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Françoise Marrou-Flamant (Éditeur scientifique)Denis Roche (Traducteur)
EAN : 9782070389100
272 pages
Gallimard (04/04/1995)
3.87/5   19 notes
Résumé :
Natalia Petrovna, adolescente, croise le portrait d'un ange et entre dans la Tentation. Cette femme découvre la liberté mais aussi la chute vertigineuse des amoureux. Histoire écrite en 1850 par un aristocrate de gauche de trente ans, censurée immédiatement, jouée avec succès dans des cercles privés et révélée triomphalement en 1909 par Stanislavski au Théâtre d'Art de Moscou. Ivan Tourgueniev signe là sa plus belle pièce.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
2018 sera l'année Tourgueniev.
Un mois à la campagne (Месяц в деревне)

D'après un vieux programme de théâtre, donc je n'ai pas l'éditeur.

Pièce de théâtre (1850) créée en 1879 à Paris et portée à l'écran à plusieurs reprises.

La vie se déroule un peu morne à la campagne, sur un thème proche des Trois Soeurs de Tchekhov, et avec le même style littéraire en demi-teintes. Natalia Petrovna – 29 ans - s'ennuie auprès de son mari, Arkadi Sergueïevitch Islaïev, riche propriétaire de 36 ans, plus intéressé par son domaine que par sa femme à qui il n'accorde qu'une attention très relative, loin de la passion à laquelle elle aspirait. Un ami de la famille, Mikhaïl Aleksandrovitch Rakitine, un peu plus jeune que son mari la distrait et lui sert de chevalier servant, quand arrive un jeune étudiant dont elle tombe amoureuse, Alekseï Nikolaïevitch Belyaev, engagé comme précepteur de Kolia, le fils du couple, âgé de 10 ans.

Problème: le jeune étudiant fait aussi battre le coeur de Vera Aleksandrovna (Verotchka), 17 ans, orpheline élevée dans la maison, qui découvre avec les émois d'un «premier amour», pour reprendre le titre d'une autre oeuvre de Tourgueniev. Un peu jalouse, Natalia manoeuvre pour lui ravir Alekseï. Afin d'évincer Véra, elle la pousse à épouser un prétendant vieux, sot, riche, ridicule et malade, mais qui lui assurerait à la fois fortune et position dans la société. Elle renonce cependant à son plan quand elle voit que le jeune homme n'est pas amoureux de Véra. Prise de remords, elle avoue son amour à Alekseï qui est près de succomber quand Rakitine, l'oublié, arrive inopinément, et met fin à leur conversation. Bouleversé, Alekseï démissionne. Vera décide d'épouser son vieux soupirant. le mari de Natalia croit à tort que sa femme est courtisée par Rakitine qui s'en va aussi, et Natalia retombe dans son ennui. Ainsi prend fin ce “mois à la campagne”, sur une fin analogue à celle des Trois Soeurs,qui clot la brève parenthèse de la passion adultère de Macha pour Verchinine, de passage pour quelques jours avec son régiment dans une autre bourgade de province. Ici aussi, tout rentre dans l'ordre.



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« C'est terrible de s'ennuyer avec des amis. Vous vous sentez bien, vous n'êtes pas gêné, vous les aimez, rien ne vous irrite; et pourtant l'ennui vous accable, et votre coeur gémit bêtement, comme s'il avait faim. »
Ça ne va pas mal dans la vie de Nathalia, non, un mari bienveillant et solide, sinon exaltant, un ami, amoureux platonique, dévoué et plutôt intelligent, très aimable, agréable, un galant homme sans aucun doute mais qui ne l'émeut guère, ne la fait pas vibrer... Oh Nathalia Petrovna est bien consciente que beaucoup de gens pourraient l'envier, n'empêche, c'est un peu morne finalement tout ça et dans le fond elle s'ennuie un peu, s'étiole doucement.
Alors quand le jeune et séduisant Beliaev s'installe chez elle comme précepteur de son fils Kolia, le coeur de Nathalia s'emballe, ses émotions ankylosées se réveillent, ses yeux se mettent à briller, ses joues à brûler... Un petit vent de vie et de bouleversant désir interdit se lève.

Pourtant il ne se passe pas grand chose finalement dans cette « nouvelle en forme dramatique » où les sentiments, un moment exacerbés, sont refoulés, dans ce théâtre pré-Tchékhovien où le désir d'une vie plus intense se heurte à une réalité monotone et frustrante; mais c'est tout en finesse et subtilité qu'Ivan Tourgueniev dépeint la complexité des sentiments, le bouleversement intérieur, l'impression que « d'un seul coup tout est détruit, brisé, emporté », l'étincelle qui jaillit, le feu qui s'allume et puis tout qui s'éteint.
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Un mois à la campagne (1850)
Ivan Tourgueniev (1818-1883)
Comédie écrite en France, cela a son importance, et qui sera montée et jouée à Moscou ; le succès sera clairement au rendez-vous.

Encore une jeune femme qui s'ennuie à la campagne sous la plume stylée d'Ivan Tourgueniev, mais en cela rien de grave, cela ne semble pas porter à conséquence, elle n'a juste pas chaussure à son pied dans ce domaine qui pourtant lui offre grâce et services, mais grâce à l'imagination de l'auteur russe, on compte bien qu'elle la trouvera cette chaussure à son pied, dans le langage de l'intimité amoureuse s'entend évidemment. Mais ce serait aussi si on devait se limiter à cela sans compter sur le sort de chacun des êtres qui animent la scène et qui interviennent à tour de rôle pour les besoins de cette comédie cocasse et révélatrice d'une société légère servie à dessein par notre ami Ivan. .

Donc récapitulons, un mari plutôt bonne pâte, détaché, propriétaire foncier, pas spécialement séduisant, il a affaire le brave homme ; en présence, un vieil ami de la famille qui en pince pour la charmante Nathalie Petrovna, -c'est ainsi qu'elle se nomme la jeube femme qui s'ennuie -, mais sans retour. On dit que les goûts et les couleurs ne se discutent pas, mais le choix de son coeur c'est pire, jusqu'au jour où un beau jeune homme, plutôt timide, non maniéré, arrive dans la maisonnée pour prendre du service comme précepteur du fils. C'est ballot, personne n'y avait pensé, mais ça va arranger tout le monde sauf l'ami de la famille : en effet, Nathalie va avoir le coup de foudre pour le dernier locataire des lieux. C'est la mangouste qui va au poulaillier plutôt qu'au serpent !. Merde alors ! le problème c'est que ça va mettre le bazar à bord contre toute attente ..

Le jeune précepteur va, lui, tomber amoureux, c'est tout comme, d'une jeune orpheline élevée dans la maison. La jalousie va être inévitable chez Nathalie .. et voyant son dessein contrarié va devoir compter sur son pouvoir de maîtresse des lieux pour arriver à ses fins, ça sert toujours sauf que ..

Allez j'en sers encore une gorgée pour la route : je parlais de coup de foudre chez Nathalie plus haut, en fait c'est surtout la vue de cette liaison nouvelle et forte entre Alexis le précepteur et Vera l'orpheline qui va déchainer les passions : Nathalie va se découvrir amoureuse d'Alexis. Alors elle va tenter un stratagème pour éclipser Véra : lui trouver un parti pourri comme épouser un vieux machin gros bêta ! J'ai déjà vu cela chez l'auteur ou chez Pouchkine, je ne sais plus ! Mais il faut croire que les apparences sont parfois trompeuses, Alexis n'est pas amoureux de Véra en fait. Alors là ! Nathalie est honteuse d'elle-même, sa méprise la laisse sur le carreau ! Pour redresser la barre, la scène va se recentrer sur Alexis, c'est lui en quelque sorte qui a les clefs en main du jeu amoureux qui se dessine avec extravagance, c'est maintenant sur lui que se portent toutes les attentions puisqu'apparemment on n'a rien d'autre à faire dans cette boutique ... Et c'est là aussi que le vieil ami de la famille va réapparaître dans le jeu, son éclipse des scènes précédentes ne sera que conjecture ..

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J'ai beaucoup aimé cette pièce de Tourgueniev parce que j'ai eu l'impression de lire une nouvelle construite sous la forme d'une pièce de théâtre.

Dans la Russie des années 1840, Natalia Pétrovna s'ennuie malgré la présence de nombreuses personnes à ses côtés : Rakitine, l'ami séducteur et meilleur ami de son mari, Arkadi Islaev, le médecin doué en flagornerie, son fils Kolia et Véra qu'elle a adoptée. La venue de Beliaïev, le nouveau précepteur de Kolia, va tout bouleverser… puisque Natalia tombe amoureuse de ce garçon et que Véra également...

Les personnages sont extrêmement bien dessinés, l'auteur excelle dans la description de leurs sentiments et de leurs comportements, notamment à travers l'emploi du monologue intérieur. C'est, à mon sens, son grand point fort.
On se laisse vivre et embarquer dans cette campagne à travers une comédie parfois tragique, à moins que ce soit une tragédie ponctuée d'instants comiques... C'est magique et diabolique. Une grande pièce sur ce qui nous est plus fort que nous dans la vie et que nous ne maîtrisons pas.
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L'amour est une chose grave

Ma première impression après avoir lu la pièce fut de me dire que cela ressemble à du Tchekhov mais un Tchekhov pas en forme, pas en jambe. Cette fausse analyse oubliait un peu vite que presque un demi siècle séparait Ivan d'Anton. Ce serait comme juger H. G. Wells à l'aune de Philip K. Dick. Comparer le précurseur au maître. L'inventeur au virtuose. le premier coureur au recordman.
Alors qu'il y a tant de trouvailles dans ce mois à la campagne, tant de détails qui en font un texte majestueux, peut-être même supérieur, dans la comédie, à la Cerisaie. Et c'est ainsi que je retombe dans mon travers initial.

Les personnages pris dans ce psychodrame amoureux peuvent paraître ridicules par leur intransigeance vis-à-vis du sentiment mais c'est pourtant comme cela que l'on s'imagine réagir les gens considérés comme biens. Beliaïev et Rakitine s'en vont, Natalia Petrovna épargne son mari, il n'y a que cette pauvre Verotchka qui se laisse déborder par son tourment pour finalement s'engager dans n'importe quoi. Et peut-être pas, lorsque l'on veut s'échapper il faut trouver une solution de repli.

Que ce qui en tout point ressemble au profond tragique de l'existence soit estampillé comédie en dit long sur les névroses des lecteurs et des spectateurs. Personnellement je n'ai pas ri, j'étais absorbé par ma compassion, mon empathie pour ces personnages qui ont dû certainement exister un jour au fin fond de la Russie.

Pour conclure, une pièce dont je comprends l'estime que certains lui portent. Une oeuvre mythique qui voulait sûrement démontrer l'imbécillité de ceux qui possèdent un trop plein d'honneur ce qui moi me les rend éminemment sympathique et touchant.




Samuel d'Halescourt
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Regardez, Natalia Petrovna, comme ce chêne vert sombre est beau sur le ciel bleu foncé. Il est inondé de soleil...et quelles couleurs puissantes!...quelle vitalité invincible et quelle force en lui, surtout si vous le comparez à ce jeune bouleau...Lui, on dirait qu'il va se laisser absorber par la lumière ; ses toutes petites feuilles brillent d'un éclat faible, comme si elles étaient en train de fondre. Et pourtant, il est beau lui aussi.
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Oui: je dois partir. Vera Alexandrovna, le croiriez-vous, je n'en peux plus d'attendre le moment où enfin je roulerai au galop sur la grand-route...J'étouffe ici, j'ai besoin d'air. Je suis brisé de chagrin et en même temps je me sens léger, comme un homme qui part pour un long voyage au-delà des mers : il a le cœur gros de quitter ses amis, il est angoissé, mais avec ça le bruit de la mer est si gai, un vent si frais lui souffle au visage que le sang pétille dans ses veines même si son cœur est lourd...Oui je m'en vais, c'est décidé. Je retourne a Moscou près de mes amis, je me mettrai au travail...
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Il a une sœur folle. A mon avis, soit ils sont fous tous les deux, soit ils sont sains d'esprit ; car il n'y a absolument aucune différence entre le frère et la sœur, mais là n'est pas la question. Le destin, que voulez-vous, encore et toujours le destin !
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