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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Emily St John Mandel avait été pour moi une révélation de l'année 2016 avec « Station Eleven ». J'avais été ébloui par ce roman atypique et envoutant. Vous comprendrez aisément que j'ai accueilli la sortie de ce nouveau opus avec une certaine euphorie.

Comme elle l'avait si bien fait dans son précédent livre avec la fin du monde, Emily St John Mandel est capable de rendre poétique une histoire de faillite financière. S'appuyant sur ce thème pas du tout sexy, elle nous dépeint le portrait de personnages hors du commun. Ils ont tous des vies différentes, des passés différents, ils auraient pu ne jamais se rencontrer mais ce sont eux qui créent la toile romanesque de ce livre.

Une nouvelle fois, la construction de son récit est originale. L'écrivaine canadienne nous offre un puzzle éparpillé qu'elle se propose de reconstruire avec habileté, naviguant entre hier et aujourd'hui. Cette présentation complexe parait déstabilisante mais elle est parfaitement maitrisée. Tout finit par s'emboiter à la perfection et le rendu final est excellent.

L'écriture magnifique renforce la force hypnotique de cette aventure. Elle met en relief les émotions des acteurs et déclenche une forte empathie pour eux. le lecteur est embarqué à leurs côtés et est captivé par leurs destins.

« L'hôtel de verre » est aussi inclassable dans sa forme que dans ses personnages. On ne souvient pas de ce genre de livre grâce à son scénario mais grâce à l'expérience qu'il nous a fait vivre. L'autrice nous fait entrer dans son univers imaginaire et celui-ci reste longtemps imprégné dans notre esprit. Même si « L'hôtel de verre » est moins puissant que « Station Eleven », je suis ravi d'avoir assisté encore une fois à la magie d'Emily St John Mandel. Je vous recommande donc chaudement de vous laisser tenter par ce moment littéraire suspendu.
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Un hôtel haut de gamme sur une île canadienne au nord de Vancouver reçoit des habitués en quête de calme. C'est là que travaillent Vincent, une jeune barmaid, ainsi que son frère Paul à l'entretien. Une inscription étrange au feutre indélébile sur une vitre « Et si vous avaliez du verre brisé ? » va marquer la rencontre de plusieurs personnages importants de l'histoire. le roman a commencé avant, par la toute fin, puis est revenu à ce point crucial à l'hôtel Caiette, avant de repartir vers d'autres épisodes, antérieurs ou postérieurs. Rassurez-vous, on comprend tout sans s'égarer !
Emily St John Mandel a une façon particulièrement attrayante de déposer des sortes d'indices, des phrases qui interpellent et obligent à se poser des questions sur la suite du roman. La chronologie bouleversée, mais pourtant facile à suivre, participe aussi aux attentes de lecture qui sont dès lors très grandes : il faut donc que rien ne vienne créer de déception…

Après avoir fini ce roman, j'ai du attendre quelques jours pour trouver les mots pour en parler. le sujet, ce que l'on découvre rapidement, est une version romancée de l'affaire Madoff, de cet escroc et génie de la finance à la fois, qui avait imaginé une pyramide de Ponzi, consistant à investir de l'argent qui n'était pas à lui de manière fictive, en trouvant toujours d'autres investisseurs pour payer les dividendes des précédents. En gros, n'est-ce pas, l'économie et moi, ça fait deux !
Il se nomme ici Jonathan Alkaitis, c'est le personnage central, et celui que l'on cerne le mieux, mais les protagonistes sont nombreux, entre ses compagnes, ses amis, ses investisseurs, ses employés, et les différents points de vue éclairent avec virtuosité cette affaire.
L'écriture et la construction très subtile constituent une belle manière de parler d'un sujet plutôt rébarbatif. Je ne dirais pas que c'est un coup de coeur, mais ce roman m'a tenue en haleine, et fait voyager entre l'hôtel de luxe, Manhattan, un porte-containers, une salle de concert, une prison, même. Il comporte de très beaux passages, et fait toujours appel à l'intelligence du lecteur, ce qui n'est pas négligeable. Emily St John Mandel est décidément une auteure à suivre !
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Voilà un roman pour le moins scotchant. Troublant. Aussi bien dans sa construction que dans toutes les idées qu'il véhicule.
À travers Jonathan Alkaitis (copie plutôt avantageuse de feu Bernard Madoff) et sa pyramide de Ponzi (qui finit par s'effondrer comme toutes les pyramides du même nom), on suit des existences liées de près ou de loin à ce bien étrange personnage. le récit se révèle passionnant à bien des égards. Car si le financier voyou a su berner des milliardaires ; il a également ruiné de pauvres gens qui ont placé toutes leurs économies dans ce placement qui n'en était pas un. Dévastateur. Assassin.
Vincent, personnage féminin sera l'une des rares intimes de Jonathan à ne pas finir ruinée ou même dévastée psychologiquement. Tous les autres ou presque paieront le prix fort. Financièrement ou physiquement.
Seul petit bémol tout de même : la fin du roman et son approche "ésotérique". Un choix de l'auteur qui peut dérouter le lecteur. Car les derniers chapitres ont tendance à inutilement traîner en longueur. Tous ces fantômes étaient-ils bien nécessaires ?
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"Et si vous avaliez du verre brisé" ce graffiti a été gravé sur une des immenses baies de l 'hôtel Caiette, hôtel de luxe construit sur les rochers et dominant la mer dans un endroit isolé où l' on accède que par la mer, sur l île de Vancouver. Jonathan Alkaitis, le richissime homme d'affaires, en est le propriétaire.
Vincent, la barmaid, officie au bar c' est là qu'elle va rencontrer le patron et que leurs destins vont se lier.
Alkaitis est un escroc de haut vol. Il place l'argent des riches pour les rendre plus riches soi disant... En fait, il élabore une pyramide de Ponzi et personne ne reverra son argent. Il va plonger dans la ruine , sans aucune émotion, tous les gens qui lui ont fait confiance, détruire leur vie sans frémir. Il est impitoyable et ira jusqu'au bout.
Ce roman, d'une construction destructurée avec des bonds en avant, des retours en arrière, des passages qui s'insèrent dans le récit comme des pièces de puzzle, traite et parle de l 'Argent, "l' argent est un pays en soi" dit l'auteure dans le roman, les gens riches viennent tous du même pays. L'argent qui fait et défait les fortunes, et les puissances,. Des gens qui vivaient dans des palais, se retrouvent en camping car sur les routes de l'Amérique profonde, et plus personne ne les reconnaît, ils sont évités, devenus gênants.
Alkaitis dans sa prison, après sa chute, en est réduit pour continuer à vivre à s'inventer une vie alternative, un échappatoire et vit entouré des fantômes des gens qu' il a côtoyé dans son ancienne vie.
Vincent aura de multiples vies, tel un caméléon, elle change et s'adapte aux circonstances, barmaid, femme de milliardaire, cuisinière sur un super tanker. Elle se fond dans tous les rôles, sans problème, sans nostalgie.
Il est bien question d'argent dans ce roman celui qui fait les puissants, les richesses et qui precipite aussi dans la ruine, le malheur et le suicide, qui détruit les familles et engendre la haine quand il vient à manquer. La société capitaliste l'a érigé en maître absolu. le monde est un théâtre où les fortunes se font et se défont. Ce monde ainsi représenté dans le roman sous forme de puzzle vertigineux fascine par sa puissance qui n'a égal que sa fragilité.
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Avec L'Hôtel de verre je retrouve une plume déjà bien connue : celle d'Emily St. John Mandel (Traduction : Gérard de Chergé).

J'avais eu un très beau coup de coeur pour Station Eleven, l'auteure avait su insuffler quelque chose de nouveau et d'unique dans le genre post-apocalyptique à l'image de Cormac McCarthy avec La Route. Dès lors mes attentes étaient nombreuses concernant ce nouveau roman et une chose est sûre : Emily St. John Mandel sait se renouveler et nous surprendre !

L'Hôtel de verre est un roman déstabilisant où on rencontre des êtres brisés, broyés, charismatiques et loin d'être manichéens, où on plonge dans une atmosphère très particulière à la fois mélancolique et tragique et on se demande où l'auteure souhaite nous mener.

Ce qui se dégage de ce livre c'est une réelle finesse psychologique et narrative. L'auteure joue avec les codes du polar/roman noir pour nous faire dériver vers un roman plus intime, sensible et social. On retrouve aussi cette écriture envoutante qui nous happe immédiatement. Les lieux et les années se mêlent et s'entremêlent pour nous dépeindre la vie de protagonistes très intéressants, reliés d'une manière ou d'une autre.

Je n'ai pas eu le coup de coeur cependant car certaines parties du livre étaient moins captivantes que d'autres et je pense que l'auteure aurait pu garder un rythme plus soutenu ou une tension plus forte tout le long du roman.

En définitive, voici deux très bons romans parus aux éditions Rivages l'un ravira les lecteurs en quête d'émotion, de sincérité et d'humanité dans cette époque troublée; l'autre captivera les lecteurs en recherche de finesse psychologique et d'un récit unique.
Lien : https://leatouchbook.blogspo..
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La plume atypique d'Emily St john a quelque chose d'atypique qui a rendu ce roman beaucoup plus intense.

Un hôtel de luxe isolé loin de tout.
Une écriture sur une vitre.
Les dés sont jetés. Qui est le coupable ?

L'intrigue est présente du début à la fin et pour cause c'est entraînant. L'histoire est complexe et l'engrenage est inévitable.
Les personnages sont explorés profondément. Chacun a son importance dans le roman et c'est vraiment agréable à explorer.

Malgré tout j'ai ressentis quelques longueurs par moment dans le récit qui ont étouffé cette intrigue si haletante mais cela n'enlève en rien le suspense que renferme cet hôtel de verre.

Le roman est calibré et pour autant la chronologie a été déstructurée pour donner une perspective plus légère.
L'environnement dans lequel on évolue est oppressant est l'hôtel semble se refermer sur nous comme dans un labyrinthe.
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Et si vous avaliez du verre brisé ? le rêve emblématique de Madoff revisité en un jeu de miroirs à traverser, d'une puissance hautement inhabituelle.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/05/09/note-de-lecture-lhotel-de-verre-emily-st-john-mandel/

En français, Dominique Manotti, avec son incisif « le rêve de Madoff » (2013), et Mathieu Larnaudie, avec son essentiel « Les effondrés » (2010), nettement plus systémique, nous avaient déjà offert de superbes interprétations de ce dont Madoff est le nom, à l'heure pressante du capitalisme tardif et de la financiarisation généralisée. On dispose par ailleurs, avec de précieux romans récents tels que le « Lake Success » de Gary Shteyngart ou le « Mécanique de la chute » de Seth Greenland, de plongées fort réussies, avec un humour et une tendresse presque paradoxales, dans l'univers des ultra-riches, et dans la manière dont les hasards et les déterminismes s'y entrechoquent, in pursuit of happiness et de bien d'autres choses parfois très difficiles à nommer.

Peu d'autrices ou d'auteurs, en revanche, ont su comme Emily St. John Mandel ici dégager la composante proprement mythologique de cette bulle d'irréalité que constitue autour d'elle, quel qu'en soit le coût (pour les autres), cette fraction de facto séparatiste de l'humanité – et l'imaginaire du vide qui peut éventuellement y être associé. Si l'on songera peut-être, justement, dans cette direction-là, à l'‘Agora zéro » d'Éric Arlix et Frédéric Moulin, ou au « Aujourd'hui l'abîme » de Jérôme Baccelli, voire au Kim Stanley Robinson de « New York 2140 », mais dans ce cas particulier, avec une technique radicalement différente, on sera saisi par la capacité sans doute unique au monde de l'autrice canadienne pour aller dénicher et faire fructifier, au fond de ce qui s'exprime sous nos yeux, une vaste métaphore hautement significative de ce qui constitue cette frontière mouvante entre réel et irréel, frontière matérialisée fugitivement par les rêves éveillés de Vincent après la fin et par les échappées intérieures de Jonathan en prison.

La beauté presque fondamentale de cet « Hôtel de verre » demeure peut-être néanmoins construite à partir de son maniement des atmosphères successives ou interpénétrées, pouvant passer à volonté de l'ambiance presque bucolique chère à Jim Lynch, à quelques centaines de kilomètres au sud de la Colombie-Britannique de Vincent, à celle, financière et surchauffée, des « Barbarians at the Gate » de Bryan Burrough et John Helyar, en passant par les pauses doucement méditatives (mais néanmoins malicieuses) d'un « Traversée » de Francis Tabouret ou par les beats électro-rock moites du « Riviera » de Mathilde Janin. Ces enchaînements de plages à la fois précises et doucement hypnotiques ne sont jamais gratuits ici, et c'est ce qui fait leur force : comme elle nous l'avait déjà montré dans ses romans précédents, et tout particulièrement dans son « Station Eleven » de 2013 (et comme on le retrouve d'ailleurs avec bonheur dans le tout récent « Soror » de Mathilde Janin, à nouveau, quoique dans un tout autre registre), Emily St. John Mandel sait utiliser son art pour jouer poétiquement tout au long des pages avec l'ironie du sort, tout en mettant en scène minutieusement un affrontement avec le passé, aux risques et périls des protagonistes, pour y dénicher aussi bien les fétiches encombrants que les totems libérateurs.
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Au début du roman, j'avais l'impression d'être au milieu d'un tricot de laine très lâche, chaque chapitre me paraissait extrêmement décousu. A cela s'ajoute la mise en page, qui abuse de la page de chapitre et des pages blanches entre ces derniers ...

Toutefois, passé ce premier temps, j'ai pu entrer pleinement dans l'intrigue et m'attacher au fil du récit.
Ce que j'ai trouvé le plus intéressant, c'est comment l'auteur détourne notre attention et intérêt de l'enquête autour de ce fameux graffiti pour nous livrer une histoire de la solitude choisie ou subie, des hasards de la vie et des opportunités à saisir.
C'est un ton mélancolique qui rythme le roman et nous conduit jusqu'à une fin maîtrisée.
Bonne lecture !
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Un hôtel de luxe isolé sur une île au nord de Vancouver. Au bar, Vincent, une jeune femme discrète autant qu'elle est belle. En homme à tout faire, son demi-frère Paul, musicien et toxicomane. Un client, Leon Prevant, cadre dans une compagnie maritime. le propriétaire des lieux, Jonathan Alkaitis, un homme d'affaires richissime. Et une nuit, on écrit sur la vitre du hall cette phrase énigmatique : "Et si vous avaliez du verre brisé ?", qui suscite l'horreur. Voilà la pièce centrale d'un puzzle gigantesque, qui s'étend sur une trentaine d'années et nous emmène dans le milieu des spéculations boursières ou du transport maritime, à travers les destins de personnages divers.

Un récit étrange, qui saute d'une époque à une autre, commence par la noyade de Vincent dans les eaux mauritaniennes, s'attache tour à tour aux différents personnages dans une narration qui mêle passé et anticipation, réalité économique – avec le montage financier opéré par Alkaitis sur le modèle d'une pyramide de Ponzi – et fantasmagorie, des passages de "contrevie" où tout serait bien différent, et des fantômes qui apparaissent aux survivants. Un récit inclassable dans lequel on pourrait se perdre, ne serait-ce que parce qu'il n'y a pas de protagoniste, que Vincent n'est qu'une pièce de l'échiquier où tour à tour chacune des pièces connait un destin conditionné au déplacement des autres pièces. Mais tout est affreusement, terriblement logique : l'escroquerie d'Alkaitis, qui entraîne dans sa chute tous ceux qui gravitaient dans sa sphère, illustre parfaitement cette imbrication : qu'une seule pièce bouge, et c'est toutes les autres pièces qui en subissent les conséquences, dans un enchainement inéluctable. Alors, on a beau s'imaginer une contrevie, jouer au "Et si…" ne mène à rien qu'à échopper de 170 ans de prison, vivre sa retraite dans un camping-car où se noyer en tombant du pont d'un transatlantique. Imparable.

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Emily St. John Mandel imagine un personnage qui ressemble de loin à Madoff, Jonathan Alkaitis.

Au centre du roman, il y a un hôtel qui lui donne son titre, L'Hôtel de verre, dressé dans un endroit isolé, au nord de l'île de Vancouver, où les personnages vont à un moment ou un autre se retrouver… On y contemple la sauvagerie du monde extérieur, bien à l'abri derrière de larges baies vitrées. L'hôtel de verre, est la métaphore superbe d'un monde dominé par la finance, où le rapport à la réalité peu à peu s'évanouit.

Emily St. John Mandel peuple de fantômes le roman et met en scène un entrelacs de personnages hantés par la culpabilité et les vies qu'ils n'ont pas vécues.

Profondément mélancolique, son roman est un puzzle vertigineux, magnifiquement composé. Enchevêtrements narratifs, multiplication des points de vue, ellipses, il emporte le lecteur par sa virtuosité et l'envoûtement de sa langue. Et fascine par ce qu'il met en avant : l'extraordinaire fragilité de notre monde.
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