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EAN : 9782490834105
128 pages
Panseur (30/08/2022)
3.8/5   5 notes
Résumé :
« C'est trop tard. »

Ce fut dit, un murmure entendu, une vérité qui a traversé les corps : la mort est à la porte, on l'attend. Mais les médecins et leurs machines prouvent, peuvent et décident du contraire. Non, il n’est pas encore temps !

Ne plus voir le visage de sa mère caché derrière un masque afin que perdure le cycle d’une respiration déjà morte, que les poumons se lèvent, se baissent, se lèvent et s'abaissent entre quatre murs b... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Chambre 152 d'Isabelle Rossignol est un penalty douloureux (rassurez-vous la métaphore filée ne durera pas toute la chronique, je garde cela pour le prochain livre du Panseur).

À la fois cri du coeur et appel à l'aide, ce plaidoyer pour le droit à une fin de vie sans acharnement remue chacune de nos pensées. Avec des fragments d'émotions, la tragique « pièce de théâtre » qui se joue devant nous, râpe notre sensibilité avec dureté. Avec une colère non dissimulée, l'autrice s'adresse au corps médical qui demeure impuissant devant ses demandes. Trois voix aux couleurs différentes s'animent. Celle de la mère est silencieuse, celle de la fille révoltée et celle du corps médical en devient mécanique et froide.L'environnement gris et froid de la science affronte l'amour incandescent d'une fille envers sa mère.

Si l'amour d'une mère offre parfois des sentiments ambivalents tout au long d'une vie, ce récit quasi politique vient donner un coup dans la fourmilière quant à la relation entre les proches de la famille et le corps médical. Isabelle Rossignol ne s'épargne pas dans ce récit où l'on souhaite la faire passer pour une fille indigne. L'injustice, le déni et la révolte deviennent le triptyque de mots qui résonneront surement dans l'esprit des lecteurs touchés ou non par cette inévitable fin.

Si la ponctuation -tout du moins sa quasi absence permanente- vient jouer un rôle important en rendant le côté métallique des machines, c'est aussi sur la typographie que l'on entend la voix d'une fille varier selon les moments de tension. L'autrice réclame humanité et bienveillance pour les patients, à minima une certaine compréhension des émotions qui nous traversent dans ces moments délicats, pour lutter contre l'implacable indifférence de ceux qui s'égrènent au seine d'une institution. Les regards hautains, les « bonne soirée » qui ne passent pas, la cassure est réelle entre le soignant et les proches du soigné. À travers son témoignage, Isabelle Rossignol questionne nos certitudes et nous fait revivre certains moments identiques qui ne sont jamais sortis de nous-mêmes. Un récit difficile. Âpre. Nécessaire aussi pour ne pas se couper d'une certaine réalité qui exclue parfois toute nuance lorsqu'on est touché.
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Isabelle Rossignol fait son retour dans la littérature adulte après de nombreux ouvrages enfants et ados avec ce petit livre, court, intense et poétique sur le sujet sensible sur la fin de vie.

Véritable plaidoyer pour une mort sans acharnement et sans souffrance, Chambre 152 décrit par touches, empreintes de colères mais aussi d'amour et de tendresse, ces heures où on accompagne l'être aimé pour quitter peu à peu notre univers.

En 152 courts paragraphes, comme des salves, souvent sans ponctuation, la narratrice semble hurler sa douleur de voir sa mère sur un lit d'hôpital, sous respirateur, sans parole, subir l'acharnement thérapeutique des personnels médicaux.

Un style haché et haletant que la lecture à haute voix rend encore plus sensible. Isabelle Rossignol dénonce l'attitude des soignants, attachés à la vie sans se préoccuper de la qualité, aux jugements péremptoires, sûrs de leurs pouvoirs pour juger et critiquer.

Mais, c'est aussi de sa douleur que Isabelle Rossignol partage en constatant l'état de sa mère et son incompétence à la soulager; Et, bien sûr, il s'agit pour cette fille de se préparer à l'absence de sa mère.

Même si le roman est court, la lecture devient au fil des pages plus douloureuse et plus insoutenable. Une fois l'effet de surprise passée du style et de la forme, difficile d'entendre cette plainte devant la surdité et la suffisance du corps médical.

Chambre 152 d'Isabelle Rossignol porte la voix de ceux qui n'acceptent pas de ne pas mourir sans souffrance. Un plaidoyer pour la dignité même à la fin de sa vie, âpre et intense à la fois !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Ce livre est un peu difficile à classer, d'une part parce qu'il est très court (roman ? Nouvelle ?), mais aussi parce que sa construction est particulière : des chapitres ultra courts (quelques lignes, parfois quelques mots, et même un seul mot), 152 au total, comme le numéro de la chambre du titre qui est aussi le numéro de la chambre d'une femme mourante à l'hôpital. C'est sa fille la narratrice... Au début je n'avais pas bien compris sur les premières pages, donc, chose que je fais rarement, j'ai lu la 4e de couverture pour comprendre ce qu'il en était. La narratrice sait que sa mère veut mourir, vu son état : elle ne peut plus marcher, ni parler, à peine respirer. Mais les médecins pensent qu'ils peuvent encore faire quelque chose. Sa fille la connaît bien, elle sait, elle souffre, elles souffrent toutes les deux : l'une de ne plus pouvoir vivre sa vie, l'autre de voir sa mère dans cet état. La fille ne comprend pas pourquoi les médecins continuent...
Elle nous livre ses pensées en l'état : parfois pas de ponctuation, parfois elle se répète, parfois elle ne finit pas ses phrases, puis les reprend. Elle se souvient aussi...
Ça m'a un peu fait penser à de l'écriture automatique : ces jets de pensées, de chagrin, ces cris désespérés,...
Difficile de donner mon avis sur ce livre en ce moment, car lu exactement 2 mois après le décès de mon Papa, et je me sentais en décalage avec les demandes de la narratrice ; mais je comprends aussi ces sanglots de désespoir, ces morceaux de pensées brisées, ces appels qui partent en miettes et qui restent sans réponse.
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La mère de la narratrice est gravement malade. Les médecins s'acharnent à la maintenir en vie. Elle tente de leur expliquer la volonté de sa mère de mourir. Mais elle n'est pas écoutée et au contraire ils lui disent que sa demande n'est pas recevable. Elle ressent alors de la honte puis une immense peine à ne pouvoir accéder à la demande de sa mère. Elle ne supporte pas l'air hautain et indifférent des médecins, la froideur et le manque d'humanité des blouses blanches. Jusqu'au moment où le corps médical s'avoue vaincu et lui dit qu'il ne peut plus rien faire pour elle, que le moment de mourir est venu. Ce moment attendu et demandé devient alors concret. Tout s'accélère.
En 152 courts chapitres ou paragraphes numérotés, la narratrice livre ses pensées, ses états d'âme, ses doutes, sa douleur et surtout sa peine en ce moment difficile, la fin de vie de sa mère. Son ton révolté s'adresse aux médecins. L'écriture fragmentée, parfois sans virgules, va à l'essentiel pour mieux toucher le lecteur en plein coeur. Un texte intime très fort et au coeur de l'actualité !
Ceci est le dixième texte publié par les éditions du Panseur, le premier côté adulte de cette autrice jeunesse. Il rejoint ma très belle collection du Panseur grâce à une campagne de financement participatif. L'objectif, atteint, était de passer du livre aux livres audio. Je me suis laissée tenter également par le 11ème titre sorti en cette rentrée littéraire, « Les échassiers » d'Isabelle Aupy, qui sera une de mes prochaines lectures. Bref vous l'avez compris c'est une maison d'édition chouchou ! Je vous encourage à découvrir ces romans aux voix singulières.
Lien : https://joellebooks.fr/2022/..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
61
Savez-vous ?

Savez-vous ce qu’elle a fait à l’instant où elle a compris qu’elle allait mourir et a souhaité urgemment en finir savez-vous ce qu’elle a fait ?
Elle m’a envoyé vous le dire puis elle a fait ses mots croisés.

62
M’envoyant puis attendant, comptant sur moi, se passionnant une dernière fois pour ces grilles à petites cases éclatées qu’elle remplissait par sécurité au crayon gris, ceux munis d’une gomme à leur extrémité, mais elle gommait peu, se trompait rarement, rompue à cette pratique qui lui venait, je crois, de sa mère.

Je crois car nous n’avons pas eu le temps d’en parler et nous ne l’aurons plus comme je le regrette.

M’être privée de savoir d’où ma mère a tiré son goût immodéré des mots croisés.

63
Mais suffit.

Vous me rappelez à l’ordre je vous ennuie je vous dissipe je parle je parle et vous avez bien mieux à faire.
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À moi la fille dont la mère réclame la mort que je ne sais lui donner du fait de votre refus éclairé pour le droit à la vie que vous seuls détenez vous me dites en me voyant partir tête baissée vous me dites bonne soirée.
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38
Si bien qu’aujourd’hui devant vous regardez je suis là asseyez-vous écoutez-moi je vous l’ordonne.

Je vous ordonne de cesser sur-le-champ de faire taire les filles qui défendent leur mère mais au contraire de les armer les préparer ne plus jamais les repousser parce que les filles des mères qui veulent mourir et vont mourir ont le désir d’elles-mêmes mourir ne le saviez-vous pas ?

Vous, à nous nier, vous nous tuez alors voyez.
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Incipit :
1
Oh je sais.

2
Je sais avant même d’arriver que vous êtes là à ne pas m’attendre pas me voir pas m’entendre.

Je le sais à vos airs et milles autres détails qu’à votre insu vous exhalez de vos yeux de vos bouches de vos rictus entêtés au-dessus de vos blouses éminentes et blanches.
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Il m'arrive également que ma peur soit si forte que je m'arrête sur le seuil et me retourne avec l'espoir que le ciel bleu face à miracle.
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