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Lise Belperron (Traducteur)
EAN : 9782383612056
400 pages
Globe (07/09/2023)
3.84/5   41 notes
Résumé :
Trente ans après le meurtre de sa petite soeur, Cristina Rivera Garza retourne au Mexique pour tenter de faire rouvrir l'enquête et retrouver l'assassin qui n'a jamais été condamné. Avec une douleur ancienne et une rage froide, elle rassemble des archives - articles, témoignages, brouillons de lettres, journaux intimes, plans d'architecte - pour comprendre l'engrenage qui a mené au crime mais aussi et surtout pour redonner voix à Liliana au-delà de son statut de vic... >Voir plus
Que lire après L'Invincible Eté de LilianaVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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°°° Rentrée littéraire 2023 #38 °°°

La soeur de l'autrice s'appelait Liliana Rivera Garza. Elle a été assassinée le 16 juillet 1990 par son ex petit ami. Elle n'avait que vingt ans et commençait à gagner en autonomie à mesure que l'expérience universitaire lui ouvrait de nouveaux horizons, il n'avait pas supporté. Ángel Tomás González toujours en liberté, n'a jamais eu à affronter la loi ni à payer pour son crime car il a fui.

« Et nous nous sommes tus. Et nous t'avons enveloppée dans notre silence, résignés face à l'impunité, face à la corruption, face à l'absence de justice. Seuls, et vaincus. Seuls, et brisés. Hachés menu. Aussi morts que toi. A court d'oxygène, comme toi. Et, pendant ce temps, pendant que nous nous traînions sous l'ombre des jours, les mortes se sont multipliées, le sang d'innombrables femmes a submergé tout le Mexique, les rêves et les cellules d'innombrables femmes, leurs rires, leurs dents, et les assassins ont continué à fuir. »

Cristina Rivera Garza s'est tue trente ans avant de raconter l'histoire de sa petite soeur. Ce n'était pas un silence calculé mais dicté par la douleur de la perte, la culpabilité de n'avoir rien vu et la honte du survivant, à une époque où ce type d'assassinat était considéré comme un crime passionnel ainsi qu'une affaire de famille, privée donc.

Elle est désormais prête à affronter la tragédie même si la douleur est intacte, portée par les changements sociétaux en cours au Mexique. Même si dix femmes sont à l'heure actuelle tuées chaque jour dans ce pays, la société mexicaine a évolué : la notion de féminicide a été inscrite dans la loi comme un crime, et les familles des victimes ne se taisent plus et réclament justice. Cristina se sent portée par les voix de celles qui réclament justice et ne se taisent plus.

On commence par suivre Cristina dans son périple au tribunal de Mexico pour récupérer le dossier judiciaire de Liliana et le sauver de l'oubli bureaucratique. L'autrice a la volonté d'honorer la mémoire de sa soeur et plus largement de toutes les Mexicaines victimes de féminicide. Pour cela, elle choisit un dispositif formel très particulier, très loin du récit linéaire.

Dans sa volonté de faire archive, elle a inventé un texte construit à partir de fragments de plusieurs voix ( Liliana, les parents, les amis ), de plusieurs supports ( lettres, journaux intimes, témoignages oraux retranscrits, coupures de presse ), procédé polyphonique qui développe une voix communautaire à la fois juste et puissante qui parvient à désédimenter les différentes couches de ce passé mis de côté pendant plus de trente ans.

Ainsi le récit se fait lumineux portrait de Liliana qui semble revivre sous nos yeux avec sa personnalité et un ressenti rendus très palpables pour le lecteur. Et en même temps, il se fait reconstitution du crime et plus largement, analyse fine des mécaniques du féminicide, révélant le caractère structurel et systématique de ces crimes qui connaissent tous les mêmes étapes ( jalousie, harcèlement, invasion de l'espace intime, menaces, chantage, isolement ) conduisant à la mort.

Un livre d'amour, de deuil et de révolte, d'une grande sobriété, appelant l'émotion juste par un détail notamment dans son dernier chapitre, vraiment superbe.



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Ville de Mexico, le 16 juillet 1990. Liliana, brillante étudiante en architecture est assassinée par son ex petit ami qui n'a pas supporté la séparation. En fuite, il ne sera jamais arrêté, jamais interrogé, jamais jugé donc toujours présumé innocent.

Comment une jeune femme intelligente, solaire et entourée d'une bande d'amis étudiants comme elle, a pu se retrouver victime d'une relation toxique.Près de trente ans plus tard, sa soeur aînée, écrivaine et universitaire reconnue au Mexique se replonge dans ses souvenirs en découvrant dans la maison familiale, parmi les affaires d'Iliana, des boites contenant des fragments de journal intime, des poèmes, des notes et des archives que la jeune femme conservait précieusement. Un kaléidoscope de morceaux de vie que l'écrivaine va relier entre eux pour redonner vie, corps et coeur à sa petite soeur perdue.

Avant d'être la victime d'un homme violent Liliana était une jeune femme passionnée et libre à l'âge de tous les possible.

De la littérature comme une nécessité, méthodiquement, méticuleusement, Cristiana Rivera Garza reconstruit la vie de sa soeur avant son assassinat.

Chronique familiale et estudiantine, récit d'une mort annoncée et d'un deuil impossible, élégie à la sororité et violente dénonciation des violences domestiques, « L'invincible été de Liliana » est un livre fort et poignant à mettre entre toutes les mains.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Vingt-neuf ans, trois mois et deux jours après le meurtre de sa soeur Liliana, Cristina Rivera Garza retourne au Mexique pour retrouver le dossier de l'enquête préliminaire où figure le mandat d'arrêt contre Ángel Gonzalez Ramos, l'ex petit ami de Liliana, qui a pris la fuite le jour de sa disparition et n'a par conséquent jamais été jugé pour son crime.

En assemblant divers écrits de Liliana elle-même retrouvés dans des cahiers, notes, lettres, poèmes et témoignages d'amis, membres de la famille et voisins, l'autrice reconstitue des instants et relations des dernières années de sa jeune soeur.

Ces fragments tentent de nous éclairer sur le ressenti d'une jeune fille peu avant qu'elle soit victime de féminicide. Une jeune étudiante en architecture, solaire, charismatique et attentionnée envers son entourage qui aspirait à liberté mais qui s'évertuait pourtant à garder l'amour à distance.

Parce que les écrits ne peuvent tout révéler, l'autrice nous confie aussi quelques suppositions sur les évènements qui ont précédé le meurtre sur base de l'ouvrage de Rachel Louise Snyder «No visible bruises».

« Au milieu de l'hiver, j'apprenais enfin qu'il y avait en moi un été invincible » écrivait Liliana peu avant sa disparition. Une citation d'Albert Camus qui augurait un avenir rempli d'espoir et de liberté pour la jeune fille.

Mais c'est surtout une histoire de deuil. le sentiment de perte est omniprésent dans ce livre qui est un bel hommage à une soeur trop tôt disparue.

J'ai été touchée par ce récit qui mêle force et poésie.

Au travers de l'histoire de sa soeur, c'est également aux nombreuses victimes de féminicides que ce récit rend hommage. Il y en a 10 par jour au Mexique et bien plus encore partout dans le monde.

C'est aussi un appel à la conscientisation de la société sur les violences de genre.

Je dois toutefois avouer que j'ai eu un peu de mal avec la structure qui m'a perdue par moment, principalement lors des nombreuses retranscriptions de notes et feuillets. Je me suis posé la question de savoir si ces incompréhensions étaient dues au jeune âge des auteurs (Liliana et amis) ou si c'était plutôt un problème de traduction étant donné que, comme le mentionne le quatrième de couverture, ce roman a déjà reçu cinq prix prestigieux et est apparemment très apprécié dans sa langue d'origine.

C'est malgré tout un roman nécessaire et révoltant par son thème et touchant par l'hommage rendu à Liliana et aux victimes de féminicides.

Lu dans le cadre d'une masse critique "non-fiction". Je remercie Babelio et les éditions Globe de m'avoir confié ce livre préalablement à sa sortie prévue le 31 août 2023.
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Mexico, 16 juillet 1990. Liliana Rivera Garza, une jeune étudiante de 20 ans, est assassinée par le petit ami dont elle essayait de s'éloigner afin de mettre un terme à une relation étouffante. Cela s'appelle un féminicide. Autrefois, on nommait cela un « crime passionnel », concept juridique permettant d'exonérer, de disculper le meurtrier, voire de le grandir. Ces crimes sont constitutifs d'une société, ils en sont le produit, le résultat d'une éducation. Trente ans après le meurtre de sa soeur, Cristina Rivera Garza retourne au Mexique pour tenter de faire rouvrir l'enquête pour que l'assassin soit puni… Elle relit tous les documents de sa soeur, ses lettres, ses journaux, ses notes afin de comprendre comment Liliana, une jeune fille intelligente, vive, pleine de vie et de passion s'est trouvée prise au piège dans une relation qui l'a conduite à la mort. Comme elle l'explique, « dans un pays (patriarcal)...où la musique populaire célébrait les hommes qui assassinaient des femmes dans des accès de jalousie », « des générations entières ont dû lutter pour que la drague de rue, trop souvent considérée comme un acte naturel, voire comme une façon de faire des compliments, soit reconnue comme une manifestation quotidienne du harcèlement dans l'espace public. Pour appeler les choses par leur nom, il faut souvent inventer des nouveaux mots. Harcèlement au travail. Discrimination. Violence sexuelle. » Dans une interview sur You tube, Cristina explique très justement qu'il est difficile de raconter une histoire contre le patriarcat dans le langage du patriarcat. Une infirmière américaine, Jacquelyn Campbell, spécialiste des violences domestiques, a créé un test permettant de mettre en évidence la proximité temporelle du passage à l'acte. Vingt-deux facteurs qui doivent alerter : un premier acte de violence domestique, une jalousie extrême, la drogue, la possession d'armes à feu, les menaces de mort, le sexe forcé. En relisant les documents appartenant à sa soeur, Cristina se rend compte qu'en ce début d'été 1990, sa soeur était en danger. Un homme a cru que sa petite amie lui appartenait, qu'elle était à lui, comme une poupée. Elle était sa chose. Il l'a détruite pour qu'elle n'ait pas une vie en dehors de lui. Il l'a réduite à néant parce qu'en tant qu'homme, il était persuadé qu'il avait le pouvoir, qu'elle devait se soumettre à sa décision à lui, à son contrôle. Il avait certainement vu son père écraser sa mère. D'où l'importance des mots qui permettent d'identifier le danger. La journaliste Rachel Louise Snyder dans « No Visible Bruises » rappelle que le lieu le plus dangereux pour une femme est sa propre maison. Entre 2000 et 2006, 3200 soldats américains sont morts au combat. Dix mille femmes ont été assassinées par leur mari ou leur petit-ami. Elle explique qu'une femme qui veut échapper au prédateur court des risques importants dans les trois mois qui suivent la séparation ou la prise de conscience par le prédateur du fait qu'elle va partir. Liliana était en danger mais personne ne s'en est rendu compte. Pourquoi certaines victimes restent-elles, ne quittent-elles pas le foyer ? En effet, Liliana retournait sans cesse vers cet homme qui ne lui apportait que du malheur. Pourquoi ? Que faire quand on est attaqué par un ours ? C'est simple : ne plus bouger. Selon Snyder, « Les femmes maltraitées restent parce qu'elles voient que l'ours approche. Et qu'elles veulent vivre. » Liliana avait certainement senti tout cela. Mais elle n'avait pas les mots qui lui auraient permis de se mettre à l'abri.
« L'Invincible Été de Liliana » est un texte extrêmement touchant qui redonne vie à la jeune fille assassinée car la lecture de tous ses écrits personnels et souvent très intimes montre à quel point elle était sensible, originale, pleine d'imagination et d'humour. On découvre aussi une jeune femme inquiète et torturée par une situation dont elle ne parvient pas à s'extraire malgré tous les amis qui l'entourent et sa famille qui l'adore.
« L'Invincible Été de Liliana » est un texte exceptionnel qui rend hommage à une jeune femme brillante devenue le symbole de la lutte contre les violences conjugales. C'est aussi un portrait très sensible d'une jeune étudiante lumineuse et passionnée qui ne demandait qu'une chose : vivre. Et vivre libre.
Inoubliable.
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Liliana était jeune, belle et libre. Elle aimait l'architecture, ses amis et rire. Elle avait une famille, plaisait aux garçons et avait un avenir radieux devant elle. Elle avait découvert, comme l'a si bien écrit Albert Camus, qu'au milieu de l'hiver, elle avait en elle un été invincible.
Mais Liliana a été assassinée le 16 juillet 1990 par son ex-petit ami. Un féminicide, mot qui revient malheureusement beaucoup trop fréquemment dans les conversations ou les médias, encore aujourd'hui, surtout aujourd'hui. Et quand on sait que le Mexique, pays de Liliana, compte dix féminicides par jour, on se dit que ce mot horrible a encore de longs jours devant lui.

Ce récit hybride, mêlant enquête, souvenirs, collection, biographie ou mémoire, porté par Cristina Rivera Garza, soeur de Liliana, avait tout pour me plaire.
Il est difficile de dire que l'on n'a pas aimé un livre qui parle d'un sujet aussi grave, aussi bouleversant. Et pourtant, c'est mon cas, je n'ai pas accroché à ce récit.

Je n'ai pas apprécié ma lecture car j'ai trouvé le tout beaucoup trop confus, diffus, désordonné, comme quelqu'un qui parlerait en logorrhées, d'une seule traite, par crainte d'oublier quelque chose. J'ai beaucoup ressenti la colère, la peur, la tristesse de l'autrice, et en cela je ne peux être que d'accord. Mais le récit en lui-même, coupé de manière étrange, maladroite, presque sans ordre, m'a beaucoup dérangée. J'ai trouvé certains passages beaucoup trop longs ; d'autres, au contraire, pas assez développés. Les parties où on laisse la parole à Liliana, par le biais de son journal intime, auraient pu être intéressantes si elles ne tombaient pas quelque peu comme un cheveu sur la soupe. J'ai trouvé en plus cela assez malaisant au final et je n'ai pas trouvé que cela apportait grand chose au livre. Ou alors il aurait fallu les mettre en annexe.

Je pense que je m'attendais à un manifeste plus engagé sur la cause féminine en général, plus particulièrement au Mexique. Je savais que l'autrice parlerait de sa soeur mais j'aurais cru qu'elle aurait ouvert davantage son écrit. Il y a quelques passages de cet acabit dans le livre mais beaucoup trop peu à mon goût. Et le décalage entre le récit et mes attentes a fait que je me suis tenue à distance de l'histoire, sans rentrer particulièrement en empathie avec les protagonistes, ce qui est profondément gênant pour moi. Par contre, j'ai beaucoup beaucoup aimé la fin, lorsque l'autrice donne la parole à ses parents, et lorsqu'elle exprime elle aussi son ressenti sur comment vivre malgré l'absence. L'intime m'a plu mais est arrivé trop tard.

En bref, une lecture très en demi-teinte pour moi. Un récit qui n'a pas correspondu à mes attentes et qui souffre de pas mal de longueurs selon moi. Cela peut être dû aussi à la traduction ou à la disposition des chapitres (j'ai eu une épreuve non corrigée). Je connais les éditions du Globe, je sais que leur catalogue est qualitatif. Ce récit ne m'a pas particulièrement touchée, il en sera peut-être différemment pour vous. le livre sortira le 31 août, je ne peux que vous encourager à vous faire votre propre avis.

Un grand merci à la MC Babelio ainsi qu'aux éditions du Globe pour l'envoi de ce livre.
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critiques presse (3)
Elle
10 novembre 2023
En enquêtant sur l’assassinat de sa cadette, Cristina Rivera Garza redonne vie à cette jeune fille magnétique. Exceptionnel.
Lire la critique sur le site : Elle
Bibliobs
07 novembre 2023
L’écrivaine mexicaine raconte le meurtre de sa sœur Liliana, assassinée dans son appartement de Mexico par son ancien petit ami en 1990, et tire de cette tragédie un texte incroyablement fort à l’écriture étincelante.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LesInrocks
06 septembre 2023
Un livre majeur qui se fait tour à tour récit sur le deuil, roman policier, essai féministe et réflexion sur l’écriture.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Il faut attendre le 14 juin 2012 pour que le féminicide soit inscrit dans la loi comme un crime au Mexique, dans le Code pénal fédéral: "Article 325: Commet le crime de féminicide toute personne qui ôte la vie à une femme en raison de son sexe". Avant cette date, la plupart des féminicides s'appelaient crimes passionnels. S'appelaient mais pourquoi elle s'habille comme ça? S'appelaient une femme doit toujours rester à sa place. S'appelaient elle a bien dû faire quelque chose pour finir comme ça. S'appelaient ses parents l'ont négligée. S'appelaient la fille qui a pris une mauvaise décision. S'appelaient même elle l'a bien mérité. Le manque de langage est effarant. C'est un manque qui nous entrave, nous étouffe, nous étrangle, nous crible de balles, nous écorche vives, nous ampute, nous condamne.
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Au milieu de l'hiver, j'apprenais enfin qu'il y avait en moi un été invincible »

Albert Camus
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Il faut attendre le 14 juin 2012 pour que le féminicide soit inscrit dans la loi comme un crime au Mexique, dans le Code pénal fédéral : « Article 325 : Commet un crime de féminicide toute personne qui ôte la vie à une femme en raison de son sexe.» Avant cette date, la plupart des féminicides s'appelaient crimes passionnels. S'appelaient mauvaises fréquentations. S'appelaient mais pourquoi elle s'habille comme ça ? S'appelaient une femme doit toujours savoir rester à sa place. S'appelaient elle a bien dû faire quelque chose pour finir comme ça. S'appelaient ses parents l'ont négligée. S'appelaient la fille qui a pris une mauvaise décision. S'appelaient même elle l'a bien mérité. Le manque de langage est effarant. C'est un manque qui nous entrave, nous étouffe, nous étrangle, nous crible de balles, nous écorche vives, nous ampute, nous condamne.
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C'est ça, vivre en deuil : ne jamais être seule. Invisibles, mais présents sous de multiples formes, les morts nous accompagnent dans les moindres interstices des jours.
Par-dessus l'épaule, dans la voix, dans l'écho de chaque pas. En haut des fenêtres, sur le fil de l'horizon, parmi les ombres des arbres. Ils sont toujours ici, et là, avec et à l'intérieur de nous, et dehors aussi, ils nous enveloppent de leur chaleur, nous protègent des intempéries. C'est ça le travail du deuil : reconnaître leur présence, approuver leur présence. Il y a toujours d'autres yeux pour voir ce que je suis en train de voir; imaginer ce regard, imaginer ce que des sens qui ne m'appartiennent pas pourraient éprouver à travers mes sens, c'est, si on y réfléchit bien, une définition assez exacte de l'amour.
Le deuil, c'est la fin de la solitude.
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Que doit-on faire des objets des morts?
A Toluca, dans la maison de mes parents, nous avons trié les livres et les cahiers, les plans, les posters, les poupées, les habits, les chaussures, et nous avons inscrit son nom au marqueur sur les cartons. Comme si on allait oublier. Comme s'il existait une infime possibilité de les confondre avec d'autres cartons.
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Rentrée littéraire 2023
Rencontre avec Cristina Rivera Garza
Trente ans après le meurtre de sa petite soeur, Cristina Rivera Garza retourne au Mexique pour tenter de faire rouvrir l'enquête et retrouver l'assassin qui n'a jamais été condamné. Avec une douleur ancienne et une rage froide, elle rassemble des archives – articles, témoignages, brouillons de lettres, journaux intimes, plans d'architecte – pour comprendre l'engrenage qui a mené au crime mais aussi et surtout pour redonner voix à Liliana au-delà de son statut de victime.
Écrit dans une prose lumineuse et acérée, L'Invincible Été de Liliana est un livre d'amour, de révolte et de deuil. C'est aussi une excavation dans la vie d'une jeune femme qui n'avait pas le langage pour identifier, dénoncer et lutter contre la violence sexiste qui caractérise tant de relations patriarcales. Grâce à Cristina Rivera Garza, sa soeur, la voix de Liliana traverse le temps et rend ainsi justice aux nombreuses femmes qui, chaque année, sont victimes de violences conjugales.
« L'Invincible Été de Liliana » de Cristina Rivera Garza Traduit de l'espagnol (Mexique) par Lise Belperron
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