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Les avis ne manquent pas sur le dernier ouvrage de l'écrivain savoyard. Mais je ne pouvais pas ne pas partager avec vous mon plaisir à la lecture de 1991. Comme d'habitude la magie Thilliez a opéré. J'ai dévoré les 400 pages en un après-midi. Je lis plus volontiers les one shot de l'auteur (Le manuscrit inachevé, Il était deux fois, Puzzle), Je ne suis pas une aficionado des aventures de Sharko (1991 est sa première enquête au 36 quai des orfèvres). J'ai lu ses premières investigations il y a quelques années mais c'était un peu trop sanglant pour moi. Ça l'est toujours (mais il faut croire que mon coeur s'est aguerri) : Il est en effet question ici d'un jeune femme découverte torturée, de disparitions inexpliquées, de magie et de la vie d'une équipe complétement assujettie à son métier.
C'est sans temps mort, tout en tension, inattendu (comme toujours avec les romans de cet auteur malin). Pour qui aime le polar, c'est à lire. D'autant qu'il s'agit d'une plongée dans une enquête à l'ancienne sans informatique, portable ou ADN.
Un roman palpitant !
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Avec 1991, Franck Thilliez frise la perfection dans la construction du roman, l'écriture, la progression de l'intrigue, les personnages, la description du contexte.
Un roman réussi que l'on dévore au sens premier du terme.
En 1991, un jeune inspecteur de 30 ans, fraichement émoulu de l'école d'inspecteurs, Franck Sharko, intègre la Crim' , le prestigieux 36 quai des Orfèvres qui ne sait pas encore que 30 ans plus tard il sera expatrié 36 rue du Bastion dans le 17e arrondissement de Paris (Quartier des Batignolles) à côté de la Porte de Clichy pour être selon les mots de Gérard Collomb "être propulsé dans le XXIème siècle"
Le jeune Sharko arrive précédé de l'image de "bleu bite" que les vieux routiers du groupe qu'il rejoint collent à chaque nouvel arrivant, bizutage oblige.
1991, l'année n'est pas choisie par hasard.
L'informatique pointe son nez et c'est peut-être la dernière fois que des inspecteurs passent du temps à compulser des archives papiers consommatrice d'heures d'enquêtes et de superficie de stockage.
Des USA, un vent de modernité souffle, avec l'introduction des recherches d'ADN et la création de fichiers nationaux encore balbutiants en France.
"Il pense que, dans une dizaine d'années, on pourra mettre tout ce qu'il a collecté dans un fichier et comparer des ADN comme on le fait déjà pour des empreintes digitales. 
— de la science-fiction"
Côté communication, on parle de ces mini cabines téléphoniques portables, le Bi-Bop qui commencent à être déployé à Paris, Lille et Strasbourg.
L'arrivée de Franck dans une équipe en échec depuis 5 ans sur l'enquête des disparues dont le meurtrier court toujours, est mal vécue par les "anciens", d'autant plus qu'entre le groupe de Thierry Brossard alias Titi et celle du Corse Santucci la concurrence fait rage. On demande à Franck de choisir son camp. Bien que nouveau, le jeune Sharko saura démontrer qu'il possède l'étoffe d'un grand inspecteur et gagnera la confiance de ses collègues.
"À ce moment-là, il se dit qu'être flic, c'était surtout être seul."
Les autres éléments de contexte donne du corps au roman, notamment l'évocation de l'Affaire de Bruay en Artois dans les années 1970 : le meurtre d'une adolescente d'origine modeste, Brigitte Dewèvre. Affaire classée sans suite en 1981 et crime prescrit en 2005.
D'autres éléments de contexte rendent ce roman réaliste, comme la date du 3 mai 1987, jour du décès de la chanteuse Dalida ou encore les odeurs du grand Jacquot, "Le maire de Paris, Jacques Chirac, voulait améliorer l'image de cette zone de Paris pour lutter contre les extrémismes, lui qui avait choqué l'opinion, l'été précédent, en assimilant la Goutte-d'Or à des termes nauséabonds." 
La trame de 1991 repose sur l'idée que sans le travail forcené et obstiné des inspecteurs, l'apport de toutes les technologies ne résoud rien à lui seul.
Confronté à un meurtrier motivé par un désir de vengeance implacable, l'équipe dont fait partie Franck va se trouver engagé dans une course poursuite avec un tueur intelligent, maniant les symboles avec finesse pour orienter les recherches des enquêteurs et les conduire là où il entend les conduire.
Les références aux techniques de la magie, au mentalisme, à la manipulation, mais aussi aux cérémonies Vaudoo vont conduire les inspecteurs de surpise en surprise, les plus improbables se révélant les plus proches de la vérité.
Les personnages des policiers empruntent aux sagas habituelles des inspecteurs de la littérature policière. Passés obscurcis par des centaines de cas dont les fantômes les hantent en permanence, luttes quotidiennes pour préserver la vie privée des incursions de la vie professionnelle, désir de résoudre les affaires à tout prix, même au détriment des week-end, des congés ou des jours fériés.
"On était samedi, la plupart des flics du 36 étaient chez eux, en famille. Les rares présents dans les locaux travaillaient sur des dossiers brûlants ou s'abîmaient à combler un retard administratif. Çà et là, dans les couloirs silencieux, on entendait les chants mécaniques des machines à écrire."

Avec 1991, Frank Thilliez donne l'image d'une police se battant tous les jours contre des criminels pour en protéger la société, le portrait est plutôt réussi et s'affranchit avec talent de la simple nostalgie ou du c'était mieux avant.
Bravo
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Il est bon l'annécien ! Une bonne construction, un rythme haletant et sait manipuler le lecteur. Toutes les qualités pour être un bon auteur de polar. C'est vrai que ceux de la « Yaute » aiment les jeux de mots. Ça commence par le titre d'un nombre palindrome. Petit bémol : des scènes lues ailleurs. Un mélange de « Quand sort la recluse » de Vargas et « L'été de Katya » de Trevanian qui se termine pareil que 1991.
Nous assistons au début de carrière de l'inspecteur Franck Sharko au 36 quai des orfèvres où il n'est pas facile de s'intégrer. L'informatique n'étant encore qu'en gestation, on a affaire aux méthodes anciennes et et ça qui est bon et qui nous mémorise des souvenirs.
Un homme reçoit par la poste « Les fleurs du mal » et une lettre lui disant de penser à un prénom. Delphine va le diriger vers une photo de femme torturée. En panique, il se rend au commissariat. L'enquête qui commence va les mener vers le milieu vaudou.
Un flic attachant de par ses incertitudes et sa jeunesse.
Un grand merci à Masse critique pour l'envoi de ce CD lu par Jérémie Covillault, voix ensorcelante, que j'ai alterné avec le format papier.
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Jeune émoulu de l'école en qualité d'inspecteur, Sharko mène sa première enquête, il subit une sorte de bizutage avec épreuve de cadavre faisandé !

Dans ce titre, un palindrome, écrit durant le confinement, Thilliez s'est employé à éviter les anachronismes que j'ai recherchés sans succès.
Il se rappelle les phares jaunes des voitures en plein visage au volant de sa Renault 21, du walkman et de l'Alphapage.
A cette époque, Gabriel Matzneff était invité à "Apostrophes" et la dotation en ordinateurs de la police était encore restée dans les cartons du 36 quai des orfèvres.

Comme dans “Surface” de Norek, les auteurs développent des enquêtes à l'ancienne, sans l'aide de la géolocalisation du téléphone portable.
En fait, dans ce thriller, ce sont deux enquêtes menées en parallèle par l'inspecteur Sharko qui rebondissent de mystère en mystère comme autant de petits cailloux semés au long des pages.

La fin du roman révèle une construction infiniment complexe, brassant magie, gémellité, vaudou et d'autres thèmes encore en un maelström diabolique.
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"Il allait enfin retrouver un rythme de vie normal, profiter de ses week-ends avec Suzanne avant qu'elle ne s'installe définitivement avec lui, essayer de lui faire aimer cette ville qui lui réserverait vraisemblablement de nombreuses autres affaires compliquées et sordides. Combien de temps tiendrait-il la route ?"

Combien de temps Suzanne tiendra-t-elle peut-on aussi se demander dans une vie de femme de flic du 36 quai des Orfèvres à laquelle Franck Sharko la destine ?

Alors que nombre de lecteurs fidèles de Franck Thillier, si l'on en juge par sa popularité, ont sans doute déjà les réponses à ces questions, j'avoue quant à moi n'être pas mécontent de débarquer dans les couloirs du 36 sur les traces de Sharko avec ce premier roman de Thillier pour moi. S'il remonte le temps pour les fidèles, il me fait quant à moi prendre l'histoire à sa source. Je sais d'ores et déjà que je suivrai le cours des aventures, promises "compliquées et sordides", de celui qui est devenu commissaire sous la plume de Franck Thillier. Cette mise en bouche m'a ouvert l'appétit pour le reste du menu qui s'affiche depuis longtemps déjà sur les étals des libraires, et que j'avais méprisé jusqu'alors.

C'est donc un bleu qui débarque dans le sanctuaire de la Crim en 1991, au 36. Ce seul numéro sur un quai suffisait à évoquer le lieu mythique. Il y est accueilli avec circonspection par les anciens. On ne s'en étonne pas. Intégrer la Crim du 36 n'est pas y être admis. Sharko va devoir faire ses preuves, à commencer par sortir de cette forme de placard dans lequel on l'affecte d'emblée, à compulser les archives pour une affaire restée non résolue sans être encore classée : le meurtre de trois femmes quelques années avant son arrivée. Cadeau de bienvenue au petit nouveau pour qu'il se fasse les dents et montre de quoi il est capable par la même occasion.

Mais s'il est jeune, cet inspecteur qui postule au nec plus ultra de la Crim, il n'est pas dénué de personnalité pour autant. Et plus que de personnalité, de psychologie. Il a compris qu'il ne fallait pas jouer les gros bras avec les anciens, sans toutefois se laisser marcher sur les pieds. Il saura faire sa place en leur montrant qu'il a de l'intuition et de la persévérance. Les fervents de Sharko le savent bien, eux qui attendaient de Franck Thillier qu'il leur parle de ses débuts. C'est chose faite avec 1991. Ce dernier nous dresse la caricature de son héros fétiche plus par ses qualités morales et intellectuelles que physiques. Au lecteur de se faire le portrait d'un homme qui ne manque ni de disponibilité, c'est le moins qu'on attende d'un jeune à la Crim, ni de courage. Mais pas le courage de l'inconscience, le courage lucide de celui qui veut réussir sa carrière autant que sa vie amoureuse. Une gageure ? Dans le métier ce n'est pas gagné d'avance. Les exemples ne manquent pas de ceux qui n'ont pas été au bout de leur contrat de mariage quand ce n'est pas au bout de leur carrière.

Ce personnage me paraît d'emblée engageant, voire sympathique. Il n'a rien du super héros qui bouscule tout sur son passage, monopolise le regard des femmes et terrorise les truands. C'est ce qu'on peut appeler un mec normal - le langage populaire n'est pas déplacé dans le contexte. Un homme de la vraie vie, un authentique. On peut même dire que dans 1991, il ne focalise pas particulièrement l'attention. Il est celui qui débarque, mais à qui on promet quand même un bel avenir en épilogue, parce qu'on sait que les malfrats travaillent pour lui, pour lui construire un avenir. Aussi parce que c'est Sharko, et que son personnage peuple déjà les étals des libraires. Une dizaine de romans témoigne des "affaires compliquées et sordides" desquelles il s'est sorti, pour la plus grande popularité de son auteur.

1991 est un ouvrage réaliste à plus d'un titre. Outre les timides débuts du novice qui doit s'intégrer dans la prestigieuse brigade, il s'agissait de restituer le contexte d'une époque où pour téléphoner il fallait trouver une cabine, où l'ADN n'avait pas encore déployé toutes ses possibilités et l'informatique balbutiait. Il fallait aussi concevoir une intrigue dans laquelle dédoublement de la personnalité et les troubles psychiques liés à l'orientation sexuelle se concevaient dans l'environnement d'une société encore empesée par les non-dits dans ce domaine.

Cet ouvrage à l'écriture agréable et fluide qui implique avec bonheur l'univers de la magie et les pratiques vaudous clandestines. Ces milieux occultes s'entrelacent à merveille dans cette première affaire qui donne l'occasion au petit nouveau de la Crim de montrer qu'il n'a ni les deux pieds dans le même sabot ni le cerveau comprimé par la pression du métier. Et disons-le tout net, sans ne rien dévoiler de l'intrigue, Sharko aura gagné son ticket d'admission à la célèbre brigade. Mais ces premières enquêtes lui auront donné quelques sueurs froides et un joli cas de conscience quand un collègue, un ancien, pourrait bien avoir fait quelque entorse à la déontologie. Des enquêtes qui, accessoirement, auront fait passé un drôle de réveillon à notre jeune inspecteur, mais il n'est pas nécessaire de le dire à Suzanne. Elle pourrait bien remettre en question ses projets d'alliance et de vie parisienne.
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Avec son nouveau thriller 1991, Franck Thilliez remonte le cours du temps, jusqu'au tout début de la carrière d'enquêteur de Franck Sharko, personnage emblématique apparu pour la première fois dans "Train d'enfer pour ange rouge." Il réalise ainsi le rêve de nombreux lecteurs qui désiraient en connaître davantage sur la toute première enquête de Franck Sharko. Rarement dans le paysage du thriller français, un personnage n'aura été la source d'autant de passions des lecteurs qui, livres après livres, ont aimé (c'est peu dire) ce personnage fascinant et récurrent de l'auteur. Dans 1991, tout fonctionne comme une horlogerie soigneusement et méticuleusement élaborée. Si Thilliez a autant marqué les esprits des lecteurs, c'est aussi parce que cet auteur possède un talent hors norme de conteur, un sens du rythme implacable et des histoires à couper le souffle. On retrouve tous ces éléments dans 1991, madeleine de Proust d'un Thilliez au sommet de son art. Quel plaisir de se replonger dans ce tout début des années 1990, une idée de génie qui fonctionne magnifiquement. Sharko à 30 ans et il a une Renault 21. C'est un bleu tout frais sorti de l'école des inspecteurs de police judiciaire. Il est dans une unité d'enquête, au fameux 36 Quai des Orfèvres. Une bande de flics à la peau tannée par des années d'enquêtes, d'autopsies, de scènes de crimes toutes plus traumatisantes les unes que les autres. Sharko va devoir se faire une place, un noms et cette première enquête va mettre en valeur ses qualités hors normes, son intuition qui le pousse à aller au delà des premières constatations sur une scène de crimes afin de découvrir la vérité. Sharko aime Suzanne, son amour, son "soleil au coeur de la nuit" comme l'écrit Thilliez. On replonge dans les années 90 avec le Minitel, les fameuses cabines téléphoniques, les talkies-walkies, enfin les tous premiers ordinateurs, mais on retrouve également les méthodes expeditives de certains anciens du 36 Quai des Orfèvres. Car ici avec Thilliez, on vit une enquête aux multiples rebondissements savamment dosés. On est au coeur de cette équipe qui va apprendre à se connaître. Sharko enquête sur l'affaire des Disparues du Sud parisien, trois femmes enlevées et violées avant d'être assassinées de multiples coups de couteau. Ça c'est passé entre 1986 et 1989. le prédateur court toujours. Sharko se consacre corps et âme à ce dossier jusqu'à ce soir où un homme paniqué vient au 36. Il a reçu une photo montrant une femme couchée dans un lit, les mains attachées au montant, la tête enfoncée dans un sac. A l'arrière de la photo, une adresse. La suite, vous la decouvrirez dans ce thriller palpitant, un nouveau morceau de bravoure littéraire du sieur Thilliez. Qu'ajouter de plus au concert de louanges des blogueurs qui ont salué la qualité de ce thriller de façon unanime. Je me joins à eux et ne vais donc pas être très original quant à ma conclusion : jetez vous sur ce nouveau Thilliez. Une plongée infernale menée à un train d'enfer !
Lien : https://thedude524.com/2021/..
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Pour un amateur de thrillers et de romans policiers, j'ai un peu honte de l'avouer, je n'avais encore pas lu de livre de Franck Thilliez, à part une adaptation de l'un de ses romans, le syndrome [E] en BD. Je ne comparerai donc pas avec les autres opus du même auteur, même si je sais que l'auteur a choisi de raconter la première enquête de son flic fétiche Sharko en 1991, il y a donc 30 ans.
Sharko est le petit bleu de l'équipe du 36 quai des orfèvres et se coltine les archives. Il travaille sur les disparues du Sud parisien et son flair et son talent pour dénicher les petits détails insolites lui mettent la puce à l'oreille.
Entre-temps, presque par hasard, il est mis sur le coup d'une nouvelle affaire. Un homme lui montre une photo d'une femme dénudée, attachée, la tête dans un sac à papier. Or ce témoin affirme avoir reçu cette photo dans des circonstances extraordinaires, comme par magie. Sur place c'est l'horreur absolue. Et cela ne fait que commencer !
Cette double enquête et notamment celle sur le tueur en série est très bien menée avec des fausses pistes en veux-tu en voilà assez jouissives, certaines étant d'ailleurs totalement abracadabrantes mais, dans l'ambiance étrange et parfois un peu glauque du roman et surtout grâce à une fluidité incroyable dans l'écriture, on n'a pas le temps de tout mettre en doute. Cela va vite pour notre plus grand plaisir. le roman fait plus de 500 pages en format poche et il se dévore.
Les personnages sont le deuxième point fort du livre. Thilliez a, évidemment, bien développé celui de Sharko qu'il connaît par coeur et dont il raconte l'enfance et les raisons qu'il l'ont poussé à devenir flic. Cela nous permet quelques haltes dans le Nord, chez lui et chez sa compagne Suzanne qui va venir le rejoindre à Paris. Mais les autres membres de l'équipe du 36 sont aussi très intéressant, chacun avec leur fêlures, leur vécu, leur part d'ombre. Une galerie plutôt réussie.
L'autre attrait du roman, mais là, il faut peut-être avoir vécu cette époque, c'est la plongée dans le monde d'avant. Celui d'avant l'informatique à outrance. Il y a 30 ans, pas de téléphone portable, pas d'ordinateur tout puissant, pas D'ADN, etc. Et, la réussite de cette plongée est que Franck Thilliez n'en fait pas trop, il n'appuie pas sur le décalage temporel. Ils interviennent dans l'intrigue ou dans la vie quotidienne sans trop se faire remarquer. On pourrait presque ne pas s'en rendre compte jusqu'au moment où pour téléphoner en urgence, il faut trouver une cabine téléphonique ! Et là, d'un coup, c'est le choc temporel à la retour vers le futur, mais là c'est le lecteur qui fait le voyage.
Une très bonne surprise que ce roman, et je vais sans aucun doute partir à la découverte des autres livres de cet auteur dans les mois à venir.
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La première enquête de Sharko à la célèbre brigade criminelle de Paris : le fameux 36, quai des orfèvres en 1991.
Cette année est un nombre premier palindrome : tout à fait dans le style de l'auteur! Cette première affaire sera son dépucelage en tant que flic et l'arrivée des premières illusions perdues.
Au tout début, on le met à relire tout le dossier d'une vieille affaire jamais résolue; celle "des disparues".
Bien evidemment, notre jeune prodige trouvera une piste prometteuse !
En même temps, son groupe est accaparé par une série de meurtres macabres : le tueur joue avec les policiers et les entraîne vers Houdini et le monde de la magie et de la manipulation mentale.
L'auteur, comme d'habitude et avec talent , nous tient en haleine pendant tout le roman au travers de fausses pistes et de nombreux rebondissements : un "page turner" réussi donc !
Mais l'histoire frise avec le rocambolesque en utilisant des thèmes que je ne peux citer ici, très à la mode actuellement.
Et surtout, il me semble assez facile de deviner le coupable rapidement.
Un bon thriller donc, mais sans plus !

Mais ce n'est que mon humble avis.
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Putain, comment Franck Thilliez a-t-il su ? C'est flippant... Ça fout la trouille, même. Je vous explique pourquoi...

J'ai enfin commencé à lire "Les fleurs du mal" et voilà ti pas que ce recueil de Baudelaire est au centre du dernier roman de Thilliez ! Flippant...

Cet homme est le diable ! Il a vu l'avenir et a su que lorsque j'ouvrirais son dernier thriller, j'en serais à la moitié du Baudelaire... Sueurs froides car cet auteur voit mon avenir ! On commençait bien.

Thilliez est un sadique, d'entré de jeu, il vous ferre et ne vous lâchera plus, vous baladant (avec votre consentement éclairé) dans son histoire, tel un marionnettiste jouant avec ses pantins (que nous sommes).

Après avoir été me promener en 1794, j'avais envie de remonter le cours du temps, mais pas de trop, d'aller à une époque où les smartphones et l'Internet n'existaient pas, où les PC commençaient à apparaître, mais restaient minoritaires.

Il a fallu peu de choses à l'auteur pour me plonger dans le bain de l'année  1991 (non, je ne retournerai pas à l'école !) et profiter de cette belle époque où je vivais, insouciante, mon walkman sur les oreilles (pour ça, le smartphone est mieux, plus de capacité, plus d'autonomie et pas besoin de piles).

Malheureusement, un jeune de moins de 20 ans qui lirait ce roman ne comprendra pas pourquoi le policier doit insérer un film dans un appareil pour prendre des photos... Ni pourquoi on ne pose aucune question à Google... mdr

Ses personnages sont maitrisés, qu'ils soient primordiaux ou secondaires, l'auteur a pris le temps de leur brosser une personnalité, typique de ces années-là.

Ses flics puent les années 90 : ils fument, sont sexistes, se moquent de l'informatique, salopent les scènes de crimes et pleurnichent sur le bon vieux temps où l'on pouvait casser la gueule aux suspects. Sans trop en dire ou en faire, il les a doté d'une vie propre, réaliste.

Comme toujours, son scénario est fou, à s'arracher les cheveux et pourtant, à la fin, tout rentre parfaitement bien dans l'ordre, tout s'explique et tout est maîtrisé. Toujours plus loin, toujours plus haut...

Ici, pas moins de deux enquêtes qui sont sur la table : une ancienne non résolue et une nouvelle. Exercice périlleux que d'en proposer deux à la fois, casse-gueule et pourtant, jamais l'auteur ne se prend les pieds dans le tapis. du grand art.

Si j'avais réussi à comprendre comment l'auteur du courrier avait deviné à quel prénom penserait le quidam à qui il avait envoyé une lettre, ce n'est pas dû à mon intelligence, juste à une ancienne lecture où il s'agissait de trouver le chiffre auquel la personne penserait.

L'auteur a toujours eu une longueur d'avance sur mes déductions, même si j'en ai eu une sur les enquêteurs. Là, mon petit Sharko, t'avais pas les neurones en forme, pour ce coup-là que j'ai eu d'avance sur toi. Pour le reste, je m'incline respectueusement.

Dans les romans de Thilliez (surtout après ses deux derniers), vous avez tendance à suspecter tout le monde. Une petite vieille traverse la rue ? Suspecte !! Un gosse ? Suspect !! Un mort ? Très louche... à surveiller.

Et si d'aventure (en aventure) vous obtenez le nom des personnages, vous les passerez aux filtres de tous les codes possibles (et imaginables), développés dans ses derniers romans : à l'envers, à l'endroit, en diagonale, vous tenterez le coup en ajoutant la vitesse du vent, en retirant l'âge du capitaine ou en le multipliant par le coefficient de traversée d'une rue pour trouver un job.

Monsieur Thilliez, vous me faites devenir folle depuis que je vous lis ! Vos romans me rendent zinzin dès que je tente de comprendre le pourquoi du comment. Un jour, c'est le service psychiatrique d'un hôpital qui vous écrira une réclamation pas piquée des vers.

En plus, monsieur Thilliez, vous êtes dangereux pour la santé : palpitations cardiaques durant une bonne partie du roman tant le suspense était fort, mains moites à certains moments, peurs primales, tripes qui se nouent, cerveau qui surchauffe, esprit qui n'y était plus pour personne durant ma lecture, risque de louper mon arrêt de métro (à ne pas lire à la plage, risque de noyade avec la marée montante !).

Bref, monsieur Thilliez, vos super romans sont une calamité, un cataclysme pour ma santé ! C'est décidé, j'arrête de vous lire, sur ordre de mon médecin, avant que je ne tombe raide morte durant la lecture d'un de vos futurs (ou anciens) romans. Avec ma chance légendaire, je clamserais avant d'avoir le fin mot de vos énigmes.

Non mais vous faites quoi encore à lire ma bête chronique ?? Allez plutôt lire le dernier Thilliez, nom d'une pipe (Magritte, sors de mon corps) ! Et si vous l'avez lu, rien de ce que je dis ne vous est étranger, vous êtes initié, vous savez de quoi l'auteur est capable.

Vivement ma prochaine lecture ! (Ben quoi ? Fuck les recommandations des médecins). Avec ou sans Sharko, bien que ce fût une super idée de nous le présenter jeune, à son entrée au mythique 36, jeune bleu qui devait encore faire ses preuves, s'intégrer, avant de devenir celui que nous connaissons depuis longtemps.

PS : l'auteur n'a pas deviné l'objet auquel j'avais pensé, en commençant le roman. À sa décharge, je n'aurais jamais pu penser à tel scénario machiavélique...

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Imaginez ...
Imaginez un ciel noir rempli d'étoiles, où scintillerait un astre en forme de croissant. A quoi pensez-vous ?
Fermez les yeux pour mieux vous représenter la scène.
Allez, un petit effort ! Quel mot vous vient à l'esprit ? Concentrez-vous bien.
Et ouvrez les yeux.
Vous avez pensé à la lune non ? Et vous savez comment je le sais ? Parce que je suis un presditi ... un prestididi ... un prestiditateur ?
Enfin un magicien quoi.
Et Franck Thilliez est bien meilleur écrivain que mentaliste parce que sa petite illustration en guise de prologue, je ne sais pas pour vous, mais moi je n'y étais pas du tout !

C'est d'ailleurs derrière un illusionniste meurtrier que vont courir Franck Sharko et son équipe.
Tout commence avec un prénom deviné par un individu lambda, probablement posté par le criminel, que tout commence.
Cette découverte va emmener notre enquêteur préféré dans le plus grand cabaret du monde.
Enfin un petit pavillon en forêt pour être exact. Où les mouches à viande font office de paillettes. Ils y retrouvent le cadavre martyrisé d'une femme, un meurtre à la John Dickson Carr puisque la seule issue possible était fermée de l'intérieur.
Comme dans les autres romans de Thilliez, les flics du 36, quai des orfèvres reconstitueront progressivement les évènements, à grand renfort de révélations chocs et de scènes intenses ou dramatiques. A chaque éclaircie un autre nuage finit par apparaître et les mystères s'inscriront dans un tableau bien plus vaste.
Mais la différence cette fois, c'est que celui qui sera surnommé "Le méticuleux" décide de tout. le tueur fait en sorte de laisser de mystérieux indices qui mèneront la police à d'autres tours de passe passe tout à fait immondes. C'est lui qui a les cartes en main, c'est toujours lui qui va décider qui et quand va tirer la dame de pique. Il est le maître du jeu, le monsieur Loyal d'un cirque macabre dont le moindre enchaînement semble avoir été calculé au millimètre depuis des années.
Jusqu'à l'éblouissant final.
Ses prouesses confinent au surnaturel, à la sorcellerie la plus noire

Pourquoi 1991 ? Franck Thilliez répondrait à cette question beaucoup mieux que moi.
Sans parler de nostalgie forcément, il y avait sans doute une volonté de se rappeler à quoi le monde ressemblait alors, quand l'auteur avait tout juste dix-huit ans.
Les tenues vestimentaires, les coiffures, la musique, le minitel. Les fumeurs dans les lieux publics, les jeux olympiques d'Albertville qui auraient lieu l'année suivante. L'informatique ou la téléphonie mobile qui n'en n'étaient qu'à leurs premiers soubresauts. On devait faire développer ses photos. L'ADN n'en était qu'à ses prémisses également.
C'était hier.
J'avais seize ans, j'étais en première, je lisais déjà énormément, plus encore qu'aujourd'hui.
Je commençais sérieusement à m'intéresser aux filles mais la réciproque n'était hélas pas vraie.

Mais avant tout, je pense que 1991 était l'occasion de découvrir Sharko autrement. de donner davantage de relief au flic qui sera bientôt incarné à l'écran par Vincent Elbaz. Lui donner un passé, une histoire, par laquelle le lecteur pourra d'ailleurs commencer s'il privilégie l'ordre chronologique à l'ordre de publication.
En effet la première apparition de Sharko dans un roman ne se fera que onze ans plus tard dans le confidentiel Conscience animale ( 2002 ) qui sera suivi plus officiellement par Train d'enfer pour ange rouge ( 2004 ), Deuils de miel ( 2006 ) et les multiples thrillers scientifiques où il sera accompagné par Lucie Hennebelle.
Mais mine de rien, s'il avait trente ans en 1991, il devrait en avoir soixante cette année non ?
Oui je sais, j'ai toujours été bon en maths.
Et il devrait bientôt songer à prendre sa retraite. Il devient irresponsable. Qu'est ce qu'il va devenir dans dix ans, dans vingt ans ? Il va courir après les suspects en déambulateur ?

J'habite à une vingtaine de kilomètres de Bruay-la-Buissière, où j'ai déjà eu l'occasion de me rendre pour différents stages.
Il y a peut-être trois semaines, j'ai appris que suite aux proportions qu'avait prise une affaire criminelle sur une adolescente, qui impliquait peut-être un notaire, la commune de Bruay-en-Artois avait du changer de nom.
Elle s'appelait Brigitte Dewevre et cette jeune femme des corons, assassinée en 1972, était l'amie de Sharko, encore enfant.
La réalité rejoint la fiction pour lui donner plus de poids. Et ça a été très étrange pour moi de retomber si peu de temps après sur cette même histoire dans un roman, incarnant le moment où Sharko s'est promis de retrouver le coupable, et qui a déclenché son entrée dans la police et notamment au commissariat de Bruay.
Il devient un être de chair et de sang et pas seulement de papier
En même temps Thilliez aussi est du département et évoquer cette affaire irrésolue encore très médiatisée devait lui tenir à coeur.
Le meurtre est désormais prescrit depuis 2005.

Notre jeune inspecteur voit donc son rêve s'accomplir en intégrant une des brigades criminelles les plus prestigieuses. Pas avec l'équipe que nous lui connaissons habituellement mais avec Florence, Serge, Einstein, le Glaive et leur chef Titi. Dernier arrivé il sera soumis aux basses besognes : fouiller dans les archives jusqu'à retrouver le moindre élément qui pourrait permettre de relancer l'affaire du tueur du Sud parisien, qui a déjà trois crimes à son actif. C'est déjà notre Sharko, malin et intuitif, mais pas infaillible. Et c'est avec le sourire qu'on voit ce colosse être surnommé "Petit" par un de ses collègues.
Il est encore inexpérimenté et le voir faire des bêtises ou des entorses au règlement lui donne un côté plus humain, plus touchant. Il n'est pas encore l'homme endurci ou désespéré que nous croiserons dans les futurs romans et cette première étape est essentielle pour avoir le sentiment de mieux le connaître.
En tout cas, il est déjà le squale qu'il restera dans le futur.
"Mais un requin lui collait au train. Un prédateur qui avait flairé l'odeur du sang."
Se posera également à plusieurs reprises la question de la loyauté. Jusqu'à quel point une équipe comme la leur doit-elle rester soudée ?

Encore un très bon thriller de Franck Thilliez dans lequel un rôle majeur est bien sûr donné au jeune Sharko.
Il m'aura fallu dix ans quand même pour remarquer que l'auteur avait le même prénom que son personnage principal. Sur ce coup là j'ai manqué de réactivité.
L'équilibre entre action, suspense et travail sur les personnages est parfaitement géré. D'ailleurs on ne voit quasiment pas passer les cinq cent pages, toujours dans l'attente de la suite ou de la prochaine révélation. La nostalgie fait aussi son petit effet ... et j'ai quand même pris un coup de vieux.
Ce que j'ai un peu moins aimé en revanche c'est toute cette magie qui s'écroule rapidement, et qui fait retomber le livre du côté rationnel trop vite, trop facilement. Lui ôtant son aura de mystère qui aurait pourtant gagné à être approfondie, ou du moins à perdurer.
A l'inverse, comme je l'ai déjà dit, nous permettre de suivre les premiers pas de Sharko, que ce soit en tant que flic à la criminelle, en tant que jeune amoureux de Suzanne ou qu'enfant ayant un lien fort avec Brigitte Dewevre est un vrai cadeau que nous fait l'auteur de Pandemia.

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