Je n'ai pas du tout été sensible à ce livre. Pour dire toute la vérité, je l'avais commencé il y a plusieurs mois, mais il me tombait des mains. Je viens de le terminer, et j'avoue ne pas du tout apprécier ce verbiage amoureux qui se veut parfois érotique. Un livre qui n'était pas pour moi, un rendez-vous manqué.
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Quel livre. Quelle écriture. J'ai lu ce livre il y'a quelques années, il me hante encore par sa sensualité, la vulnérabilité de cette femme son attente et son désir.
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Au premier soir de l'été, parmi les choses belles dont je veux faire l'éloge est l'homme. L'homme au centre des choses que je veux célébrer. Non pas l'homme maître des choses et des bêtes, mais l'homme maître de la femme, l'homme pourvu de sexe d'homme et le sort qu'il me fait.
Ingrate envers les mères qui ont soigné ma faim et m'ont fait grandir sans désirs, j'aime l'homme qui rouvre la faim et qui ne la guérit jamais.
J'aime l'homme d'un inguérissable désir. Debout, couché, son corps est toujours un modèle.
Au vrai, les mains de son amant n'étaient pas seulement des mains ordinaires ayant forme de mains comme celles de tous les hommes : bien davantage un enveloppement au plus près, une chair seconde heureuse, le climat même de leur amour, par elles, le beau temps se perpétuant autour d'eux.
Je voudrais écrire comment je t'aime. En une très longue lettre. Je voudrais faire ce progrès vers toi, réduire autant que c'est possible la distance entre nous, l'ignorance qui la cause. Ainsi, je ne serais pas moins différente de toi, mais peut-être te serais-je moins étrangère, peut-être te sentirais-tu moins seul. Quelqu'un aurait cherché à te rejoindre, à communiquer avec toi.
Tu me caresses.
Et je deviens terre inconnue à moi-même dont tu découvres minutieusement le relief ; terre étrangère à la physionomie insoupçonnée, courbes dont nul n'a su les détours que j'apprends de toi. Nuque, épaule, sein, taille, hanche, cuisse, tu me déroules, tu déroules ce paysage sinueux, cette harmonie de versants, de collines, de bassins, de sillons - et ces plages offertes à ma paresse comme un loisir indéfini, épaule, sein, cuisse... Tu déploies mon corps en un lumineux labyrinthe, tu ouvres en lui de moelleuses perspectives dont je perçois, comme à distance, l'insolite. Face ignorée, tu me dévoiles.
Qu'un homme à aimer donne de prétextes pour ne plus résister, pour s'abandonner au cours des choses, à la suite des jours, sans chercher à s'en rendre compte, à se les représener. Et pourquoi s'interroger? N'est-ce pas dans cette heureuse inconscience qu'il faut passer le temps?
Mais je refuse l'inconscience. J'écris pour être lucide, j'écris pour mieux t'aimer. Ce ne sont pas des raisons d'écrivain, mais des raisons d'amoureuse.