De tout et de rien dans ce recueil d'aphorismes, qui m'a semblait fort intéressant (si tant est que vous ne le lisez pas d'une seule traite, ce qui à mon avis deviendrait vite imbuvable). Un petit livre à garder au coin du lit, histoire d'en lire quelques uns par-ci par-là afin de prendre le temps d'y réfléchir dessus. Cela dit, certains d'entre eux sont tirés par les cheveux, ou peu intéressants; mais cela relève du subjectif et appartient à chacun de se faire un avis dessus. Dur de commenter donc une oeuvre comme celle-ci, le mieux restant je pense de s'y essayer (ne serait-ce que sur quelques pages) afin d'en découvrir un style qui se maintient tout le long du recueil.
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Il n'existe pas d'être capable d'aimer un autre être tel qu'il est. On demande des modifications, car on n'aime jamais qu'un fantôme. Ce qui est réel ne peut être désiré, car il est réel. Je t'adore... mais ce nez, mais cet habit que vous avez...
Peut-être le comble de l'amour partagé consiste dans la fureur de se transformer l'un l'autre, de s'embellir l'un l'autre dans un acte qui devient comparable à un acte artiste, - et comme celui-ci, qui excite je ne sais quelle source de l'infini personnel.
Que ne puis-je retarder d’être moi, paresser dans l’état universel ?
Pourquoi, ce matin, me choisirais-je ? Qu’est-ce qui m’oblige à reprendre mes biens et mes maux ?
Si je laissais mon nom, mes vérités, mes coutumes et mes chaînes comme rêves de la nuit, comme celui qui veut disparaître et faire peau neuve, abandonne soigneusement au bord de la mer, ses vêtements et ses papiers ?
N’est-ce point à présent la leçon des rêves et l’exhortation du réveil ? Et le matin d’été, le matin, n’est-il le moment et le conseil impérieux de ne point ressembler à soi-même ?
Le sommeil a brouillé le jeu, battu les cartes ; et les songes ont tout mêlé, tout remis en question…
Au réveil il y a un temps de naissance, une naissance de toutes choses avant que quelqu’une n’ait lieu. Il y a une nudité avant que l’on se re-vêtisse.
Paul Valéry, Tel Quel ,Autres Rhumbs
Folio essais
L’esprit vole de sottise en sottise comme l’oiseau de branche en branche. Il ne peut faire autre chose. L’essentiel est de ne point se sentir ferme sur aucune. Mais toujours inquiet ; et l’aile prête à fuir cette plus haute et dernière proposition où il vient croire qu’il domine.
Nous n’aimons pas celui qui nous contraint à n’être pas nous-mêmes; et nous n’aimons pas plus celui qui nous contraint à nous montrer nous-mêmes.
Mais nous aimons celui qui croit que nous sommes ce que nous voudrions être, et c'est le fond du plaisir de la gloire, dont il faut beaucoup de tristesse et de puissance combinées pour se défendre entièrement.
L'homme est animal enfermé – à l'extérieur de sa cage. Il s'agite hors de soi.
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Les Jeux olympiques de littérature
Louis Chevaillier
Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. »
Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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