La fin de Selb est le troisième et dernier volet d'une série consacrée au détective privé du même nom, tentative de
Bernhard Schlink de frayer avec le roman policier. Pour être complètement honnête, je n'ai pas été vraiment enthousiasmé par cette série. Je ne l'ai pas détestée non plus, remarquez. Disons que je l'ai trouvée correcte, peut-être un peu plus, en tous cas suffisament pour me donner l'envie de persévérer dans cette série.
Il faut dire que Gerhard Selb ne soulève pas les passions. C'est un type vieillissant, esseulé, très professionnel et visiblement efficace, mais on ressent sa fatigue, le poids de l'âge. C'était très à propos, et sans doute très réaliste, pas tous les enquêteurs sont de jeunes fringants qui peuvent courir et sauter sur les toits pour rattraper un suspect. Mais cette lassitude du protagoniste est un peu contagieuse et teinte la lecture. Autre point qui m'a un peu déçu, je n'ai pas l'impression d'avoir vraiment arpenté sa ville de Mannheim, au sud de Frankfort.
Dans tous les cas, à l'approche d'une retraite imposée par le manque d'affaires qu'on lui confie, Selb accepte la mission de Welker, propriétaire de la banque Weller & Welker : retracer le bénéficiaire anonyme qui a sauvé la banque de la faillite plusieurs décennies plus tôt. Une histoire bien simple, pensez-vous ? Eh bien, non.
Au fil des pages, l'enquête prend des proportions inouïes, il y a même mort d'homme. Ce qui s'apparentait à un travail d'historien relégué à des bibliothèques se transforme en une intrigue de corruption, de blanchissement d'argent et d'intégration de l'économie communiste de l'Allemagne de l'Est au système capitaliste. Je ne m'attendais pas du tout à cela, l'auteur m'a étonné, en bien. Puis, l'histoire semble se résoudre alors qu'il reste encore la moitié du roman à lire. Vraiment ? Cependant, tout est à nouveau chamboulé – quoique, le mot est un peu fort puisque j'avais des doutes persistants que les éléments en cachaient d'autres, différents. Il y avait bien quelques longueurs dans cette deuxième partie mais
Bernhard Schlink a réussi à me tenir au moins intéressé à son enquête.
La fin de Selb clôt assez bien cette série. Ce n'est pas une lecture que je recommande chaudement, surtout pour ceux qui préfère les thrillers ou les pages turner, mais elle porte un regard différent sur le travail des détectives. de Schlink, j'ai préféré les romans et recueils de nouvelles.