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sur 381 notes
Un très beau roman, une histoire passionnante sur un fils caché, illégitime du célèbre Karl Marx.
Un roman sur la misère, riche en événements historiques, économiques, en Angleterre dans le dix-neuvième siècle.
Une écriture simple, fluide.
Du suspense, de l'action, de l'émotion.
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Je suis restée un peu déçue après toutes critiques favorables que j'ai lu sur ce bouquin. le contexte historique est bien décrit, et nous plonge dans la puissance de l'Angleterre de la révolution industrielle. La guerre de Sécession entre le Nord et le Sud en Amérique va avoir des conséquences sur l industrie textile anglaise. Grèves noyées dans le sang, misère, prostitution, l opium, un tableau de cette époque que nous font découvrir la vie de Charlotte, son fils adoptif Freddy dont les origines sont cachées par le secret d une relation illégitime.
J'ai vraiment détesté ce Karl Marx privé, un parasite qui vit grâce aux dons de son ami Engels. Celui-ci est aussi un personnage vraiment contradictoire, patron et révolutionnaire dans l âme, un mélange complexe mais beaucoup plus compréhensible que celui de Marx.
L insurrection irlandaise et the civil war montrent bien l état de violence et d impunité envers la perte d humanité quelque soit le camp. l'auteur semble vouloir nous témoigner de sa considération envers les femmes car ces personnages féminins démontrent à un moment de l histoire leur force et leur courage devant l adversité.
Mais je me suis ennuyée au milieu de ma lecture car il manquait de rythme et certains passages trop longs et sans apport à l histoire.
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Le coeur battant du monde fut surtout pour moi la découverte d'une plume.

Presque tous les livres que je lis, que ce soit des achats ou des emprunts, ont une histoire. Celui-ci, c'est une amie avec qui j'aime beaucoup parler littérature qui me l'a conseillé. Elle sait que j'aime lire, bien sûr, et aussi que j'aime beaucoup l'histoire. Ce roman conjugue alors les deux matières que je préférais à l'école.
Sébastien Spitzer nous parle un peu de Marx par le biais de son fils naturel, Freddy. Mais, et le détail est important, il s'agit d'un roman. Si Marx a bel et bien eu un fils caché (Sébastien Spitzer s'est apparemment beaucoup documenté sur le sujet, il n'y a qu'à voir la bibliographie en fin d'ouvrage), on ne sait par contre pas grand chose de ce dernier. L'auteur a donc décidé de donner vie à ce fils, imaginant l'existence qu'il aurait pu avoir en parallèle de ce père qu'il ne connaissait pas. Car si Marx a de belles théories à développer, son fils, lui, les met en pratique. Alors ce roman égratigne quelque peu, notamment, la personne de Marx, révélant que le théoricien de la lutte des classes et activiste au sein du mouvement ouvrier, vivait au crochet des autres, notamment celui de Engels, et qu'il ne se trouvait pas dans une situation si inconfortable que ça. Un peu comme Rousseau lorsqu'il écrivait ses grandes théorie sur l'éducation tout en confiant ses enfants à l'assistance publique, ou, plus proche de moi, mes collègues syndicalistes prônant la solidarité à tout va et qui furent les premiers à quitter le navire ce fameux 17 mars 2020... Bref, c'est une autre histoire, et je ne développerais pas davantage, mes connaissances du marxisme étant limitées à mes cours de Première et Terminale ES, années 1996-1998. Et j'avoue que le sujet ne m'intéresse pas des masses non plus.

Ce livre n'est pas un manuel d'histoire, Sébastien Spitzer nous éclaire simplement sur une infime partie de la vie des grands de ce monde sans chercher à affirmer qu'il détient la vérité. Et si je dois admettre que le travail de Marx, et par extension l'histoire industrielle, est loin d'être ma période préférée, je loue avec entrain le travail effectué par l'auteur et indique que j'ai passé un très agréable moment de lecture, adorant me plonger dans la vie imaginée de Freddy.

En résumé, si vous aimez la petite histoire liée à la grande, il y a de fortes chances que vous appréciez ce roman servi, en prime, par une très belle plume. J'ai déjà réservé Ces rêves qu'on piétine, du même auteur, qui parle de Magda Goebbels, et par extension de la deuxième guerre mondiale, période historique qui me passionne davantage.
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Une magnifique fresque historique et sociale au coeur de Londres, alors en plein essor industriel, au milieu du XIXème siècle.

Charlotte, jeune immigrée irlandaise tente de survivre tant bien que mal dans les bas fonds miséreux de la capitale anglaise. Enceinte de son compagnon parti aux Etats-Unis dans l'espoir d'un avenir meilleur, elle se fait agresser.
Sous l'aile du Dr Malte qui l'a recueillie, elle n'aura pas la chance de voir son enfant naître.
Le Dr Malte est un médecin aux pratiques douteuses, dont les avortements illégaux et véreux.
Sollicité par un ami, il doit effectuer une interruption de grossesse auprès de la bonne de Karl Marx. Cette dernière s'est retrouvée enceinte suite à une nuit d'égarement et d'oubli.
Mais Karl Marx, alias le Maure, ne tient pas à assumer cet enfant illégitime et encore moins divulguer ces faits. Pour lui, l'avortement est l'unique issue possible.
Mais l'enfant naîtra prématurément et le nourrisson, Freddy, sera alors confié à la jeune Charlotte.

Au fil des pages, le lecteur grandit mais surtout, survit avec Freddy. le tableau est souvent misérable et s'apparente à un polyptyque historique :
- l'essor de la révolution industrielle en Angleterre
- la guerre de Sécession en Amérique qui provoque, entre autres, une crise du coton
- la figure de Karl Marx, en tant que fervent défenseur du communisme mais au comportement contradictoire avec ses idées et qui ne serait pas parvenu à sa renommée sans l'aide et le financement d'un riche ami industriel, Engels
- la lutte pour l'Indépendance menée par les Irlandais

Et au centre de chacun de ces tableaux qui composent ce polyptyque, Freddy évolue et fait ses armes dans chacune des difficultés rencontrées mais c'est aussi le lien indéfectible qui unit une mère et son fils qui est représenté.

Un roman édifiant aux multiples facettes.
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Voici le second roman d'un auteur que j'ai découvert récemment avec "Ces rêves qu'on piétine", son premier roman.

Dans celui-ci l'auteur nous fait découvrir la vie à Londres dans les années 1860, au temps de l'Angleterre Victorienne.

Dans les rues c'est la misère, les maladies, la drogue et, face aux conditions de vie des travailleurs, la révolte gronde.
Pendant ce temps, les riches se remplissent les poches. Les patrons exploitent leurs ouvriers qui s'épuisent à la tache. L'argent est roi et brise les hommes.
Un jour Charlotte, qui a fui son Irlande natale et la misère qui allait avec pour vivre à la ville, alors qu'elle était enceinte, et qui vient de perdre dans des circonstances tragiques son bébé, voit arriver le Docteur Malte, un médecin qu'elle connaît bien. Il l'emmène à l'étage d'une maison de banlieue. Là, une jeune bonne l'attend pour lui mettre dans les bras son nouveau-né. C'est Freddy, le fils illégitime de Karl Marx, déjà célèbre à l'époque et poursuivi par les polices d'Europe et qui ne peut avouer à sa famille sa trahison et ne veut pas s'occuper ni de la mère ni de l'enfant...
Charlotte qui a du lait, va pouvoir le nourrir et s'occuper de lui comme si cet enfant était le sien.

A Londres où il s'est réfugié avec sa famille, Karl Marx est aidé financièrement par son ami Engels, directeur d'une prestigieuse usine de coton, qui malgré la crise a largement de quoi mettre son ami et sa famille à l'abri. En effet, malgré son exil, Karl Marx que tout le monde surnomme le Maure, tient à faire vivre sa famille avec un certain standing, "comme des bourgeois".
Charlotte va tout faire pour rendre son "fils" heureux, sans aucune aide extérieure. Elle volera, trompera et ira même jusqu'à vendre son corps, sera obligée de déménager, mais elle ne révélera jamais à personne le secret de sa naissance... au péril de sa propre vie.
Tandis que Karl Marx écrit avec ferveur ses théories sur la Révolution, tout en vivant une existence agréable, son fils qui ne connaît que la misère et le travail dans les usines de coton, va prendre les armes aux côtés du peuple irlandais qui se révolte contre le chômage et la faim.
En effet, la Guerre de Sécession au loin, a entraîné une crise du coton sans précédent....le pays est exsangue.

L'auteur part d'une histoire vraie mais bien cachée. Karl Marx aurait eu en effet un fils illégitime avec sa gouvernante, Helene Demuth. L'enfant, Frederick, né en 1851, et mort sans descendance en 1929, aurait été reconnu par l'ami de Karl Marx, Friedrich Engels, Karl Marx n'ayant jamais assumé sa paternité.

"Le coeur battant du monde", c'est la Bourse de Londres où les investisseurs affluent et misent sur les actions ferroviaires, mais aussi la révolte des pauvres et des opprimés, sur fond de violence policière.

Le lecteur découvre la relation particulière quasi névrotique de Karl Marx avec l'argent. le lecteur est étonné de son mode de vie bourgeois, alors qu'il s'avère incapable de travailler, et de la légèreté avec laquelle il accepte d'être aidé par son ami, certes riche industriel par héritage, mais tout de même, c'est Engels qui paie le loyer et les dépenses pas toujours justifiées d'une famille nombreuse.
Le contraste entre les idées et les actes est tout à fait surprenant et pendant ce temps les dettes s'accumulent et l'ami doit toujours et encore les régler...
Engels apparaît d'ailleurs comme le personnage masculin le plus sympathique du roman. Certes il profite de son argent, il est considéré comme "le roi du coton", les banquiers tiennent compte de son avis, il est respecté pour ses décisions. Il participe aux chasses à courre, mène la belle vie, mais...à côté de ça, il pousse ses ouvrières à la révolte, les écoute, leur offre de meilleures conditions de travail, et entretient lui-même deux soeurs dont il est tombé amoureux.
Karl Marx et Engels rêvent pourtant tous deux, et avec sincérité, de faire tomber le système capitaliste.
Freddy, le fils est un personnage attachant, mais qui ne tient pas dans le roman, la place à laquelle je m'attendais. Finalement comme dans sa vraie vie, il ne trouve pas sa place dans ce monde, d'abord parce que sa mère adoptive le cache, mais aussi parce qu'il est jeune et inexpérimenté.
Par contre, Charlotte qui est un personnage totalement fictif, puisque dans la vraie vie, elle n'a pas de visage car on ne sait pas qui a réellement élevé Freddy lorsqu'il a été enlevé à sa mère biologique, ne peut que susciter notre admiration.
Donc, le coeur du roman est bien l'histoire d'une époque dont je ne savais presque rien, et l'étude psychologique des personnages réels ou fictifs, qui ont entouré Karl Marx, tandis que celui-ci écrivait avec difficulté, son ouvrage majeur.
Moi qui ne suis pas particulièrement attirée par les romans historiques, je l'ai lu en quelques jours avec un grand plaisir. D'abord on apprend beaucoup de choses du contexte de cette époque. L'Angleterre était alors je le rappelle, le plus grand empire colonial du monde.
J'ignorai beaucoup de choses comme par exemple que les Irlandais avaient été nombreux à partir pour s'engager auprès des Yankees, parce qu'on leur avait promis des terres qu'on ne leur a bien entendu jamais donné. Je ne savais que peu de choses des révoltes des fénians (ou féniens), ces nationalistes irlandais qui ont été si violemment réprimés.

Par contraste forcément, on ne peut qu'être touchés de redécouvrir comment vivaient les plus pauvres.
Il faut dire que l'auteur a une belle plume et qu'il nous donne ici un roman captivant, sans faille, au rythme soutenu, véritable fresque sociale et historique, romancée et que j'ai trouvé, passionnante.
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Londres, 1860. Deux personnages majeurs, le fils caché de Karl Marx, et Charlotte, sa mère de substitution. Autour d'eux naviguent des seconds rôles essentiels qui font de ce roman une fresque à la fois historique, politique et romanesque. L'auteur nous surprend par la qualité de son style et sa volonté de nous plonger corps et âme dans cette époque trouble où l'homme revendiquait une liberté qu'il payait souvent très cher, d'autant plus troublant que les événements actuels nous prouvent que rien n'est jamais acquis. Un second roman dans le même esprit que le premier, Prix Stanislas 2017, qui était déjà une belle réussite. Un travail de romancier et de journaliste qu'il faut saluer.
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Son premier roman m'avait enthousiasmé et le second confirme et j'en suis très heureuse. Après « ces rêves qu'on piétine », voici le coeur battant du monde et ici, c'est celui de l'Angleterre victorienne, celle de l'industrialisation, de la manufacture du coton et des filatures. D'un côté, ceux qui s'enrichissent et de l'autre, les ouvriers et ouvrières.
Le roman « Nord et Sud » d'Elizabeth Gaskell m'avait déjà donné une idée de cet univers qui m'intéresse pour des raisons familiales, sachant que les auteurs de l'époque et l'époque me passionnent également. Mais en tout premier lieu, c'est le visage d'angelot de ce gamin sur la page de couverture qui m'a accroché : comme quoi, c'est important la page de couv …
Au milieu de cette révolution industrielle et économique âpre, voici le fils inconnu de Karl Marx, époux d'une baronne, jouisseur invétéré, auteur du « capital », grand vishnou du communisme, mais appréciant le luxe des belles maisons, les amours ancillaires, les cigares, soutenu de façon indéfectible par son épouse. Parce qu'il a, oh combien naturellement couché avec la gouvernante, Hélène (là, pas de défense des travailleuses et de respect de l'autre surtout le petit personnel), celle-ci se retrouve enceinte à la grande colère de Mme Marx (née Johanna von Westphalen), dont le seuls fils Marx officiel, a une santé fragile et mourra d'ailleurs jeune.
Marx va donc confier à son ami et disciple dévoué, Engels, le soin de régler le problème. Engels, qui est à l'aise financièrement, grâce aux filatures qu'il dirige à Manchester (lui, il bosse …), va trouver dans un simili « médecin », un soutien de poids. Ce médecin accessoirement dealer de drogues type opium, va délivrer la mère de l'enfant et le confier à une jeune femme, immigré irlandaise, Charlotte, qui vient de perdre le sien alors qu'elle était enceinte, dans une agression. Et c'est ainsi que le fils de Karl non officiel, Frederick, dit Freddy, fut élevé par une « bonne maman » qui fit tout ce qu'elle pouvait pour lui donner une bonne éducation, même si cela impliquait la prostitution pour elle dans des conditions qui vont se dégrader en fonction de son âge et de la perte de sa beauté. Cette maman exceptionnelle que va vénérer va malheureusement mourir, tuée par un des sbires du frère de Mme Marx. Car Mme Marx a un frère qui porte à sa soeur, un amour aux limites de l'inceste : il n'a pas supporté son mariage avec Karl et la naissance de son garçon issu des amours ancillaires de Karl, l'insupporte au dernier degré étant donné que Jenny Marx est d'une lignée très fière de son couronne. Proximité d'autant plus insupportable, que l'une des filles de Karl est tombée amoureuse de celui qui est son frère en le croisant régulièrement au parc de Hampstead Heath.
Après la mort de sa bonne maman, Freddy va s'engager dans les fenians, la lutte pour l'indépendance de l'Irlande, comme un hommage à sa maman et un pied de nez magistral à son géniteur, qui lui ne s'engagea jamais dans l'action et se contentera de théoriser (c'est moins salissant). Freddy finira par retrouver le tueur de sa mère et lui réglera son compte après moults péripéties.
Un portrait très ironique de l'auteur du « Capital », qui veut la révolution du peuple, du moment que lui, a un statut privilégié et qui n'hésitera pas à oublier Engels, grand pourvoyeur de fonds grâce à ses manufactures (l'argent devient propre dans les mains de Marx) et qui n'aura même pas l'aumône d'une dédicace dans l'écrit majeur de Marx, qui le dédiera à un noble inconnu qui lui a fait don de sa fortune.
Du souffle, de l'action, un style d'écriture mordant et tendre à la fois, ce roman est un superbe moment de lecture.
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Après Ces rêves qu'on piétine, Sébastien Spitzer mêle une fois de plus la grande et la petite histoire, nous transporte dans une autre époque, celle de la Révolution industrielle cette fois-ci, à Londres, coeur de l'Empire britannique. Trois destins s'entrecroisent dans cette fresque historique du XIXème siècle, ceux de Charlotte, Freddy et Engels, dont le seul point commun n'est autre que Karl Marx, personnage-clé de la révolution ouvrière. Sébastien Spitzer nous livre un portrait très personnel de Marx, dit « le Maure », à travers sa famille, ses manies, ses problèmes d'argent, en même temps qu'il nous décrit la vie quotidienne de la population ouvrière, faite d'heures de travail harassantes, de restrictions quotidiennes et d'humiliations systématiques. le contraste est saisissant et nous amène à considérer différemment l'auteur du Capital.

Une fois encore, Sébastien Spitzer démontre son incroyable talent pour reconstituer l'Histoire et lui donner vie à travers les lignes. Crise du coton, Guerre de Sécession, famine irlandaise, répression des révoltes ouvrières – à force de détails véridiques, il nous donne l'impression d'y être, d'arpenter les rues avec Charlotte, de prendre les armes avec Freddy, de faire les comptes avec Engels. C'est une véritable plongée dans le XIXème siècle, ses grands événements, ses petits bouleversements et sa vie quotidienne.

Si j'ai préféré Ces rêves qu'on piétine pour l'époque historique évoquée et le sentiment de fin du monde qu'il véhiculait, ce deuxième opus m'a prouvé que cet auteur avait plus d'un tour dans son sac, qu'il pouvait être à l'aise avec tous les sujets historiques et les rendre tous absolument passionnants, en les complétant de personnages fouillés et admirables, de petites anecdotes réalistes et de rebondissements inattendus. Il possède un véritable don pour exploiter des faits historiques nébuleux, inconnus du plus grand nombre, pour en faire des romans majestueux se lisant d'une seule traite !
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Hélas, mon coeur n'a pas battu plus vite pour ce roman.
Je suis toujours un peu gênée de ne pas être plus positive, quand je pense au travail colossal qui est réalisé par un écrivain pour éditer un roman. Les recherches, la construction de l'histoire, la génèse des personnages, la quête d'un éditeur et la chasse incessante aux fautes d'orthographe. Eh oui, qui suis-je finalement pour m'autoriser un "j'aime pas" ? Une arriviste des réseaux sociaux qui parvient à attirer l'oeil d'autres lecteurs avec des textes où se côtoient parfois quelques bons mots, parfois quelques formules bancales et les fameuses fautes qui comme les moustiques que l'on croit avoir tous exterminés avant de se coucher, sortent au grand jour dès qu'on a relâché l'attention. J'ai l'impression désagréable de devenir ce juge dans l'émission télévisée du meilleur pâtissier, réduisant à néant le moral des candidats qui donnent le meilleur d'eux-mêmes depuis 4 heures, avec une remarque du style : « et la framboise, vous envisagiez vraiment de la mettre ici ? Parce que le message n'est pas très clair…. ».
Je me réjouissais pourtant de retrouver cet auteur dont le roman Ces rêves qu'on piétine m'avait bouleversée.
Là, encéphalogramme plat. Palpitant au ralenti.
Je n'ai pas réussi à trouver ma place entre l'histoire des petites gens, et ceux qui ont fait la Grande Histoire. le roman était tellement entre ces deux mondes que j'ai eu l'impression d'avoir les fesses entre 2 chaises. Dans le fossé. Pas assez d'empathie. Pas non plus d'informations historiques à balancer ensuite l'air de rien dans un diner mondain.
J'ai été mal habituée ou trop bien habituée : j'avoue être une fan inconditionnelle de Emile Zola. Alors à côté, difficile de faire le poids. Voilà peut-être pourquoi ce roman n'a pas agi sur moi
J'aime pourtant la plume de Sébastien Spitzer et salue la qualité du style. Que cela soit clair : il y a des romans bancales, mal fichus, mais ce n'est absolument pas le cas de celui-ci. La preuve : je prévois de lire le prochain roman de Sébastien Spitzer qui sort fin août 2022.

Alors faut-il le lire ? Euh si vous voulez. Mais je ne peux que vous recommander chaudement Ces rêves qu'on piétine du même auteur, qui avait été un de mes coups de coeur 2020. Une claque. Et côté social, l'inévitable Germinal.
Si vous êtes aventureux, en ces temps où la Russie n'a pas bonne presse, tentez un Léon Tolstoi. Que Sébastien, l'auteur de ce roman, y voit un compliment à être cité aux côtés de Léon et Émile.
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Dans le Londres de 1860 où les miséreux viennent chercher fortune, les filles mères sont contraintes d'avorter clandestinement si elles ne veulent pas être mises au ban de la société. Charlotte l'irlandaise aime Evans, mais son amoureux a traversé l'océan pour chercher fortune en Amérique. Lorsque le bon docteur Malte, qui n'a de docteur que le nom, se porte à son secours après une agression, il constate qu'elle attend un enfant. C'est pour lui l'occasion rêvé de sauver à la fois cette mère et un autre enfant dont personne ne veut, un bâtard qu'il faut éliminer, cacher, oublier.

Dans le Londres de 1860 Engels est un riche homme d'affaires qui a hérité d'une usine de coton, le plus beau, le plus fin d'Angleterre. Il mène sa vie comme bon lui semble, avec ses deux femmes. C'est aussi l'ami inconditionnel de Karl Marx, et c'est lui encore qui fait vivre la famille Marx, qui aide, qui finance, qui cache. Karl Marx a épousé la baronne Johanna von Westphalen, fui l'Allemagne. Il est bientôt le père du Capital, et déjà un père de famille « rangé ». Johanna lui a donné de beaux enfants, trois filles, les fils ne survivront pas. Mais Engels va devoir faire disparaitre le fils naturel de cet ami que l'on surnomme le Maure.

Alors Charlotte va élever Freddy, le fils caché de Karl Marx, dans cette époque, dans cette ville où la vie ne fait aucun cadeau à la classe ouvrière, et encore moins aux femmes qui n'ont que leurs charmes pour survivre.

Le contexte politique et économique est particulièrement sensible. D'abord avec la guerre de sécession qui n'en finit pas de finir. Les différents blocus en Amérique privent l'Angleterre de son approvisionnement en ballots de coton et donc grèvent son industrie. Puis avec la famine en Irlande, et ces hommes, ces ouvriers qui ont besoin de travailler, se révoltent contre les patrons qui les exploitent. Enfin, ces femmes qui pour survivre offrent leur corps, leur jeunesse, au plus offrant, au plus menteur, au plus lâche.

Il y a dans ce roman à la fois la révolte et la soumission, le désespoir et l'attente, la misère des femmes et la compromission des élites. Alors comment accepter un Karl Marx qui se dit humaniste, communiste et près du peuple, quand il vit dans le luxe et le confort. Quelle contradiction entre l'homme et ses écrits, quelle complexité entre sa vie et sa pensée. Et tout au long de ces pages éclate l'amour d'une mère pour ce fils qu'elle a fait sien, l'amour d'un fils pour cette mère qu'il croit sienne. Malgré la fange et la misère, les plus beaux sentiments savent émerger et s'affirmer envers et contre tous.

lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2019/09/11/le-coeur-battant-du-monde-sebastien-spitzer/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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