AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Stock (30/11/-1)
2.5/5   5 notes
Résumé :
Voici l’histoire d’une famille émigrée en Amérique au XIXe siècle, une vaste chronique écrite très librement au fil des souvenirs et qui s’est imposé comme un classique moderne. Dans cette version destinée au public français, la grande Gertrude Stein ne s’est pas contentée de peindre un fragment de l’Amérique, mais une famille complète, une famille qui est toute l’Amérique, en sa fuite, en ses migrations, ses installations et ses conquêtes, une famille sans interrup... >Voir plus
Que lire après Américains d'AmériqueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ce livre était fait pour moi, ai-je cru. Gertrude Stein, l'une des figures-phare de la vie intellectuelle et artistique du début du XXème siècle revient sur l'histoire de sa famille, sans la nommer. Comme dans toutes les familles d'Amérique ou presque, on y retrouve des ancêtres qui ont immigré, des générations qui ont travaillé pour devenir de bons Américains. Autour d'eux des voisins, des gouvernantes, des couturières à travers qui Gertrude Sein veut brosser un portrait général de l'Amérique, excusez du peu.

L'un des problèmes, c'est que l'histoire de cette famille et de ses périphériques occupe moins de la moitié du livre, - et en occupe de moins en moins au fil des pages - et est en outre racontée de façon totalement analytique et démonstrative, sans aucune empathie voire sympathie, qui fait que ces personnages restent prototypiques, désincarnés, inconnaissables. Ils ne sont qu'un prétexte à une logorrhée, une mise par écrit des théories socio-psychologiques parfois discutables de Mme Stein, pour qui la généralité semble un mode de pensée. Elle postule que chacun est un « tout », a une nature profonde, mais que celle-ci ne s'inscrit que dans la répétition de ses propres comportements et agissements, et des comportements des autres, permettant de regrouper les gens en catégories, qui agissent comme ci, qui agissent comme ça.

C'est d'un fastidieux absolu. Car l'idée de répétition, n'est pas qu'une idée, c'est un fait que Gertrude Stein nous fait vivre dans nos tripes. Elle répète des phrases entières, discrètement modifiées ou même pas, des paragraphes entiers, des anecdotes entières, des réflexions et analyses entières. Elle se répète indéfiniment, au paragraphe suivant, à la page suivante, au chapitre suivant, au sein duquel elle se répète encore trois fois dans la même page, puis à la page suivante etc… C'est une accumulation de répétitions de faits, mais surtout de théories psychologisantes fumeuses et définitives. Une vague pudeur ( ?) lui fait insérer moultes fois « je l'ai déjà dit » au fil des pages (des fois qu'on n'aurait pas remarqué)

Au bout d'un certain temps de lecture, lectrice dépitée et submergée, je me suis rendue sur internet, et je n'ai pas tardé à trouver ça, sur le site En attendant Nadeau, sous la plume de Claude Grimal :

« C'est donc un texte connu pour son extrémisme ou son illisibilité romanesque que l'on nous propose de lire. Pourtant, indéchiffrable il ne l'est pas ; difficile à suivre, oui ; monstrueux, certainement. Il s'allonge en effet de manière démesurée sans construire vraiment d'intrigue, empilant quasi ad infinitum phrases et paragraphes en une tyrannie de répétition syntaxique et phonétique. le prétexte narratif – une histoire de tous les membres d'une famille américaine, inspirée de celle de Stein, débouchant sur un roman national ou même universel – se trouve submergé par les déferlantes de prose répétitive dans un ensemble cependant assez composite.

Cela m'a bien rassérénée : bon, c'est elle qui a fumé la moquette, pas moi. Dans le même article j'apprends avec horreur que l'édition originale de « cet étrange opus, aujourd'hui grand classique du modernisme anglo-saxon, peu lu mais toujours cité comme pièce maîtresse de l'avant-garde du XXe siècle » comportait« 925 pages de 44 lignes, imprimées en caractères très serrés » (mon édition en fait 316). Et j'ai une certaine compréhension pour les éditeurs qui se sont fait tirer l'oreille : terminé en 1911, le livre n'a été publié qu'en 1925.

J'ai courageusement continué mon travail de petite soldate lectrice, engloutie par ce flot d'assertions définitives, car tout bien réfléchi, partant de l'absence totale d'humour de l'auteur, j'y ai vu moi un côté comique, voire absurde qui méritait que le cycle soit bouclé, que cette écriture sans queue ni tête, simplement assujettie à un fil directeur obsessionnel soit réellement saisie comme un tout. A mi-parcours je me suis accordé une petite pause ludique, je me suis mise à compter : Page 180, les mots répétition et répéter apparaissent 12 fois, 9 fois page 181, 14 fois page 182, 7 fois page 183. Pour ne pas céder au désespoir, j'en suis restée là, mais cela pourrait continuer. J'imagine que si j'avais une liseuse, j'aurais une fonction qui me permettrait de trouver le nombre d'occurrence dans l'ensemble du livre ; mon dieu, comme mon refus du progrès humain me prive d'informations passionnantes. !

Mais ne croyez pas que ce texte faussement pensé est incompréhensible – « illisible » - parce qu'il utilise un vocabulaire recherché, un style travaillé. C'est d'une platitude peu commune, les mots, souvent assez imprécis (traduction ?) sont enfilés comme des perles sans aucun souci d'élégance, dans des litanies infatuées d'elles-mêmes, et de la certitude de la compréhension ultime de l'homme, et de l'incroyable capacité d'analyse, que s'attribue Gertrude Stein.

"Ecouter cette répétition qui se complète elle-même jusqu'à la compréhension complète, c'est toute ma vie."

" J‘écrirai un jour un l'histoire de tous, de toutes les catégories possibles d'hommes et de femmes."

Magma à l'illisibilité largement reconnu, Américains d'Amérique ne laisse pas le moindre interstice pour une parcelle de charme, d'humour, de grâce. Il abandonne son sujet pour des discours théoriques abscons et redondants, il assène catégorise et distribue, il m'a laissée sidérée face à une pensée rigide et jamais remise en question, comme un sillon labouré et relabouré, définitivement improductif. Il m'a laissé assez interrogative sur le projet d'un éditeur français de rééditer ce texte en 2018, et qui plus est de le qualifier de roman.

Je suis ressortie de là comme d'une expérience éprouvante, déroutante, à laquelle je pensais finalement pouvoir donner un sens. Mais c'est de la part d'une femme qui ne parle que d'elle-même, une tentative si désespérée de mettre sa soi-disant perspicacité en scène que cela en tourne à un obscur absurde non recherché.
Commenter  J’apprécie          41
« Bien des choses naissent de la répétition, qui fait de chacun de nous une histoire pour celui qui les écoute toujours. »

Et c'est bien là le souci !

Car chez moi, cette utilisation à outrance de la répétition dans Américains d'Amérique de Gertrude Stein (traduite par J. Seillère et Bernard Fraÿ) ne fait naître rien d'autre que de la lassitude, puis de l'agacement avant de devenir un repoussoir.

Fidèle à mes principes, je suis allé au bout de cette saga familiale un peu particulière des Hersland et des Dehning, dont les ascendants et descendants forment un scope assez représentatif de ces parcours qui formèrent l'Amérique.

Mais sans accrocher au style, l'exercice trouve rapidement ses limites : après le Sang sur le sol de la salle à manger, ce deuxième essai prouve que Gertrude Stein n'est pas pour moi.

Pas grave, elle a tellement d'autres adeptes !
Commenter  J’apprécie          190
Remanié par l'auteur avec ses traducteurs afin d'en réduire le contenu, cet ouvrage présente les vies de membres de sa famille émigrée aux Etats-Unis pour y faire fortune. C'est l'occasion pour l'auteur de donner son sentiment et son opinion sur la vie et les comportements humains. Par contre, il est étrange que malgré le fait que l'oeuvre présentée ait été expurgée, beaucoup de répétitions, plus ou moins identiques au mot près, soient présentes.
Commenter  J’apprécie          160
Conçu à l'origine comme la chronique de la famille Stein d'origine israélite, émigrée en Amérique, et écrite au fil des souvenirs de l'auteur, le livre devient vite une relation romanesque qui, à travers l'histoire de toute la famille, donne un aperçu global de la société américaine.
Commenter  J’apprécie          10
Histoire de sa famille comme symbole de l'Amérique par l'un des représentants de la génération des américains à Paris, amie de Picasso et d'Hemingway.....
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Pour un esprit bourgeois, mais épris pourtant de variété, rien ne peut offrir plus d'attrait qu'une tendance à l'originalité, maintenue dans les limites de la respectabilité conventionnelle, une originalité, pourrait-on dire, bien habillée et mise en valeur. C'est là que la jeune fille de classe moyenne parviendra à approcher la distinction nonchalante que donne la naissance. Si l'originalité va plus loin, elle devient trop dangereuse pour que la même jeune fille se risque à la poursuivre. Elle pourrait en effet, s'y laisser bien prendre, qu'on ne la reconnaîtrait plus; on l'assimilerait à ces pauvres gens, qui ne sont pas eux-mêmes parce qu'ils ne peuvent pas faire autrement.
Jamais une jeune personne munie d'une solide tradition bourgeoise ne se mettra dans ce cas.
Commenter  J’apprécie          90
Il y a des femmes qui toutes leur vie, restent des enfants. Quant aux hommes, c'est encore plus fréquent, toute leur vie subsiste un courant d'enfantillage. Chez certaines femmes, il reste une petite fille barbouillée, chez d'autres, une petite fille douce et timide, ou bien une petite menteuse.
Commenter  J’apprécie          120
Sophie et Pauline étaient bonnes l'une pour l'autre. Sophie, la plus forte des deux soeurs, avait, ainsi qu'il arrive souvent, peur de la maigre. Ce n'est oas l'âge qui donne à une soeur de l'autorité sur une autre soeur, c'est un pouvoir que l'une a sur l'autre, et presque toujours, c'est la plus forte qui a peur de la plus maigre. Car, elle offre plus de surface aux coups d'épingles.
Commenter  J’apprécie          71
Il y a des millions et des millions d'hommes de chaque type, et chacun d'eux diffère de tous les autres par la quantité de personnalité qu'il a réellement en lui, et le mélange de tous les autres types d'êtres.
Commenter  J’apprécie          101
Nous qui vivons, nous nous considérons toujours comme de jeunes gens et lorsque, pénétrés de ce sentiment, nous reportons cette pensée sur ceux qui nous mirent au monde, nous les voyons soit comme de vieilles gens, soit comme des enfants. Nous avons beau dire, il est bien rare que nous nous voyions comme des vieillards ou des enfants. Ces parties extrêmes de l'existence sont rarement présentes à la conscience.
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Gertrude Stein (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gertrude Stein
Et observez comment cette installation se fait l'écho de l'oeuvre de Gertrude Stein. Son travail a effectivement influencé la scène d'avant-garde new-yorkaise dès les années 1960, dont le mouvement "Fluxus" rejoint par Nam June Paik avec le compositeur John Cage.
#Expogertrudestein L'invention du langage Jusqu'au 28 janvier 2024 @museeduluxembourg, Paris Infos et réservations bit.ly/BilletterieStein
Nam June Paik (Fluxus), Gertrude Stein, 1990, 249 × 196 × 94 cm © Courtesy James Cohan Gallery, New York © Nam June Paik Estate
Abonnez-vous à notre chaine YouTube : https://www.youtube.com/channel/UCyAiVPzrW_o5PuNl6UH3JNg
+ Lire la suite
autres livres classés : émigrationVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (20) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1821 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *}