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50 pages
Perrin (31/12/1902)
5/5   2 notes
Résumé :
Conte merveilleux et parabole qui illustre le sermon sur la montagne.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Encore une lecture formidable
Comment se comporter face au mal ? Telle est la question.
Cela commence comme un superbe conte de fée. Je vous renvoie aux deux citations de PatriceG qui a recopié le début du texte. Et puis sans que l'on s'en aperçoive, on se retrouve dans une illustration lumineuse du sermon sur la montagne. le filleul est soumis à la tentation, il ne peut s'empêcher d'ouvrir une porte, celle de la connaissance. Il voit alors des choses terribles dont sont victimes ses proches. Mais il se fourvoie quand il veut exercer une justice punitive car il fait plus de mal que de bien. Alors son parrain le soumet à des épreuves énigmatiques et le confronte à un terrible brigand à plusieurs reprises...
Pour information, la nouvelle a été interdite par la censure à sa parution en 1886.
Lu sur la beq dans la traduction d'Helpérine-kaminsky ( 34 pages).

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Conte populaire écrit en 1886, édité chez Perrin en France en 1887, traduit par Halpérine-Kaminsky.
L'écriture est pure, biblique ..

C'était la volonté de Tolstoï plus forte dans ces années là de s'adresser au plus grand nombre, au peuple paysan, par des contes, des légendes puisés dans ses traditions riches et envoûtantes sous bien des aspects.

"Il est né chez un pauvre moujik un fils ; le moujik s'en réjouit, il va chez son voisin pour le prier d'être parrain. le voisin s'y refuse : on 'aime pas aller chez un pauvre moujik comme parrain. Il va, le pauvre moujik, chez un autre, et l'autre refuse aussi.

Il a fait le tour du village, mais personne ne veut accepter d'être parrain. le moujik va dans un autre village ; il rencontre sur la route un passant.

Le passant s'arrêta.
-Bonjour, dit le moujik , où Dieu te porte-t-il ? .. Dieu, reprend le moujik , m'a donné un enfant,, pour le soigner dans son enfance, lui consolera ma vieillesse et priera pour mon âme après ma mort. A cause de ma pauvreté, personne de mon village n'a voulu accepter d'être parrain. Je vais chercher un parrain.

Et le passant dit :
-Prends-moi comme parrain.

Le moujik se réjouit, remercia le passant et dit :
-Qui faut-il maintenant prendre pour marraine ?
- ..Et pour marraine, dit le passant, appelle la fille du marchand. Va dans la ville : sur la place : sur la place il y a une maison avec des magasins : à l'entrée de la maison demande au marchand de laisser venir sa fille comme marraine.

Le moujik hésitait.
-Comment, dit-il, mon compère, demander cela à un marchand, à un riche ? Il ne voudra pas ; il ne laissera pas venir sa fille.
- Ce n'est pas ton affaire. Va et demande. Demain matin, tiens-toi prêt : je viendrai pour le baptême.

Le pauvre moujik s'en retourna à la maison, attela, et se rendit à la ville chez le marchand. Il laissa son cheval dans la cour. le marchand vint lui-même au-devant de lui :
- Que veux-tu ? dit-il
- Mais voilà, Monsieur le marchand ! Dieu m'a donné un enfant pour le soigner dans son enfance : lui consolera ma vieillesse et priera pour mon âme après la mort. Sois bon, laisse la fille venir comme marraine.

- Et quand le baptême ?
-Demain matin.
- C'est bien. Va avec Dieu. Demain, à la messe du matin, elle viendra.

Le lendemain, la marraine arriva, le parrain arriva aussi, et on baptisa l'enfant.

Aussitôt que le baptême fut terminé, le parrain sortit, sans qu'on eût pu savoir qui il était. Et depuis, on le le revit plus."
(fin de chapitre)

§!§

C'est drôle, il y a un passage qui me rappelle la Femme aux cheveux rouges d'Orhan Pamuk.

Le talent est contagieux !..

Comme toujours chez Tolstoï, les personnages ont du relief, de la singularité, je l'ai dit déjà. Aussi dans les dialogues, pas besoin de remonter à la page précédente pour savoir lequel a dit ça qui nous faire perdre les pédales et nous barbe à vrai dire. Même sans dire qui le dit, on le sait naturellement. C'est invariablement exaltant ! On ne saurait prendre Tolstoï à défaut pour cette chose.

Quel génie d'ouvrir ainsi la philosophie sous l'angle lyrique, épique et de s'adresser aux "altérés" comme il l'a dit dans une conversation récente avec l'écrivain Nikolaï Danilevsky.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le Filleul de Tolstoï (conte populaire 1885)

Deuxième chapitre:
L'enfant grandit, et il grandit pour la joie de ses parents ; il était fort, et travailleur, et intelligent, et docile. Le garçon touchait déjà à ses dix ans, quand ses parents le mirent à l'école. Ce que les autres apprennent en cinq ans, le garçon l'apprit en un an : - il n'y avait plus rien à lui apprendre.

Vient la semaine sainte. Le garçon va chez sa marraine pour les souhaits habituels. Il retourne ensuite chez ses parents et leur demande :
- Petit père et petite mère, où demeure mon parrain ? Je voudrais bien aller chez lui pour lui souhaiter la fête.

Et le père avec la mère lui disent :
- Nous ne savons pas, notre cher petit fils, où demeure ton parrain. Nous en sommes nous-mêmes très chagrinés. Nous n'avons pas entendu parler de lui, et nous ne savons pas où il demeure, ni s'il est encore vivant.

L'enfant salue son père et sa mère.
- Laissez-moi, dit-il, mon petit père et ma petite mère, chercher mon parrain. Je veux le trouver, lui souhaiter la fête.

Le père et la mère laissèrent partir leur fils. Et le garçon se mit à la recherche de son parrain.


Le garçon sortit de la maison et s'en alla sur la route. Il marcha une demi-journée et rencontra un passant.
Il arrêta le passant.
- Bonjour, dit le petit garçon, où Dieu te porte-t-il ?.. Je suis allé, continua le garçon, chez ma petite marraine pour lui souhaiter la fête ; et de retour à ma maison, j'ai demandé à mes parents : "où demeure mon parrain ? Je voudrais lui souhaiter la fête. Et mes parents m'ont dit : "Nous ne savons pas, petit fils, où demeure leur parrain. Dès qu'il t'a baptisé, il a pris congé de nous, et nous ne savons rien de lui, et nous ignorons s'il vit encore " Et voilà, je vais le chercher.

Et le passant dit :
- Je suis ton parrain.

Le garçon se réjouit, il lui souhaite la fête et ils s'embrassèrent.

- Où vas-tu donc, maintenant, mon parrain ? dit le garçon. Si c'est de notre côté, viens dans notre maison. et si tu vas chez toi, je t'accompagnerai.

Et le passant dit :
- Je n'ai pas le temps maintenant d'aller dans ta maison ; j'ai affaire dans les villages ; mais je rentrerai chez moi demain. Alors tu viendras chez moi.

_ Mais comment donc, mon parrain, te trouverai-je ?

- Eh bien ! tu marcheras du côté où le soleil se lève, toujours tout droit, tu arriveras dans une forêt, tu trouveras au milieu de la forêt une clairière. Assieds-toi dans cette clairière, repose-toi, et regarde ce qui arrivera.
Remarque bien ce que tu verras, et va plus loin. Marche toujours tout droit. Tu sortiras de la forêt, tu trouveras un jardin, et dans ce jardin un palais, avec un toit en or. C'est ma maison. Approche-toi vers la grande porte ; j'irai moi-même à ta rencontre.

Cela dit le parrain disparut aux yeux du filleul.
(fin de chapitre)
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Note de l'éditeur :
En écrivant ces pages d'une grandeur biblique, l'auteur de Guerre et paix avait encore un autre but, il l'expliqua dans une conversation qu'il eut avec l'écrivain russe Danilevsky :

".. Les millions de russes qui savent lire, disait le comte Tolstoï, demeurent devant nous bouche bée comme de jeunes choucas, et nous disent : - Messieurs nos écrivains, jetez-nous dans la bouche de la nourriture intellectuelle, digne de vous et de nous ; écrivez aussi pour nous autres, les altérés d'une parole vivante et littéraire, débarrassez-nous de ces Erouslan Lazarévitch, de ces Mylord George et autres nourritures de foire !
Le simple et honnête peuple russe vaut bien que nous répondions à l'appui de son âme bonne et juste. . J'y ai beaucoup pensé, et je me suis décidé à tenter quelque chose en ce sens dans la mesure de mes forces."
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