Yrsa Sigurdardottir nous téléporte dans une région sauvage de l'Islande, les fjords de l'Ouest, notamment dans l'un des plus grands, l' Isafjardardjup.
Avec une rigueur de métronome, à la façon d'un balancier, le lecteur passe d'une rive à l'autre, suivant le fil de l'histoire.
En effet, elle nous projette dans un premier temps à Hesteyri, aux portes du Hornstrandir, région désertée dans les années 50 et, aujourd'hui réserve naturelle ( accessible seulement à pied ou en bateau) pour suivre dans un premier temps les aventures de trois amis, Gardar, Katrin et Lif (ah, j'oubliais le petit chien Putti). En plein hiver, nos trois lurons, fraîchement débarqués de Reykjavik, malgré l'organisation de ce séjour planifié, vont avoir du fil à retordre pour retaper une vieille maison qu'ils espèrent transformer en gîte pour la prochaine saison touristique...
Dans un second temps, l'auteur nous transporte sur l'autre rive, dans la capitale de la région, Isafjordur, tout près du Strandir, où au 17 ème et 18 ème siècle de nombreux cas de sorcellerie ont été recensés, pour retrouver deux nouveaux personnages, Freyr, le psychiatre, qui a été sollicité par Dagny, l'inspectrice du secteur pour essayer de démêler la pelote: une école a été vandalisée, et dans un village voisin une femme est retrouvée morte...
Dès lors, à l'alternance régulière des lieux correspond celle du récit:
du côté d'Hesteyri, des victimes envoûtées par des êtres maléfiques, fantômes ou revenants.....
du côté d'Isafjordur, des victimes marquées par des stigmates en forme de croix, rappelant les signes runiques... utilisés en sorcellerie.
De plus, une succession d'événements présents va coïncider avec une série d'événements passés.
Yrsa Sirgurdardottir nous balade et, à l'arrivée, nous ne savons plus quoi penser, magie noire, envoûtement ...qui est le grand ordonnateur, l'initiateur de ces phénomènes plus paranormaux que naturels.
La réponse se trouve peut-être au Musée de la Sorcellerie et de la Magie de Holmavik, à quelques encablures ...
Dans cette histoire, où nous longeons les fjords de l'ouest à bord du véhicule de Freyr quand celui-ci cherche l'apaisement, où lorsque nous surplombons les falaises de Hornbjorg en compagnie de nos trois excursionnistes de Hesteyri qui sont en quête d'une trace humaine, les éléments expriment leur force à travers les risques et les dangers du relief et, ils nous communiquent la beauté sauvage et lumineuse des paysages.
Là-bas, en Islande, il est possible de croiser du regard un phoque, elfe aquatique, messager d'un marin noyé...
Peut-être un indice, la couleur verte...auquel l'un des protagonistes est très sensible.
Et puis, si vous voulez vous réveiller face à cette nature vierge, sachez que vous pourrez vous reposer dans l'ancienne maison du Docteur à Hesteyri, après une bonne randonnée. Moi, j'adorerai y écouter des contes fantastiques, avoir une peur blanche, et sentir mes poils se hérisser.