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3,73

sur 381 notes
Ce deuxième roman de Sébastien Spitzer est ma neuvième incursion dans cette sélection « rentrée littéraire 2019 » des 68 premières Fois…
Il y a deux ans, Ces rêves qu'on piétine, figurait en bonne place parmi mes préférés de la sélection. J'avoue une prédilection pour les romans historiques, quand la grande Histoire nous est donnée à lire par le prisme de l'individuel et de l'intime.
Ici, encore une fois, le titre attire et interpelle : le Coeur battant du monde… Me voilà partie à la rencontre du fils caché de Karl Marx, dans l'Angleterre ouvrière de la deuxième moitié du XIXème siècle, dans un univers à la manière de Charles Dickens.

L'intérêt premier de ce livre réside dans le paradoxe de l'aura de Karl Marx, rêvant à « une internationale qu'il a décidé de loger au coeur même du coeur battant du monde capitaliste » et l'image peu reluisante que nous en donne Sébastien Spitzer, celle d'un parasite vivant aux crochets de son ami Engels, d'un mari sous la coupe de son épouse et surtout d'un homme incapable d'assumer « son affreuse erreur », sa « sinistre maladresse » ; c'est ainsi qu'il qualifie lui-même la grossesse de sa domestique et la naissance du bâtard dont il est le géniteur.
Ensuite viennent les descriptions détaillées de la vie ouvrière dans les usines textiles d'une Angleterre qui assoit sa puissance économique sur l'exploitation des travailleurs et plus précisément des ouvrières. La très belle écriture de Sébastien Spitzer, détaillée, travaillée, imagée donne réellement à lire, à voir et à s'imprégner d'une ambiance ; ainsi que je le disais, Dickens n'est jamais loin et cette intertextualité en filigrane auréole l'ensemble du récit.
Le roman nous entraine aussi en pleine guerre de sécession américaine et ses conséquences sur les marchés européens, touchés par la « cotton panic ».
Enfin, il y a l'oppression des irlandais, poussés à l'émigration par la famine et la misère, revenus des champs de bataille américains plus pauvres qu'avant. Là, le livre prend des allures de roman d'aventures, avec poursuites, prises d'assaut et combats aux côtés des « fenians », ces nationalistes belliqueux, prêts à tout pour lutter contre la suprématie anglaise.

Certes, avec ce deuxième livre, Sébastien Spitzer ne nous surprend plus vraiment ; il persiste dans ce qu'il sait faire et qu'il fait bien, avec talent. J'ai pris plaisir à cette lecture, à la fois didactique et captivante.
Un roman bien documenté, porté par un réel travail de recherche, mais qui a su garder une part d'originalité dans le traitement de l'intrigue.
Sébastien Spitzer devient une valeur sûre.
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En juin 1849, Karl Marx est chassé de Paris.
Il se réfugie à Londres, accompagné de son épouse - Jenny von Westphalen, issue de la noblesse rhénane, sœur de Ferdinand, Ministre de l'intérieur du Royaume de Prusse - et de leurs trois filles.
Marx vivra à Londres jusqu'à sa mort, en 1883.
En 1851, il engendre un fils avec une servante de la famille.
Elle était censée avorter. Il n'a jamais voulu reconnaître cet enfant, Frederick Demuth (1851-1929) dont l'existence a ensuite été cachée par les autorités soviétiques pour ne pas ternir l'image du « grand » théoricien.

Spitzer imagine une partie de la vie de ce fils illégitime, tout en évoquant (à partir de documents, cette fois) les vies de Marx et d'Engels, et leurs liens.
L'auteur restitue l'ambiance de l'époque à Londres et met parfaitement en évidence les liens entre l'économie anglaise et les Etats d'Amérique du Nord en pleine guerre civile.
Cette guerre faisait suite à la décision, en 1861, de onze Etats de faire sécession après l'élection d'Abraham Lincoln de novembre 1860 ; elle s'acheva en 1865 avec la défaite de ces Etats confédérés.

Malgré le talent de Spitzer pour dresser les portraits de ses personnages et les faire vivre, ce qu'il imagine de la vie de Freddy - en particulier sa rencontre avec la jeune Tussy - m'a semblé souvent trop romancé pour être crédible.

Je recommande cependant la lecture de ce second roman de Spitzer, notamment en raison de l'image du XIXe siècle qu'il restitue ; une image éloignée des clichés que l'on peut avoir, avec la vision simpliste de la guerre de Sécession.
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Décidément, Sébastien Spitzer semble fasciné par les relations filiales compliquées. Son premier roman, Ces rêves qu'on piétine mettait en lumière la terrifiante situation de Magda Goebbels, épouse d'un haut responsable nazi et fille honteuse de Richard Friedländer, juif, qu'elle refusera de sauver du destin promis par le régime qu'elle soutient. Cette fois, le ressort sur lequel s'appuie l'auteur est également un fait réel : Karl Marx, réfugié à Londres dans les années 1860 a eu un fils bâtard, écarté secrètement à la naissance. Secret très bien gardé, comme l'explique la postface, notamment par l'Union soviétique très désireuse de préserver l'image de son grand homme. Matière idéale pour le romancier qui s'en empare ici avec un plaisir perceptible au fil des pages. Car le sujet ne suffit pas à faire un bon roman. Il faut du souffle, l'envie de tisser des histoires, de l'amour pour ses personnages, de l'empathie aussi. C'est ce que l'on trouve dès les premières lignes qui vous emportent immédiatement. C'est parti pour une immersion haletante, pleine de fureur et de tendresse !

Il y a d'abord ce Londres de 1860, capitale de l'Empire le plus puissant du monde où se côtoient la réussite et la misère la plus totale, à l'image du pays tout entier. La révolution industrielle bat son plein, les règles du capitalisme amplifient les inégalités. Les irlandais fuient la famine et luttent contre le joug anglais. Charlotte fait partie de ceux-là. Elle débarque à Londres sans un sou, enceinte et la tête rasée après avoir vendu ses cheveux, son dernier bien. Un formidable concours de circonstances va la mettre sur la route d'un médecin plutôt arrangeant qui jouera un rôle primordial dans ce qui conduira à l'adoption du petit Freddy, issu des amours adultères de Marx. Carambolage de destins, non sans une bonne dose d'ironie. le personnage de Marx que nous présente l'auteur n'a pas grand-chose pour plaire. Incapable de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, il dépend entièrement de sa femme et d'Engels. Hautain, imbu de lui-même, il vit surtout en contradiction totale avec les idéaux qu'il prêche et pour lesquels il est pour l'heure condamné à l'exil et à la clandestinité. Bientôt, la crise économique couve dans le pays, l'industrie textile souffre de la pénurie de coton liée à la guerre de Sécession aux Etats-Unis, les esprits et les corps s'échauffent...

Voilà pour le contexte. A partir de là, Sébastien Spitzer compose un formidable roman, totalement addictif, qui nous plonge avec une étonnante facilité dans cette Angleterre victorienne à l'atmosphère palpable que ne renierait pas une Anne Perry. le souffle romanesque transcende la trame historique, attache le lecteur à chaque personnage, à commencer par la courageuse Charlotte, sans oublier tous les seconds rôles qui contribuent aux couleurs de la fresque. J'ai une tendresse particulière pour les deux femmes qui partagent la maison d'Engels, mais... je n'en dis pas plus. Par contre, ce dont il faut parler, c'est la force, la colère qui couve entre les lignes face au système, à la dictature de l'argent qui écrase et tue les plus faibles. Chaque plongée dans L Histoire est toujours utile pour mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons ; le rôle de l'Angleterre à l'époque était considérable et cela m'a toujours fascinée. J'aime lire les romanciers britanniques, du 19ème siècle et les plus contemporains et j'avoue que je suis assez bluffée par l'exercice de Sébastien. J'ai lu à quelques jours d'intervalle son roman et celui de Jonathan Coe, le coeur de l'Angleterre (amusant ces deux coeurs, non ?) et j'ai trouvé captivantes et troublantes ces immersions anglaises qui se font écho à bien des égards à 150 ans de distance.

En refermant ce roman, je me suis dit que Sébastien Spitzer avait réussi le même exploit que Pierre Lemaître avec Au revoir là-haut : une fresque foisonnante, aussi instructive que divertissante, qu'il serait fort réducteur de classer dans les romans historiques tant son propos est intemporel. Je ne peux que lui souhaiter le même destin...
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Ce livre sur le fils caché de Karl Max m'a montré une facette de ce personnage que je ne connaissais pas.
A travers cette histoire l'auteur décrit une facette de la fin du 19 ème siècle en Angleterre. Il nous montre certaines conséquences que la guerre de sécession a eu en Angleterre, comme la crise dans les usines de textile et la révolte des ouvriers. Il évoque le retour des irlandais des Etats Unis et leur révolte.
Cela est toutefois très romancé, même si il s'appuie sur des faits et des personnages ayant réellement existé.
C'est un livre agréable à lire de bout en bout, avec des personnages que l'auteur sait rendre attachants.
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Londres, XIXe siècle, ma période préférée (pas pour y vivre ou y bosser). Londres, immense coeur battant du monde, mais immonde cloaque aussi.

Londres, la ville aux multiples visages, la ville où les ouvrières (et ouvriers) trimaient comme des forçats et où la semaine des "35 heures" se faisait en trois jours.

Le résumé était alléchant et il me tardait d'entamer ce roman qui me promettait beaucoup. Ma rencontre avec Charlotte fut un plaisir, je sentais bien que j'allais l'apprécier, elle, tout comme le docteur Malte (qu'on perdra de vue ensuite).

Puis, un autre personnage a fait son entrée, un certain monsieur Engels et, à ma toute grande honte, je n'ai pas tilté de suite, pourtant, je l'ai étudié à l'école, ce mec. Puis, lorsque mon shilling est tombé, j'ai compris aussi qui était "Le Maure" dont on parlait : un type que j'avais aussi étudié à l'école aussi et dont le portrait brossé dans le roman n'était guère flatteur.

Mais quelle faignasse, le Marx ! Dépensier, incapable d'aller bosser, se faisant entretenir par Engels (qui aurait dû aller s'acheter une paire de "cojones", soit dit en passant) et qui, lorsqu'il touchera enfin son héritage, ira louer une maison bourgeoise, jouant les bourgeois lui-même, tout en continuant de se faire entretenir comme une maîtresse par Engels et en gagnant un peu d'argent en boursicotant !

Si j'étais mesquine, je dirais que le patient zéro de la gauche caviar, ce fut lui ! L'homme n'était pas exempt de contradictions, tout comme Engels (comme tout le monde, sauf qu'eux, ils cumulent).

Ce roman est une mine d'information en tout genre pour la période concernée : de 1850 à 1867. Bien des sujets vont être abordés, notamment la famine des Irlandais, la guerre de Sécession, le blocus des ports, le coton qui n'arrive pas, les faillites des usines de filature, les conditions de travail déplorables, la misère, l'opium, la crasse, les grèves, l'Internationale qui commence, la lutte des classes, les Fenians,…

L'auteur s'est fortement documenté et tout respire le réalisme. de ce point de vue là, je n'ai pas à me plaindre. Par contre, le récit manquait de flamboyance, d'émotions, de vie, tout simplement. Il était trop clinique, trop rigide.

Cela a commencé après que Charlotte a recueilli le petit Freddy : le récit passe du gamin qui vient de naître à ses 12 ans. L'ellipse est grande, trop grande. le personnage de Charlotte a changé, sans doute à cause des sacrifices qu'elle a dû faire pour élever seule un enfant.

Le récit ne donnera que des bribes, me laissant un goût de trop peu. Non pas que je voulais faire du voyeurisme sur leur misère, mais j'aurais aimé en apprendre plus sur ses sacrifices et non pas me contenter de miettes, alors que pour d'autres sujets, j'ai eu des détails dont je me serais bien passée (une opération).

Les personnages de Charlotte et Freddy ont perdu du corps dans cette ellipse, de la profondeur et pire, du réalisme ! Alors que les autres personnages étaient bien ancrés, eux, je les ai vus partir à la dérive et Charlotte finira en personnage laborieux.

Et puis, il est difficile de savoir quel personnage est mis à l'honneur dans ces pages, puisque le récit suivra aussi bien Charlotte et Freddy, que Marx et Engels. Sur la fin, au moment où l'on abordera les révoltes des Fenians, j'avais décroché.

Un récit plus concentré sur Freddy et Charlotte m'aurait mieux convenu, une écriture plus ramassée dans certains passages aurait donné de l'oxygène au roman, et rallumé la flamme, même si ces détails étaient utiles pour ancrer le tout dans le réalisme (les lecteurs ne sont jamais contents, je sais et nous ne manquons pas de contradictions non plus).

Dans l'ensemble, cette lecture ne fut pas un fiasco, le côté historique était très bien rendu, même si une narration au passé lui aurait rendu service, ainsi qu'une écriture moins clinique. L'histoire manquait d'émotions brutes, alors que nous sommes dans l'East End, dans la misère, avec des gens qui bossent dans les usines 13 à 15h par jour, pour un salaire de misère.

Un roman dont j'attendais beaucoup et où un récit au ton assez froid m'a fait perdre une partie de mon intérêt pour cette histoire, où certains personnages ont manqué de cohérence, de profondeur, d'étoffe qui fait les grands personnages marquants dans une lecture.

Et pourtant, sa partie historique était bien réussie, m'a appris beaucoup de choses, m'a immergé dans l'époque à tel point que je ne peux pas dire que tout était foiré et que je n'ai pas pris du plaisir à certains moments.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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« Son existence a été cachée jusqu'au milieu des années 1960. Il a été l'un des secrets les mieux gardés de l'Union soviétique et de tous les gardiens du temple marxiste. »
Freddy Evans (1851-1929), fils naturel de Karl Marx et d'une employée de maison, habite ce roman historique brillamment écrit et construit. Autour de lui évoluent Friedrich Engels, à la tête d'une filature de coton familiale à Manchester, et Karl Marx, réfugié en Grande-Bretagne avec sa femme et ses quatre enfants, tous deux portés par un but commun : la création d'une Internationale regroupant les travailleurs du monde capitaliste. Au coeur battant du monde, « Ici, à Londres, capitale de l'empire le puis puissant de l'histoire », Sébastien Spitzer nous propulse aux premières heures de la création du Capital, oeuvre majeure de K. Marx et nous révèle les ressorts et pensées de ces philosophes aux actions parfois contradictoires qui voulaient transformer les conditions de travail des prolétaires.
Avec une prose éloquente et sans fioritures, Spitzer restitue avec brio la sauvagerie et les dérives du capitalisme du milieu du XIXe siècle, évoquant la guerre de Sécession aux États-Unis, la révolte des Fenians venant d'Irlande, les grèves ouvrières et les tensions entre les classes sociales très typées de Grande-Bretagne. Un auteur à découvrir sans tarder!
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"La femme d'un charbonnier est plus respectable que la maîtresse d'un prince."...Jean-Jacques Rousseau l'a écrit, Sébastien Spitzer me le confirme.
Je l'avais découvert, et il m'avait séduit, comme beaucoup sans doute, dans "Ces rêves qu'on piétine" dans lequel il nous présentait une femme proche du pouvoir nazi, une femme puissante, Magda Goebbels. Épouse d'un prince nazi, on ne pouvait que la détester.
Il prend le contre-pied de cette femme en nous présentant dans "Le coeur battant du monde" Charlotte, une pauvre fille, une irlandaise enceinte, arrivant en 1851 à Londres pour fuir la famine. Charlotte va se prostituer pour manger, chercher du travail. Elle a déjà vendu ses cheveux à un perruquier du centre ville pour avoir de quoi manger.
Un homme la prend en otage afin de dévaliser l'agence où elle s'est présentée. Blessée au ventre elle est soignée par Markos Malte, un faux médecin, qui l'avorte et lui fournit les pilules de sa fabrication pour la requinquer.
À la demande d'Engels, le médecin récupère un enfant illégitime et demande à Charlotte qu'il soigne et héberge d'élever ce bébé.
Un bébé, enfant illégitime du Maure, ami d'Engels et de sa bonne.
"Son vrai nom c'est Karl Marx. Mais depuis des années tout le monde l'appelle le Maure. Ce surnom, il le doit à sa carnation particulière. Elle est hâlée, brun foncé. Ses cheveux sont d'un noir d'encre. Les poils lui recouvrent l'essentiel du visage."
Nous entrons dans la petite histoire de la Grande Histoire en suivant Freddy, ce gamin élevé par Charlotte, ce gamin caché aux yeux du monde par Engels ami de Marx..deux personnages presque de second plan, que nous suivons.
Marx époux de Johanna von Westphalen , une noble allemande, peine à diffuser ses idées, ses écrits et à faire vivre sa famille dans cette ville, Londres où il est réfugié...Pourtant il en noircit des pages, toutes aussi indigestes, soporifiques et difficiles à lire, les unes que les autres.
Engels son ami l'aide à diffuser ses idées. Lui n'a pas de soucis financiers; il gère et est associé dans une filature de coton, et passe une partie de ses loisirs dans des chasses à courre au renard.
On s'attache peu à eux deux. Seule l'Histoire en fera des personnages dont elle retiendra les noms.
Ils ne servent que de fils conducteurs au tableau de cette époque et de Londres que l'auteur nous trace, tableau de l'industrie anglaise des filatures de coton, de ces pauvres filles s'épuisant sur des métiers à tisser, y laissant parfois une main, et presque toujours la santé, respirant ces fibres de coton dans le bruit de ces ateliers, dans la chaleur et la moiteur de l'air. Les accidents de travail sont nombreux, qu'importe, les mains arrachées sont vite remplacées par d'autres mains. Les handicapés sont jetés au rebut de la société. Les horaires privent les ouvriers et ouvrières de toute vie, de tout loisir. Très tôt cependant, ces ouvrières auront leurs gamins à leurs côtés, leurs gamins embauchés très jeunes, handicapés ou mourant eux aussi à la suite d'accidents.
Elles travaillent le coton venu d'Amérique, cultivé grâce à la sueur des esclaves nègres...on ne parlait pas de Noirs alors. Des pauvres et des pauvres de part et d'autre de l'océan, indispensables pour que des riches dont Engels puissent chasser, s'enrichir et payer l'édition des titres de Marx...La guerre de Sécession priva un temps les usines du coton indispensable...
Sans travail on se serra la ceinture de plusieurs crans.
Pendant ce temps les Irlandais s'agitaient, revendiquant par des actes violents, par des attentats leur indépendance. Arrêtés et jugés, ils étaient pendus.
Ces personnages secondaires aux yeux de l'Histoire, qui n'en retiendra pas les noms, sont tous les personnages attachants du livre.
Oeuvre de fiction ?
Sébastien Spitzer nous répond en fin d'ouvrage en pages de remerciements" :
"Dans ce livre, tout est vrai, ou presque. Marx et sa faute ontologique. Engels et ses loisirs. Tussy, le garçon manqué. Mais pour Freddy et Charlotte, je me suis plongé dans la zone grise d'une histoire balisée. Son existence a été cachée jusqu'au milieu des années 1960. Il a été un des secrets les mieux gardés de l'Union soviétique et de tous les gardiens du temple marxiste."
et cite de nombreux ouvrages qui l'ont documenté.
Merci pour cette lecture et ces heures de dépaysement
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Sébastien Spitzer se penche ici sur le destin du fils caché que Karl Marx a eu dans les années 1850 avec sa bonne, avec un style mêlant habilement L Histoire "vraie" avec le feuilletonesque dépourvu cependant de lyrisme. Les phrases sont sèches et minimales, l'écriture sans fioritures. Nous découvrons un Karl Marx ambigu, enflé de paradoxes, et monstrueux dans sa lâcheté. La part belle est donnée aux femmes, celle qui a enfanté, celle qui a donné de l'amour à ce fils non désiré.
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Ayant eu un énorme coup de coeur pour Ces rêves qu'on piétine, du même auteur, c'est naturellement que j'ai acheté ce roman à sa sortie poche. Il a traîné un peu dans ma PAL, et je ne comprends pas pourquoi. Parce que cette lecture a été pour moi un presque coup de coeur. J'y ai retrouvé l'écriture intelligente et sensible de Spitzer. Une écriture qui fonctionne à merveille avec moi. Nous sommes dans une Angleterre qui frétille autour de l'Exposition universelle, et de nombreux voyageurs arrivent pour venir y assister. Nous ferons la connaissance de Charlotte, Freddy, Lydia. Des personnages travaillés. Découvrir leur histoire, campée dans l'Histoire m'a vraiment beaucoup plu. Un roman passionnant, où les personnages, par leurs histoires, nous font découvrir une image d'un quotidien de luttes, d'ombres, de luttes de classes, de combats… Une excellente lecture. Et heureusement, j'ai un autre Spitzer dans ma PAL, qu'il me tarde de lire.
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Londres 1860, la crise économique frappe fort en Angleterre et Charlotte, qui a fuit la famine en Irlande, recueille Freddy, un bâtard. Charlotte se donne corps et âme, c'est le cas de le dire, pour ce fils perdu et retrouvé. Elle lui cache qu'il est le fils de Karl Marx, ce théoricien du communisme. Celui-ci rejoindra la lutte armée irlandaise après de multiples aventures colorées.
Sébastien Spitzer a écrit un roman instructif, bien documenté et terriblement intéressant. On se retrouve à une époque dure mais si captivante. C'est la révolution avec des machines, la guerre de Sécession américaine qui affecte le marché du coton, la marche des irlandais vers la révolution. Ouf que ça brasse... et en plus, il y a Karl Marx...qui n'a pas le beau rôle, loin de là.
Ce pan de l'histoire marxiste est méconnu et combien étonnant mais bon, Karl Marx n'a pas fini de faire jaser!
Le coeur battant du monde est une recommandation d'amis Babelio. Je n'aurais probablement jamais connu ce livre autrement, sinon, par le biais de libraires affûtés ou journalistes à la plume bien aiguisée! Grand merci donc, je crois bien continuer à lire cet écrivain si brillant.
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