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EAN : 9782070414901
192 pages
Gallimard (18/10/2000)
3.17/5   23 notes
Résumé :
Au bord de la nationale, à l'auberge du Cheval Blanc, la cuisine est renommée et la vie paraît agréable, simple et ensoleillée. Mais le patron exerce ses prérogatives sur les petites bonnes de seize ans, et le veilleur de nuit est un criminel relâché depuis peu, gonflé de graisse molle, lui-même persuadé qu'un jour il tuera de nouveau. Sans doute l'un de ces représentants de commerce arrogants qui le réveillent à toute heure. Peut-être le patron, la cuisinière, un j... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Etoiles Notabénistes : ******

ISBN : 9782258093584

Ce "Cheval Blanc" est évidemment une auberge. Ses propriétaires en sont Mme Fernande, une jeune femme de trente ans, qui l'a reçue en héritage de son alcoolique de père, et son mari, Jean. Une femme de caractère, Mme Fernande, on le voit tout de suite. Douce mais ferme. Elevée à la dure, il faut bien l'avouer : les rares souvenirs de son enfance que Simenon nous permet de saisir, par-ci, par-là, ne sont pas tendres. La violence et les scènes étaient quasi quotidiennes. D'où le mépris et le refus déterminé de toute brutalité comme de tout conflit s'installant à demeure, chez cette femme à qui l'une comme l'autre rappellent trop de cauchemars de sa jeunesse.

De toute façon, Mme Fernande a su se choisir un époux selon ses voeux. Fin maître-queux, Jean jouit dans la région d'une excellente réputation. On l'estime bon garçon et fine gueule et, sans ses talents de cuisinier, l'établissement ne serait pas au niveau atteint. Un petit souci cependant : ses petites crises d'associalité, fort ennuyeuses quand il doit accepter les tournées rituelles ou le pousse-café auprès de quelque client important. Son autre grand défaut - dont il se sent horriblement coupable mais auquel il cède toujours, malheureusement - c'est qu'il est incapable de voir un jupon sans se précipiter derrière. Même si le jupon abrite des appâts un tant soit peu décatis, comme celui de Thérèse par exemple, l'une des servantes du "Cheval Blanc", maigre et toujours de mauvaise humeur, par ailleurs mariée à un Polonais doux comme un mouton - sauf lorsqu'il a bu. Dans ces cas-là, le mineur (il travaille en effet dans les mines du coin) se rend droit au "Cheval Blanc" afin que, en échange de sa complaisance, on lui offre tout l'alcool qu'il désire. Et dame, un Polonais ... ;o) Mais c'est aussi pour chercher querelle qu'il agit ainsi et il lui arrivera, en un jour mémorable pour tous à plus d'un titre, de sortir son cran d'arrêt contre un M. Jean qui ne se laissera d'ailleurs guère impressionner ...

La cote de Thérèse est néanmoins un peu en baisse ces temps-ci. La nouvelle, la jolie Rose, qui est mineure entre parenthèses, retient toute l'attention de M. Jean, lequel pousse le vice jusqu'à se lever plus tôt que d'habitude pour la rejoindre dès potron-minet dans sa chambre. Leurs ébats sont soigneusement épiés par l'homme à tout faire de la maison, Félix Drouin, un ancien des colonies - on l'apprendra plus tard - atteint de paludisme et animé par une haine profonde des hommes. On ne saura jamais très bien comment il a atterri là - ses neveux, les Arbelet, personnages qui ouvrent et ferment le roman, ne le sauront pas plus - mais il ne veut en partir sous aucun prétexte. Aller ailleurs, par exemple dans une maison de retraite, comme le lui suggère délicatement son neveu par alliance, qui tombe sur lui pratiquement dès la première nuit qu'il passe à l'auberge avec sa famille, lors du week-end de la Pentecôte, ne l'enthousiasme absolument pas. Félix considère, semble-t-il, à peu près tous et tout, jusque lui-même, comme de "la m ..." et ne cesse de le répéter, même quand il ne parle qu'à lui-même. Son autre antienne favorite, c'est : "Un jour, il faudra bien que j'en tue un ..." Un quoi ? Mais l'un des voyageurs qui passent et dont, en tant que gardien de nuit, il nettoie les automobiles au garage entre une heure et quatre heures du matin à peu près.

Encore n'est-ce qu'une possibilité. Félix, malade de corps mais tout aussi certainement esprit redoutablement fêlé, serait capable de tuer n'importe qui. Il vit dans la grange, sur une paillasse qu'il ne nettoie pas, traîne des vêtements dégoûtants, agrémentés de chaussures qui tiennent plus de la godasse que d'autre chose, se lave ... quand il se lave (passons vite sur ce détail, merci ) mais le pire, c'est que, même en se lavant, il sent mauvais. La pourriture interne, sans doute, une maladie qui s'est emparée de lui alors qu'on le contraignait jadis à démissionner de l'armée et qui n'a cessé de croître devant l'injustice humaine.

Cette "pauvre tache", comme certains le désigneraient aujourd'hui, est le véritable, le seul et lamentable héros du roman. Sans lui, l'action principale, qui nécessite l'entrée en scène du brigadier de gendarmerie et de son suppléant, n'aurait pas de raison d'être. Sans lui, son neveu, qui travaille à Nevers et y mène une vie bien tranquille quoique très étriquée, auprès de son épouse et de leurs deux fils, Emile et Christian, n'aurait pas eu de prétexte pour retourner au "Cheval Blanc", en quête d'une Rose qui avait tapé dans l'oeil de ce timide, à qui elle paraissait pure et innocente. Sans lui, sans sa démarche hésitante, sa mauvaise humeur perpétuelle, ses menaces inachevées et obsessionnelles, sans sa détestation chronique de l'univers entier, sans la jouissance qu'il éprouve à s'avilir en acceptant les pires corvées contre le gîte et le couvert, le "Cheval Blanc" ne serait plus le "Cheval Blanc."

L'ironie féroce de l'intrigue réside dans le contraste entre la vision paradisiaque que se fait de cette auberge et de ses habitants un Arbelet qui y a trouvé un abri provisoire pour lui-même et sa famille, à l'issue de l'une de ces éprouvantes promenades qu'ils font les jours de loisirs, et celle que nous en donne complaisamment l'auteur, avec les coucheries de M. Jean et ces curieuses périodes durant lesquelles il se sent un peu comme un esclave, le mieux traité de la maison, certes, mais incapable de s'évader autant par paresse que par lâcheté ; une Mme Fernande belle et tranquille, qui ne veut rien voir du mal qui l'entoure, jusqu'à ce que son époux lui ramène une maladie vénérienne probablement relayée par une Thérèse qui - c'est de notoriété publique - couche avec tous ceux que la chose intéresse - encore Mme Fernande ne se fâche-t-elle pas et se contente-t-elle de préconiser qu'il faut rester discret tout en faisant soigner son mari, Thérèse si celle-ci le veut bien, Rose, parce que Dieu sait ce que son père dirait s'il apprenait ça et elle-même, bien sûr ; une Rose à la fois piquante et douce, qui, bien loin d'être l'innocente qu'Arbelet voit dans ses rêves, sait ce qu'elle veut et le prouvera quatre ans plus tard par son mariage avec un garagiste ; une Nine, brave et bonne femme aux jambes trop faibles, qui reste toute la journée, ou presque, à éplucher les pommes de terre, faire la vaisselle et surveiller le fourneau, du coin de la table de cuisine où elle tient sa place depuis une éternité ; le chien, toujours attaché au-dehors, dans sa niche, bien nourri et qui fait son travail de gardien mais dont on ne connaîtra jamais le nom ; le tourbillon des clients, les riches, les moins riches et ceux qui choisissent toujours le menu économique par obligation, toujours en pleine folie aux beaux jours mais dont les spirales se ralentissent à la venue des mois plus froids ; et bien sûr l'ombre malintentionnée de Félix, ce Diogène sans sagesse, qui se traîne un peu partout dans l'auberge, se servant de ses mains sales à même le réfrigérateur et ricanant si on lui en fait reproche, traînant les pieds par plaisir, se complaisant dans sa crasse et sa haine parce que la Vie ne lui a vraiment pas fait de cadeau et menaçant de tuer un jour parce qu'il fut jadis accusé à tort de l'avoir fait.

Adoptant l'allure pressée de chacun, devinant les inquiétudes cachées de Mme Arbelet (qui a compris pour Rose et le "béguin" de son mari) et celles, concernant la réputation du "Cheval Blanc", qui assaillent Mme Fernande derrière sa caisse, ne cessant de s'interroger sur la personnalité profonde de ce Félix dont Simenon se refusera à nous livrer toutes les clefs, et finissant par constater que, en dépit de toutes les failles, plâtrées et replâtrées, qu'il recèle, le "Cheval Blanc" l'a lui aussi pris sous son charme indéfinissable, le lecteur tourne la dernière page, convaincu - mais incapable d'en expliquer les raisons profondes - d'avoir lu l'un des meilleurs romans noirs de Simenon.

Et ça lui fait infiniment de bien, croyez-moi ... ;o)
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Simenon et son oeil de lynx posé sur la France provinciale d'avant-guerre : c'est dans ce registre bien plus que dans celui des fameux Maigret que j'aime le lire, bluffée par le réalisme de ses romans noirs nés du croisement du sens aigu de l'observation du journaliste et de la richesse des images mentales de l'écrivain.

Le cheval blanc, c'est un des ces modestes hôtels - restaurants qui jalonnaient jadis les routes départementales, où les habitués du village venaient boire un verre au bar les représentants de commerce prendre un déjeuner e le pousse café, et les familles venaient se poser pour une halte dans leur périple. Quelques pots de fleurs et un vieux banc en devanture, des nappes blanches e une nourriture honnête, le patron en cuisine et en salle la bienveillance commerçante du sourire de sa femme : les apparences sont tranquilles et flatteuses.
Mais voilà qu'un bon père de famille et sa couvée, des clients parfaits pour cet endroit tranquille, s'en viennent à leur insu lever un coin du voile interdit à la faveur de la rencontre d'un vieil oncle déchu, et c'est toute l'arrière boutique qui se dévoile, bien moins présentable : exploitation, alcoolisme, traumatismes de guerre cachés comme des secrets honteux...

Un bon roman d'atmosphère en noir et blanc, où l'on s'immerge comme dans un tableau vivant.
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J'ai lu quelque part que pour un lecteur jeune les romans apprennent la vie. J'ajouterais que l'âge venant ils permettent de vivre des vies par procuration, dans des époques ou des milieux qui nous sont étrangers.

Avec ce roman Simenon nous projette dans un hôtel de province, en bord de Loire, dans les années 30. Et comme à son habitude, avec son écriture précise et épurée, il donne vie à ses personnages et met leur âme à nue, tel un entomologiste. Sans jugement, en spectateur, il nous donne à voir les tourments qui les agitent.

Je ne le classerais pas parmi ses meilleurs mais ce bémol est seulement du au fait que le milieu décrit m'a moins intéressé que d'autres.


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Ecrit en 1938.
l'hôtel du Cheval-Blanc 'un lieu fort agréable. de singuliers personnages s'y agitent En perspective sans intrigues le récit se déroule à la façon d'une peinture de moeurs en plusieurs tableaux : désordres, parfois dramatiques, qui se cachent derrière la placide enseigne d'une auberge de province avec, en contrepoint, une échappée sur le conformisme familial et médiocre d'une petite bourgeoisie.
L'écriture impressionniste de Simenon fait, encore une fois, une vive admiration .
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... Le brigadier resta là-haut, tandis que le gendarme descendait et annonçait :

- "Il paraît que le cœur bat ...

- Ce n'est pas possible," gémit Fernande qui ne voulait pas s'évanouir.

Ce n'était pas possible que Félix vécût alors qu'il avait la moitié de la tête emportée ! On était là à ne plus oser se regarder les uns les autres. Les doigts se crispaient. On se mettait soudain à marcher, puis on s'arrêtait sans raison.

Pourquoi le docteur n'était-il pas encore arrivé ?

Le brigadier, tout pâle, descendit quelques marches, se pencha à mi-rampe.

- "Le docteur est prévenu ? ... Dites donc ! Est-ce qu'il était catholique ?"

On se regarda. Personne ne savait.

- "On ne risque rien d'avertir le curé," remarqua Mélanie.

- "Tu le connais, toi ?

- Ma petite a fait sa communion ... J'y vais ..."

Chevrel pénétra dans la cour avec sa petite auto, comme d'habitude.

- "Qui est-ce ?" demanda-t-il.

- "Félix ... Là-haut ... Il s'est tiré une balle dans la tête ...

- Dans ce cas, il me faudra ma trousse chirurgicale ... Qu'on téléphone chez moi ...

- Rose va y aller ... Tu entends, Rose ? ... Tu demanderas la trousse chirurgicale ..."

Fernande avait repris son sang-froid. C'était nécessaire. De temps en temps, elle épiait son mari, contente, en somme, de le voir abattu.

Ce n'était pas possible à dire, ni même à penser d'une façon avouée, mais le drame lui avait fait du bien.

Maintenant, sa crise était passée. Il s'était laissé tomber sur une chaise et il regardait droit devant lui, d'un œil encore fixe mais où il n'y avait plus d'affolement.

Le brigadier, qui venait de descendre, prononçait, en allumant une pipe à tuyau courbe :

- "J'avais raison ! Il n'est pas mort ... On ne pourrait pas boire quelque chose d'un peur raide ?"

Il avait des taches rouges sur les mains lui aussi, mais elles ne le gênaient pas. Il but deux verres d'alcool, fit claquer la langue, s'installa à une table et tira de sa poche son calepin à élastique.

Il ne comptait pas travailler aussi tôt, mais il ne lui déplaisait pas de reprendre une attitude officielle.

- "Au fait, pourquoi a-t-il fait ça ?" demanda-t-il soudain.

Il s'étonna de ne pas y avoir pensé plus tôt. On avait trouvé tout naturel de faire le siège du garage mais on ne s'était pas demandé pourquoi l'on traquait le vieux Félix.

- "Il a dû avoir une crise," expliqua Mme Fernande après un coup d'œil à son mari.

- "Une crise de quoi ?

- De folie ... Il était malade ... Le docteur était venu ..."

Une porte s'ouvrait à l'étage et Chevrel criait :

- "Qu'on téléphone pour une ambulance ...

- Où ?" insista Mme Fernande qui ne savait pas.

Chacun recevait du soleil. C'était l'heure où il pénétrait obliquement dans le café et dans la salle.

- "Le 127 à Nevers ... Non ! Le 12 à La Charité ... Cela ira plus vite ..." ... [...]
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[...] ... La rencontre avec Arbelet n'avait en rien changé le cours de la nuit de Félix, ni son humeur. Il avait ouvert le placard aux brosses et aux torchons ; ensuite, sans se presser, il avait nettoyé le carreau du corridor en grommelant :

- "C'est de la m ... !"

Mais il ne faisait pas allusion aux vomissures de son neveu ; il ne visait ni celui-ci, ni personne.

D'ailleurs, quand il parlait tout seul, ce qui lui arrivait fréquemment, par petites phrases, par mots isolés qu'il mâchait jusqu'à les rendre méconnaissables, Félix ne faisait jamais d'allusion directe à quelqu'un ou à quelque chose.

Il disait :

- "C'est de la m ... !"

Et, pour comprendre, il aurait fallu être lui, avoir vécu ce qu'il avait vécu, être gardien de nuit, malade ou pourri dans tous les morceaux de son corps, sentir mauvais au point de s'en apercevoir et se demander, chaque fois qu'on se couche, si la carcasse consentira le lendemain à se redresser.

- "C'est de la m ...!"

Pas quelqu'un en particulier, ni peut-être même les gens en général mais lui, Félix par exemple ! Lui et tout ce qui lui arrivait. Le sort ! Ou le destin ! Ou encore ...

Souvent aussi, presque chaque nuit, surtout quand des voyageurs de commerce le réveillaient, dans son premier sommeil, il grondait :

- "Faudra bien que j'en tue un ..."

Le patron l'avait entendu plusieurs fois. Thérèse aussi. Et la petite Rose. Il ne s'en cachait pas. Il ne plaisantait pas. Il disait cela en faisant ce qu'il avait à faire et il était persuadé que cela arriverait un jour.

En attendant, il achevait de nettoyer par terre, puis il allait dans le café regarder l'heure au cadran cerné de noir qu'il éclairait de sa lampe de poche.

Il était une heure moins dix. Même au cadran d'horloge, deux aiguilles à une place, dans un angle déterminé, n'avaient pas un sens identique pour lui et pour les autres.

Une heure moins dix, cela signifiait qu'il ne valait plus la peine de se recoucher sur le canapé roux du corridor. Une autre partie de la nuit commençait, celle où on ne risquait plus l'arrivée de clients.

Pour le cas improbable, Félix laissait néanmoins ouverte la porte du fond qui donnait sur la cour. Au moment où il ouvrait cette porte, c'était toujours la même bouffée de froid humide puis, là-bas vers la droite, un léger bruit de chaîne, un mouvement du chien dans sa niche. Félix allumait une pipe. Quelquefois, en se retournant, il lui arrivait de voir une fenêtre éclairée, un client malade, ou quelqu'un qui ne pouvait pas dormir et qui lisait.

Cela ne le regardait pas. Il traversait la cour jusqu'aux anciennes écuries transformées en garage. Près de la porte, il trouvait de vieilles portes de caoutchouc qu'il avait réparées avec des morceaux de chambre à air. Il tournait le commutateur et une lampe de vingt-cinq bougies, une seule, s'allumait dans un vaste espace de grisaille.

Le chien, dans sa niche, était recouché. Félix avait les mouvements lents, d'abord parce qu'il était inutile de se presser, ensuite parce que tout en lui était plus ou moins malade. Il s'approchait d'une des formes tapies dans la pénombre. C'étaient des voitures, la plupart du temps des voitures de série mais parfois de très belles autos.

La suite dépendait du nombre qu'il devait en laver : une, deux ou trois. L'eau était glacée, même en été. On avait installé un jet, mais c'était un jet de jardin, pas assez fort pour décoller la boue des carrosseries et surtout des roues.

- "Faudra bien que j'en tue un ..."

Il disait cela en lavant. Il lui arrivait de se tromper :

- "Faudra bien que j'en tue une ..."

Et, à y regarder de près, il ne devait pas s'agir d'une femme, mais d'une automobile. De sales bêtes, pleines de recoins sales, de surfaces lisses sur lesquelles l'éponge trace des nuages si on ne la rince pas assez souvent - de sales bêtes aux arêtes dures, coupantes, faites exprès pour qu'on s'y écorche.

Il ne fallait pas oublier d'enlever les bouts de cigarettes à l'intérieur ! Les clients ne laissaient jamais la clef de contact, si bien que Félix était obligé de pousser les autos en maniant le volant par la vitre ouverte !

De la m ... voilà ! Tout ! S'il n'y avait que deux voitures à laver, c'était fini à quatre heures du matin, au moment où on entendait passer les camionnettes pour le marché de Nevers.

Félix choisissait une des autos, la plus grande, une qu'il venait de laver, et s'installait sur la banquette du fond où il pouvait dormir une heure et demie. ... [...]
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En somme, on ne savait pas au juste ce qu'on attendait, mais on attendait quelque chose. Vraisemblablement que le docteur descendît et donnât des nouvelles du blessé. Depuis quelques instants, le rond lumineux avait disparu de la tapisserie du café et le temps était devenu plus sourd, avec déjà un ciel de crépuscule, comme s'il allait pleuvoir.
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Dans le ciel, le soleil jouait des grandes orgues de lumières et de couleurs, et parfois, même sur la route nationale, passaient des bouffées où vivait toute la campagne.
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La plupart des malheurs viennent de ce qu’on en parle. De parler, cela précise des pensées, des sentiments, des désirs qui n’auraient peut-être jamais éclos dans le silence.
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