La Nuit des fous

Bonjour,
Voici « La nuit des fous » de Anouk Shutterberg. Coup de coeur pour ce thriller redoutable, très sombre à la construction maîtrisée et au déroulé machiavélique. Nous retrouvons le capitaine Jourdain dans une aventure indépendante des deux premières (« Jeu de Peaux » et « Bestial »). Suite à la découverte de cinq squelettes, l'enquête s'avère complexe. le personnage se présente sous un jour attachant et prisonnier d'un passé douloureux et dévasté. Les personnages principaux sont émouvants, fort bien décrits, leur psychologie est finement rapportée. Vous ressentirez leurs douleurs, souffrances, interrogations, suspicions et angoisses. L'intrigue est captivante, peuplée de rebondissements multiples et nous plonge dans un monde où la folie mène la danse. Une atmosphère anxiogène, étouffante et oppressante s'installe crescendo et nous laisse en apnée. L'auteure m'a séduite par sa plume percutante, incisive et visuelle. Certaines scènes sont terrifiantes de réalisme. L'écriture monte en puissance et joue la carte de l'envoûtement avec brio. Un excellent thriller comme je les aime !

Voilà donc un roman dédié à toutes celles et ceux qui veulent se saouler avec des litres de sang (et de sans) , à la veille de Noël.
Dans le mitan du livre, une scène croquignolesque a tout particulièrement retenu mon attention. Âmes sensibles s'abstenir absolument:
Élise, enceinte, est séquestrée par un couple diabolique. Elle accouche dans d'atroces souffrances, on a tous les détails, et, comme dans Rosemary'baby, ils enlèvent le bébé. Et laissent la jeune femme en plan. Qui n'arrive pas à expulser son placenta, à se délivrer, c'est le terme, toute seule. Qu'à cela ne tienne. Hop, elle trouve une cuillère, procède à une antisepsie sommaire en urinant sur l'objet, se l'introduit dans l'utérus et racle « comme on le fait pour terminer un gratin ». Auparavant elle avait essayé avec une main, mais ça n'avait pas fonctionné…
Donc, après cette opération radicale, la délivrance arrive enfin. Elle tire fort sur le reste du cordon ombilical et une énorme masse visqueuse et sanguinolente tombe sur le sol de la chambre. Ni une, ni deux, elle prend le placenta et le jette par la fenêtre, où il atterrit sur un bosquet etc.

Je suis désolé, c'est une Masse critique privilégiée (merci Babelio et Récamier Noir) et je dois donc me fendre d'une critique.
Ce « polar » est une vraie curiosité car je n'ai jamais rien lu de si mauvais.
C'est indigent, invraisemblable, inepte et incroyablement mal écrit. Je n'oserai même pas le mettre dans une boite à livre ou alors je vais l'offrir à un certain voisin qui me cherche des noises, enfin je ne sais pas quoi en faire, le sapin est déjà calé (j'ai eu un mal fou, il penchait quoiqu'on fasse ).
Mais, comme dirait ma copine Nico, ce n'est que mon avis. D'ailleurs je viens de voir, sans étonnement, que certains babeliotes ont beaucoup aimé.
J'espère être pardonné pour cette sombre critique.

Dans cette histoire, il est question de clinique psychiatrique, de Jura, de multiples corps entortillés avec du fils de fer, de Srabble, de nonnes et de curés, des Cévennes, d'un détective privé, de l'inspecteur Jourdain, de dysorthographie etc.
Il y a, comme c'est l'usage désormais, une playlist improbable qu'on obtient facilement grâce à un flash code qui nous renvoie sur Spotify. Certains morceaux doivent démarrer au milieu d'un chapitre, on trouve la B.O. de Blair Witch et de Blue Velvet par exemple. Incroyable.
Il y a même des photos : une mèche de cheveux, une petite fille toute mignonne…
Le récit, nous dit l'auteure, serait construit à partir d'un secret de famille personnel.
D'Anouk Shutterberg, j'avais lu Jeu de Peaux, plutôt pas mal. Je ne sais pas ce qu'il lui est arrivé.
Ce qui m'ennuie aussi c'est l'apparition, dans la liste des remerciements, de ma librairie préférée.
le commissaire Jourdain, qui, si j'ai bien compris, n'a pas pu empêcher sa fille Clarisse de mourir noyée dans le précédent livre, Jourdain donc, s'auto-mutile avec un clou toujours présent dans une de ses poches.
Si vous avez quelque chose à vous faire pardonner, ce roman est fait pour vous…
L'étoile est pour la très belle couverture, oeuvre de l'auteure.

L'auteure ausculte une nouvelle fois les tréfonds de l'âme humaine grâce à certains spécimens dont toute humanité a depuis bien longtemps disparue.

On retrouve deux personnages du précédent roman ,le commandant Jourdain qui n'est plus que l'ombre de lui-même depuis la fin de “Bestial”, accompagné de sa collègue Noémie Sanchez. La capitaine et le commandant ont été mutés à l'OCRVP, office basé à Nanterre spécialisé dans les affaires complexes notamment les crimes en série. Pour Jourdain cela sonne comme le poste de la dernière chance et il va bien avoir besoin de Noémie pour l'épauler psychologiquement dans cette phase difficile où le commandant ne tient que grâce à des séance de psy, des anxiolytiques et un clou dissimulé dans sa poche qui lui rappelle à chaque instant qu'il est vivant, lui.

L'affaire pour laquelle ils ont été missionnés se déroule du côté de Dole dans le Jura. Cinq squelettes datant des années 70 viennent d'être découverts dans des caisses de mêmes dimensions par la police locale. Des corps dont les positions étranges semblent être dûes à l'utilisation de fils de fer méthodiquement installés de manière à transformer ceux-ci en différentes formes spécifiques. La première piste va les mener vers un hôpital psychiatrique situé à proximité du drame.

Parallèlement à cette affaire, on va suivre le récit d'Elise , trentenaire qui souffre depuis son adolescence d'une maladie inflammatoire chronique qui touche les articulations et plus particulièrement pour Elise, ses jambes.Elle s'est donc habituée à marcher avec l'aide d'une canne. Elle vient de perdre son père, atteint d'un Covid aigu qui l'a terrassé. Avant d'expulser son dernier souffle il lui apprend l'existence d'une tante, dernière parente possiblement vivante. Pour Elise, c'est comme une évidence : elle doit retrouver sa tante Jeanne, où qu'elle soit, en espérant qu'elle soit encore de ce monde.

Deux affaires qui au premier abord n'ont rien à voir entre elles mais qui vont, comme vous vous en doutez, se rejoindre à un moment donné.

Anouk Shutterberg nous gratifie d'un roman profondément glaçant. Un roman qui, je m'en réjouis, vient de remporter le prix du salon Noirsurormesson, pendant lequel j'ai pu faire connaissance avec l'auteure.
Trêve de bavardage, j'ai plongé une nouvelle fois corps et âme dans ces histoires incroyables qui m'ont scotchés du début jusqu'à la fin - et quelle fin !
Un récit bourré de rebondissements parfaitement scénarisé dont l'atmosphère oppressante s'amplifie page après page sur les lecteurs comme sur les principaux personnages.On reprend son souffle et on continue coûte que coûte. Car l'histoire colle et finit par submerger les protagonistes dans leurs pensées comme dans leurs actes.
Pas besoin de vous dire que pour Jourdain, déjà bien abîmé psychologiquement, cette affaire ne va pas être une sinécure, à moins qu'elle ne finisse par l'obliger à faire face à ses démons, pour le meilleur ou pour le pire. du côté d'Elise, elle n'est pas au bout de ses (mauvaises) surprises.
Comme dans son précédent livre, les personnages transcendent en effet le récit et c'est ce qui en fait sa force. Alliée à la percussion de l'écriture et à une playlist au cordeau préparée par l'auteure afin de nous immerger encore plus dans l'ambiance des différents chapitres, il ne me reste plus qu'à vous recommander chaudement sa lecture.

Elise, la trentaine, découvre au décès de son père que celui-ci avait une soeur dont il lui a toujours caché l'existence. Assez solitaire et atteinte d'une maladie invalidante, elle décide de se rapprocher de celle qui est sa seule famille et engage un détective pour retrouver sa trace.
Pendant ce temps, l'équipe du commandant Jourdain, un policier complètement traumatisé par sa précédente enquête et frisant dangereusement avec la dépression, se voit confier une enquête sur d'étranges cadavres, découverts tordus en des formes géométriques dans des caisses en bois.

Entre ce roman et moi, les choses ont assez mal commencées : j'ai eu vraiment du mal à entrer dans l'histoire, la faute à des premiers chapitres qui donnent une forte impression de déjà vu (le commissaire traumatisé et au bord de la dépression, la jeune femme solitaire qui décide d'enquêter sur une famille tombée du ciel...) et surtout à un style très pauvre, fait de phrases extrêmement courtes, souvent simples interjections ou groupes de quelques mots sans verbe, qui deviennent vite très lassantes. Associé à plusieurs fautes d'orthographe ou erreurs de syntaxe dès les premières pages, cela a contribué à m'agacer et j'ai bien cru que ce livre allait me tomber des mains.

Et puis surprise, il faut reconnaître à l'auteure un talent certain pour monter une intrigue qui se tient et surtout faire décoller le suspens et l'angoisse car quelques chapitres plus loin j'étais totalement happée ! On sent qu'elle connaît bien la région du Jura où elle situe une partie de l'intrigue et sa description de la forêt de Chaux (où j'ai eu la chance de me balader à vélo ce qui m'a permis de vraiment visualiser les lieux qu'elle décrivait) est particulièrement angoissante et prenante. Les chapitres alternent entre l'histoire d'Elise et de sa mystérieuse tante dont le lecteur pressent vite qu'elle n'est pas tout à fait ce qu'elle prétend (procédé classique mais diablement efficace pour avoir envie à chaque page de hurler à la jeune fille de s'enfuir tant qu'il en est temps !) et entre l'enquête du commissaire Jourdain et de son équipe qui devient de plus en plus palpitante au fur et à mesure que le mystère s'éclaircit. Impossible de lâcher ce livre, il me fallait absolument savoir comment les histoires allaient se rejoindre et surtout si cette fois le commissaire Jourdain arriverait à temps et ferait ainsi taire ses vieux démons.

Malheureusement c'est bien sur une impression mitigée que je resterai : l'auteure utilise quelques ficelles un peu grosses pour boucler son histoire avec notamment au moins 2 situations qui ne collent pas du tout avec ce qui a été dit auparavant ou qui impliqueraient que les personnages aient soudain un don de seconde vue pour savoir à l'avance ce qui va se passer ! Damned, voilà qui est fichtrement agaçant pour tout lecteur de thriller qui se respecte et qui a soudain l'impression d'avoir été floué et pris pour un imbécile par l'auteure. Si on ajoute à ça le retour de quelques constructions de phrases particulièrement bancales qui ont eu le don de me faire sortir à nouveau de l'histoire, j'ai refermé le roman pas totalement convaincue.

A découvrir éventuellement si vous avez envie d'une lecture pour vous vider la tête et être happés par une énigme plutôt bien fichue et intéressante... à condition de passer sur les invraisemblances et les fautes de français. Dommage car je trouve que ce roman avait un vrai potentiel et l'auteure un talent certain pour manier le suspens et nous offrir de belles descriptions. J'ai vraiment eu l'impression que ce roman avait été publié sans qu'aucun correcteur ne soit passé par là pour remédier aux nombreuses imperfections du texte et sans non plus un oeil extérieur pour signaler à l'auteure les quelques points de l'intrigue qui étaient bancals (d'autant plus dommage que toute la partie policière, enquête, procédures, etc est particulièrement soignée). Une petite déception même si j'ai globalement passé un bon moment malgré tout.

Merci à Babelio et aux Editions Récamier pour ce roman découvert dans le cadre d'une Masse Critique privilégiée.

Ahhhh enfin le troisième opus d'Anouk Shutteberg, depuis le temps que j'attends!!!
J'avais adoré Jeux de Peaux et été épouvantée par la noirceur de Bestial (c'est un compliment).
C'est donc grâce à Babelio (opération Masse Critique) et aux Éditions Récamier Noir - que je remercie aussi car c'est un beau livre - que j'ai pu me ruer sur ce polar très très noir.
L'histoire: le commissaire Jourdain, qui ne se remet pas de la tragédie qu'il a vécue (cf Bestial), est appelé par la PJ de Dijon pour enquêter à Saint Ylie (à côté de Dole, Jura pour les non natifs) car on y a trouvé cinq cadavres entravés dans des boîtes enterrées depuis très (très) longtemps. Fait qui sort de l'ordinaire (en plus de tous les autres): ils ont la tête pointée en direction du Centre Hospitalier Spécialisé de Saint Ylie.
Parallèlement, une trentenaire ayant une maladie dégénérative apprend à la mort de son père qu'il lui reste une tante, qu'elle va retrouver.
Les deux histoires vont se télescoper avec brutalité.

Tout d'abord, j'ai adoré retrouver Jourdain, auquel je m'étais attachée. S'il est possible de lire et de très bien suivre ce tome sans avoir lu Bestial, c'est mieux si on le fait: d'abord parce qu'il est très bon, mais surtout parce que Jourdain prend chair (et cher aussi) dans le livre précédent.
Ensuite l'histoire est vraiment très bonne, ultra documentée autant sur les techniques que sur les lieux, l'histoire régionale et les us. Par ailleurs, cette histoire se tient bien et monte en puissance et en nervosité (ou était-ce moi?) au fur et à mesure des chapitres, à la fin c'était beaucoup de stress! Je l'ai lu presque d'une traite, c'était compliqué de lâcher le livre ne serait-ce que pour manger, sans savoir la suite… je ne vous dis rien vous verrez bien. Mais avec ce polar, elle est définitivement rentrée dans la cour des grands auteurs de polar français!
Pour finir, cette histoire se déroule dans ma région, et je connais intimement tous les lieux cités, quelle géniale surprise! J'étais toute excitée…!

Dans l'épilogue, l'autrice Anouk Shutteberg nous apprend que cette histoire est romancée à partir d'une histoire familiale pas encore complètement dévoilée (je m'étais étonnée des photos présentes dans le romans, et qui ne me semblait pas être une signature car dans les précédents il n'y en avait pas). Ce qui n'alourdit pas le roman, mais lui donne une toute autre profondeur.
Bref, le polar à offrir pour Noël mais attendre quand même le 26 décembre pour le lire…!