie des hommes pour s'interroger sur le poids de nos actes et de nos paroles à travers le temps. On en ressort songeurs et charmés.
Lien : https://justaword.fr/le-prop..
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Ada et Yves Rémy forment un duo d'auteurs rare (une poignée d'oeuvres depuis la fin des années 60) et très discret. A vrai dire, je n'avais jamais entendu parler d'eux avant de voir quelques uns de leurs ouvrages dans ma petite librairie. Sur les conseils avisés de mon libraire, je me suis laissée tenter par ce petit ouvrage.

"Le prophète et le vizir" est composé de deux récits, "l'ensemenceur" et "les huit enfants du vizir Fares Ibn Meïmoun", le second texte étant un prolongement du premier.

"L'ensemenceur" est une merveille, un délicieux conte oriental. Partant d'une idée de départ géniale, aussi originale qu'astucieuse, le récit emmène le lecteur dans un voyage méditerranéen passionnant. L'écriture est simplement sublime. D'une grande musicalité, la plume enchanteresse, fine et élégante des Ada, fait chanter les mots.

J'ai été un peu moins convaincue par "les huit enfants du vizir Fares Ibn Meïmoun". D'une part le beau personnage de Kemal, très attachant, n'est plus là et d'autre part, certains partis-pris stylistiques ne m'ont pas plu. Cependant, cela reste du très haut niveau et ce second récit est tout de même très plaisant à lire.

"Le prophète et le vizir" offre un moment de lecture délicieux qui enchante l'âme, touche le coeur tout en jouant intelligemment avec la notion de destinée.
Je suis ravie d'avoir découvert Ada et Yves Rémy, duo d'auteurs qui mériterait une plus grande reconnaissance. Il ne fait aucun doute que cette rencontre n'était pas la dernière.

Challenge Multi-Défis 2016 - 6 (catégorie "un livre écrit à quatre mains)
Challenge Petits plaisirs 2016 - 5
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Le prophète et le vizir sont deux contes orientaux : L'ensemenceur et Les huit enfants du vizir Fares Ibn Meïmoun.

Dans le premier conte, on fait la connaissance d'un pêcheur d'huîtres devenu visionnaire. Il voit le futur lointain, tellement lointain qu'il voit en fait notre époque à nous. Bien évidemment cela induit un décalage assez amusant quand il tente de décrire ce qu'il voit.

Le second est dans la directe continuité du premier et raconte comment un vizir essaie à tout prix d'éviter que la prophétie émise par notre pêcheur d'huîtres se réalise, à savoir la mort -violente -de ses 8 enfants.
Mais chacun des mots lancés par Kemal étaient comme des graines qui ne demandaient qu'à germer et à pousser dans le terreau gras, fécond et généreux des légendes en gestation ou de l'histoire, la petite, puisque la grande jugea bon de faire l'ignorante.

Fares résolut donc d'arracher ses enfants au sort qui leur était prétendument promis. Les huit enfants du vizir Fares Ibn Meïmoun
Ce petit livre est un bijou d'astuce et d'humour. le voyage de Kemal et l'histoire des 8 enfants du vizir sont un prétexte pour nous faire réfléchir sur le concept même de prophétie. Nous suivons les tourments de Kemal qui ne parvient pas toujours à savoir s'il doit ou non annoncer quelque malheur futur, garder tout ça pour lui ou donner des conseils pour éviter que le dit malheur n'arrive.

Il sera aussi question de ce qu'il faut faire de la prophétie une fois qu'elle a été émise : est-elle vraie ? est-elle évitable ? le fait de la considérer comme vraie ne peut-il pas mener les hommes à tout faire pour qu'elle se réalise ? Ou qu'elle ne se réalise pas ? Voilà un sujet passionnant que je vais oser rapprocher du concept psychologique de "la prophétie autoréalisatrice" que j'avais étudié en long en large et en travers au lycée et à l'université (et en particulier l'effet désastreux que cela peut avoir sur les gamins à l'école).

Les chutes de chacune des deux nouvelles sont vraiment très futées et ne pourront que générer encore plus de questionnement de la part du lecteur. Je les ai en tout cas trouvé très fûtées et cela tient pour bonne part dans mon plaisir de lecture.

Rajoutons à cela que le style est très sympathique. Je n'y connais rien en contes arabes, mais le ton m'a semblé juste par rapport à l'histoire et son origine supposée. Il y a aussi beaucoup d'humour et même un brin de poésie. le texte est brillamment supporté par une illustration de couverture dont on comprendra le lien avec l'histoire en lisant le premier conte.

A lire pour le plus grand plaisir de l'intellect, mais sans prise de tête aucune.
Lien : http://ledragongalactique.bl..
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34 ans après "La maison du cygne", un coup de maître du fantastique couple Yves et Ada Rémy

Publié en 2012 par l'éditeur associatif et passionné Dystopia Workshop, ce petit livre fait figure d'événement. Yves et Ada Rémy, les auteurs du formidable "Les soldats de la mer" (1968), accaparés par leur métier commun de réalisateurs de films d'entreprise, n'avaient pas confié de manuscrit à l'édition depuis... 1978 et le couronnement de leur "La maison du cygne" par le Grand Prix de l'Imaginaire.

C'est donc avec joie, mâtinée d'une petite dose d'angoisse, que l'on se plonge dans le texte, et que l'on est rapidement récompensé de cette (longue !) attente. le roman se compose d'une partie principale, "Le prophète", et d'une sorte de longue nouvelle annexe (mais nullement secondaire), qui vient compléter et clore, "Le vizir".

D'une manière que ne renieraient ni le Borges de "L'approche d'Almotasim" (par exemple) ni les contes arabes et perses médiévaux, au premier rang desquels le cèlèbre "La mort à Samarcande", "Le prophète" narre, après une brillante introduction en forme de "mise en situation" (expliquant les dons surnaturels occasionnels de certains infirmes), les pérégrinations méditerranéennes d'un pêcheur de perles bahreini, au Moyen Âge, "affligé" du don de prescience... Alors qu'initialement, il "voit" l'incompréhensible à plusieurs centaines d'années dans le futur, l'horizon se rapproche au fur et à mesure qu'il avance dans son périple... jusqu'à rencontrer son propre destin.

À la fois récit de voyage médiéval, haut en couleurs, dans cette Méditerranée largement arabisée à l'époque, et fable métaphysique sur la destinée, "Le prophète" est complété par l'étonnant "Le vizir", dans lequel l'instrument du destin du "Prophète" cherche à contourner une prédiction en bâtissant un refuge pour ses enfants, apparemment promis à la mort, au coeur du désertique Chott El-Djerid, dans le Sud tunisien. Ode saharienne autant que construction intellectuelle borgésienne, dans laquelle un fantastique proche de celui des "Soldats de la mer" effectue un surprenant retour, ce "récit après le récit", avec son clin d'oeil dubitatif final, clôt en beauté ce grand retour des Rémy.

" - Je t'ai obéi, dit Kazim.
La manche retroussée et le poignet découvert, le Purulent examinait sa plaie. Il releva les yeux.
- Que pouvais-tu faire d'autre ? dit-il en haussant les épaules. Il n'est pas de pire engeance que celle des morts. Si tu ne réponds pas à celui qui t'appelle à l'aide, imagine seulement comment il t'accueillera quand ce sera ton tour de quitter les vivants ! Sais-tu pourquoi cette blessure ne guérit pas ?
Kazim s'enfonçait dans le cauchemar. Après l'horreur de la nuit, cet homme-là lui mettait sous les yeux un chancre qui le mordait jusqu'à l'os.
- Je ne l'ai pas reçue ici... Ils ont un drôle de chien là-bas, qui rôde sur la rive d'un fleuve...
Il ajouta avec dégoût : "À plusieurs têtes..."."
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Le nouveau label des éditions Pocket, "Les étoiles montantes de l'imaginaire" regorge vraiment de jolis texte et d'auteurs que j'apprécie. Elle met ici en avant un duo d'auteurs qui se fait rare, n'ayant produit que 5 romans et recueils au cours de leur carrière, tandis que le mari : Yves, est décédé cette année.


Le Prophète et le Vizir est un court roman singulier où l'on sent combien les auteurs ont mis d'amour dedans, d'amour pour la langue, d'amour pour les contes, d'amour pour l'Orient. Entrer dedans, c'est comme ouvrir un joli coffre à bijoux sans savoir ce que l'on va y trouver dedans mais en se doutant qu'on va être émerveillé.

Dès les premières pages, j'ai été séduite par leur plume très poétique, qui jamais ne fait ressentir cette écriture à quatre main, tant les mots se fondent et au contraire glissent sur les pages. Ils nous emmènent dans un univers fantastique mêlant Orient et prophétie, tel un vieux conte d'autrefois de Shéhérazade où la beauté et la cruauté se côtoient l'air de rien.

J'ai été saisie par l'immersion qu'ils nous font vivre dans cet Orient médiéval dont j'ai découvert un peu les ambiances, les odeurs et L Histoire ici. Cela ne s'est pas fait sans difficulté parfois, ayant du mal à retenir des noms arabes, consonance à laquelle je ne suis pas habituée, et surtout ne sachant rien de cette période historique dans ce coin du monde. Ce fut pourtant fascinant.

J'ai beaucoup voyagé aux côtés du héros, prophète malgré lui, qui se voit prédire à un Vizir ce qu'il ne veut surtout pas entendre et devant faire avec les conséquences. A ses côtés, on voyage littéralement entre les espaces et les époques, découvrant la vie dans cet Orient proche de celui qu'on connaît à travers des récits comme Aladdin, Ali Baba, mais aussi les récits méditerranéens de Guy Gavriel Kay, auteur que j'ai senti en écho avec les Rémy.

Les caractéristiques du héros m'ont interpelée et beaucoup plu. Il est physiquement différent des autres, il a un sixième doigts, et il côtoie ainsi d'autres hommes et femmes différents, comme lui, ce qui m'a rappelé un peu l'univers des freaks et le récent Nightmare Alley de del Toro. A travers lui, l'étrangeté deviendra normalité et ça fait un bien fou ce genre de tentative.

Cependant, c'est vraiment l'ambiance fantastique et cette plongée dans les visions du héros qui m'ont le plus plu. Sans prévenir, on bascule régulièrement à une époque complètement différente et c'est alors un joli jeu pour le lecteur d'essayer de découvrir le plus rapidement possible de laquelle il s'agit grâce aux indices donnés.

Que ce soit par la plume des auteurs, leurs choix scénaristiques ou l'ambiance qu'ils ont su créer, Ada et Yves Rémy m'ont complètement dépaysée le temps de cette courte lecture parfaitement maîtrisée de A à Z et ayant pile la bonne longueur pour ce qu'elle a à raconter. Il y a un très joli travail sur les conséquences et le vécu des prophéties. C'est un vrai petit bijou dans un joli écrin.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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critiques presse (1)
Elbakin.net
11 septembre 2012
Le ton est souvent cynique, le héros parfois amusant de naïveté. Ses réflexions sont bien rendues et on se surprend à se dire “moi je leur aurais annoncé cet évènement de telle façon”. Et quand le lecteur veut se faire acteur, réagit à ce point, c’est que le pari est gagné, que la fable est réussie.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
- [...] Je ne serai pas ces chroniqueurs d'aujourd'hui qui se contentent de rapporter une suite de faits pittoresques plus ou moins avérés ou des récits légendaires sans mise en perspective, et qui n'essaient pas de comprendre le pourquoi et le comment. Je m'appliquerai à considérer chaque fait historique comme un témoignage révélateur de son époque. Il me semble que l'Histoire doit être une science et une discipline fondamentale. Alors seulement elle deviendra riche de sagesse et utile à la compréhension de l'Homme.
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Auront-ils l’à-propos d’en tirer la leçon ? Et de gouverner non comme des princes indignes mais vertueusement, pour éviter révolte ou révolution et faire mentir la prophétie ? Car, s’en persuade-t-il de plus en plus, il existe plusieurs avenirs. Libre aux hommes, si Dieu a jugé bon de les avertir d’un péril futur, de s’employer à l’écarter.
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Une multitude de puits de naphte étaient en feu levant dans le ciel obscurci d'épaisses colonnes de fumées noires. Sur une large piste, des centaines de chariot d'assaut gros comme des éléphants étaient éventrés et finissaient de brûler, d'autres qui transportaient des troupes étaient foudroyés, avec leurs grappes de cadavres encore assis sur les bancs, rôtis comme moutons en broche, et partout comme des petites caisses métalliques à quatre roues avec leur coffre béant étaient immobilisées, déchiquetées, carbonisées. Des guerriers gisaient tout autour, morts ou gémissants. Les trois mille anges de la garde rapprochée d'Allah le Tout-Puissant avaient dû fondre du haut du ciel sur une armée qui semblait battre en retraite avec le gros de ses forces et ses habituels pillards en fuite.
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C'est alors que se répandit, des faubourgs de Bab Souïqa à ceux de Bab Jazira, des fondouks chrétiens aux souks de la médina, une rumeur têtue et rampante, comme un oued qui serpente, se pert dans les sables et renaît, à propos des huit enfants du vizir. Tantôt sourdement, noyée dans les palabres, tantôt ouvertement, bouillonnante dans les chicaïa, elle cherchait sa voie dans la casbah. On l'entendait se heurter aux arcades et aux murs blanchis à la chaux, refluer devant les portes lancéolées et lécher les moucharabiehs.
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Mais chacun des mots lancés par Kemal étaient comme des graines qui ne demandaient qu'à germer et à pousser dans le terreau gras, fécond et généreux des légendes en gestation ou de l'histoire, la petite, puisque la grande jugea bon de faire l'ignorante.
Fares résolut donc d'arracher ses enfants au sort qui leur était prétendument promis.
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