C'est au tour de
Jacques Saussey de s'approprier l'univers de L'embaumeur, alias Luc Mandoline.
Neuvième aventure de cet enquêteur atypique, sous la plume d'un neuvième écrivain. C'est tout l'intérêt de cette série, où chaque auteur imprime sa propre âme à ce personnage (et à ses acolytes).
Autant dire que ces aventures, au format défini de 250 pages, se dégustent aussi bien dans l'ordre qu'elle se picorent séparément. C'est mon cas, je découvre la série en question avec la vision qu'en a eue Saussey.
Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'avec Sens interdit(s),
Jacques Saussey ne s'interdit rien, avec un sens de la dérision qu'on ne lui connaissait pas.
Le sujet de cette enquête policière, des meurtres d'enfants, est sombre, sordide même, et l'intrigue prend donc immédiatement à la gorge. Pourtant, ce roman est aussi l'occasion de rire à gorge déployée. Comme si on vous passait une corde autour de la jugulaire, pour plus tard vous rassasier le gosier d'un bon nectar.
C'est tout à l'image de la réussite de ce roman, avec une histoire vraiment noire qui tient la route (malgré le format court qui ne permet pas de grands développements) et une manière de la raconter plutôt jubilatoire.
Car Saussey est ici métamorphosé. L'excellent auteur de thriller, loin de momifier son écriture, a embaumé son récit de bons mots et de joutes verbales réjouissantes.
Il prouve admirablement qu'un bon auteur sait se mettre au service de son histoire et de ses personnages. En grand admirateur de
Frédéric Dard, il a donc parsemé son récit de mots d'esprit souvent graveleux mais jamais lourds.
Et la double réussite du bouquin est bien là : arriver à créer une véritable ambiance sombre à travers une intrigue crédible, tout en l'enjolivant grâce à une écriture facétieuse.
L'auteur s'amuse et nous amuse sans qu'on n'ait jamais l'impression de se retrouver devant un exercice forcé. On sent l'écrivain totalement à l'aise, il se lâche et c'est un pur bonheur de lecteur.
Oui
Jacques Saussey est également doué dans cet univers où il ajoute des couleurs au noir et fait exploser des pétards (jamais mouillés) pour le plus grand plaisir des convives invités à cette grande messe de la littérature populaire (au bon sens du terme).
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