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EAN : 9782283039489
592 pages
Buchet-Chastel (02/05/2024)
4.31/5   8 notes
Résumé :
A des époques différentes, trois femmes sont amenées à quitter la France pour Pondichéry, en Inde. Alice, en 1930, rejoint son mari médecin chargé de diriger la léproserie ; Oriane, en 1950, veut revisiter les lieux d'une petite enfance dont elle ne conserve que de vagues souvenirs ; Céline, enfin, en 2012, a fui une situation familiale dramatique. Ce séjour dans un ancien comptoir français va bouleverser leur vie.

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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Performance littéraire de haut vol, Pondichéry ou le rivage des ombres est pourtant le premier roman signé Anne Vantal. Il faut tout de même préciser que celle-ci a déjà fait ses preuves dans la littérature jeunesse et dans de nombreux autres domaines de la culture.
Dès que je lis Pondichéry dans le titre de ce pavé de près de six cents pages, je ne peux m'empêcher de penser à la chanson délicieuse et coquine de Guy Béart : « Chandernagor ». Malicieusement, il cite ces fameux Comptoirs français de l'Inde résultats d'une colonisation amorcée au XVIIe siècle. Karikal, Yanaon, Mahé, Chandernagor et, bien sûr, Pondichéry sont un peu oubliés parce que ces Comptoirs ont été transférés à l'Inde dès 1954 pour une fusion définitive en 1963.
Revenons donc à ce « Pondichéry facile » et ce « Pondichéry accueillant » grâce à Anne Vantal qui rafraîchit judicieusement nos mémoires ou, tout simplement nous apprend une Histoire délaissée au travers de trois destins de femmes, à trois époques différentes.
Je trouve vite la lecture de Pondichéry ou le rivage des ombres très agréable grâce à l'écriture fluide d'Anne Vantal et aux détails savoureux dont elle émaille son récit, un récit vivant et rythmé par le passage du début des années 1930 au début des années 1950 et enfin à 2012.
C'est d'abord Alice qui capte mon attention. Cette talentueuse pianiste vogue vers l'Inde où elle doit rejoindre Jules de Rouvray, son mari, un médecin, qui l'attend à Bombay, avant de rejoindre son poste, à Pondichéry.
Oriane, le 19 janvier 1950, retrouve Pondichéry, sa ville natale. Son parcours est un peu en retrait pour l'instant. Il va se révéler décisif par la suite.
Quant à Céline, troisième personnage principal de l'histoire, elle est sage-femme dans une maternité de Pondichéry et elle nous permet d'aborder notre époque, en 2012.
Les passages de Céline à Oriane ou Alice sont parfaitement datés avec jour, mois, année, ce qui facilité la lecture. Je me doute bien que les liens existent entre ces trois femmes mais Anne Vantal est très forte, ménageant le suspense jusqu'au bout, lâchant au compte-gouttes les révélations.
Au travers du parcours des trois héroïnes, l'autrice permet d'appréhender tous les problèmes de ce pays immense où l'on parle différentes langues – le tamoul à Pondichéry - et surtout où la population est soigneusement divisée en castes.
Anne Vantal excelle pour décrire la nature exubérante de ce pays qui subit régulièrement les ravages de la mousson. Elle décrit aussi les habitations, les jardins, de manière si vivante que ce n'est jamais ennuyeux. Je peux même qualifier son écriture de visuelle et ses portraits si réussis, que je m'attache à chaque personnage, les lâchant avec regret pour changer d'époque et en retrouver d'autres.
Si je suis étonné de découvrir l'indigoterie, l'usine textile de Charles Gréault où l'on teinte les tissus de cette fameuse couleur bleue, voilà que le Mahatma Gandhi fait parler de lui en 1930. Il pousse le peuple à se révolter pacifiquement contre l'occupant anglais en refusant de payer la taxe sur le sel.
Habilement, Anne Vantal insère dans sa fiction des personnages historiques essentiels pour l'avenir de l'Inde. Elle réussit aussi à faire comprendre la religiosité du peuple pour ses dieux et pour ceux qui attisent cela dans l'ashram de Pondichéry, par exemple.
Drames familiaux, relations Pondichéry – France par lettre ou par courriel, extraits de presse, tout cela pousse la lecture au plus profond de la psychologie d'Alice, d'Oriane et de Céline tout en éclairant la mentalité de ces Français déchirés entre leur attachement au Comptoir de Pondichéry et leur désir de rentrer en France.
Au cours de ma lecture, j'ai beaucoup apprécié cette histoire en marche sans négliger les parcours familiaux parfois compliqués. J'ai aussi pensé souvent à l'essai que j'avais lu il y a peu : Dans la tête de Narendra Modi, de Sophie Landrin et Guillaume Delacroix.
Enfin, je reste vraiment admiratif pour ce roman d'Anne Vantal et le travail que cela a dû représenter pour notre plus grand plaisir. Cette lecture m'a régalé et j'en remercie d'autant plus Babelio et les éditions Buchet/Chastel qui m'ont permis ce captivant voyage.

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1930, tandis qu'Alice va rejoindre Jules son mari, médecin dans une léproserie à Pondichéry, Gandhi entame sa longue marche non violente contre l'occupation anglaise. Les conséquences de la crise américaine de 1929 commencent à se faire ressentir en Europe.
1950, Oriane revient dans le pays qui l'a vue naître pour retrouver ses racines, L'inde a accédé à l'indépendance depuis 3 ans, Gandhi a été assassiné il y a deux ans. La France va perdre ses derniers comptoirs en Inde, elle va aussi perdre l'Indochine.
2012 Céline est sage-femme dans un hôpital, en ce début du XXIe siècle en Inde, la naissance d'une fille fait toujours figure de malheur, deux millions de fillettes âgées de dix ou 11 ans sont vendues à des mères maquerelles.

Trois époques, trois femmes, dans ce roman Anne Vantal nous entraîne à Pondichéry, elle nous raconte l'histoire de ce comptoir français qui se mélange à l'Histoire du monde.
À travers ces trois destinées, l'auteure nous décrit la pauvreté, la saleté, les castes dont celle des intouchables, considérées comme des sous-hommes, la chaleur moite, les odeurs, la force destructrice des cyclones. L'inde avec sa foi, ses fièvres, son dénuement et sa cohorte de laissés-pour-compte, les traditions y sont solides et l'étranger y est souvent méprisé.
C'est à un voyage agréable auquel nous convie l'auteure, un roman très bien écrit, un dépaysement total.
Je remercie Babelio et les éditions Buchet Chastel de leur confiance.
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Pondichery comme Chandernagor sont des mots qui me font rêver de séjours exotiques d'un autre siècle dans des villas luxueuses entourées de jardins exubérants , réservés, il faut bien le dire à un cercle restreint de nantis ...

Anne Vantal nous entraine dans cet ancien comptoir français des Indes à travers la vision de trois femmes , chacune à une époque différente.

1930, Alice débarque en Inde pour rejoindre à Pondichery, son mari, Jules de Rouvray un médecin qui a décidé de travailler dans une léproserie .
Ils viennent de se marier et Alice , pianiste , espère pouvoir continuer à donner quelques concerts.

1950 , Oriane revient sur les traces de son enfance .
Elle est née ici et a quitté l'Inde lorsque sa mère Marguerite a perdu la vie .
Elle désire connaitre un peu mieux les lieux qu'a fréquenté sa mère et peut-être les personnes qui l'ont connue.

2012, Cécile , après le décès de son frère , a accepté un contrat de sage-femme à la maternité de Pondichery .

Les histoires se succèdent, s'entrelacent pour se rejoindre à la toute fin du roman comme on peut s'en douter.

Les événements politiques avec le mouvement pour l'indépendance mené par Gandhi au début des années 1920 puis la marche du sel en 1930 au moment où débute ce roman sont commentés dans les milieux anglais et français que fréquentent les de Rouvray .

En 1950, l'indépendance de l'Inde a été proclamée mais restent encore quelques comptoirs français dont les jours sont comptés bien que certains européens installés depuis longtemps se bercent encore d'illusions, la guerre d'Indochine est d'ailleurs bien voisine ...

Pas de violence dans ce récit, l'extrême misère, les épidémies, le système des castes sont évoqués mais cela n'est qu'ébauché sans s'appesantir.

Ce livre est une lecture plaisante n'ayant pas déclenché pour moi un véritable engouement .
Je l'ai trouvé un peu long, l'alternance entre les périodes souvent beaucoup trop rapide ce qui m'a occasionné parfois un mélange entre les histoires des jeunes femmes .
La plongée dans l'Inde véritable n'est, comme je l'ai déjà dit , qu'ébauchée .

Pour moi, c'est une lecture d'été, sans prise de tête et c'est déjà très bien .

Je remercie Masse crique privilégiée et les Éditions Buchet-Chastel
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Alice en 1930,
Oriane en 1950,
Céline en 2012…
Trois femmes, trois périodes, trois destins dans le contexte social et politique du sous-continent indien sur une centaine d'années, et en particulier de Pondichéry, comptoir commercial français rétrocédé à l'Inde en 1962.

Ce gros roman joue sans complexe la carte du romanesque policé, avec une écriture généreuse, dense de détails du quotidien, de mentalités associées à chaque époque et chaque population. Dans cette fiction sur fond historique, l'auteur ne peut échapper à une certaine forme didactique, mais toujours avec aisance, évoquant le contexte géopolitique de l'Inde et le parcours de cette colonie au travers de ses habitants, fonctionnaires, coloniaux et indigènes mêlés.

Sans surprise, la narration en chapitres courts et dynamiques alterne le devenir de chaque héroïne, une façon de mettre en perspective un statut féminin différent dans leur histoire individuelle. Par-delà les décennies, un fil commun se tisse peu à peu, sorte d'enquête familiale en généalogie.
Se photographient en décor exotique des images sépia de ce petit bout de France, enclave coloniale à la fin programmée, où nos concitoyens ont eu plaisir à vivre, à prospérer, à cultiver un esprit d'opportunité, d'entreprise et d'assistance.

Très jolie lecture. Je me suis régalée !
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C'est un roman au long cours, dans lequel on se laisse porter, un peu comme dans un hamac, faisant peu à peu connaissance avec les personnages, s'habituant à l'alternance incessante entre les époques, heureuse de retrouver les uns puis les autres, cherchant ce qui peut bien relier ces trois femmes à des décennies de distance mais sans y attacher trop d'importance car ce qui compte c'est le plaisir du voyage et du récit. le plaisir de leur compagnie. Il y a Alice, en 1930, Oriane en 1950 et Céline en 2012. Leur parcours les conduit à Pondichery, comptoir français aux Indes où Alice toute jeune mariée rejoint son époux médecin en charge de la léproserie rattachée à l'hôpital ; Oriane elle est à la recherche de ses souvenirs d'enfance, née à Pondichéry elle a été envoyée en France à l'âge de 6 ans après le décès de sa mère, élevée par une tante alors que son père chercheur multipliait les voyages ; quant à Céline, sage-femme, elle cherche à mettre derrière elle un drame qui l'a poussée à fuir. Tout en suivant les parcours intimes et familiaux de ces trois femmes c'est l'Inde à différentes étapes de son histoire qui se déploie par le prisme du regard de français aux statuts différents. En 1930, le comptoir de Pondichéry est une enclave française bien établie aux côtés de la colonie britannique, mais les échos des changements à venir se font déjà entendre. En 1950, l'indépendance de l'Inde est établie, le comptoir français doit faire face à un référendum pour décider de son rattachement éventuel. En 2012 l'autrice met un coup de projecteur sur la situation particulière des femmes en Inde et c'est avec ce prisme que l'on suit aussi les parcours de ces trois femmes à trois époques différentes mais avec des questionnements qui se rejoignent sur la façon de se réaliser entre aspirations personnelles, vie conjugale, maternité et vie professionnelle. Peu à peu le lien entre elles apparaît mais comme je l'ai dit au départ ce n'est pas le plus important ; car j'ai aimé les suivre chacune dans leurs questionnements, leur liberté, leur découverte d'autres cultures, leurs doutes... L'arrière-plan est très riche, très documenté mais reste à bonne distance, l'autrice préfère l'insérer grâce à des second rôles bien campés et au mélange entre personnages de fiction et personnages réels ce qui m'a semblé une excellente idée. Cela permet de comprendre les enjeux politiques et donc leurs incidences sur les modes de vie à chaque époque, sans jamais nuire à la trame romanesque. Cela donne un roman de facture classique, très bien composé, qui procure un réel plaisir de lecture et une pointe de regrets au moment de quitter Pondichéry malgré les presque 600 pages. S'il y a par-ici des amateurs de pavés bien balancés et pas bêtes pour l'été en voilà un qui fera très bien l'affaire.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Céline observe la déférence avec laquelle le serveur, un petit homme replet, à la silhouette résolument féminine, s'adresse au client ; elle sait que Anton et elle-même ne bénéficieront de telles attentions : les traditions sont solides en Inde, et l'étranger y est souvent considéré comme méprisable.
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L'inde avec sa foi, ses fièvres, son dénuement et sa cohorte de laissés-pour-compte, l'inde se dérobait à sa compréhension. Elle en éprouvait une inquiétude vague et non dépourvue d'ingénuité : comment allait-elle s'acclimater dans un pays qui s'obstinait à lui échapper ?
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Et pour ces parturientes alignées dans la grande salle de la maternité, pour qui Dieu est multiple parce que hindou, une seule chose compte : conserver la tradition, fuir la modernité, reproduire les schémas ancestraux. Dans ces rites, la naissance d'une fille fait figure de malheur.
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