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3,73

sur 212 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La collection « Un été avec » n'a pas la prétention de faire étude.
Elle est confiée à des écrivains qui donnent leur vision d'un auteur.
Le but radiophonique aboutit à des billets courts.
Le livre ne constitue pas une étude exhaustive mais bien le ressenti, la vision de celui qui raconte.

« Un été avec Rimbaud » entraîne trois lectures :
-celle de Tesson
-celle de Tesson présentant Rimbaud
-la nôtre réagissant à l'un et à l'autre

Jeux sur les mots et les références (« Longtemps, il a marché de bonne heure »,…), métaphores personnelles, réflexions sur notre société, références à d'autres poètes (notamment Hugo pour faire sentir la différence, Baudelaire…), etc…, le meilleur de Tesson s'y retrouve.

Quant à Arthur, le meilleur et le pire, la clarté et les ombres, l'ennui, le satané ennui qui brûle tout sur son passage, et l'aventure des mots puis l'aventure africaine, le mystère et la fumisterie, le voyant et l'impénétrable,…
Les mots comme étendards et comme balles de fusils. Les mots qui saccagent et recréent. Les mots dont il possède la connaissance et qui nous laissent pantois, brutalisés, marqués.
Sylvain Tesson : « Qu'est-ce qu'une poésie qui ne s'écrit pas dans la douleur? Une chanson de variété. »
Comme Arthur, « poète maudit », Tesson rejoint pour certains contemporains une nouvelle classe maudite de littérateurs.

La langue que Tesson défend, forte de son histoire et de son passé, la langue qui, elle seule, peut dire l'essence de la pensée et des Hommes, la langue est là avec ses beautés, ses fulgurances, ses références.

Un Rimbaud voyageur vu par un autre voyageur, les lignes sur la route sont éloquentes et ressenties.
Un voyage destructeur pour Arthur, toujours en recherche, en attente sans réponse.

Un Arthur qui ne trouva ni la richesse ni la paix et qui demeure une énigme que beaucoup tentent de résoudre en vain.
A chacun d'y trouver le sien, Rimbaud cherchait-il à être compris?
Il éructe et secoue, il dit l'homme à l'homme, il n'est jamais en paix. Il détruit et reconstruit, il demeure et s'échappe.

Tesson a raison lorsqu'il insiste sur le laisser-aller de la lecture sans analyses ni recherches trop intellectuelles (sans dénigrer le travail des chercheurs de tous bords bien que Tesson s'en prenne un peu à eux.)
Laisser les mots agir, pénétrer, susciter.
Laisser les sens éclater, meurtrir, apaiser.

Sylvain Tesson trouve une justesse lucide dans des paragraphes éblouissants de sensibilité.
« Je est peut-être un autre, mais pas celui qu'on croit! ».
Ce livre en apporte l'illustration et fait croître l'humilité du lecteur face à celui qui ne sut pas la légende qu'il deviendrait.

D'ailleurs qu'aurait-il pensé de nos jugements, de nos interprétations?
Lui seul a tenté de posséder la clef de lui-même comme il possédait celle de ses mots.
Dromomanie, plongeon dans l'inconnu, auto-destruction : la lucidité est cruelle à celui qui la vit.
Rimbaud n'aura jamais fini d'interpeller tout en demeurant un mystère absolu.
Sylvain Tesson nous le fait bien comprendre et provoque à travers son interprétation et ses circonvolutions mêmes l'envie de retourner au texte.
Le but est atteint.


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Les chants (de bataille) du roi Arthur.
L'écrivain voyageur Sylvain Tesson réussit la gageure de concilier la diffusion sur les ondes radiophoniques de France Inter d'un texte ciselé de quatre minutes, se suffisant à lui-même, à raison de quarante émissions durant l'été 2020 avec la constitution, où tous les textes s'emboîtent parfaitement, d'un essai personnel, documenté et convainquant sur la vie et l'oeuvre d'Arthur Rimbaud, poète météorique des lettres françaises. Des ondes à l'encre, de l'oral à l'écrit, les textes lapidaires de Sylvain Tesson tiennent la route et sont au diapason de l'oeuvre dense mais mince d'Arthur Rimbaud. Aux maux posés du poète répondent les mots pesés de l'écrivain. Les trois parties déclinent le chant du poète, de l'aurore au crépuscule, suivant la trajectoire d'une courte vie vouée à l'ennui, à l'expiation et au renoncement. Pourtant, la lumière du verbe rimbaldien illumine encore nos vies égarées. Tesson et Rimbaud ont le sens de la formule. Dès le prologue, Sylvain Tesson part du bon pied en arpentant, en compagnie de son éditeur Olivier Frébourg, durant quatre jours, l'itinéraire rimbaldien d'octobre 1870, de Charleville à Bruxelles, en passant par Charleroi. En marchant, les points de vue changent. Rien ne vaut une immersion dans la géographie du poète pour que les mots se délient et que les images se révèlent. le « Wasserfall blond » des Illuminations n'est pas une cascade mais une cataracte de lumière dévalant par une trouée de la sapinière jusqu'au sol, une pluie de photons que quiconque peut découvrir, en marchant dans les Ardennes ou dans des contrées similaires quand les forêts d'épicéas densifient les ombres et affolent les sous-bois. L'aube y prend alors une autre dimension.
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Comme toujours Sylvain Tesson vadrouille là où son sujet a mis les pieds c'est à dire les Ardennes en traversant une partie des boucles de la Meuse , Rimbaud (1854-1891) a passé sa vie à marcher .” Verlaine décrit l'increvable Arthur des chemins creux.. ”Rimbaud a marché comme il a vécu, jusqu'à l'épuisement “ En lisant ce Tesson je me remémore pas mal de choses digressives certes, étant ardennais de Rethel, longtemps j'ai cru ces deux poètes des petits gars du coin ! Oui je suis allé en primaire à l'école Notre Dame, Verlaine lui, enseignait pas très loin au collège Notre Dame de cette petite ville. Dès 13 - 14 ans je parcourais le coin en vélo et me rendais à Juniville sans savoir d'ailleurs que Verlaine y vivait, mon cousin était en pension dans ce village. Je poussais même jusqu'à Chuffilly-Roche à 18 kms sans savoir qu'ici Rimbaud écrivait une “Saison en enfer”, à vélo vous avez le temps de voir les paysages et les chemins creux foulés par ces deux lascars. Étonné d'ailleurs que Verlaine originaire de Metz et Parisien plus tard achète en 1880 une ferme à quelques kms du repaire de Rimbaud… Je me suis dit aussi (Tesson n'en parle pas) que Rimbaud comme tout bon ardennais devait avoir ce foutu accent régional sans compter le patois local.. il ne faut pas chercher longtemps.
”Ernest Delahaye un ami d'enfance du poète, signale qu'au moment de « son arrivée à Paris en 1871, Rimbaud avait un accent ardennais assez fort “, mais qu'il « le perdit presque immédiatement » et qu'après « six semaines de séjour », il « parlait comme un Parisien “né natif “ .
C'est quoi ce terrible accent ardennais ? Mes proches me disent que je ne sais toujours pas dire “oui” !! je prononce plutôt o-u-i , Rimbaud ne disait pas “dans les bois” mais prononçait “dans les boas” . A contrario Rimbaud s'amuse avec le patois ardennais , pour une flaque d'eau il écrit flache:
“Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache Noire et froide…”
“Darne” pour: fatigue, malaise ou vertige il écrit: « Lui darde [le soleil] une migraine et fait son regard darne ». Sans parler du mot “après” ..« J'attends après le train » . (Tiré du lexique ardennais de Rimbaud, Jean Baptiste Baronian /Académie de Belgique)
Toujours à vélo et toujours dans les Ardennes, il n'y a que 5 kms de la ferme de Rimbaud pour rejoindre Attigny, le village d'André Dhôtel qui publia en 1955 ce formidable livre: “Le Pays où l'on n'arrive jamais
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Sylvain TESSON. Un été avec RIMBAUD.

L'année vient de débuter. Déjà 10 jours sur le tableau. Et moi, j'ai déjà quatre livres en cours de lecture. Non je ne vais pas vous donner les titres. Je ne parviens pas à avancer, juste 20 à 30 pages au quotidien. Je me suis lancée un défi : 150 livres au compteur en décembre 2022. Mais à ce régime je n'atteindrai même pas les 15. J'ai trouvé sur une étagère, à la médiathèque un petit livre, orange, petit format, consacré à RIMBAUD. J'aime la poésie et j'essaie de lire ou relire un poème chaque jour. Ce matin je me suis plongée dans ce fascicule. Merci Sylvain de nous présenter ce poète exceptionnel. le déroulement de la biographie de cet être hors du commun est parfaite. Nous apprenons tout sur cet auteur et les citations agrémentant le texte sont pertinentes . C'est un réel plaisir de mettre nos pas dans ceux de Arthur, guidé par Sylvain. J'ai pris ce livre ce matin à 8h et le l'ai refermé à 10h 30. Notant une citation par-ci, une autre un peu plus loin.

Arthur RIMBAUD est un de mes poètes favori. . C'est un homme beau, nomade, aujourd'hui, nous dirions, c'est un routard. Il quitte son pays, ses amis, sa famille sur un coup de tête. Un jour ici, le lendemain, selon le moyen de transport utilisé, il est à 50 ou 200 kilomètres. Nous sommes au XIXème siècle, le TGV, n'existe pas et les vols aériens non plus. C'est le balbutiement des transports. Il faut marcher, beaucoup marcher pour atteindre l'étape suivante. Il est atteint, selon les psychiatres de dromomanie. C'est un véritable vagabond. Il parle du monde minéral, animal et humain par énigmes et nous devons chercher dans ses écrits poétiques le fil de départ et tirer pour dérouler l'écheveau. « L'éternité, la mer, le soleil. En trois mots, le cosmos », C'est un rêve éveillé qui émane de ses vers. Sa poésie est sublime, teintée d'une grande sensibilité. Pour lui, « L'homme c'est le Verbe ». Il n'y a plus rien à dire. Il ne nous reste plus qu'à nous plonger, nous replonger, lire, relire « Une saison en enfer », «  les illuminations », sa correspondance, ses poèmes et rêver. ( 10/01/2022).

Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Arthur Rimbaud, qui était-il en fait ? Un poète naviguant sur l'ivresse du monde ? Un éternel adolescent ordalique ? Un génie qui s'ignorait ? Et si tout simplement Rimbaud avait été Arthur, une légende sans avoir été roi mais avec toute une mythologie digne des chantres grecs. Un être inclassable qui a gardé ses errances au plus profond de lui-même sur un fil de vie rompu trop tôt.

Sylvain Tesson fait un grand bon dans l'histoire des aèdes intemporels : après avoir navigué sur les vagues de vers de l'homme aux mille ruses, il s'empare de son bâton de pèlerin, avec Olivier Frébourg, pour suivre le chemin littéraire et onirique de l'enfant des Ardennes et, coïncidence délicieuse, au moment où des restrictions de mouvement sont ordonnées lors d'une alerte à la mobilisation d'une vésanie collective.

Résultat des courses : des pastilles salutaires sur les ondes de France Inter et un bréviaire thérapeutique aux Editions des Equateurs/Radio France pour palier aux effets secondaires des traitements voulant effacer les déraisons du vagabondage salvateur.

En garde à toi noble lecteur, peut-être découvriras-tu que ton « je » est « un autre » ! Si les envolées tessoniennes, parfois emphatiques, font tourner la tête, elles ont le mérite suprême d'inverser le sens de la grande roue des injonctions de normalité pour nous flanquer un miroir d'où ressort une psyché de nous-mêmes ; purification d'un cristallin devenant opaque par la dictature de la vitesse et des batailles égocentriques.

Point de biographie longue et ennuyeuse, tout simplement un hommage direct et décapant au poète de Charleville-Mézières avec en prime une bonne petite claque à tous ceux, passé, présent et futur, qui récupèrent l'image d'Arthur selon leurs convictions personnelles, faisant parler et retranscrire le capitaine du bateau ivre sur les parois de leur cave imaginaire sans réaliser que « Rimbaud est une épine plantée dans l'autosatisfaction de ses continuateurs ».

Je fais certainement partie de cette piètre caste n'ayant jamais réellement compris « l'homme aux semelles de vent » oscillant entre admiration et désintérêt. Aussi, mes biens chers frères et soeurs, ce petit manuel orange est un miracle pour retrouver la foi dans la verve d'Arthur Rimbaud. Sylvain Tesson avec un humour à faire fondre de rire les plus hauts glaciers – attention, aucune attention de le responsabiliser dans le réchauffement climatique – transporte la poésie et les jongleries foutraques de Rimbaud dans notre société du XXI° siècle sans pour autant faire voler des prosopopées.

Au fil des pages, c'est un brin de bruyère qui voltige, un verre qui se casse, un Verlaine énamouré, un père absent, une mère échappant à l'échappé, une révolte qui aurait pu mener à une révolution, une corne d'Afrique mettant un coup de klaxon dans l'enfer du poète, une maladie à ronger les os, des rêves déchus, des inspirations vertigineuses, du baroque dans la contemplation de la simplicité du vivant.

Même si vous restez sédentaire durant l'été ou en toute saison, déguster cet ouvrage vous permettra de rester en mouvement, dans une perpétuelle valse des mots ; bouger dans son esprit est déjà une mise en avant sur le monde et les autres, le « logos étant l'alliance de l'homme ».
Lien : https://squirelito.blogspot...
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1 kilomètre à pied ça use, ça use... 1 kilomètre à pied ça use, ça use les souliers... Arthur Rimbaud et Sylvain Tesson sont des marcheurs. Rimbaud, dans ses Ardennes natales, fera de longues promenades. Puis la Belgique, l'Angleterre... pour finir par l'Afrique.

J'ai bien aimé cette balade. Premier livre de Sylvain Tesson, facile à lire mais avec des redites. J'ai lu beaucoup de livres sur Rimbaud et c'est là une autre vision.
Ce qui m'a plu c'est de lire que son oeuvre est difficile à comprendre. J'aime ses poèmes parmi les plus connus (Le dormeur du val, Sensation, A la musique… ), mais je n'ai jamais pu lire « le bateaux ivre » malgré plusieurs tentatives, je ne le comprends pas.

C'est la vie de Rimbaud qui m'intéresse et sans chercher à comprendre son oeuvre, j'y prends ce que j'aime.
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Egal au talent de cette série d'été de France Inter, j'ai pu revoir certains éléments qui m'ont échappées lors de son écoute l'en dernier, et puis la qualité d'écrire de Tesson ajoute un réel plus à ce récit. Hâte de savoir quel sera le prochain un été avec...
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Ce petit livre rend un bel hommage au jeune poète Arthur Rimbaud, auteur d' "Une saison en enfer" et des "Illuminations".
Instructif, éclairages sur sa vie, sa vocation, son génie, sur son oeuvre poétique.
Quelques commentaires, des analyses subtiles sur des extraits de poèmes de Rimbaud.
Selon l'auteur, Arthur Rmbaud ne voulait "qu'une chose": "exprimer l'inexprimable"; pour Rimbaud, "le poète doit être Voyant ou mort!"




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Rimbaud a écrit comme il a vécu. Une vie brève, dense, violente, passionnelle, lumineuse, douloureuse.
Ses poèmes révèlent tout ça à la fois.
Rimbaud a très tôt voulu s'échapper de cette enfance noire et triste dans les Ardennes, fuir cette mère dure et besogneuse.
Il cherche son salut dans l'écriture pour l'esprit et dans la marche pour le corps.

Il arpente les routes et les caniveaux de Paris, Londres ou Bruxelles. Rimbaud se perd, se fuit avec son compagnon de fortune Verlaine.
Par ses écrits, Rimbaud "déconstruit le monde" et fracasse les grands principes bourgeois et moralisateurs de cette fin du XIXe siècle.
La poésie de Rimbaud rend visible la beauté et la laideur du monde, l'herbe douce des chemins et les caniveaux sales et noirs de Paris.

Rimbaud, c'est aussi "la poésie du mouvement". Ne jamais s'attarder dans un endroit au risque de se découvrir soi-même.
Le voyage est l'un de ses principes de vie. Rimbaud s'abîme sur les terres d'Afrique.
Il n'écrit plus. Il s'invente une nouvelle vie comme marchand d'armes, trafiquant.
Marcher, mettre à l'épreuve ce corps déjà meutri, chercher une ultime rédemption peut-être.

Le cancer aura raison de Rimbaud à 37 ans. A la fin de sa vie, Rimbaud regrettera de s'être trop moqué de la vie et de ne pas avoir suffisamment profité des premières lueurs du jour et de l'odeur de l'herbe fraîchement arrosée par les pluies d'été.

Sylvain Tesson parvient à brosser le tableau d'un Rimbaud complexe. Il nous explique merveilleusement comment la poésie peut permettre à chacun de voir le monde autrement, de retrouver la force du verbe et de la langue.
La poésie de Rimbaud n'est pas une poésie de salon mais une poésie du vécu.

Vous l'aurez compris, je ne peux que vous conseiller cette lecture qui vous permettra de vous familiariser à la poésie de Rimbaud!

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Excellent moment passé avec ces deux personnages : l'un, fulgurant, déroutant, un éclat brut et puis s'en va ! l'autre, cultivé, aventureux, parfois un peu iconoclaste, qui de sa plume maligne nous fait revivre le parcours éclair du premier.
Un régal de culture et de réflexion.
Je recommande !!
Lien : https://la-clef-des-mots.e-m..
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