Fengfeng et ses parents ont quitté leur village près de Wenzhou pour s'installer à Paris. Depuis trois ans qu'il fréquente le collège, le jeune garçon a progressé en français mais ne se sent toujours pas intégré. On se moque de lui, le 'chinetoque', il reçoit même des menaces. Il en a gros sur le coeur, mais ne peut se confier à personne : sa mère bosse jour et nuit dans la confection, son père a un boulot prenant dans un restaurant et d'autres activités plus mystérieuses. Fengfeng écrit deux fois par mois à sa grand-mère restée en Chine, mais il ne doit surtout pas l'inquiéter, il faut lui donner une image idyllique de la France, de Paris, de leur nouvelle vie. « Il a vraiment envie de lui écrire, mais ce qu'il met, maintenant, dans ses lettres, a de moins en moins à voir avec la réalité. »
Ce roman jeunesse aborde avec finesse de nombreuses questions liées à l'exil : problèmes d'identité et d'intégration, image à donner à ceux restés au pays qui considèrent l'expatrié comme un chanceux alors que la réalité est parfois bien différente (pauvreté, getthoïsation). L'auteur évoque également brièvement l'émigration clandestine et l'exploitation entre compatriotes (condition ouvrière, esclavage). Les déboires de ce garçon sonnent juste et le récit, en plus d'être instructif, est souvent poignant. Au-delà des questions liées à l'immigration, le roman traite de sujets sensibles pour les adolescents : les conflits avec les parents, la proximité avec les grands-parents, les petits et gros soucis au collège, le harcèlement, la misère urbaine, l'amitié, la solidarité. Il rappelle aussi fort à propos les vertus thérapeutiques de l'écriture : « Ce qu'il ressentait vraiment, il n'avait personne à qui le raconter, et ça encombrait sa tête. C'est comme ça qu'il avait commencé à écrire (...) ».
Beaucoup de sujets graves au total, mais traités avec une telle subtilité qu'on n'a jamais l'impression d'être dans la démesure.
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Depuis trois ans, Fengfeng vit à Paris avec ses parents. Il écrit souvent à sa grand-mère restée en Chine pour lui donner, toujours, de bonnes nouvelles, afin de ne pas l'inquiéter : « Mes camarades de classe sont très gentils, et la tour Eiffel est magnifique. » Mais, en réalité, Fengfeng n'a pas d'amis, ses camarades de classe se moquent de lui, et il n'a jamais vu la tour Eiffel. Pire : un jour, il découvre, dans son cahier de texte, une menace tracée en lettres malhabiles sur un morceau de papier…
L'avis de Marie-Gabrielle, 12 ans : J'ai bien aimé cette histoire, qui a une intrigue intéressante. Mais j'ai été très déçue par le vocabulaire du livre, familier et parfois même grossier.
Les avis de la rédaction :
_Un beau roman qui permet de découvrir la vie du quartier chinois de Paris.
_ Une jolie histoire, au début, avec un héros attachant. Mais très vite surgissent des personnages caricaturaux, et le récit perd de son originalité. Par ailleurs, le style relâché des dialogues est vite lassant.
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- Mais je te demande rien ! Si t'as pas envie, eh ben tu me dis rien ! [...]
- Ben, justement ! C'est parce que tu demandes jamais rien que je sens que tu es mon ami !
En fait, chacun semble avoir quelque chose de pas facile à dire.
(p. 109)
Dans sa lettre, il avait raconté à sa grand-mère ces choses étranges, mais ses parents l’avaient surpris. Ils avaient exigé de voir ce qu’il écrivait, et son père s’était mis en colère :
-Tu es tombé sur la tête ? Tu veux sa mort ? Si elle lit ça, elle va avoir une crise cardiaque !
Elle se fait suffisamment de souci pour nous ! Tu vas me faire le plaisir de recommencer sur un papier propre, d’abord, pas déchiré n’importe comment. Et puis tu vas lui dire que tout est beau, qu’on va bien, et puis c’est tout !
Mecontant qu'on ne s'occupe pas de lui,le petit garcon s'enerve,et on entend un craquement d'une dechirure:
-Tu arrache ma poche ?tu est fou ? mais qui va me racheter un chandail maintenant ? [...]
– Dans ce petit mouchoir, il y a une enveloppe cachetée. Tu ne l'ouvriras que quand tu seras grand, là-bas.
Les Chinoises, tu sais, c'est têtu !!!
Rencontre avec Anne Thiollier autour de son roman "La vie en Rouge" (Gallimard)