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EAN : 9782742794829
148 pages
Actes Sud (02/02/2011)
3.82/5   73 notes
Résumé :

J'avais ouvert le cockpit, l'air marin montait jusqu'à mes narines, je fermai les yeux. Je voyais les autres, mes compagnons, ceux qui étaient morts avant moi, ceux qui avaient quitté leurs hautes écoles, leurs universités pour ceindre leur front du bandeau du kamikaze.

J''entendais leurs voix, leurs rires, et maintenant ce silence. Je les revoyais sur une photographie prise avant leur départ. Casques d'aviateur, lunettes ramenées sur le ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
3,82

sur 73 notes
Ah, que j'aime le Japon !
J'aime sa civilisation raffinée et ses traditions, j'aime le respect qui s'y manifeste et le côté épuré de certains arts tel l'ikebana.
J'aime ce pays et j'aime ses habitants.
Mais comme partout ailleurs dans le monde, l'histoire du Japon comporte quelques zones sombres. Des heures moins glorieuses.
C'est de l'une d'elles que Nicole Roland a décidé de nous parler, et elle a choisi de le faire à la japonaise : en le lisant, on pourrait croire que Kosaburo, 1945 est l'oeuvre d'un écrivain du pays du soleil levant. Nicole Roland a merveilleusement su endosser le kimono.
Elle nous parle des kamikazes, ces pilotes japonais qui effectuaient des missions-suicides pendant la seconde guerre mondiale.
Elle nous fait vivre leur entraînement et leur quotidien, jusqu'à l'ultime vol : celui qui les fera s'écraser volontairement contre une cible ennemie.
Peut-on imaginer ce qui se passait dans la tête de ces jeunes aviateurs regroupés dans une même base, partageant tout − repas, heures de vol, heures de repos − voyant au fur et à mesure partir les appelés au dernier décollage, tout en attendant leur tour ?
Terrible situation ! Inhumaine. Psychologiquement insoutenable.
"Lorsque nous serions prêts, nous sortirions pour attaquer. Jamais de parachute, jamais d'essence pour le retour. C'était un échec mortel d'être fait prisonnier vivant : il n'existait pas de déshonneur plus grand.
Plus tard, j'apprendrais que les rescapés étaient envoyés dans des camps de rééducation où ils subissaient les pires humiliations. Rares étaient ceux qui ne se suicidaient pas pour mettre fin à ce nouveau calvaire."
Nicole Rolland nous raconte ces vies et réussit le tour de force de le faire avec poésie.
Pas n'importe quelle poésie : une poésie typiquement japonaise.
Son texte est fin et subtil, tout en nuances.
Cette forme délicieuse contraste d'autant plus fortement avec le fond abominable et c'est pour moi la plus grande réussite de ce roman. La beauté et l'horreur entremêlées.
Un roman magnifique, terriblement émouvant, jusqu'à une conclusion qui m'a profondément remuée.
Nicole Roland indique en fin d'ouvrage qu'à travers cette histoire de kamikazes, elle a voulu "rendre hommage à leur jeunesse fracassée".
Vous avez parfaitement réussi, madame, et d'une bien belle façon.

Kosaburo, 1945 a le mérite de nous faire réfléchir, au-delà des kamikazes, sur l'endoctrinement. Car ces malheureux qui se sacrifiaient pour l'honneur de leur pays et pour l'empereur avaient bel et bien été endoctrinés.
Qui peut croire qu'un jeune homme en parfaite santé et qui a toute la vie devant lui choisisse délibérément de s'écraser avec son avion ? D'autant plus quand la guerre est perdue, ou du moins quand les chefs savent qu'elle l'est mais envoient quand même des pilotes au suicide inutile.
Partout et de tout temps, ce sont toujours les mêmes méthodes qui sont utilisées pour fanatiser et manipuler : on vous promet la gloire ou le paradis ou la vie éternelle ou que sais-je encore, puis on vous place dans des conditions qui font que vous ne pouvez plus reculer.
À travers les kamikazes du roman, on ne peut s'empêcher de penser aux terroristes du 11 septembre 2001, bien sûr, mais aussi à tant d'autres venus après eux.
Tant de vies gâchées. Tant d'horreurs infligées.

Ce roman m'a éblouie et m'a émue au plus haut point.
C'est un texte d'une rare intensité. Une lecture qui laisse des traces.
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Non, jamais je ne pourrai oublier cette vision si profonde des kamikazes japonais à la fin de la 2e guerre mondiale !
Endoctrinés par le Bushido, le code d'honneur du samouraï, ils ont laissé leurs jeunes vies s'envoler vers les cieux pour mieux s'écraser en piqué sur les porte-avions de l'ennemi. Nicole Roland signe ici une oeuvre, que dis-je, un bijou aux contours précieux, qui mêle la poésie japonaise si délicate, si amoureuse de la vie, au respect du devoir et de l'honneur, totalement inféodés à la mort.
Par une stratégie narrative particulière, elle nous mène droit au coeur de ces jeunes, souvent universitaires, que l'on a enrôlés à la fin de la guerre pour tuer et se faire tuer. Kosaburo, oui, c'est le titre, est un jeune homme plein d'idéal et amoureux de Mitsuko. Celle-ci, pour sauver l'honneur de sa famille (eh oui, toujours l'honneur) suite à la défection de son frère Akira, se fera passer pour ce dernier et deviendra un pilote de chasse chevronné. Mais c'est elle, dans la majeure partie du roman, qui parlera, qui nous ouvrira son coeur partagé entre le patriotisme – lucide, pourtant – et son tendre amour.

Nicole Roland m'a émue jusqu'aux larmes, surtout à la fin lorsqu'elle nous révèle que ce roman, elle l'a écrit en mémoire de sa fille passionnée par l'Orient et qu'elle a voulu faire revivre, tel Kosaburo qui, avant de mourir, écrivait dans son carnet : « Il y a un oiseau, un seul, qui se renouvelle et se crée lui-même. Dans son nid, il amasse de la cannelle, du nard odorant, de la myrrhe aux fauves reflets. Il se couche dessus et termine sa vie au milieu des parfums. Alors, du corps paternel renaît un petit phénix ».

Je peux vous certifier que son désir a été entièrement exaucé à travers ce roman taillé comme un diamant.
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Acquis en mai 2013- Librairie du Parc [de la Villette], gérée par Actes Sud-
Paris 19e-------Lu en juin 2019

Découverte de cette auteure par ce premier texte; J'ai retenu pour une
prochaîne lecture de Nicole Roland, "La Veillée des chagrins"

Après l'Egypte, la Syrie... ce roman me transporte dans le Japon de 1945, où toute la population devait fidélité à l'Empereur, des tout jeunes écoliers aux adultes !...
On retrouve cette propagande et soumission patriotique: le jeune Kosaburo est prêt à offrir sa vie à son empereur, alors que son ami, Akira n'accepte pas ce sacrifice, se révolte. Il décide de déserter. Sa soeur, Mitsuko , pour sauver sa famille du déshonneur, s'habille en homme,
et avec son amoureux, Kosaburo, elle décide de suivre la formation des kamikazes. Elle volera, fera les missions les plus dangereuses avec Kosaburo, qui périra...Mitsuko décide de continuer par amour, et de suivre le code des samouraïs comme le parcours d'Honneur assumé par l'homme qu'elle aimait...Cela ne l'empêche pas d'être lucide et de constater que le pays est sur le point d'être vaincu...

Difficulté pour nous, Occidentaux, de comprendre à quel point sous le Pays du Soleil Levant, l'individu en soi est négligeable, n'est rien !

"Tout découragement, toute plainte étaient considérés comme preuve de faiblesse et nous valaient coups et humiliations. Nous n'étions que de pauvres enfants apeurés. On ferait de nous des hommes, dût-on pour cela nous tuer. Nous ne devions jamais oublier que notre vie n'avait aucune importance : elle ne nous appartenait pas. Nous étions la propriété de l'empereur et de l'empire nippon. "(p. 49)

Je reste toujours aussi intriguée que fascinée de lire des auteurs occidentaux se mettant dans l'esprit extrême-oriental tant les usages, les codes se situent aux extrêmes de nos manières de vivre et d'appréhender l'existence... Mais une surprise m'attendait qui expliquait le choix de ce sujet étonnant, si particulier de Nicole Roland pour le Japon et les Samouraïs...Elle rendait un double hommage, aux très jeunes japonais sacrifiés, et le décès , très jeune, de sa fille, passionnée d'Orient !
Cet ouvrage prend à la lumière de cette explication de sa genèse , une toute autre dimension... qui démultiplie l'émotion de cette fiction !!

"Cette histoire n'est qu'une histoire : celle des jeunes kamikazes fanatisés par le code des samouraïs, qui ont dû imposer le silence à leurs terreurs pour apprivoiser la mort (...) qui ont fait taire leur âme en obéissant à des ordres fous. Elle est aussi un hommage à leur jeunesse fracassée, recueillie dans les plis du temps. Kosaburo, Akira et les autres ont bien existé et leur gloire ne s'éteindra pas.
Mitsuko n'a pas existé. Son histoire est inventée de bout en bout. Elle s'est introduite parmi ces jeunes aviateurs, effigie du corps de ma fille morte, si jeune, elle aussi. Elle était passionnée d'Orient, les livres qu'elle m'a laissés et où j'ai cherché sa trace m'ont familiarisée avec ce monde inconnu de moi. Voyageant dans leurs mots, j'y ai retrouvé l'ombre de ma disparue adorée, et pour conjurer le chagrin et empêcher à jamais Hélène de disparaître, je lui ai donné la forme de Mitsuko dans cette histoire où, recréée de mots, elle brille dans toute sa jeunesse "(p. 131)

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Dans un journal, l'aperçu d'une photo datant de 1945 ; celle d'un aviateur japonais assis dans son engin de guerre. Juste une image marquante et Nicole Roland donne naissance à cette histoire poignante de mission suicide nommée paradoxalement Vent divin.

Kosaburo aime les mots bien choisis. Il aime aussi Mitsuko. À vingt ans, la vie et l'amour l'attendent mais la guerre interminable brisera ses éventuelles aspirations. Comme ses frères japonais, son devoir lui est insufflé par une propagande diffusée dans les cours d'école, à la radio, dans les cinémas. Il adoptera, en pleine conscience, le code d'honneur des samouraïs et offrira sa vie à son pays.
De son côté, Akira, le frère de Mitsuko, aspire à la beauté de la vie. Il est tout en émotions, en interrogations, et avoir ses cendres dans une boîte laquée de rouge ne peut signifier pour lui son total dévouement à l'Empereur. Son choix de vie doit lui appartenir. Il représentera la lâcheté, la honte familiale.

Nicole Roland donnera alors la parole à Mitsuko qui sauvera l'honneur de sa famille. le passage à la première personne appuiera avec une extrême intensité sur la préparation à la mort, physique et morale, que la jeune fille entamera.

Ce tout petit roman est empli de phrases poétiques qui ont pourtant, dans leurs propos, l'éclat métallique du sabre qui tranche, net et précis. Il renferme l'honneur, la mort, le sauvetage désespéré en cette fin de guerre d'une puissance imbue d'elle-même, un don effrayant de sa propre vie et l'acceptation d'ôter la vie d'autrui comme signe de bravoure extrême.
À la gloire du pays, Mitsuko combat ses peurs pour arriver, légère, vers la mort et l'honneur suprême. L'auteure arrive à toucher notre coeur en fouillant, de l'intérieur, les pensées de la jeune femme pour nous faire comprendre la signification du sacrifice, si tant est qu'une signification puisse exister à ce façonnage d'âme.
C'est un écrit magnifique sur la valeur et la vulnérabilité de la vie, sur un endoctrinement abusif qui réussit à faire taire les interrogations.
Quelques vers de poèmes et la connaissance du « Livre d'oreiller », quelques évocations de l'esprit japonais donnent une belle harmonie à cette petite centaine de pages. En fin d'ouvrage, un mot de l'auteure accentue l'émotion laissée par ce très beau roman.
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Kosaburo, étudiant universitaire japonais: sous l'influence de la propagande impériale, il se plonge dans l'étude du code des samouraïs et devient fervent combattant. Mitsuko, la jeune femme qu'il aime: elle est la soeur d'Akira, un garçon auquel le fanatisme fait peur, attaché aux beautés de la vie qu'il ne veut pas renier par un sacrifice contraint.

Car à cette époque de la fin du second conflit mondial, le Japon est survolé par les bombardiers américains et l'opprobre qui s'annonce pour le pays est combattu par l'endoctrinement pour subjuguer des combattants de la dernière chance. Akira renonce à se battre et s'enfuit dans un monastère, provoquant le déshonneur de sa famille. Mitsuko prend la place de son frère, pour sauver la face devant Kosaburo et épargner la dignité familiale, puis rejoint ce dernier qui l'entraîne aux arts martiaux, au pilotage et sur la voie de la perfection .

Dans le même camp d'entraînement que son ami, Mitsuko, les cheveux coupés, est perçue comme un garçon — rien n'est dit des difficultés pour cacher sa féminité dans la promiscuité des baraquements militaires — et devient une excellente pilote de chasse. Tous deux sont choisis comme potentiels kamikazes, représentants du vent divin (1), la force qui sauvera le pays de la défaite honteuse.

Nicole Roland expose très bien comment, à travers les textes, figures et rites ancestraux, les jeunes japonais étaient amenés à se proclamer fiers de donner leur vie. L'endoctrinement des combattants répand des convictions contre nature: amour, poésie, sentimentalisme doivent être refoulés. le seul destin possible est le combat avec la victoire ou la défaite avouable. La mort est la seule issue si l'empereur d'ascendance divine — il le sera jusqu'en 1947 — perd la face ou la vie.

Je vous laisse le soin de découvrir le destin de ces deux enfants et de leurs refoulements: les bombes atomiques vont sceller le destin de l'empire japonais et signifier la vanité du sacrifice ultime des héros. Nicole Roland a choisi de raconter cette fiction dramatique en courts chapitres formant un roman rapidement lu, instructif et assez captivant. Les motivations et états d'âme des kamikazes sont soigneusement rapportés. Qui peut comprendre ce qu'éprouvaient des êtres amenés à ruminer, jour après jour, des semaines entières, chaque détail de leur mission future, sans rien ignorer de ce qu'elle préfigurait ?

Mon seul grief sera pour la description des combats aériens qui me paraissent un peu édulcorés et pour une insistance particulièrement maladroite sur la description des kitsune en plein final d'un récit qu'on regrette de voir ralentir à ce moment. Petite remarque à Actes Sud qui aurait pu ajouter quelques notes pour décrire sommairement certains termes de la culture traditionnelle japonaise.

Le livre trouve son sens définitif grâce à une postface. J'en tairai la nature car, placée en fin de récit, le voeu demeure que le lecteur en conçoive a posteriori la signification. Il est particulier que la vie privée de l'auteur induise une dimension réellement importante à un fiction, pour ma part, je considère que c'est ici un bénéfice.

Les avions utilisés par les japonais pour leurs raids suicides étaient les fameux Mitsubishi A6M, les Zéros: tout un pan de mon adolescence est revenu. Nous construisions, mon frère et moi, tous les avions de chasse au 1/72ème, en deux ou trois jours pour assembler les trente pièces plastiques Revell ou Heller, et si Spitfires et Stukas étaient des impératifs, le zéro étaient le sommet, la touche exotique de la collection, avec leurs décalcomanies, soleils rouges sur les ailes. C'est sans doute un peu dans ces carlingues de rêve et de toc que j'ai vu Mitsuko se battre dans le ciel...

Des kosaburo ont existé, leur jeunesse a été fracassée, ce livre leur rend hommage et nous met en garde contre la confiance aveugle ou excessive dans les valeurs doctrinales. Ce roman a obtenu le Prix Première en 2011 (jury d'auditeurs).

(1) Kamikaze signifie vent divin.
Lien : http://www.christianwery.be/..
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Cette histoire n'est qu'une histoire : celle des jeunes kamikazes fanatisés par le code des samouraïs, qui ont dû imposer le silence à leurs terreurs pour apprivoiser la mort (...)
qui ont fait taire leur âme en obéissant à des ordres fous.
Elle est aussi un hommage à leur jeunesse fracassée, recueillie dans les plis du temps. Kosaburo, Akira et les autres ont bien existé et leur gloire ne s'éteindra pas.

Mitsuko n'a pas existé. Son histoire est inventée de bout en bout. Elle s'est introduite parmi ces jeunes aviateurs, effigie du corps de ma fille morte, si jeune, elle aussi. Elle était passionnée d'Orient, les livres qu'elle m'a laissés et où j'ai cherché sa trace m'ont familiarisée avec ce monde inconnu de moi.
Voyageant dans leurs mots, j'y ai retrouvé l'ombre de ma disparue adorée, et pour conjurer le chagrin et empêcher à jamais Hélène de disparaître, je lui ai donné la forme de
Mitsuko dans cette histoire où, recréée de mots, elle brille dans toute sa jeunesse .(p. 131)
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Nous apprenions les techniques du combat et la discipline de fer qui nous était imposée était si terrible, nous étions si mal traités qu'il nous semblait impossible de souffrir davantage du fait de l'ennemi. Un bol de riz pour la journée, courir, ramper, faire des exercices d'équilibre, celui qui tombait était roué de coups ; quand le soir venait, nous étions épuisés, démoralisés, pleins d'appréhension sur ce que nous réserverait la journée suivante. Tout découragement, toute plainte étaient considérés comme preuve de faiblesse et nous valaient coups et humiliation. Nous n'étions que de pauvres enfants apeurés. On ferait de nous des hommes, dût-on pour cela nous tuer. Nous ne devions jamais oublier que notre vie n'avait aucune importance : elle ne nous appartenait pas. Nous étions la propriété de l'empereur et de l'Empire nippon.
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Au coin des rues, des jeunes-filles présentaient à chaque passante une large bande de coton sur laquelle elles invitaient à broder un point. Je connaissais cet usage par les lettres que m'adressait à présent ma famille. Partout, des femmes se penchaient sur ces points de broderie qui, au nombre de mille, étaient censés nous protéger et nous rendre invulnérables. Recevoir cette bande protectrice faisait partie du rituel des adieux. Quelque part, ma ceinture m'attendait. Je songeai à tous les visages qui se seraient penchés sur elle, aux doigts fins ou malhabiles qui auraient tiré l'aiguille, incrustant dans l'étoffe un nouveau signe chargé de sortilèges. Et cela raffermit mon âme. J'étais un combattant. J'allais combattre pour elles, pour eux tous. J'honorerais mes ancêtres et je ferais barrage à l'invasion ennemie, soudée à mon avion comme un samouraï à son sabre.
___________

Qui pouvait dire ce qu'était le courage ? Ne pas éprouver la peur ? Ou au contraire connaître une angoisse mortelle, du fait d'être contraint à attendre l'exécution de la sentence ?
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Parfois, quand nous nous retrouvions pour la prière à la tombée de la nuit, Kosaburo lisait à voix haute l'une des recommandations du maître Oki Hyobu. Celui-ci avait coutume d'exhorter les jeunes gens : le courage n'était digne de ce nom qu'enraciné profondément dans le cœur. Quand le sabre était brisé, il fallait attaquer avec ses mains ; quand les mains étaient amputées, il fallait se servir de ses épaules ; quand les épaules étaient coupées, il fallait mordre le cou de dix, voire de quinze ennemis. Voilà ce qu'était le courage.
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Akira réfléchissait. Peut-être ce doute était-il entré en lui en même temps que ses lectures.
Parfois, le soir venu, penché sur ses livres, il se sentait angoissé, écartelé malgré lui entre les études traditionnelles que comportait sa formation et le choix qu'il avait fait de s'initier à la littérature française. Deux mondes s'entrechoquaient : l'un, gardien des habitudes et des préceptes anciens, l'autre, ouvert à la recherche d'issues insoupçonnées, poussé par un vent de liberté, mais aussi de retour sur soi, d'écoute et d'analyse de ses émotions.
Dans la langue de ces livres, on pouvait penser l'impensable, éprouver jusqu'à la brûlure, se sentir vulnérable et fort, amoureux et désespéré-oui-aller au bout de la désespérance. Mais rester en vie. (p. 18)
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