Quel dommage, je relis un livre que j'avais adoré : son titre, d'abord, évoquant le royaume de Kouch dont parle
Hérodote, la Nubie, ou actuel Soudan : le pays des pharaons noirs qui ont construit les premières pyramides, ont colonisé l'Egypte du Nord, et en ont fait une terre très riche financièrement avec l'or de la Nubie, et politiquement unifiée.
Meroe ou la capitale de l'ancienne Egypte pendant sept siècles, du 3· avant notre ère au 4· siècle après, a été, nous dit
Olivier Rolin, aperçue par Bruce, trop obnubilé par la recherche des sources du Nil pour s'y arrêter. Ensuite, le français Caillaud, émerveillé, dessine la nécropole, enfin, un italien, Giuseppe Ferlini « ferait entrer ce lieu incertain dans le monde incontestable du pillage et du recel : éventrant à coups de barre à mine et de dynamite, en 1834, quelques unes des pyramides afin de fourguer aux grands collectionneurs les parures d'or des pharaons noirs. »… dont les bijoux en or de la reine Amanishakhéto
qui ont abouti dans les musées de Munich et Berlin.
Pourquoi le locuteur de
Meroe se retrouve t il au Soudan ? Pour fuir un chagrin d'amour, ainsi que pour rechercher le pourquoi de cette passion : à quoi ressemblait elle et d'ailleurs, de quelle couleur étaient ses yeux ? Il s'est fait plaquer, et les pauvres souvenirs qu'il a (sa manière de retrousser les lèvres, d'ajuster une mèche de cheveux derrière l'oreille, de se ronger les ongles) ne le calment pas. Il demande à un mannequin de reproduire ces gestes, l'utilisant comme ferait un photographe ou un réalisateur dont elle accepterait tout (gifles, humiliations diverses, droit de cuisage)
A la relecture,
Meroe est un mélange de genre, entre les affres de la passion physique, la recherche dans d'autres femmes de celle qu'il a perdu, les notions archéologiques,( lors de la découverte de vingt mille tombes à Dongola, au nord de
Meroe, l'archéologue lui demande de ne pas parler de ces sacrifices humains d'il y a quatre mille ans , de peur qu'
Amnesty International ne fasse un rapport rétrospectif ! ) et l'histoire de Gordon, tué lors de son siège de Khartoum ; le tout noyé dans une écriture travaillée et fatigante d'être tellement travaillée, passant de but en blanc d'un thème à l'autre.
Olivier Rolin le sait, il dit lui même :
« Une superstition très anciennement ancrée en moi….. me portait à croire que chaque livre cachait en son sein un message crypté, différent pour chaque lecteur, adressé à lui à tout hasard mais généralement ignoré de lui »
Le message crypté doit être non seulement différent pour chaque lecteur, mais aussi différent aux différents moments de vie du lecteur.