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EAN : 9782246861348
238 pages
Grasset (01/01/2016)
5/5   1 notes
Résumé :
Présentation de l’éditeur
Contre-attaquer à contre-courant : Philippe Sollers ne recule décidément devant aucun obstacle. Ni décliniste, ni souverainiste, ni communautariste, ni péguyste, ni laicard, ni populiste, ce livre en forme de discussions avec Franck Nouchi ne prétend rien moins que de redonner toute sa place – la première – à la littérature.
Seize ans après la parution deLa France moisie,dans les colonnes du Monde, Sollers joue au ping-pong. E... >Voir plus
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
30 octobre : Je suis pour la liberté libre
[Sollers évoque un autre de ses ennemis attitrés : L’Express, en la personne de Jérôme Dupuis (après Angelo Renaldi), à propos de Péguy. Je dois avouer que ces vieilles rancunes ont sûrement une vertu purgative pour Sollers qui ne lâche pas facilement sa proie, mais ne font pas vraiment mon miel. Néanmoins on en trouve quand même pour une tartine - avec une pique à Onfray au passage.Et quand Sollers oublie sa rancœur à l’égard de Dupuis, c’est l’occasion d’un approfondissement et mise au point intéressants sur Péguy ainsi que d’autres considérations sur Proust, la philosophie, l’actualité. Au final, chacun peut y récolter son miel favori, et laisser celui qu’il n’aime pas ou moins.]

… Boum ! L’Express poursuit : « Mais comment expliquer que Péguy devienne notre contemporain capital en 2015 [dont la collection “Bouquins” vient alors de republier les principaux textes] ? Peut-être Péguy “arrange-t-il” tout le monde au fond. »
Ah ! Nous y voilà une nouvelle fois. Mais qu’est-ce que ce « fond » ? Attention, nouvelle rafle : « Sartre s’est trop trompé, Malraux a fini en metteur en scène du gaullisme. Gide fut trop détaché et Aragon trop apparatchik. »

Péguy, lui, « est redevenu actuel, en ces temps où la République, la laïcité et l’identité sont au cœur de débats passionnés. Seul le théâtre des opérations a changé : les sunlights d’“On n’est pas couché” ont remplacé les austères unes des Cahiers de la Quinzaine. »

« Autres temps… », ajoute L’Express. « On sourit en effet, songeant aux récents déboires de Nadine Morano, en découvrant sous la plume de Péguy le mot “race” qui revient littéralement à chaque page de L’Argent. La race, le peuple français, les racines chrétiennes de la France, toutes ces expressions aujourd’hui truffées de mines, s’opposent pour lui aux “coups de Bourse” des bourgeois. On ne sera donc pas étonné qu’un penseur comme Michel Onfray », le voilà lui aussi dans cette charrette triomphale, « revendique cette célébration anticapitaliste du peuple. Et, dans le long portrait que Péguy dresse,dans Notre jeunesse, de son ami Daniel Halévy, intellectuel juif bourgeois parisien, on croit revivre au mot près l’opposition Onfray-Bernard-Henri Lévy… »

En considérant la trajectoire, en particulier politique, de Péguy, on peut comprendre que quelqu’un comme Alain Finkielkraut puisse se reconnaître en lui. En revanche, qu’un intellectuel comme Edwy Plenel ne soit pas dérangé par ce mélange de nationalisme et de socialisme…

… et surtout de chrétienté ! Tous ces braves gens viennent buter contre la littérature et contre la po-é-sie ! Les grands poèmes de Péguy sont illisibles. Mais vois ce livre extrêmement important qui s’appelle Le XIXe siècle à travers les âges. [Et aussi ICI] J’ai été ami avec son auteur, Philippe Muray. Dans ce chef-d’œuvre, qui a été très critiqué, il remonte aux origines spiritualistes du socialisme français.
Rien à voir avec les derniers poèmes de Muray qui sont exécrables. De même, Houellebecq, qui est un excellent raconteur, est un très mauvais poète. Les tentatives poétiques de Péguy (Ève, par exemple) sont pathétiques. Il ne reste qu’à ouvrir Baudelaire au hasard pour mesurer l’abîme.

*
Quel est le blasphème le plus profond dans cette morosité générale qui est aussi, paraît-il, une crise d’identité ? Une identité qui s’affirmerait comme heureuse. En cela, je ne suis effectivement qu’un modeste élève de Voltaire. « Je ne sais pas comment j’ai fait pour être aussi heureux », disait-il. Gonflé, non ?
N’oublions pas Stendhal, pour qui Bordeaux était « la plus belle ville de France ». « Ma principale occupation, ou plutôt la seule, a toujours été l’amour », disait-il.

Je crois à la haine inconsciente du style comme disait Flaubert, mais je crois aussi à la haine profonde du bonheur. Aujourd’hui, un écrivain se doit d’être souffrant, maudit ou marginalisé. Ou alors, qu’il décrive la misère. C’est ce que fait, d’ailleurs très bien, Houellebecq à propos de la misère sexuelle. Bravo !

Savoir tomber amoureux, être capable de détecter le sentiment amoureux, c’est également important, non ?

Oh oui ! Pense à Stendhal : son physique n’était pas terrible, et il s’est pris des fiascos considérables. J’en ai parlé dans un roman, Trésor d’Amour.
Note l’inflation idéologique dès lors qu’il s’agit de questions sexuelles. Et souviens-toi du début de Femmes : « Le monde appartient aux femmes, c’est-à-dire à la mort, là-dessus tout le monde ment. »

Si tout le monde ment, ça veut dire que les deux sexes mentent et se mentent l’un à l’autre. Ils ne sont pas conscients de ne pas avoir les mêmes intérêts du tout. Je m’appuie sur un sentiment extrêmement violent de la mort. S’il y a des corps, c’est qu’ils doivent mourir.

Très rares sont les femmes qui reconnaissent avoir mis au monde un être, homme ou femme, pour la mort. C’est très mal de dire une chose pareille. À moins de se référer à la religion.

Dans le catholicisme, le baptême, c’est une seconde naissance. La première est douteuse, c’est du diable qu’il s’agit, avec ses pompes et ses œuvres. La formule du baptême, elle, est tout à fait extraordinaire, mais chut ! Mieux vaut ne pas en parler. On peut toujours relire Dante, cela dit. Lui est allé regarder par là-bas.

L’amour, le sexe, le distinguo est important…

Le profane n’est en rien contradictoire avec le sacré. Titien a peintL’Assomption de la Viergeet une Vénus voluptueusement allongée sur un lit. Aucune contradiction, c’est juste une question de pinceau. Musique sacrée, musique profane : cette distinction est absurde, en tout cas pour un artiste ou pour un écrivain. Il faut toujours refuser la séparation. Le corps humain est capable à la fois d’amour et de libertinage. Sinon sans contradiction, du moins par un très subtil maniement de la contradiction. Tout est dialectique. C’est comme cette idée selon laquelle il faudrait savoir sacrifier la vie à l’œuvre. C’est ce que j’appelle le « catéchisme Flaubert ». Ou encore Julien Gracq : on allait, en pèlerinage, le voir à Saint-Florent-le-Vieil. Touchant.
Pour moi, la littérature est avant tout une école de liberté. Une liberté libre comme dit Rimbaud. Je suis pour la liberté libre !
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20 novembre : Une semaine en enfer
Appelons cette séance « Une semaine en enfer », veux-tu. Et n’oublions pas cette formule de Rimbaud : « Je me crois en enfer, donc j’y suis. »
La question est en effet de savoir qui se croit et qui ne se croit pas en enfer. Un mot d’autant plus bienvenu qu’en parcourant la presse, j’ai lu au moins dix fois le mot « apocalypse », « surréaliste » au moins quinze fois, « dantesque » au moins dix fois. L’Enfer de Dante : personne ne sait de quoi il s’agit puisque personne d’autre –parole de spécialiste– n’a visité la région.

Passons donc sur les métaphores grandioses –« l’Apocalypse », ce n’est pas rien–, passons sur « carnage », « massacre », « horreur » –horreur que je partage bien entendu, ô combien ! – et interrogeons-nous sur ce qui vient de se produire. Sur cette accélération de la mort qui n’est autre qu’une accélération du temps. Toujours ce paradoxe de cette étrange époque : le temps s’accélère et, en même temps, il se contracte.

Tout a donc commencé le 13, au Stade de France, puis à des terrasses de cafés, à Paris, pour finir, momentanément, au Bataclan. Nous voici maintenant arrivés à Bamako. Extrême porosité des frontières. Sécurisation maximum de l’Hexagone.

Quelques remarques, tout de même. Lors des attentats à Charlie Hebdo et à l’Hyper Cacher, nous avions affaire à des tueurs, en quelque sorte, lyriques, romantiques ; de légende. Ils parlaient beaucoup. Ils voulaient venger le Prophète.

Ensuite, tout le monde fut Charlie.

Là, je constate que personne n’a eu l’idée de se confectionner un T-shirt « Je suis Bataclan ». Génération Bataclan, Génération Mitterrand, la rime est étrange. Toute une génération est touchée, on s’incline. C’est l’horreur. L’horreur absolue.

Le mode opérationnel et, surtout, le silence glacé des tueurs achevant les blessés sous leurs pieds malgré les gémissements, les supplications qui se faisaient entendre, tout cela marque quelque chose de tout à fait différent. Au point qu’il faut se demander quelles sortes de substances sont données à ces gens qui ne voient pas de problème à se faire exploser. L’État islamique, le Califat, possède un argent considérable qui provient, pour l’essentiel, du pétrole et de la drogue.

Et dire que, face à cela, avec une indécence incroyable, certains prétendent « écrire sans trembler ». Affichent leurs tronches dans les journaux et magazines. Écrivent « contre la terreur ». Mais je rêve ! Être dans l’enfer fait croire qu’on vit. Mais c’est faux ! Tout à fait faux !

Relis Georges Bataille. Immense écrivain ! Il a mis en exergue à Madame Edwarda une formule de Hegel qu’on est tout étonné de retrouver dans cette région. Je cite : « La mort est ce qu’il y a de plus terrible, et maintenir l’œuvre de la mort est ce qui demande la plus grande force »

Hegel, visiblement, sait de quoi il parle. Et Bataille s’en est souvenu. Son livre est pourtant une très grande séquence hystérico-pornographique qui se situe dans un bordel parisien. En principe, cela n’a donc rien à voir avec la mort.

Les écrivains ne se révèlent qu’avec le temps, j’insiste beaucoup sur ce fait. Et le temps dure d’une façon ou d’une autre. Il a fallu quarante ans pour que les romans de Bataille entrent dans La Pléiade. Il en a fallu vingt-deux pour que Le Bleu du ciel soit publié. Qui peut se douter, au moment où Kafka meurt à Prague, que son œuvre va avoir une valeur d’anticipation et de prophétie aussi considérable ? Personne.

Nous avons déjà évoqué le cas de Proust. Un mot de Joyce, tout seul dans Paris. Personne ne se doute que quelque chose d’énorme est en train de se faire. La presse n’est pas vraiment au courant ; son livre est interdit dans tous les pays anglo-saxons pour pornographie.

Et Céline, que dit-il ? J’ai cherché à être complètement vomi, je l’ai fait exprès, vous pouvez m’appeler mandarin de l’opprobre… Je pourrais prendre d’autres exemples.

C’est plus tard, beaucoup plus tard, que l’on se rend compte qu’il y avait des bombes de mots à retardement.

[…]
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27 novembre : On ne remplace pas l’Histoire par la morale
[Le chapitre commence par rappeler l’utilisation à très haute dose du Captagon – une drogue de la famille des amphétamines par les assassins djihadistes :]

Sciences et Avenir dévoile que deux tonnes –10,9 millions de comprimés– ont été saisies par la police turque dans la province de Hatay, frontalière de la Syrie.[…]
Ces esprits faibles et délinquants utilisent donc ce type de substance. On trouve la trace de ce produit au démarrage foudroyant dans deux de mes livres où j’ai supprimé la ponctuation :H (1973) et Paradis (1981, mais écrit à partir de 1974). J’ai gagné des heures grâce à cette formule chimique ; elle ne m’a pas donné envie d’aller tuer qui que ce soit, mais d’écrire un peu plus rapidement.

C’est l’héritier du Corydrane, qui a coûté une partie de sa vue à Sartre, qui s’en gavait pour écrire. L’écriture, je le répète, est un sport de très haut niveau si on le pratique vraiment. Tout le monde croit qu’on écrit comme ça, qu’on barbouille, qu’on tapote à l’ordinateur… Tu parles !

J’ai arrêté ensuite d’en prendre parce que les effets de descente devenaient pénibles. Du coup, j’ai réintroduit la ponctuation dans Femmes (1983). Relis Baudelaire, son Poème du haschich (1858) ; intéresse-toi à Hasan-i Sabbâh, « le vieux de la montagne » qui avait l’habitude de bourrer ses tueurs de haschich avant de les envoyer à la mort tuer des Croisés. Ces derniers, voyant ces gens qui n’avaient pas peur de mourir, les ont appelés les « haschichins ». C’est devenu « assassins » par dérivation.

Au Bataclan, les assassins achevaient les blessés sans aucun état d’âme. Ces pauvres types qui se sont fait manipuler et qui ont été envoyés pour faire le plus de dégâts possible, on connaît maintenant leur référence : un pur produit de la chimie dont personne, apparemment, ne veut parler.

*
[Et le chapitre se termine ainsi :]

En quoi le but de la religion musulmane est-il de mettre fin aux deux autres religions monothéistes ?

Mais c’est le Prophète lui-même qui l’a dit et répété. Ne prenez jamais comme amis des juifs et des chrétiens ! Tu rigoles ? Il affirme même que le Christ n’a pas été crucifié. « Ils ne l’ont ni tué ni crucifié, cela leur est apparu ainsi » (sourate 4, verset 157). Il y a une volonté hégémonique de l’islam, tout comme il y en a eu une, catholique, au moment de l’Inquisition.
Ce qui, bien sûr, n’enlève rien aux apports considérables de la civilisation musulmane et à son admirable mystique.

Aujourd’hui, que dit et que veut cette religion sinon une prise de pouvoir planétaire qui peut prendre des tas de formes ? Après Al Qaida et sa volonté de s’en prendre au Satan américain, voici à présent que l’affaire devient européenne. Ils ont compris qu’il y a un ventre mou, notamment en France, et que c’est là qu’il faut frapper.

On verra bien si l’on parvient à éradiquer l’État islamique comme certains l’annoncent. Ne pas se faire d’illusions : il ressurgira autrement. Cette guerre de religion n’est pas près de finir.

L’embêtant c’est que la religion républicaine est à bout de souffle, de même d’ailleurs que l’Église catholique française. On ne va pas se débarrasser comme ça de la mort.

Souvenons-nous du délire des croisades. Ça a duré un certain temps… Il faut un long chemin pour sortir de la religion. Et les musulmans sont très en retard. Six siècles environ.


Et cette idée que l’Histoire a été remplacée par la morale ?

Il y a toujours eu de la morale, de la « moraline » disait l’autre. On ne remplace pas l’Histoire par la morale. On remplace l’ignorance de l’Histoire par des clichés moraux. Comme a dit mon camarade Voltaire, c’est l’ignorance qui produit le fanatisme. Voilà tout.
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22 décembre : « Les poètes seuls fondent ce qui demeure »
Quelques mots pour commencer, si tu veux bien, à propos des relations sexuelles.Il est, je crois, capital de comprendre que ça fait déjà plus de vingt ans que nous sommes entrés dans le monde de la souveraineté de la technique. Pour la première fois, la reproduction peut se passer de l’acte sexuel proprement dit. Jusqu’à présent, quels que soient les bavardages qui existent autour de ça, l’acte de pénétration avait, pour les femmes, un possible horizon : la procréation.
La reproduction médicalement assistée change absolument tout. Il n’est plus nécessaire de pratiquer l’acte sexuel pour se reproduire. C’est un événement considérable dans l’histoire de l’humanité, même si ça n’est pas encore partout possible. Autre événement majeur : la diminution significative, en quantité et en qualité, du sperme masculin.

Souveraineté de la technique ! Tout ce qu’elle peut faire, elle le fera : congélation des ovocytes, paillettes stockables, marchandisation. Je suis un des rares écrivains à avoir parlé de ça très tôt. C’est radical, calculable, mesurable et vendable.

*
Houellebecq ?

Il prend des risques. Voilà du réalisme social inattendu. Ouvrons son livre au hasard : « Il est vrai que ce monde où nous respirons mal n’inspire plus en nous qu’un dégoût manifeste, une envie de s’enfuir sans demander son reste et nous ne lisons plus les titres du journal. » Voilà, ça n’en finit plus. Il est venu annoncer une ère de misère. D’où son succès, incroyable, dans le monde entier. La « French misère » !
Il dit que ça va très mal dans une région particulière qui est celle de la sexualité. « La société de consoumission », si tu me permets ce jeu de mots. Une société de surveillance généralisée.

*
« La liberté, l’amour, la poésie », ce sont les trois mots de Breton.

Dans Souvenirs d’égotisme, rédigé en 1832 mais publié en 1892, Stendhal a imaginé son épitaphe : « Je voudrais une tablette de marbre de la forme d’une carte à jouer. Errico Beyle, Milanese, visse, scrisse, amo. » « Il vécut, écrivit, aima. » Il a aimé parce qu’il a écrit.

« L’amour a toujours été pour moi la plus grande des affaires, ou plutôt la seule », disait-il.

Dans l’acte d’écrire, il y a quelque chose qui est plus fort que tout. L’amour est fort comme la mort, dit la Bible dans le Cantique des Cantiques. Mais s’il n’y a pas la mort, pensée, il n’y a rien.

L’urgence, c’est tout de suite. Au présent.Carpe diem, disait Horace, ce qui donne approximativement :« Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain. » Autrement dit, être instant.

Le grand poème Andenken (Souvenir) de Hölderlin, qui célèbre son passage à Bordeaux où il a vu « la royale Garonne », s’achève par ce vers : « Les poètes seuls fondent ce qui demeure. » Tout s’en va, pas eux.
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27 octobre 2015 : Indéfendable
Un peu de stratégie militaire pour commencer, l’une de tes spécialités. Puisque nous avons décidé de lancer une contre-attaque, commençons par désigner l’ennemi. Qui est-il ?

Celui qui attaque. En bonne stratégie chinoise, il suffit de profiter de la force de l’adversaire pour la retourner. Comme l’a dit Clausewitz, qui a parfaitement raison sur ce point, le fondement de la guerre, c’est la guerre défensive. Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, la guerre défensive ne comporte pas la moindre passivité. Bien au contraire, c’est le comble de la guerre. Le moment de la contre-offensive est prévu dans le dispositif défensif, qui n’implique donc absolument pas qu’on se tourne les pouces dans une forteresse imaginaire.
Si tu le veux bien, en exergue à Contre-attaque, j’aimerais qu’on inscrive cette formule de Voltaire : « On a voulu m’enterrer, mais j’ai esquivé. Bonsoir. » Cette contre-attaque se veut en effet une réplique au désir, non pas d’affrontement, mais d’enterrement, ce qui est une autre période de la guerre.

Comme il est très facile de le vérifier, je n’ai plus, depuis déjà un certain temps, la moindre tribune de presse qui puisse me permettre de répondre aux marionnettes du Spectacle, pour parler comme le trop oublié Guy Debord. Pendant assez longtemps, j’ai eu accès au Monde– on en retrouve la trace dans un recueil qui s’appelle La Guerre du Goût ; j’ai ensuite écrit dans Le Journal du Dimanche– ça a donné Littérature et politique ; et puis enfin à L’Observateur, dont j’ai été remercié, mon dernier texte ayant porté sur Shakespeare.

[Et Sollers de citer deux de ses ennemis : Pierre Bourdieu, Régis Debray, à propos de qui, il cite cette anecdote [1]

Figure-toi, à ce propos, que l’on m’a pressé de toutes parts d’entrer à l’Académie française en même temps que lui. Je n’y suis toujours pas, pas d’avantage à l’Académie Goncourt. Inadmissible ! Nous sommes dans un pays où les institutions comptent !
Mon cas s’est considérablement aggravé, j’en conviens, lorsque, en 1999, j’ai publié un article titré « La France moisie ». Ce texte a été publié en première page d’un journal extrêmement sérieux, de grande portée, qui s’appelle Le Monde. C’est dans ce même journal, quelques années auparavant, qu’un journaliste important, Pierre Viansson-Ponté, avait, juste avant mai 68, publié un article intitulé « Quand la France s’ennuie ».

[...]

[Sollers est comme on dit] : « indéfendable ». Indéfendable, c’est parfait.
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Vidéo de Philippe Sollers
Dialogue autour de l'oeuvre de Philippe Sollers (1936-2023). Pour lire des extraits et se procurer l'essai SOLLERS EN SPIRALE : https://laggg2020.wordpress.com/sollers-en-spirale/ 00:04:45 Début
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