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EAN : 9782221001745
568 pages
Robert Laffont (01/06/1977)
4.44/5   8 notes
Résumé :
Comment fait-on pour passer à une espèce nouvelle, quel est le procédé de fabrication ? De quelle nature est cette transformation psychologique et donc de quelle nature est la Matière elle-même sur laquelle nous semblons nous mouvoir comme à jamais dans une ronde imprescriptible répertoriée par tous les physiciens patentés ?
Mais ce sont les physiciens d'une certaine espèce. Dans les cavernes profondes du Mexique, sous leur nappe d'eau boueuse, vivent et se r... >Voir plus
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
C’était une des dernières « classes du mercredi », Mère était assise, là, devant toute cette masse amorphe et bien gentille qui l’écoutait, voulait bien, mais, mon dieu, la vie continuait comme toujours, on était là comme sur un joli pré de lumière à paître et à ruminer, on posait même des questions qui faisaient parfois penser que le Mental avait du bon (!) et Mère, comme Sri Aurobindo, aurait pu parler indéfiniment, pendant cent sept mille classes au lieu d’écrire cent sept mille lettres, sans que cet Ashram ait fait un réel progrès. C’est cela que Mère commençait à voir. Ce n’était pas le problème de l’Ashram qui l’intéressait, c’était le problème du monde : Je ne suis pas venue sur terre pour créer un Ashram ! Ce serait vraiment un très pauvre objectif. Elle nous disait, plus tard : Là-bas, au Terrain de Jeu, il fallait que je lutte pour trouver une réceptivité... La situation ne s’améliorera guère après, mais enfin, ce soir-là, après leurs « questions » assez désespérantes, comme on avait fermé les lumières pour l’habituelle méditation, Mère était là en train de se de- mander : Mais qu’est-ce qu’il y a donc dans ces cerveaux qui ne s’intéressent à rien qu’à leur petites affaires personnelles J’avais l’impression: enfin,vraiment,est-ce qu’on peut faire quelque chose avec une matière pareille ?... Alors, pendant la méditation, j’ai commencé à descendre dans l’atmosphère mentale des gens à la re- cherche de la petite lumière, de ce qui répond. Et j’ai été littéralement tirée en bas, comme dans un trou... Et alors, dans ce trou, je le vois encore ce que j’ai vu. Je descendais comme dans une faille entre deux rochers abrupts, des rochers qui seraient faits de quelque chose de plus dur que du basalte, NOIRS, mais métalliques en même temps, avec des arêtes si aiguës... on avait l’impression que si on les touchait seulement, on serait écorché. C’était comme sans fin et sans fond, et ça allait en s’amincissant, de plus en plus étroit, de plus en plus étroit, comme un entonnoir, si étroit qu’il n’y avait presque plus la place, même pour la conscience, de passer. Et le fond était invisible :un trou noir.Et ça descendait,ça descendait…comme si je glissais le long de cette faille. Ça n’en finissait plus et cela devenait de plus en plus comprimant, étouffant, suffocant... Et nous sommes extraordinaire- ment frappé par la description de Mère parce que nous avons eu personnellement une expérience exactement semblable, et c’était une expérience de la mort†. Nous sommes entré dans une mort noire de basalte, suffocante, exactement comme elle la décrit. Était-ce donc cela, le lieu de la mort ? Mais alors cela devient très intéressant...
Et je me suis demandé : Mais qu’est-ce qu’il y a donc au fond de ce trou ?…À peine avais-je formulé cette question, c’était comme si j’avais touché un ressort qui se trouvait tout au fond du trou, un ressort que je n’avais pas vu mais qui a agi instantanément, avec une puissance formidable, et d’un seul coup m’a fait jaillir, m’a projetée hors de cette faille dans une immensité sans limite, sans forme... où vibraient les semences du monde nou- veau. Et c’était tout-puissant, d’une richesse infinie, comme si cette immensité était faite d’innombrables imperceptibles points, des points qui n’occupent pas de place dans l’espace, d’un or chaud foncé. Quelque chose comme l’équivalent du point mathématique, mais qui était comme de l’or vivant : un poudroiement d’or chaud... [Ce poudroiement d’or chaud, nous en reparlerons beaucoup : c’est la substance supramentale – au fond de ce trou, derrière la « mort »]. On ne peut pas dire brillant, on ne peut pas dire sombre ; ce n’était pas non plus de la lumière : une multitude de petits points d’or, rien que cela. On aurait dit qu’ils me touchaient les yeux, le visage, et avec une puissance et une chaleur contenue dedans, c’était formidable ! Nous avons l’impression d’assister à une description microscopique de ce que serait le monde de la vraie Matière « derrière » le poudroiement obscur de nos atomes et particules : le soubassement vrai. Et tout cela absolument vivant, vivant d’une puissance qui paraissait infinie. Et pourtant immobile. Une immobilité parfaite dans un sens d’éternité, mais avec une intensité de mouvement et de vie incroyable !... Encore l’une des constantes du Supramental : c’est le lieu de jonction des contraires, le dynamisme foudroyant dans la paix absolue, comme si ce dynamisme même était issu de cette puissance d’immobilité. Et une paix – la paix d’une éternité. Un silence, un calme – un POUVOIR capable de tout. Et tout cela qui n’avait pas de forme avait le pouvoir de devenir des formes.
Nous avons touché à la substance supramentale, celle qui fabriquera les corps de demain, les objets de demain – celle qui les fabrique peut-être déjà, celle qui est la vraie Matière dont tout est fait, mais que nous ne voyons pas encore tel que c’est et que nous ne vivons pas encore tel que c’est : il y a encore un « chaînon manquant » – un voile. Mais ce qui est extraordinairement inté- ressant dans cette mystérieuse géographie où nous commençons à avancer à tâtons, c’est que ce « lieu » supramental, ce monde supramental, Mère l’a trouvé de l’autre côté (ou au fond) de l’inconscient mental. C’est une prodigieuse découverte qui n’a l’air de rien – une dé-couverte, vraiment. Parce que tout cela, ce monde nouveau, ce poudroiement d’or tout-puissant qui peut créer des formes, ça ne se situe pas là-bas, au bout de je ne sais quelle évolution lointaine, à bout de muscles développés et de siècles laborieux et de matières interminables à purifier, éclaircir, subtiliser – c’est derrière l’inconscient mental. C’est là, tout de suite, « un ressort que je n’avais pas vu ». C’est seulement séparé de nous par le Mental : par les racines du Mental. Le Mental, c’est le voile – mais jusqu’où plonge-t-il ses racines dans la Matière, c’est-à-dire son voile obscur- cissant dans la Matière, c’est là le mystère. Nous avions l’habitude de penser que l’Inconscient, ainsi que Sri Aurobindo le décrivait et tous les Rishis, c’était la première matière du monde, la première couche évolutive, si l’on peut dire, le premier terreau sur lequel tout le reste a poussé. Mais ce n’est pas vrai ! Ce n’est plus vrai. Ce terreau-là n’est pas inconscient, les Rishis parlaient très bien de « l’UN conscient dans les choses inconscientes », Sri Aurobindo lui-même disait : La nescience de la Matière [parce qu’il ne voulait pas dire, justement, l’inconscience] est une conscience voilée, involuée ; c’est une conscience somnambule qui contient d’une manière la- tente tous les pouvoirs de l’Esprit.4 Le vrai Inconscient, c’est-à-dire la non-conscience, a surgi plus tard dans l’évolution, un voile d’inconscience est tombé sur la Matière, a masqué sa puissance, sa lumière, sa plasticité malléable pour en faire une caricature figée, durcie, immuable, dégénérescente – quelque chose qui meurt parce que ça ne peut pas se renouveler. C’est bien ce monde de rocs vu par Mère, avec ses arêtes coupantes et comme métalliques – noir, sans air. C’est la mort. La mort est un phénomène mental, ce n’est pas un phénomène matériel. C’est notre corps mental, vu par le mental, vécu par le mental, senti par le mental, qui meurt. C’est une fausse mort, aussi fausse que notre vie – c’est la fausse vie qui meurt. Mais c’est un voile... sur quelque chose d’autre, qui est matériel. Non ! pas du tout de paradis de conscience là-haut, après la « mort », mais un monde matériel, de vraie Matière, de l’autre côté du voile de mort, qui est seulement la mort du Mental. Une autre Matière dans la Matière, un autre continent dans le continent. Mais nous n’avons pas besoin de mourir pour y accéder ! Voilà, justement. Nous avons seulement besoin de tirer ce voile et de laisser entrer la vraie vie dans la vie, la vraie Matière dans nos yeux décrassés, dans nos cellules décrassées, et le vrai mouvement de la Matière, sa vraie malléabilité, sa vraie lumière, sa vraie chaleur, sa vraie puissance créatrice de formes. Le corps physique m’apparaissait « comme friable » notait Mère dans sa première expérience. Un formidable changement de réalité, sans mort.
Une découverte, formidable, peut-être plus grande que le jour où un premier humain s’est aperçu que le prochain monde ne se situait pas dans un rêve miraculeux de l’autre côté du sommeil, mais juste derrière une minute de réflexion.
Toute la difficulté est de savoir où est le nouveau monde.
Et Mère précisait bien son étonnement, sans en voir encore toutes les conséquences (les conséquences, il faudra les « élaborer ») : C’était l’inconscience mentale. Parce que le point de départ de l’expérience était mental [elle descendait dans l’atmosphère mentale de ces enfants, pour voir pour- quoi ils étaient tellement bouchés]. Une inconscience spéciale – rigide, dure, résistante – de tout ce que le Mental a apporté dans notre conscience. C’est bien pire !C’est bien pire qu’une inconscience purement matérielle [les flacons d’eau dentifrice ne sont même pas comme cela !], une inconscience « mentalisée », si l’on peut dire. Toute cette rigidité, cette dureté, cette étroitesse, cette fixité – une fixité –, cela provient du Mental dans la création. Quand le Mental n’était pas manifesté, l’Inconscient n’était pas comme cela, il était sans forme et il avait la plasticité de quelque chose qui est sans forme – la plasticité est partie. C’est une image terrible [ces rocs de basalte] de l’action mentale dans l’« Inconscient ». Ça a rendu l’Inconscient agressif – il ne l’était pas avant.Agressif,résistant,obstiné. Ce n’était pas là avant. Ce n’est pas un Inconscient« originel »,pourrait-on dire, c’est un Inconscient mentalisé, avec tout ce que le Mental a apporté d’opposition – de résistance, de dureté, de rigidité…Et alors l’inconscience mentale refuse de changer–ce que l’autre n’a pas ; l’autre n’a rien,n’existe pas, n’est pas organisée d’aucune façon, n’a pas de« manière d’être », tandis qu
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Le seul procédé que Mère ait employé sur ce chemin sans chemin où il n’y a pas de procédé, sauf d'être d’une certaine manière, de tendre d’une certaine manière, et de marcher, c’est le “ mantra '. Toutes ces formes que nous voyons constituées sont un agglomérat de vibrations (d’atomes, disent les savants, car ils ne voient qu’une couche de Matière et encore avec des lunettes mentales), qui expriment la qualité particulière de l’objet, son “ aspiration ”, disait Mère, et c’est ainsi qu’Elle pouvait donner un nom aux fleurs. C’est en quelque sorte le vrai nom des choses, leur musique spéciale, qui devient une assez triste musique au niveau humain. C’est la répétition de ces vibrations qui assure la stabilité des formes.
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C’est le corps qui fera le pont.
C’est dans le corps qu’est la clef.
Tout le mystère commence là.

D’où l’importance capitale qu’elle attachait à la culture du corps dans son laboratoire. Comme elle y veillait, dans le moindre détail, comme elle se penchait sur chacun, chaque exercice, chaque mouvement du corps! Jamais on n’avait vu au monde (surtout dans les années 45 à 50) une «institution» qui consacrait tant de temps et de soins au corps: plusieurs heures tous les jours.
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Il pourrait bien se faire que toute notre "spiritualité", un jour, nous apparaisse comme un fabuleux travestissement d’autre chose − qui ne se comprends vraiment et totalement qu’au niveau de la Matière.
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Oh ! tout est un grand mystère, mais, peut-être, après tout, un mystère souriant
Il y a seulement ceux qui ne sauront pas rire. Les hommes de plâtre.
Et un rire divin prendra les hommes par surprise.
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