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3,73

sur 212 notes
Tesson et Rimbaud, le poète fulgurant et l'écrivain talentueux, cela donne un petit livre excellent, même si par moments Sylvain s'égare un peu, pour ma part j'aime son écriture et son style, j'apprends toujours quelque chose en le lisant, et, je suis toujours saisi par ses formules, ses pensées à contre-courant (je ne saurais me passer d'Internet et pourtant j'apprécie sa citation sur le bonheur d'avant la toile).

Il débute par un avant-propos, synthétisant en quelques pages, le génial Rimbaud, en allant marcher le long de la Meuse, vers l'Ardenne qui vit naître le poète, concluant cette introduction par une formule ad hoc : "Rimbaud, azimut brutal vers l'éternité".

Ensuite, le choix de Sylvain est de suivre la courte vie et l'oeuvre encore plus courte du poète en proposant trois chants, celui de l'aurore, celui du verbe et celui des pistes.

Ce choix génère quelques allers-retours qui pourraient perdre le lecteur, ce n'est plus l'azimut brutal mais les méandres de la vie de Rimbaud, semblables à ceux de la Meuse.

Pas de doute pour Sylvain Tesson, Rimbaud est un génie, depuis son excellence scolaire jusqu'à celle exprimée dans ses poèmes. Sylvain rappelle à plusieurs reprises la projection si rapide de l'oeuvre de Rimbaud, en moins de quatre années, entre seize et dix-neuf ans. Mais quand un jeune homme a produit "Le bateau ivre", "Le dormeur du val" ou "L'éternité" pouvait-il pressentir aussi jeune le potentiel qui l'aurait fait rejoindre Hugo et Baudelaire sur le volume de leur oeuvre?

Sylvain n'omet aucune référence à ces deux autres poètes immenses et s'applique à croiser leurs vers avec ceux de Rimbaud. Cela donne de très beaux passages et quelques citations de ses prédécesseurs très bien choisies.

La musique, la peinture, la marche et le voyage sont également présents dans les propos de Tesson qui évoque ce besoin de soleil et de Provence de tous ces génies du XIXe siècle, peintres ou écrivains. le pauvre Arthur ne connaîtra guère Marseille que pour y mourir.

Sylvain Tesson n'abuse pas des extraits de l'oeuvre de Rimbaud, il les distille au compte-gouttes, suscitant le désir du lecteur d'aller se plonger à nouveau dans les Illuminations et de relire cette poésie de fulgurance avec peut-être un autre oeil, ébloui par les propos de Sylvain Tesson.
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Sylvain Tessson nous présente Arthur Rimbaud comme s'il nous présentait son meilleur ami. Promesse d'un voyage assuré, il va partir sac à dos sur les traces de ce génial poète, posé ses pas dans le sillon de ses souvenirs d'enfance en pimentant cette biographie de subtils descriptions de paysages s'imprégnant des vers qui distillent tout le long de ce parcours...
Le style est toujours aussi génial, foisonnant de formules imagés,...on pressent les odeurs même de la nature et des sensations que l'on se surprend à se remémorer...
C'est savoureux, passionnant et concis...Le regard sur le monde et la plume de Monsieur Tesson font mouche ! une fois de plus... et une folle envie de replonger le nez dans des vers poétiques...vive l'ivresse des mots !





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« La jambe de Rimbaud
De retour à Marseille
Comme un affreux cargo
Chargé d'étrons vermeils
Dérive en immondices
À travers les égouts
La beauté fut assise
Un soir sur ce genou»

C'est en écoutant en boucle le premier couplet de l'« Affaire Rimbaud » que chantait Hubert-Félix Thiéfaine à la fin des années 80 que j'ai découvert le triste sort qui s'abattit sur Arthur Rimbaud à l'automne de sa courte existence.

« Un été avec Rimbaud » revient sur la trajectoire d'une étoile filante née en 1854 à Charleville. Avec sa faconde habituelle, Sylvain Tesson nous narre le parcours d'un génie incompris, un fort en thème qui prit la clé des champs dès l'âge de seize ans pour battre le bitume entre les Ardennes, Paris, Londres et Bruxelles. Il revient avec une forme d'empathie touchante sur le parcours stupéfiant d'un jeune homme surdoué, qui fut poète entre seize et dix-neuf ans, le temps de vivre « Une saison en enfer » et de subir les foudres des « Illuminations », puis s'en alla sans se retourner en direction de l'Abyssinie pour y devenir trafiquant d'armes.

Dans ce court essai consacré à la vie de Rimbaud, Sylvain Tesson tente de percer le mystère de cette vie morcelée. L'auteur essaie de sonder l'âme et le coeur du bel Arthur, revient longuement sur son enfance à Charleville, sa réputation d'élève hors normes, son goût pour la fugue à travers les vallées ardennaises, sa rencontre avec Verlaine, ses déboires d'homme d'affaires, et enfin sa fuite ininterrompue qui le mènera jusqu'aux confins de l'Abyssinie. L'ouvrage a l'immense mérite de s'attarder sur quelques vers sublimes de celui qui incarnera plus tard la figure archétypale du poète maudit, et de faire découvrir au lecteur quelques unes des pépites nichées au creux de l'oeuvre fulgurante d'un adolescent sans cesse en mouvement.

« Horreur Harar Arthur
Et tu l'as injuriée
Horreur Harar Arthur
Tu l'as trouvée amère
… la beauté ? »

La principale réussite « d'un été avec Rimbaud » est de jamais parvenir à ses fins, de ne pas percer le halo mystérieux qui continue d'entourer la destinée maudite d'Arthur. La vie de Rimbaud se révèle aussi obscure et incompréhensible que certains de ses plus beaux vers. Il faut sans doute l'appréhender comme un poème, et ne pas chercher à tout prix à lever le voile, à saisir l'insaisissable.

Arthur restera à jamais un ange touché par la grâce, sans doute né trop tôt, au coeur d'un dix-neuvième siècle trop classique pour un jeune homme insolent qui n'aura de cesse de dynamiter les codes de la poésie. Arthur restera à jamais ce beau jeune homme aux yeux clairs dont le regard semble nous transpercer et percevoir une réalité qui se situe au delà de notre perception de simple mortel. Arthur s'est brûlé les ailes, et a tourné le dos à son génie, pour partir, toujours plus loin, dans des contrées suffocantes et lointaines, et restera poétique jusque dans son insondable désinvolture.

« Une saison en enfer
Foudroie l'Abyssinie
Ô sorcière ô misère
Ô haine ô guerre, voici
Le temps des assassins
Que tu sponsorisas
En livrant tous ces flingues
Au royaume de Choa »

(Hubert-Felix Thiéfaine)
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Au temps d'une pandémie et d'un pass sanitaire, Sylvain s'en va battre la campagne de la Meuse à la Reie. Il s'en cours sur les traces de la fugue d'Arthur. La fulgurance d'un poète maudit, Arthur Rimbaud entre deux versants d'une colline, entre deux méandres d'un fleuve. Sous la pluie ou dans la brume, je les imagine tous deux discourir autour d'un verre de bière, une Blanche de Bruxelles, de Namur ou de Bruges. Il est cinq heures du soir au Cabaret Vert.

En fait de bières, il n'en sera jamais question. Ni même de vodka, si cher à mes souvenirs baïkaliens. Il faut dire que le gamin n'est pas en âge de boire. Et que contrairement aux illustres poètes que je peux fréquenter littérairement, Arthur n'a guère besoin d'alcool, de LSD, d'opium ou de mescaline. Arthur, l'être pur, le génie inné qui apprend de ses classiques - donc de ses maîtres - aussi sobrement que moi je m'enfile des bibines. Il voyage à travers les mots, je voyage à travers les houblons. Chacun son passeport pour l'autre monde, celui de l'imaginaire et des lettres.

J'aurais pu prendre la mer à bord d'un bateau ivre, ne dit-on pas qu'Arthur Rimbaud sait mieux décrire la mer sans l'avoir vu qu'un Tabarly à bord de son Pen Duick. Il a l'ivresse dans les mots, pas dans sa conduite. L'inverse d'un Tesson avant sa chute. La légende d'Arthur se naît de sa navigation à travers les flots d'image. J'allume la radio, des chroniques estivales qui seraient tombées à l'eau si cela s'était appelé un hiver avec... Mais bon, on est en été, je bois une bière blanche sur ma terrasse - j'ai pris une photo pour immortaliser la poésie de cet instant présent, feuillette quelques paragraphes, à prendre de-ci de-là, j'imagine même qu'elles peuvent se lire dans le désordre, la ballade proposée n'est pas linéaire. le voyage au final reste en de-ça de mes espérances, restant à quai quand Sylvain me promettait d'embarquer. Mais à l'ombre d'un rayon de soleil, dans le silence d'une bière, je suis bien, j'ai tout de même passé un été avec Rimbaud, ce n'est déjà pas rien...
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Cette biographie d'un poète parle de voyage, davantage que de poésie. Il faut savoir rester dans son domaine de compétences. de fait, cette biographie nous en apprend davantage sur Tesson que sur Rimbaud.

À décharge : le très joli petit croquis d'un méandre de la Meuse au début du livre. Tesson est géographe, il sait faire de jolis croquis (mais il ne faut pas en profiter pour asséner du jargon à ses lecteurs.)
À décharge également, il faut reconnaître qu'il semble avoir potassé la correspondance de Rimbaud.

À charge : beaucoup, beaucoup, beaucoup de répétitions, et une écriture ampoulée et prétentieuse que j'ai détestée.
"Rimbaud, c'est Attila dans la praline, un panzer sur un guéridon."
???
Pour qui écrit-il ? Lorsqu'il relate une randonnée pendant laquelle il (lui, Tesson) dort à l'hôtel tous les soirs, il ajoute : "Quelle étrange chose que toute la population ne sorte pas marcher sur les routes." Tesson est-il au courant que "toute la population" travaille, ne gagne pas sa vie aussi aisément que lui, et n'a souvent même pas assez pour des vacances au camping ?
Il a des opinions aussi, sur la politique ou le passe sanitaire, et ce livre lui est prétexte à les asséner hors de propos.
Sans compter cette conviction qui ravira le corps enseignant : Rimbaud écolier "a eu la chance de disposer d'un professeur plutôt que d'un pédagogue." Oui, il faut savoir rester dans son domaine de compétences (et faut pas me chercher, non plus.)
Et sur la poésie, qu'a-t-il à dire ?
"Rimbaud ne prend pas une photo avec son iPhone en tendant le bras devant le ciel (ce geste est l'oraison de l'homme connecté)."
"Les Illuminations, ou l'IRM du génie (Illuminations Rimbaud Monitoring)."
Quand on n'a rien à dire, autre option : emplir les pages de citations tirées d'autres biographes, de vers de Victor Hugo, de références pédantes.

Ce qui manque dans cette biographie ?
Rimbaud.
La poésie.
La beauté.
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Après Homère, voici Tesson sur les traces d'un nouveau mythe de la littérature Rimbaud, l'homme aux semelles de vent qui ne pouvait que plaire à un dromomane comme lui. Là s'arrête bien sûr la comparaison. Et c'est peut-être le seul intérêt de ce livre qui pêche à mon avis par bien des aspects.
-Tesson, que je lis depuis longtemps, écrit plutôt bien, il a du vocabulaire, de la culture, manie bien la langue, a le sens de la formule. Ce talent peut devenir un piège comme c'est le cas ici où il se paie pas mal de mots. Son art de la jolie formule, au lieu de servir un propos, tourne à vide sur lui-même et ne veut à force plus rien dire, sans éviter même de sombrer dans le grotesque : "Aïe ! Rimbaud en état d'hyperesthésie est un transformateur électrique en surchauffe. Il saute. Paf !"
-Il est évident que Tesson ne comprend pas la poésie de Rimbaud (je parle de celle qui pose problème bien sûr...). Alors prenant prétexte de l'hermétisme de l'oeuvre pour affirmer que toutes les lectures se valent et qu'au fond on peut dire tout et n'importe quoi, il glose, il brode, il imagine. Des choses personnelles sans doute précieuses pour notre auteur mais qui n'ont pas grand intérêt pour le lecteur curieux de découvrir Rimbaud. Ainsi l'image du poète "la peau rongée par la boue et la peste..." dans la "Saison" lui suscite le souvenir d'un aïeul dans les tranchées de 14 ce qui évidemment n'a pas grand chose à voir. A ce compte chacun peut écrire SON Rimbaud... Tesson est la clé à molette de la littérature : il connaît tout mais n'est spécialiste de rien. Et avec un auteur aussi exigeant que Rimbaud, il montre ses limites.
-Des propos contradictoires : Tesson ironise sur les analyses des exégètes du poète mais lui que fait-il qu'ajouter une glose de plus, et qui est plus parfaitement inutile car souvent infondée et discutable ? Il prétend qu'il ne faut pas chercher de sens à cette oeuvre mais que fait-il pendant plus de 200 pages que réfléchir au sens qu'on peut tirer de la geste arthurienne ?
-Je regrette qu'il y ait si peu de citations. Même ce plaisir de lire Rimbaud (ce qu'il faut faire avant tout) nous est dénié dans ce livre qui fait la part belle à Tesson surtout.
En conclusion, je m'interroge sur l'intérêt de ce livre (sauf à alimenter la gloire de Tesson...) car il n'apporte rien de plus à la littérature rimbaldienne déjà fort abondante. Donc à part se faire plaisir, qu'a voulu prouver Tesson ? C'est juste très prétentieux, y compris quand il croit régler des comptes avec d'éminents critiques qui en savent plus que lui. Il n'échappe donc pas à un travers de notre époque (qu'il fustige tant par ailleurs...) qui est de s'autoproclamer expert en n'hésitant pas à traiter les spécialistes de cuistres et de pédants (ce qu'il est aussi souvent lui-même... mais sans avoir l'excuse du savoir !).
Comme à d'autres opus de cette série "Un été avec..." je fais ce reproche à ce livre : à qui s'adresse-t-il ? Si on ne connaît rien à Rimbaud, mieux vaut et pour le même prix s'offrir le beau "Rimbaud" des Découvertes Gallimard par Alain Borer : le propos est savant sans être lourd, cela fourmille d'informations et l'iconographie très riche est un plaisir supplémentaire. Et pour entrer dans l'oeuvre, rien ne vaut un de ces petits classiques à l'usage des étudiants, comme le Carré classique de chez Nathan ou le Folioplus consacrés aux "Illuminations"... Si on est déjà familier du poète, eh bien on n'apprend rien, bien au contraire, on reste dubitatif et sur sa faim. Restent les fans de Tesson sans doute - dont je faisais partie encore récemment mais mon admiration tiédit un peu en voyant l'évolution du personnage très soucieux de se mettre en scène en se servant des gloires établies. Comme dans son film sur Homère, on voit finalement plus Sylvain qu'Arthur dans ce livre... Bof bof... SI quelqu'un veut le livre, je le lui envoie gratuitement !
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La collection « Un été avec » n'a pas la prétention de faire étude.
Elle est confiée à des écrivains qui donnent leur vision d'un auteur.
Le but radiophonique aboutit à des billets courts.
Le livre ne constitue pas une étude exhaustive mais bien le ressenti, la vision de celui qui raconte.

« Un été avec Rimbaud » entraîne trois lectures :
-celle de Tesson
-celle de Tesson présentant Rimbaud
-la nôtre réagissant à l'un et à l'autre

Jeux sur les mots et les références (« Longtemps, il a marché de bonne heure »,…), métaphores personnelles, réflexions sur notre société, références à d'autres poètes (notamment Hugo pour faire sentir la différence, Baudelaire…), etc…, le meilleur de Tesson s'y retrouve.

Quant à Arthur, le meilleur et le pire, la clarté et les ombres, l'ennui, le satané ennui qui brûle tout sur son passage, et l'aventure des mots puis l'aventure africaine, le mystère et la fumisterie, le voyant et l'impénétrable,…
Les mots comme étendards et comme balles de fusils. Les mots qui saccagent et recréent. Les mots dont il possède la connaissance et qui nous laissent pantois, brutalisés, marqués.
Sylvain Tesson : « Qu'est-ce qu'une poésie qui ne s'écrit pas dans la douleur? Une chanson de variété. »
Comme Arthur, « poète maudit », Tesson rejoint pour certains contemporains une nouvelle classe maudite de littérateurs.

La langue que Tesson défend, forte de son histoire et de son passé, la langue qui, elle seule, peut dire l'essence de la pensée et des Hommes, la langue est là avec ses beautés, ses fulgurances, ses références.

Un Rimbaud voyageur vu par un autre voyageur, les lignes sur la route sont éloquentes et ressenties.
Un voyage destructeur pour Arthur, toujours en recherche, en attente sans réponse.

Un Arthur qui ne trouva ni la richesse ni la paix et qui demeure une énigme que beaucoup tentent de résoudre en vain.
A chacun d'y trouver le sien, Rimbaud cherchait-il à être compris?
Il éructe et secoue, il dit l'homme à l'homme, il n'est jamais en paix. Il détruit et reconstruit, il demeure et s'échappe.

Tesson a raison lorsqu'il insiste sur le laisser-aller de la lecture sans analyses ni recherches trop intellectuelles (sans dénigrer le travail des chercheurs de tous bords bien que Tesson s'en prenne un peu à eux.)
Laisser les mots agir, pénétrer, susciter.
Laisser les sens éclater, meurtrir, apaiser.

Sylvain Tesson trouve une justesse lucide dans des paragraphes éblouissants de sensibilité.
« Je est peut-être un autre, mais pas celui qu'on croit! ».
Ce livre en apporte l'illustration et fait croître l'humilité du lecteur face à celui qui ne sut pas la légende qu'il deviendrait.

D'ailleurs qu'aurait-il pensé de nos jugements, de nos interprétations?
Lui seul a tenté de posséder la clef de lui-même comme il possédait celle de ses mots.
Dromomanie, plongeon dans l'inconnu, auto-destruction : la lucidité est cruelle à celui qui la vit.
Rimbaud n'aura jamais fini d'interpeller tout en demeurant un mystère absolu.
Sylvain Tesson nous le fait bien comprendre et provoque à travers son interprétation et ses circonvolutions mêmes l'envie de retourner au texte.
Le but est atteint.


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Une biographie ; un livre en soi. On entend Tesson parler, citations et formules, ode à ce qui le lie à Rimbaud - la langue et la marche. Il en profite comme toujours dans ses livres pour semer réflexions sur la société et petites phrases soigneusement élaborées. Il compare, il analyse, il navigue entre les registres tout en suivant le cours de la vie de Rimbaud. Il énumère et suggère, à l'aise dans son style.
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Les chants (de bataille) du roi Arthur.
L'écrivain voyageur Sylvain Tesson réussit la gageure de concilier la diffusion sur les ondes radiophoniques de France Inter d'un texte ciselé de quatre minutes, se suffisant à lui-même, à raison de quarante émissions durant l'été 2020 avec la constitution, où tous les textes s'emboîtent parfaitement, d'un essai personnel, documenté et convainquant sur la vie et l'oeuvre d'Arthur Rimbaud, poète météorique des lettres françaises. Des ondes à l'encre, de l'oral à l'écrit, les textes lapidaires de Sylvain Tesson tiennent la route et sont au diapason de l'oeuvre dense mais mince d'Arthur Rimbaud. Aux maux posés du poète répondent les mots pesés de l'écrivain. Les trois parties déclinent le chant du poète, de l'aurore au crépuscule, suivant la trajectoire d'une courte vie vouée à l'ennui, à l'expiation et au renoncement. Pourtant, la lumière du verbe rimbaldien illumine encore nos vies égarées. Tesson et Rimbaud ont le sens de la formule. Dès le prologue, Sylvain Tesson part du bon pied en arpentant, en compagnie de son éditeur Olivier Frébourg, durant quatre jours, l'itinéraire rimbaldien d'octobre 1870, de Charleville à Bruxelles, en passant par Charleroi. En marchant, les points de vue changent. Rien ne vaut une immersion dans la géographie du poète pour que les mots se délient et que les images se révèlent. le « Wasserfall blond » des Illuminations n'est pas une cascade mais une cataracte de lumière dévalant par une trouée de la sapinière jusqu'au sol, une pluie de photons que quiconque peut découvrir, en marchant dans les Ardennes ou dans des contrées similaires quand les forêts d'épicéas densifient les ombres et affolent les sous-bois. L'aube y prend alors une autre dimension.
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Comme toujours Sylvain Tesson vadrouille là où son sujet a mis les pieds c'est à dire les Ardennes en traversant une partie des boucles de la Meuse , Rimbaud (1854-1891) a passé sa vie à marcher .” Verlaine décrit l'increvable Arthur des chemins creux.. ”Rimbaud a marché comme il a vécu, jusqu'à l'épuisement “ En lisant ce Tesson je me remémore pas mal de choses digressives certes, étant ardennais de Rethel, longtemps j'ai cru ces deux poètes des petits gars du coin ! Oui je suis allé en primaire à l'école Notre Dame, Verlaine lui, enseignait pas très loin au collège Notre Dame de cette petite ville. Dès 13 - 14 ans je parcourais le coin en vélo et me rendais à Juniville sans savoir d'ailleurs que Verlaine y vivait, mon cousin était en pension dans ce village. Je poussais même jusqu'à Chuffilly-Roche à 18 kms sans savoir qu'ici Rimbaud écrivait une “Saison en enfer”, à vélo vous avez le temps de voir les paysages et les chemins creux foulés par ces deux lascars. Étonné d'ailleurs que Verlaine originaire de Metz et Parisien plus tard achète en 1880 une ferme à quelques kms du repaire de Rimbaud… Je me suis dit aussi (Tesson n'en parle pas) que Rimbaud comme tout bon ardennais devait avoir ce foutu accent régional sans compter le patois local.. il ne faut pas chercher longtemps.
”Ernest Delahaye un ami d'enfance du poète, signale qu'au moment de « son arrivée à Paris en 1871, Rimbaud avait un accent ardennais assez fort “, mais qu'il « le perdit presque immédiatement » et qu'après « six semaines de séjour », il « parlait comme un Parisien “né natif “ .
C'est quoi ce terrible accent ardennais ? Mes proches me disent que je ne sais toujours pas dire “oui” !! je prononce plutôt o-u-i , Rimbaud ne disait pas “dans les bois” mais prononçait “dans les boas” . A contrario Rimbaud s'amuse avec le patois ardennais , pour une flaque d'eau il écrit flache:
“Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache Noire et froide…”
“Darne” pour: fatigue, malaise ou vertige il écrit: « Lui darde [le soleil] une migraine et fait son regard darne ». Sans parler du mot “après” ..« J'attends après le train » . (Tiré du lexique ardennais de Rimbaud, Jean Baptiste Baronian /Académie de Belgique)
Toujours à vélo et toujours dans les Ardennes, il n'y a que 5 kms de la ferme de Rimbaud pour rejoindre Attigny, le village d'André Dhôtel qui publia en 1955 ce formidable livre: “Le Pays où l'on n'arrive jamais
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