En décembre 1960,
Alfred Hitchcock vit à Los Angeles avec Alma, son épouse et assistante. Son film « Psychose » « a terrifié le monde entier ». Il est riche, mais le sera plus encore, il vit dans une villa gigantesque et luxueuse et est de méchante humeur : sa femme lui impose un régime alors qu'il a éternellement faim ! Pourtant, s'il vit aux États-Unis, « Hitch » est un cinéaste britannique et catholique, ce qu'il revendique haut et fort. Il raconte son cheminement à Cary Grant et Grace Kelly et nous, lecteurs, allons le suivre depuis sa première peur, lorsque, enfant, il s'était cru abandonné par sa famille. L'explication de son goût pour l'épouvante ?
Si j'ai vu bon nombre de ses films, je ne connaissais rien de la vie d'
Hitchcock. Après avoir lu une critique enthousiaste de ce gros roman graphique en noir et blanc, très documenté, j'ai eu envie de m'y plonger. J'y ai appris énormément de choses sur ce géant du septième art.
J'ai découvert sa mère, possessive envahissante et inquiétante, comme celle de Norman Bates. La rencontre avec sa femme, qui écrit des scénarios et l'accompagnera toute sa vie. Les difficultés rencontrées à ses débuts, lorsqu'il est en même temps directeur artistique, adaptateur, scénariste, assistant réalisateur... On dirait que ses journées comptent quarante-huit heures, au moins ! Ses relations avec les producteurs qui lui imposent parfois des idées qu'il n'aime pas, comme cette comédie musicale « Waltzes from Vienna ». On le voit imaginer mille innovations, créer des scènes inoubliables.
Mais l'homme lui-même m'a déplu. Il m'a semblé insupportable, crispant (il n'arrête pas de jeter derrière lui les tasses dans lesquelles il vient de boire), arrogant, imbu de lui-même, il fait sans cesse des blagues d'un goût douteux qui ne font rire que lui (faire livrer des tonnes de charbon devant une porte, offrir un percheron à un acteur), mange comme un ogre (trois steaks épais d'affilée), effraye ses comédiens par des crises de colères ou des farces de mauvais goût (les menotter l'un à l'autre et prétendre avoir perdu les clefs, par exemple.)
A la fin de ce premier tome, il m'horripilait tellement que je me demande si je lirai la suite.
Je salue néanmoins le talent des auteurs qui ont une culture phénoménale concernant leur sujet et ont certainement dû visionner les films plusieurs fois pour en sortir une scène frappante, une trouvaille, une expression.
Un travail remarquable, donc, et très intéressant.