J'avais besoin de lire un roman simple, sobre et efficace. Mes dernières lectures étaient trop empreintes de violence, physique ou psychologique, il me fallait donc une histoire plus vraisemblable (à laquelle je puisse m'identifier), sans trop de personnages (ils sont cinq, ici), dans un contexte que je connais (Paris).
J'ai donc choisi
Comme un père, de
Laurence Tardieu. J'aime sa façon d'écrire, les relations humaines qu'elle décrit, les portraits qu'elle fait de familles souvent déchirées, d'âmes en peine en quête d'espoir.
Louise a 25 ans, elle est sculpteur. Un jour, elle reçoit une lettre. Son père sort de prison. Son « père » … C'est là un bien grand mot, comment qualifier ainsi un homme qu'elle n'a jamais connu que derrière les barreaux, et dont elle ne parlait que très peu avec sa mère ? Un inconnu dont elle a hérité des gênes, voilà ce qu'il est… Et sa mère … disparue tragiquement, renversée par une voiture alors qu'elle se rendait à la boulangerie acheter du pain pour sa voisine malade. N'est-ce pas là la plus grande injustice de sa vie ? Être amputé de l'être qui l'a construite, et hériter de celui qui a fauté, qui a fait du mal et blessé celle qu'il aimait ?
Et pourtant Louise accepte d'héberger ce père qu'elle renie, pour quelques jours seulement, dans l'appartement qu'elle partage avec Lucien, son compagnon, en voyage d'affaires au Luxembourg. Doux hasard qui fait que l'amant laisse place au père.
Comment laisser entrer cet homme dans sa vie, alors que depuis sa tendre enfance, elle a appris à vivre sans ? Est-il trop tard pour accepter cet homme et devenir sa fille ?
En confrontant les sentiments du père accablé, essoufflé, réunissant ses dernières forces pour retrouver son enfant, à ceux de la fille, tenace, acharnée, reniant l'existence même de cet homme,
Laurence Tardieu explore la complexité de l'absence, le besoin de pardon et l'érosion des blessures., qui ne guérissent jamais complètement.
N'est-il jamais trop tard pour pardonner ?
« Soudain il est trop tard
Toutes les fleurs se sont fanées
Il n'y a plus d'été
Soudain il est trop tard
De tout mon coeur abandonné
N'est qu'une blessure »
(Claude François – Soudain il est trop tard)