Année blanche

Plus jeune, j'aurai aimé ce livre. J'en suis certaine. Plus jeune, j'aurai été sensible à la poésie des mots, au lyrisme de ces phrases, à toute cette attention à des petits riens qui font la trame de ce récit. Mais aujourd'hui, cela ne m'a pas touché. Je me suis ennuyée à cette lecture, je n'y ai plus été sensible, alors que je l'aurai été - avant. Peut-être, plus tard, serais-je à nouveau sensible au style de Marie Rouanet, à la fine dentelle de ses phrases, à cet art de choisir le mot le plus juste et le plus beau pour exprimer ce qui a été vécu, ce qui a été ressenti. Mais, pour l'instant, je reste froide, aussi froide que la neige d'une année blanche.

Je cherchais un ivre court, captivant et bien écrit, quoi de plus normal.
Connaissant l'écriture de Marie Rouanet au travers de son très beau livre « nous les filles », j'ai pensé que j'allais passer un beau moment de lecture d'autant plus que la 4ème de couverture m'inspirait.
J'ai été très déçue car la fameuse année blanche n'a rien de bien exaltante et je l'ai plutôt ressentie un peu noire et déprimante.
Je reproche à l'écrivaine d'éparpiller un peu trop sa narration sans approfondir les quelques intrigues qui auraient pu nous captiver.

Pour la narratrice, cette Année Blanche (à marquer d'une pierre blanche dirions-nous !) est celle où son mari a été hospitalisé pour des problèmes cardiaques : l'homme solide qu'il était n'est plus qu'un homme fragile. Par hasard, cette année-là, elle retrouva également l'un de ses anciens professeurs pour lequel elle avait éprouvé un grand amour.
C'est également l'année où elle retrouve toute une série de petits films muets en noir et blanc tournés dans les villages quelques décennies auparavant. Ces films attendaient de recevoir un petit coup de neuf avant de pouvoir ressortir de leurs boîtes.
le cinéaste avait filmé le quotidien des petites gens, dans la vie de tous les jours, la sortie de l'église, une fête de village, un enfant qui joue dans la rue, un groupe d'hommes discutant, des femmes au lavoir… Soir après soir elle se plonge dans ces images riches de souvenirs où elle retrouve, jeunes et bien portants, quelques anciens qu'elle peut encore croiser ou ceux qui aujourd'hui ont disparu.
La narratrice surfe de souvenirs en souvenirs en revisitant sa vie, sans véritable chronologie. Elle laisse ses émotions guider sa plume et on se laisse emporter au fil des pages sans voir le temps passer …

Covid-19: cela fait un an que nous vivons cette année blanche, cette parenthèse désenchantée. Mais c'est le hasard qui m'a conduite vers ce livre, lequel n'a je vous rassure, aucun rapport avec la pandémie.

Qu'est-ce qui nous fait avancer dans la vie? Des événements marquants, surprenants, des changements de direction majeurs (le mariage, la naissance d'un enfant par exemple)? Ou bien des impressions, ces instantanés inracontables?

Ce n'est pas vraiment un roman, mais une suite d'images, dont un des thèmes est le temps qui passe. Pour la narratrice, une année à la fois ordinaire et étrange. Elle passe du temps à visionner les documentaires de Michel Cans, un journaliste-reporter, improvisé cinéaste, qui a vraiment existé, et s'est efforcé de montrer la vie quotidienne dans de petits villages autour des années 50. À ce titre, les réflexions de la narratrice ne sont pas sans rappeler les analyses d'Anne-Marie Garat dans Photos de Famille.

Une analyse sensible de l'enfance, de la mémoire, de la mort, de l'amour (avec des références bien vues aux expériences de physique et de chimie: même si un caillou nous paraît immobile, il est fait d'électrons en mouvement vertigineux!)

Le mari de l'auteur, malade du coeur, est hospitalisé dans une clinique du Midi de la France. Sa femme lui rend visite tous les jours et passe le reste de son temps à visionner de vieux films muets, sortes de documentaires dans lesquels le cinéaste s'est contenté de filmer de façon aléatoire un maximum de petites gens dans leur vie de tous les jours. L'auteur assiste à l'enterrement d'une vieille tante et rencontre un de ses anciens professeurs dont elle appréciait particulièrement l'enseignement.
Cette année « blanche » aurait mérité une page de même couleur tant on s'ennuie à lire ce compte-rendu tout juste digne d'un journal intime à garder par devers soi. L'auteur n'a pas eu l'outrecuidance de sous-titrer « roman » pour ce texte sinistre et nombrilique. Ainsi le lecteur sait-il à quoi s'attendre. de longues descriptions météorologiques (comme il fit froid pendant cet hiver blanc !), sentimentales ou de paysages. C'est bien écrit, plutôt intello tiré par les cheveux et fort peu attrayant car il ne se passe rien que du banal. Mort, maladie, vieillesse, nostalgie du temps qui passe, autant de thèmes bien plombants. Faire un détour.
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