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EAN : 9782746730397
152 pages
Autrement (01/08/2011)
3.56/5   17 notes
Résumé :
Dominique Resch met en scène un prof, le prof, lui-même. Il dit tantôt « je », tantôt « il » selon qu’on se place de son point de vue ou de celui de ses élèves, Tonio, Nadir, Jérémy et les autres… Le ton est vivant, jubilatoire, plein d’humour.

Au fil du texte, Dominique Resch scénarise des moments de grâce, des pépites de sa vie de prof. Il nous fait vivre les rencontres OM / PSG qui rythment la vie et le moral de la classe, les samoussas d’Hafousso... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Dominique Resch est professeur de français et d'histoire – géographie dans les quartiers nord de Marseille. Mots de Têtes est une succession de tranches de vies, je devrai dire tranches de cours, entre ce prof et Abdel, Michaël, Nadir, Kevin et les autres : ses élèves.

Je referme ce livre en me disant : il faut cloner Dominique Resch ! Il faut parler de ces nombreux profs comme lui qui aiment leurs élèves, qui, en gardant toujours la position d'enseignant, créent une complicité, un respect mutuel, ces profs qui vivent leur métiers comme un sacerdoce. Evidement parfois il doute, il a envie de baisser les bras, il serait bien plus tranquille dans un petit bureau mais très vite on comprend qu'enseigner est toute sa vie.

En pleine répétition d'une scène de Cyrano il improvise une leçon sur la fonction du groupe nominal sur la base ce cette charmante phrase : “M'sieur… sur la tête de ma mère, j'ai trop envie de pisser”. Lorsque L'OM perd il doit faire face à une classe anéanti mais lorsque l'OM gagne l'équipe devient un support de cours : champs lexicaux, figure de style, registre de langue.

“Le lundi matin, quand on a perdu le samedi soir, j'ai beau faire tout ce que je peux, je sais que c'est foutu d'avance. le moral de mes troupes est dans les chaussettes et on se trainera toute la journée. Quand on perd, je le vois à la démarche. A l'oeil triste et à l'air ecoeuré. Ils n'ont même pas besoin de parler.

En revanche, quand on gagne, tout es permis, le lundi matin.”

L'auteur nous parle des moyens mis en place pour lutter contre l'insécurité au sein de l'établissement : le recrutement d'ancien militaire (sic) ayant la carrure de l'emploi mais peu de notion de diplomatie… Un grand moment de rigolade face à deux mondes qui ne se comprennent pas.

“Je vois d'ici Abdel, toujours à la bourre le matin. Je le vois déjà, courant dans un champs de mines, les Viets au cul, la trouille au bide, le carnet de correspondance entre les dents, à ramper dans le couloir sous les balles réelles.

Le profil dont on a besoin, il est là. le type qu'on attendait, qu'on cherchait, qu'on esperait, il vient d'arriver.

Le Messie mais avec des couilles.

Le produit miracle, c'est lui. Ajax. Monsieur Propre dans notre crasse.

Il s'appelait Francis.

Il a tenu une semaine.”

Les élèves sont à la fois touchant lorsqu'ils prennent très à coeur l'inspection annuel de leur prof et font tout pour que cela se passe au mieux, fatiguant dans leurs tergiversations sans fin, amusant dans leurs avis tranchés sur le foot et le sacré-saint Olympique Marseillais, étonnant dans certaines analyses.

Bien évidement tout n'est pas rose et Dominique Resch analyse parfaitement les faiblesses de notre système éducatif mais son humour, sa passion et sa vision de l'enseignement ouvre une fenêtre d'avenir à ces jeunes que les médias se plaisent à (souvent) nous décrire comme perdu voir irrécupérable.

Ce court roman, sous son premier aspect amusant et anecdotique, nous en dit beaucoup sur la jeunesse populaire d'aujourd'hui, l'intégration multiculturelle et la mixité sociale.
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Dominique Resch nous raconte dans ce témoignage une année ordinaire de cours en classe de français dans un lycée réputé difficile des quartiers Nord de Marseille. Chacun des 18 chapitres du livre nous raconte une anecdote qui a eu lieu pendant son cours. Des faits graves comme un élève qui se tire une balle dans la cuisse, et des faits bien plus légers comme les anecdotes sur l'OM vs PSG. Chaque jour, il s'apprête à vivre l'inattendu. Il nous dévoile son goût passionné pour l'enseignement grâce à un regard lucide et attendri.
J'ai lu ce témoignage d'une traite et, je dois dire que je ne m'attendais pas du tout à ça. J'ai même été agréablement surprise. Enseigner dans un lycée réputé difficile des quartiers Nord de Marseille doit être extrêmement difficile, et se faire respecter ne doit pas être chose aisée. Je m'attendais donc à un constat plaintif, mais, là, c'est même le contraire. J'ai aimé voir à quel point Dominique Resch aime ses élèves et aime leur apprendre des choses. Pour preuve, il les emmène même une fois par an en classe verte à Antibes pour voir les dauphins du Marineland et faire du vélo dans l'arrière pays niçois. Bien que les gens aient des a priori sur cette bande de jeunes, il arrive à les faire changer d'avis en leur montrant qu'ils sont comme tous les jeunes et qu'il arrive à se faire respecter.

On voit aussi qu'il n'échangerait sa place pour rien au monde alors qu'il le pourrait après tant d'années d'exercice. C'est sa vie, et il aime être surpris tous les jours. " La fin du Ramadan, c'est donc la fête et le renouveau pour tout le monde. Allah n'est pas mesquin. Et c'est la raison pour laquelle je reste en poste dans ce quartier difficile, depuis 20 ans au lieu de demander mon transfert vers des coins plus tranquilles. Chaque année, au moment des mutations inter-académiques des profs, mon stylo se fige en l'air : je ne parviens pas à signer ma demande de changement de poste. Elle me tend les bras pourtant chaque année. J'ai suffisamment d'ancienneté, suffisamment de "points" pour prétendre aller enseigner vers des contrées paisibles, là ou les professeurs ont des ailes d'ange dans le dos et les élèves des têtes de chérubins dodus".

Si certaines anecdotes font froid dans le dos, lui, n'a jamais eu peur (même en constatant que certains de ses élèves sont armés) Il est respecté par ses élèves car il leur porte de l'intérêt. Même le "malabar" ancien légionnaire engagé pour surveiller et faire régner l'ordre n'aura tenu en poste que trois jours car il n'aura pas su inspirer le respect. Je pense que si tous les profs aimaient leur métier comme lui, il y aurait moins de problèmes dans les ZEP.



Pour finir, je remercie Babélio et l'opération Masse Critique pour m'avoir offert ce livre dans le cadre d'un partenariat lecture.



Éditions Autrement - Témoignage - 157 pages
Lien : http://histoires-de-livres.o..
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Les enseignants seraient-ils masochistes? Certains écrivent des livres sur leur métier, leurs élèves, et d'autres les lisent. En y prenant plaisir, en plus! Sans énorme sens de l'humour, inutile de se lancer dans cette carrière... Sans aimer les gamins, pas conseillé non plus.



Grâce à Dominique Resch j'ai découvert un lycée professionnel des quartiers Nord de marseille, qui profite quand les fenêtres sont ouvertes du vacarme de l'autoroute toute proche. le moral des élèves fluctue selon les résultats de l'OM, Tonio symbolise le gamin pas méchant mais insistant lourdement pour intervenir hors-sujet (moi aussi j'ai des noms!) et la fête du Ramadan transforme le domicile du prof en pâtisserie orientale, ce qui le rend parfois bien plus souple côté notation. Ajoutons un surveillant découvrant que la méthode militaire ne fonctionne pas, un inspecteur jargonnant poliment remis en place.



Au travers de situations sentant le vécu et racontées avec un humour inoxydable, Dominique Resch brosse le portrait d'élèves sans doute difficiles à intéresser mais finalement fort attachants. Lecture pour tous!
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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On pourrait se dire qu'un prof à 4 jours des vacances a envie de tout sauf de lire un bouquin sur la vie de prof ! C'est vrai... sauf que c'est Dominique Resh, dont l'humour et la tendresse m'avaient conquise dans "C'est qui, Catherine Deneuve ?" et que j'ai retrouvés dans ce savoureux" Mots de tête". Je l'ai lu d'une traite et parole - comme dit Tonio dans le livre - j'ai bien rigolé.

L'auteur enseigne dans un lycée professionnel des quartiers Nord de Marseille et il annonce la couleur: "Prof n'est pas un vrai métier. C'est une discipline sportive. Une épreuve d'endurance. Un marathon où le plus teigneux gagne à la fin." Alors quand Tonio interrompt sans cesse le cours sur Cyrano par un "M'sieur, sur la tête de ma mère, j'ai envie de pisser", le teigneux c'est bien le prof qui finit par lui faire comprendre que si on inverse les deux propositions... "J'ai trop envie de pisser. Où ça ? Sur la tête de ma mère. Complément circonstanciel de lieu. Tu comprends maintenant ?" le même Tonio qui, pour exprimer la morosité qui s'empare d'une classe par temps pluvieux, dit : "Parole ! On dirait qu'on est pour le PSG !" Parce que l'OM, dans cette classe, c'est sacré, et si le vendredi soir l'OM a gagné, c'est du pain bénit pour le prof le lundi : études des champs lexicaux, des figures de style, tout passe !

J'adore l'humour présent tout le temps ("A huit heures, quand je parle, je sens bien que je dérange. Je me sens plus radio-réveil que prof.") mais pour parler de façon fine et sensible des difficultés du métier et des faiblesses du système éducatif, la manière dont il dresse le portrait de ses élèves, à la fois très touchants et extrêmement énervants - tiens, c'est curieux, ça me rappelle vaguement certains noms... - de ses collègues (Emilie, "des bras comme des allumettes, trente-cinq de pointure, quarante kilos à tout casser", dont les élèves de "CAP maçonnerie option gros bras grandes gueules" sortent de classe dans le silence absolu) et de la femme de ménage Hafoussouate qui glisse de délicieux samoussas sans le tiroir de son bureau !
Lien : http://dautresviesquelamienn..
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Dominique Resch est professeur de français, d'histoire-géographie et d'éducation dans un lycée professionnel des quartiers Nord de Marseille, il est aussi écrivain, il a déjà publié trois romans. Dans ce court récit sous forme de chroniques, il nous fait partager son quotidien de prof, mais aussi le quotidien de ses élèves. Ce livre leur est d'ailleurs dédié puisqu'en vingt ans de carrière, ils ne l'ont jamais déçu. Il dit que leurs mots à force de dépasser leur pensée l'ont comblé. Qu'au-delà de leurs tics de langage détonnants, c'est leur présence d'esprit qui l'a nourri et que leur humour a été son miel, chaque jour.
Avec beaucoup d'humour et un immense respect, ce professeur rend un hommage encourageant à tous ces élèves auxquels il a donné des cours toutes ces années. Il joue beaucoup sur les mots et le langage de ces jeunes de Marseille. Si tous les profs pouvaient avoir le même amour du métier, nos enfants auraient une toute autre soif d'apprendre !
Lien : http://ma-bouquinerie.blogsp..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Je connais tout.
La superficie du Groenland au centimètre carré près, le poids de l'armure de Bayard au gramme près et le temps de digestion de la loutre des Pyrénées à la seconde près.
Tout.
Je sais absolument tout.
Si un conflit vient à éclater entre l'Irlande de Nord et la Corée du Sud, non seulement je sais exactement c'est la faute à qui mais en plus je sais qui va avoir gain de cause et de quel côté est Dieu.
Tout.
Normal je suis prof.

Si le prof doute, sortez les sarbacanes et envoyez les boulettes. Du coup, pas de problème : je connais tout. Je maîtrise tout. Je parle comme un livre ouvert. Et je ne doute jamais de rien.
Jamais.
Un prof qui doute, c'est une cible. On raconte n'importe quoi aux apprentis profs quand ils apprennent le métier : quelqu'un qui enseigne aurait le droit de douter, voire de se tromper comme tout le monde... Bien sûr que non. Tout le monde a le droit de commettre des erreurs – même les médecins -, mais pas les profs. S'aider d'un dictionnaire ou de n'importe quel bouquin afin de pouvoir répondre à la question un peu pointue d'un élève, c'est la meilleure façon de devenir, oui, une cible. Le prof doit parler comme un livre ouvert parce qu'il a la science infuse. C'est simple. En classe, en cas de doute, je préfère mille fois inventer n'importe quoi que vérifier ma réponse par une aide extérieure. Le prof qui pompe, c'est zéro. Déjà qu'il lui arrive d'être noté par un inspecteur (ça, c'est pas clair), s'il se met à tricher, ce n'est plus possible.

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Prof n’est pas un vrai métier. C'est une discipline sportive. Une épreuve d’endurance. Un marathon où le plus teigneux gagne à la fin. Le plus accroché à la vie, aussi absurde soit-elle. Je suis et serai jusque dans l’autre monde celui qui vous empoisonna l’existence sans mesure. Si vis pacem para bellum. Alea jacta est. Advienne que pourra. Tous les coups sont permis.
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Souvent, j'ai peur. Peur de faire des erreurs. Peur d'être mal compris par mes élèves. Peur d'en blesser un sans m'en rendre compte.
Rien n'est plus dangereux que d'enseigner.
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Un stylo et un ballon ? Non. Un référentiel bondissant et un outil scripteur. Le combat contre l'échec scolaire est engagé à l'arme lourde.
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Ce qui fait le charme de l'existence, c'est bel et bien la mixité, et rien d'autre.
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Vidéo de Dominique Resch
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