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EAN : 9782851816412
76 pages
L'Arche (26/12/2006)
4.06/5   17 notes
Résumé :
Réputé à tort une " tragédie naturaliste ", Mademoiselle Julie est le drame de Strindberg le plus souvent représenté en Suède et à l'étranger ; quant au Pélican, il s'agit d'une " pièce de chambre " à la tonalité plus intimiste. Ces deux œuvres témoignent de la même ambition : créer des personnages et non des archétypes, une mère et non la mère, une avare qui ne soit pas seulement l'avarice, un intrigant qui ne se réduise pas à l'ambition. Le théâtre, selon Strindbe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Brrrr !… Voici une pièce glaçante ; une pièce venue du froid et pas seulement parce que son auteur est suédois. Non, une pièce glaçante car elle est crépusculaire, sans espoir, sans issue sauf l'issue fatale.

Il s'agit d'une courte pièce en trois actes, dite pièce de chambre, c'est-à-dire un drame dépouillé de toutes sortes de scènes digestives entre les moments forts. Ici, il n'y a qu'un moment et c'est précisément celui qui aurait été le point d'orgue, l'apogée d'une pièce de forme plus classique. Une sorte de nouvelle théâtrale si vous me permettez cette approximation.

Il y a donc peu de personnages en général et peu de personnages secondaires en particulier. On est tout de suite introduit dans la situation paroxysmique. Mais avant d'entrer un peu plus dans le détail du synopsis, peut-être n'est-il pas inutile de nous arrêter quelques instants sur cet étrange titre.

Bien évidemment, il n'est jamais question d'oiseau marin dans cette pièce un peu comme dans La Mouette de Tchékhov. C'est donc un titre symbolique mais je vous avoue que, forte de mon incroyance et de mon ignorance en matière religieuse, j'ai cherché longtemps quel pouvait bien être le symbole en question. Alors que toute bonne chrétienne un peu au fait des iconographies sacrées aurait de suite perçu la métaphore.

La réponse se trouve pour partie dans la biologie et pour partie dans les interprétations humaines et le credo chrétien. Le pélican, en tant qu'oiseau marin, n'a rien d'extraordinaire dans sa façon d'élever ses petits. Il fait un nid, pond quelques œufs dont il sort deux ou trois oisillons odieux avec des têtes nues de dinosaures embryonnaires qui peu à peu se déguisent en oiseaux de mer. Pour assurer la croissance de ces jolies petites bêtes, les parents se succèdent au nid avec un jabot plein de bouts de poissons sanguinolents plus ou moins fraîchement pêchés et à divers stades de leur digestion. Les petits oviraptors fourragent alors généreusement dans les entrailles de leurs parents pour en extraire des victuailles qui pourraient, avec un regard mal affûté, faire penser à quelque organe vital du parent en question.

De là à imaginer que le pélican va jusqu'à se sacrifier pour sa progéniture en leur donnant à manger son propre cœur, il n'y a qu'un pas pour le mauvais observateur de la nature, (dont les théologiens et iconographes chrétiens font partie puisqu'en plus d'une très mauvaise observation biologique, ils représentent sur leurs églises des pélicans avec des têtes d'aigles, preuve d'une mauvaise observation artistique) désireux de trouver à tout prix dans la faune des manifestations du sacrifice du Christ. (Je signale au passage que pour cette même raison, le pélican a été choisi pour les représentations héraldiques dans le sud-est de l'Europe, et, ce faisant, par Hergé comme symbole de la Syldavie.)

Ceci dit — pardonnez-moi cette longue digression —, voici donc au moins l'un des thèmes de la pièce qui nous serait ainsi révélé : le sacrifice pour les enfants. Mais de suite, une nouvelle ambiguïté se fait jour : qui est le Pélican ? le père ou la mère ? S'il s'agit de la mère, comme il est probable puisque c'est le personnage principal, s'agit-il d'une franche ironie, d'un sarcasme de l'auteur ou d'une envie de ce dernier de mettre le doigt sur la notion de " perception de sacrifice " et la distance qui peut la séparer du sacrifice véritable ?

Car, bien qu'elle s'imagine (peut-être sincèrement ?) avoir admirablement rempli sa mission conjugale et maternelle tout au long de sa vie, la mère dont il est question ici ressemble à tout sauf à quelqu'un qui se sacrifie pour les autres, et tout particulièrement à l'endroit de ses enfants. Elle apparaît aussi aimante qu'une clef à molette et les a laissés jeûner dans le froid la majeure partie de leur existence.

Toutefois, se rend-elle seulement compte de la vie qu'elle leur a offert ? Le père, quant à lui, vient de mourir et l'on saute déjà sur le couvercle du cercueil pour connaître la part d'héritage qui échoit à chacun.

Le fils et la fille sont faméliques bien que cette dernière vienne de célébrer son mariage avec un drôle d'individu qui semble nourrir d'étranges relations d'intimité avec la mère…

Je ne vous en dit pas davantage mais sachez seulement qu'il se dégage une glauquissime impression de cette pièce ou Strindberg veut nous dire que nous nous berçons d'illusions et que nous nous cachons derrière les paravents factices des apparences. Et quand on se décide à lever ces voiles et ces caches, on ne doit s'attendre à découvrir que le visage hideux de la mort…

Encore un dernier mot, peut-être, car j'ai jusqu'à présent gardé le silence sur un trait pourtant saillant de la pièce et de son auteur, à savoir que le texte est constellé, qu'il suinte et qu'il transpire par tous les pores une franche misogynie. On peut également affirmer qu'il exsude une vison absolument calamiteuse et désolante de la maternité, présentée comme un insupportable fardeau pour la mère et carrément pire que l'enfer pour les rejetons…

Joli programme, n'est-ce pas ? Mais ce n'est bien sûr qu'un avis à plumes blanches muni d'un grand bec au-dessous duquel une longue poche disgracieuse, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Le Pélican est l'histoire d'une famille déchirée arrivée à un point de non-retour. le père est mort récemment, et tout de suite, on ressent que rien ne va dans cette famille où la seule domestique, dès le tout début, reproche à la mère de s'être montrée maltraitante envers ses enfants et ses employés.


Le père est mort récemment, il semble que la famille soit quasiment ruinée, le fils va être obligé de trouver une chambre à louer parce que la fille et son mari reviennent tout juste de leur voyage de noces écourté pour s'installer dans la maison. Une maison où il fait froid et où la présence du père est palpable de façon continue, comme un fantôme : ainsi, son fauteuil à bascule ne cesse de se balancer, terrifiant la mère. Une mère qui prétend avoir nourri ses enfants de son sang, d'où la métaphore du pélican. Sauf qu'elle les affamés au lieu de les nourrir, qu'elle ne les obligeait à vivre dans un froid continuel, qu'elle a trompé son mari et refilé son jeune amant à sa fille tout en continuant à coucher avec lui, et qu'elle n'a cessé de voler l'argent de la famille, trompant tout le monde. le véritable pélican, ce n'est donc pas elle.


Toute cette famille a vécu dans un mensonge continuel, étouffée par une femme qui a mené son mari indirectement à la mort. C'est là une charge terrible contre une forme d'illusion : celle du bonheur familial, du doux foyer, de la mère aimante, des liens du sang plus fort que tout. Une illusion qu'a portée le XIXème siècle avec son modèle bourgeois qui n'est qu'apparences et tromperies. L'image des somnambules, qui revient sans cesse, est là pour mettre le doigt sur l'incapacité de la société à regarder les choses en face et à s'émanciper.


La pièce va vite et fort, jusqu'à se refermer sur des personnages qui n'ont plus d'issue. Parce que la mère ne peut se sortir de son rôle, comme les enfants sont incapables de lui échapper, tout en ayant enfin compris qui elle était. Les répliques, en revanche, courtes au début deviennent plus longues au fil des trois actes, et particulièrement dans le troisième et dernier. Les personnages développent alors, en lien avec le style des dialogues tendant un peu à l'emphase, comportement de plus en plus excessif, tout comme le père, dans le passé, avait montré un comportement délirant où il avait hurlé dans la nuit. Cet excès, qui n'est pas nouveau chez Strinberg, est probablement nécessaire pour en arriver à la fin terrible de la pièce. Ce côté excessif de Strindberg n'est pas ce que je préfère chez lui, encore qu'ici ça n'atteigne pas un degré qui m'insupporterait.


Le sujet est très fort, forcément très sombre (enfin bon, on est chez Strindberg, faut pas s'attendre à nager dans un océan de roses à l'odeur enivrante), le traitement efficace malgré mon petit bémol sur le style - question de goût, pour le coup. Dans le même genre de sujet, j'ai préféré Amour maternel, pièce plus ancienne, plus sobre et plus courte au Pélican, pièce de 1907 - une des dernières de Strindberg. Mais si on a envie de s'attaquer au sujet de la famille, avec ce qu'elle peut avoir de malsain, ainsi qu'à la dénonciation de la société corsetée du tournant de la fin du XIXème et du début du XXème, c'est à lire.


On notera que Strindberg a dit avoir beaucoup souffert à cause de cette pièce qu'il a songé à détruire, de l'écriture aux représentations, sans pour autant regretter de l'avoir écrite. Ce qui laisse penser que son implication dans le Pélican fut énorme, peut-être encore plus que d'habitude. Déjà que, hein...
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de son aile pendante abritant sa couvée,
Pêcheur mélancolique, il regarde les cieux.
le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte;
En vain il a des mers fouillé la profondeur;
L'océan était vide et la plage déserte;
Pour toute nourriture il apporte son coeur.
Sombre et silencieux, étendu sur la pierre,
Partageant à ses fils ses entrailles de père,
Dans son amour sublime il berce sa douleur;
Et, regardant couler sa sanglante mamelle,
Sur son festin de mort il s'affaisse et chancelle,
Ivre de volupté, de tendresse et d'horreur.

Chez Strindberg, le pélican c'est la mère, il parait que le pélican a la capacité de nourrir ses petits avec son sang, au détriment parfois de sa propre vie.

Bien sur c'est un mythe, démenti dans les bons manuels de zoologie. Il en subsiste un symbole, une sacralisation de la mère, nourricière, providence inconditionnelle.

Mais rien n'est sacré pour Strindberg, ou alors tout est sacré, et donc tout est symbole et doit être désacralisé. Et tout le sera, par le feu.

Car on pourrait croire que A.S procède à l'analyse méticuleuse et savante des tourments de l'âme humaine alors qu'il est un iconoclaste forcené et un destructeur anarchique.

"Je suis le destructeur, le démolisseur, l'incendiaire du monde, et quand le monde sera réduit en cendres, je me promènerai, affamé, parmi les décombres, joyeux de pouvoir dire : c'est moi qui ai fait cela, moi ; c'est moi qui ai écrit la dernière page de l'histoire du monde, vraiment la dernière."

Le duvet de la mère cache une Folcoche, le nid est un noeud de vipères et la réalité est un cauchemar duquel émergent un à un les membres de la famille, somnambules complaisants, dont le réveil sera fatal.

Peu à peu déplumé, le pélican se révèle un corbeau que ses enfants déclassent, du rang de mère au rang de servante. Car rien n'est sacré et tout est faux.

Les écrits de Srindberg, dont la mère était la servante de son père avant de l'épouser et de mourir prématurément, sont sans cesse emprunts de sa vie et portent stigmates de son combat et sa révolte contre une société dogmatique et conformiste qu'il exècre et qui le décrètera scandaleux.
C'est bien le moi de l'auteur qui fonde l'unité de sa prolifique production littéraire.

" Ce qu'il me faut, c'est absolument savoir. Et pour cela je vais faire sur ma vie une profonde, une discrète et scientifique enquête. Utilisant toutes les ressources de la nouvelle science psychologique, en mettant à profit la suggestion, la lecture de pensée, la torture mentale, je chercherai tout. "

Et ce n'est donc pas uniquement un subtil portrait au vitriol des travers petit-bourgeois, pas uniquement une autopsie à vif du tabernacle familial, que nous livre un écrivain du prolétariat à travers le pélican. C'est peut-être également un autoportrait masochiste dans lequel le cynisme de Strindberg exulte contre la providence : nous en sommes tous les victimes complaisante, le jeu est toujours double, nous sommes somnambules et l'existence est une supercherie, le bonheur également. Car la mère, le sein, c'est la terre, le monde des damnés dont l'origine et la fin,n'est qu'un rêve éveillé.

C'est surement pour cela, après des années passées à vivre éveillé parmi les somnambules que Strinberg a déclaré " Je veux devenir fou".

Poète, c'est ainsi que font les grands poètes.
Ils laissent s'égayer ceux qui vivent un temps;
Mais les festins humains qu'ils servent à leurs fêtes
Ressemblent la plupart à ceux des pélicans.
Quand ils parlent ainsi d'espérances trompées,
de tristesse et d'oubli, d'amour et de malheur,
Ce n'est pas un concert à dilater le coeur ;
Leurs déclamations sont comme des épées :
Elles tracent dans l'air un cercle éblouissant;
Mais il y pend toujours quelques gouttes de sang.

Musset
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D'après Elise la mère de cette pièce le pélican pourrait nourrir ses petits avec son propre sang, en cas de nécessité au risque d'y laisser la vie. Une mère qui a toujours affamé ces petits, se cachant dans la cuisine pour voler la crème du lait et ne laisser que le reste à ses enfants, les laissant mourir de froid plutôt que de rajouter une buche dans le feu même si le père aurait donné ce qu'il fallait.

Lors de la mort de ce dernier les masques tombent. On découvre que cette mère qui se dit aimante est égoïste, avare, menteuse, prête à tout, même à séduire le mari de sa fille pour obtenir ce qu'elle veut.

Les pauvres enfants (ils sont adultes) sont incapables de résister à cette mère dominatrice malgré tous le mal qu'elle leur a faits. Gerda d'ailleurs ne pourra jamais avoir d'enfant tant les privations l'ont minées et Fredrik est toujours malade.

Pourtant après le décès de leur père les enfants découvrant la vérité essaye de combattre où tout au moins faire admettre la vérité mais peut on luter contre sa propre mère ?

On se trouve à un moment de rupture : mort du père, perte des repères, liens familiaux brisés.

Strindberg a crée une fois encore une pièce forte, violente, des personnages sombres. Encore une fois je me suis laissé aller dans l'univers de cet auteur et j'ai frémis avec les personnages.
Lien : http://memelessorciereslisen..
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Cette pièce de théâtre plutôt courte et rapide à lire, est assez simple à comprendre comme à lire. Les personnages sont complexe et surtout ils ne sont pas gentils ou méchants, ils sont juste des êtres humains. Donc on se sent proche d'eux.
L'histoire se passe après la mort du père de famille, la mère est obligée de veiller sur le corps de son époux. C'est la première scène dont le premier acte; c'est où on commence à comprendre les personnages mais surtout l'histoire.
J'ai plutôt bien apprécié cette pièce, même si elle est glaçante ! La mère est juste horrible en vers ses enfants et surtout en vers son mari. On plein plus facilement les enfants hors on se rend compte qu'ils ne sont pas si blanc que ça.
Je vous conseille cette pièce enfin si vous aimez les pièces de théâtre on peut dire que cette pièce est dramatique comme celles de Williame Shakespeare
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
GERDA : Les gens vous disent méchant si l'on dit ce qui est vrai… Tu es tellement méchante, me disait-on toujours lorsque je déclarais qu'une chose mauvaise était mauvaise… Et puis, j'ai appris à me taire… Alors, j'ai été appréciée pour mes bonnes manières ; puis j'ai appris à dire ce que je ne pensais pas, et alors, je me suis trouvée prête à entrer dans la vie.

Acte II.
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GERDA : Je suis comme une somnambule, je le sais, mais je ne veux pas être réveillée ! Alors, je ne pourrais pas vivre !
LE FILS : Ne crois-tu donc pas que nous tous, nous sommes comme des somnambules ?… Je fais des études de droit, comme tu le sais, je lis des comptes rendus de débats judiciaires. Eh bien ! je vois que de grands criminels ne peuvent expliquer comment les choses se sont passées… et ont pensé qu'ils agissaient correctement jusqu'au moment où ils ont été découverts et se sont réveillés ! Si ce n'est pas un rêve, c'est sûrement du sommeil !

Acte II.
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LA MÈRE : Connais-tu MON enfance, à moi ? Soupçonnes-tu le mauvais foyer que j'ai eu, tout le mal que j'ai appris là ? […] Ne m'accuse pas, donc, et je n'accuserai pas mes parents, qui pourraient accuser les leurs, et ainsi de suite ! D'ailleurs, c'est comme cela dans toutes les familles, bien que cela ne se manifeste pas aux gens du dehors.

Acte III.
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MARGRET : S'il en venait une, elle ne resterait pas… J'ai vu cinquante femmes de chambre ficher le camp…
LA MÈRE : Parce que c'étaient toutes de mauvaises personnes et c'est ce que vous êtes toutes…
MARGRET : Merci beaucoup !… Bon ! Maintenant, ça va être l'heure de Madame ! Chacun son heure ; chacun son tour !
LA MÈRE : Est-ce que j'en aurai bientôt fini avec toi ?
MARGRET : Oui, bientôt ! très bientôt ! Plus vite que vous ne croyez !

Acte I.
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GERDA : Sais-tu pourquoi père haïssait mon mari à ce point ?
LE FILS : Oui, ton Axel est venu lui prendre sa fille et son épouse, de sorte qu'il a dû rester tout seul ; puis, le vieux a bien vu que son gendre était mieux servi à table que lui-même ; vous vous enfermiez au salon, faisiez de la musique et lisiez, mais toujours de façon déplaisante pour notre père ; il se trouvait évincé, chassé de son foyer et c'est pour cela qu'il est allé au cabaret pour finir.

Acte II.
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Videos de August Strindberg (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de August Strindberg
« Rares sont les auteurs suédois qui ont joué un rôle dans la littérature mondiale. Swedenborg (1688-1772) fut l'un d'eux […]. Un autre fut le Strindberg (1849-1912) des dernières années […]. » (Kjell Espmark)
« La voix de Tomas Tranströmer (1931-2015) est celle d'un homme de notre temps, un homme dont les poèmes nous apprennent qu'il a voyagé […] ; un homme qui est surtout très ordinairement père de deux enfants, qui prend sa voiture pour se rendre à son travail, dort parfois dans des hôtels, et plus souvent encore dans sa propre maison en Suède. […] Rien là qu'un lecteur de cette fin de siècle n'ait pu vivre lui-même. […] […] ses poèmes nous semblent […] un « parti pris des choses ». […] Un monde complexe s'étend sur la page : ainsi la nature suédoise, rugueuse sans être inhospitalière - des fortes profondes, des racines tortueuses, des fjords semblables à des déchirures dans la terre, des pierres partout, la neige surtout. […] Tranströmer ne se voue pas, en le recensant, à la banalité du monde contemporain. […] Trop humble, Tranströmer, c'est-à-dire trop rieur ; il déclarait discrètement éprouver ce litige en évoquant toutes ces « choses qu'on ne peut écrire ni passer sous silence » […] Qu'elle soit métaphore, analogie ou comparaison, l'image redouble la chose, la sort de cette indifférence où le langage que Tranströmer dit « conventionnel » la tient ; la sort de son idiotie en lui donnant un reflet, cette différence dont notre regard nécessairement la doue. Sans doute ce langage « conventionnel » suffit-il à désigner les objets que nous plions à nos usages : leur silence, c'est-à-dire leur façon d'être absents des mots, signale assez notre familiarité avec eux. Mais lorsque soudain nous réalisons leur présence dans son épaisseur et sa différence véritables, alors leur altérité radicale nous apparaît. Ni les noms communs ni nos usages quotidiens n'épuisent ce surplus […]. Ce surplus est l'appel auquel l'image répond […]. Réaliser, c'est prendre conscience et rendre réel ; c'est réponde à la nécessité que deux vérités s'approchent, « l'une de l'intérieur, l'autre de l'extérieur », l'une dicible, l'autre visible, et dialoguent par-delà leur séparation. […] Tel est le sens du face-à-face que crée la poésie. […] le pouvoir infini de création verbale qu'exprime l'image poétique est la métaphore de notre rapport infini au monde. Par lui, nous accédons à la conscience de ce qui nous dépasse. […] » (Renaud Ego)
« […]
Un an avant ma mort, j'enverrai quatre psaumes à le recherche de Dieu. Mais cela commence ici.
Un chant sur ce qui nous est proche.
Ce qui nous est proche.
Champ de bataille intérieur où nous les Os des Morts nous battons pour parvenir à vivre.
(Tomas, Tranströmer, Un artiste dans le nord) »
0:00 - Les pierres 0:45 - Kyrie 1:19 - de la montagne 2:03 - Sombres cartes postales II 2:20 - Haïkus I 2:31 - Haïkus X 2:45 - Générique
Référence bibliographique : Tomas Tranströmer, Baltiques, traduit par Jacques Outin, Éditions Gallimard, 2004
Image d'illustration : https://sis.modernamuseet.se/objects/83349/tomas-transtromer
Bande sonore originale : So I'm An Islander - Lonely Secrets We Had Lonely Secrets We Had by So I'm An Islander is licensed under a CC BY-SA 3.0 Attribution-ShareAlike license.
Site : https://www.free-stock-music.com/soimanislander-lovely-secrets-we-had.html
#TomasTranströmer #Baltiques #PoésieSuédoise
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