Trépidant, haletant, addictif. Les retrouvailles avec le commissaire Sharko sont au-delà de mes espérances.
Le voici de retour, six ans après son enquête éprouvante sur l'Ange Rouge, enquête à l'occasion de laquelle il avait retrouvé sa femme Suzanne, totalement traumatisée après les tortures subies. A force de soins et d'amour, le bonheur semblait être enfin là pour le couple, parents d'une petite Eloïse. Mais les démons de Suzanne étaient toujours là…. Et c'est un terrible accident qui enlève définitivement au commissaire les deux femmes de sa vie.
Un an après le drame, Sharko est de retour à Paris, au 36 quai des Orfèvres. Hanté par le souvenir de sa femme et de sa fille, le travail est le seul antidote pour le sauver de la dépression. Traquer. Traquer les désaxés, les criminels, les fous, jusqu'au dernier. A peine rentré de vacances, le voilà appelé en urgence sur la scène d'un nouveau crime. Une femme a été retrouvée morte dans une église, entièrement nue et rasée, sans blessures apparentes. le commissaire, dans cette nouvelle affaire, va côtoyer au plus près l'âme d'un monstre tandis que lui-même se débat avec ses propres démons.
Si le précédent roman de Thilliez, « La chambre des morts », m'avait laissée sur ma faim, celui-ci m'a tout de suite séduite. Menée tambour battant, sans temps mort, cette nouvelle enquête au rythme frénétique est terriblement addictive.
L'imagination diabolique de Thilliez, comme toujours, nous offre une intrigue palpitante et éprouvante pour les nerfs. le commissaire Sharko, plus fragile que jamais, est une machine prête à implosée qui traque sans relâche le tueur. Les scènes sont détaillées à la perfection et si j'avais déploré par le passé une accumulation d'hémoglobine, j'applaudis ici la mise en scène inventée autour du personnage de l'assassin et de ses méthodes… particulières. C'est gore, bien entendu, mais j'ai particulièrement apprécié l'analyse psychologique du tueur, quand en découvrant son passé on approche au plus près de ses motivations. C'est une histoire dans l'histoire et j'adore ce style. Sharko lui-même est ébranlé dans cette enquête où il doit résoudre ses propres tourments.
Enfin, l'ambiance caniculaire d'un mois d'août qui surchauffe les corps et les esprits ajoute la touche finale à ce roman qui nous met sous pression du début à la fin.
Insectes, folie, traumatismes de l'enfance, deuil,... Voici un mélange détonant pour un roman au style intense.
Amis des petites bêtes, vous allez aimer... Cette histoire a du piquant !
De l'excellent Thilliez, qui me propulse résolument vers les autres romans de l'auteur.
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Dire que je pensais qu'elle allait mieux, ma Suzanne, après six années de traitements abrutissants et de cris dans la nuit. Le traumatisme de son enlèvement semblait s'essouffler, elle savait sourire à nouveau, au moins à mes yeux, avait réappris les choses simples de la vie. Se laver, s'habiller, s'occuper un peu de notre petite Eloïse. Bien sûr, ce n'était plus la combattante d'autrefois, tellement lointaine parfois, si décrochée de la réalité et dépendante d'autrui. Sans cesse à arpenter la frontière de la folie. Mais j'avais perçu dans ses yeux le renouveau, la soif de vivre surpassant celle de partir.
Suzanne... Pourquoi t'es-tu lancée sur une nationale avec notre fille ? Quel démon s'est emparé de toi, en ce triste matin d'automne ?
Ces questions, je les ai ressassées des centaines et des centaines de fois. Un livre, qu'on ne referme jamais...
Devant, l'homme, Chartreux, il s'appelle Patrick Chartreux, s'adosse sur la vieille pierre et sort son téléphone portable. Il se retourne brusquement vers moi, je détourne la tête et simule un intérêt soudain pour le grand large. L'onde tranquille, ses bateaux paisibles. Je ne sais pas comment réagir. Une haine grandissante me brûle la gorge et je me sens capable d'une connerie. Mes poings se crispent, tandis que Chartreux s'engouffre dans un bar branché. Le voir disparaître me soulage. J'aurais pu repartir, l'oublier. Alors, pourquoi me suis-je décidé à l'attendre, grillant clope sur clope ? Pas bon signe...
Le front perlant, les mains moites, j'ouvre et ferme mon portefeuille d'un geste nerveux. Ma carte tricolore de flic occupe à nouveau son emplacement. Après tant d'années loin du pavé et des traques, j'ai repris le métier. Quitter le Nord, son ciel bas, ses souvenirs trop blessants. Puis retrouver la Grande Pieuvre, ses rues surpeuplées, cette vie de dingue au 36. Leclerc, mon divisionnaire, m'a mis plusieurs fois à l'épreuve ces six derniers mois et je n'ai pas failli. Il pense avoir retrouvé le commissaire d'antan, sa hargne au combat. Il a sans doute raison. Jamais cette hargne n'a été aussi grande..
Devant, le soleil enflamme les dernières braises du ciel. Le jour se meurt, tandis qu'un autre se prépare déjà, derrière, plus fort encore. La Nature nous l'enseigne chaque jour, il faut faire le deuil des choses passées, parce que ce qui pointe devant brille d'une beauté sans cesse renouvelée.
Faire le deuil, en gardant sur les lèvres le goût de ce qu'elles furent. Des deuils de miel...
Je ne vous oublierai jamais.
- Les araignées ont toujours imposé le respect ! [...] Elles sont partout. On en trouve deux millions dans un champ et plus d'une trentaine à l'intérieur des maisons les plus propres qui soient. Elles sont hors de vous et en vous. Sur une vie, ici en France, vous en avalez une dizaine durant votre sommeil. C'est véridique ! J'adore raconter ça aux femmes ! Vous verriez leurs têtes ! Dix araignées qu'on avale, en pleine nuit, sans s'en rendre compte !
Je faillis avaler ma langue.
Vous… vous voulez dire que… En quelques semaines, à partir d’un mâle et d’une femelle, on peut se fabriquer une armée de milliers d’insectes tueurs.
Elle dévoila un sourire mitigé.
Oh là là ! Non, non ! La transmission du parasite n’est pas verticale, les larves naissent forcément saines ! Dieu merci ! Sinon, la race humaine aurait anéantie depuis longtemps !
Je fronçai les sourcils.
Le professeur Diamond parlait pourtant de quarante pour cent d’anophèles infectés…
Troublant, en effet. La seule possibilité pour un spécimen de devenir porteur est de prélever du sang sur un humain lui-même porteur du paludisme.
J’eus du mal à déglutir. Je dis, d’une voix tremblante :
Vous êtes au courant que nous avons découvert une femme morte de cette maladie ?
Evidemment. Dans une église, c’est ça ?
D’horribles scénarii s’esquissaient dans ma tête. Mon corps répondit à ces pensées par une intense chair de poule.
Ça ne va pas, monsieur Sharko ?
Excusez-moi… Je n’ai pas beaucoup dormi. Et… ce n’est pas tous les jours qu’on apprend qu’on va peut-être mourir du paludisme.
En effet, une prise s'ouvrait. Mais elle renforçait l'horreur de ce qu'était vraiment l'assassin. Un monstre. Car il ne se contentait pas de tuer. Il poussait la perfection de ses crimes au plus infime détail, il les travaillait, les peaufinait, comme de véritables œuvres d'art.
Et il composait, avec la mort... une toile de maîtres...
Vous vous demandez quelles règles suivre pour construire une histoire captivante ? Dans cette vidéo, découvrez les précieux conseils de 4 auteurs francophones qui partagent leurs méthodes de construction narratives. Jacky Schwartzmann, Susie Morgenstern, DOA et Franck Thilliez, chacun dans leur genre littéraire, vous révèlent comment ils utilisent des principes clés pour donner vie à leurs récits passionnants.
00:09 - Jacky Schwartzmann : Les secrets du roman noir
00:44 - Susie Morgenstern : L'art d'écrire pour la jeunesse
01:40 - DOA : Les principes du polar
03:20 - Franck Thilliez : Les techniques du thriller
04:53 - Susie Morgenstern : La construction narrative pour tous les âges
06:23 - DOA : La structure narrative qui captive
Versions complètes des interviews :
Jacky Schwartzmann : https://youtu.be/WpHbv9wTiQ8
Susie Morgenstern : https://youtu.be/3-woOWwO_F0
DOA :
Franck Thilliez : https://youtu.be/M-EgT5F0YuU
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Interview : Lionel Tran, Julie Fuster, Amoreena Winkler Caméra : Lionel Tran - Montage : Ryu Randoin. Aide : Rémy Serart.
QUI SOMMES-NOUS ?
Les Artisans de la Fiction sont des ateliers d'écriture situés à Lyon. Nous prônons un apprentissage artisanal des techniques d'écriture et avons pour objectif de rendre nos élèves autonomes dans l'aboutissement de leurs histoires. Pour cela nous nous concentrons sur l'apprentissage et la transmission des techniques de base de la narration en nous inspirant du creative writing anglophone. Nos élèves apprennent en priorité à maîtriser : la structure de l'intrigue, les principes de la fiction, la construction de ses personnages…
Nous proposons également des journées d'initiation pour vous essayer au creative writing et découvrir si cet apprentissage de l'écriture de fiction est fait pour vous.
Retrouvez tous nos stages d'écriture sur notre site : http://www.artisansdelafiction.com/
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