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EAN : 9791096535286
172 pages
Marest Éditeur (26/05/2020)
4.33/5   3 notes
Résumé :
« Interpréter, c’est jouer avec les images, comme on dit jouer avec les mots. Mais jouer avec les mots, comme dit Godard, c’est encore du langage. Jouer avec les images, c’est encore en créer afin peut-être d’aider à mieux les comprendre. »

Où en est la critique de cinéma ? Évaluer son statut en milieu universitaire fournit-il un élément de réponse ? Défendre la critique de création, est-ce encore un vœu pieu face à l’objectivité scientifique et journ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Qui de nous deux inspire l'autre ?

La trajectoire de David Vasse l'a tout naturellement amené à écrire Critique et université : les lois de l'hospitalité. Lors de ses études à l'université de Caen-Normandie, ce passionné de cinéma fonde avec plusieurs de ses camarades la revue Éclipses en 1994. Totalisant près de 70 numéros, ce bisannuel favorise l'exploration monographique d'une ou d'un auteur.e, s'autorisant une large liberté de format, de ton et d'approche critique. À la fin des années 1990, Vasse débute une thèse à propos de Jacques Tourneur quand il est approché par Les cahiers du cinéma et y collabore durant deux ans. Il va finalement orienter ses travaux universitaires sur le cinéma de Catherine Breillat et devient enseignant puis maître de conférences en études cinématographiques. La thématique du cinéma d'auteur français l'intéresse tout particulièrement, et il publie le Nouvel âge du cinéma d'auteur français ainsi qu'un ouvrage sur Jean-Claude Brisseau. Autant dire que les relations qu'entretiennent analyse filmique enseignée à l'université et critique diffusée par les médias le passionnent particulièrement.

La crise que vit actuellement la critique de cinéma mérite d'être analysée sous divers aspects. En effet, depuis une vingtaine d'années, l'apparition du numérique comme outil de prescription a démultiplié les voix de cet exercice. Les discours critiques, divers et variés, pullulent, d'aucuns saluant le souffle de liberté que cela occasionne, d'autres regrettant la perte d'influence de la parole des experts. Ceci dit, le phénomène n'est pas nouveau, et il y a quarante ans la télévision était pointée du doigt par les défenseurs acharnés de la presse écrite, qui voyaient là un concurrent de taille. Or c'est le contenu et non le media qui va définir la qualité et l'intérêt d'un texte. L'apport théorique d'une critique se trouvera non dans les textes prescripteurs uniquement mus par l'actualité foisonnante des sorties en salles mais dans ceux qui abordent les oeuvres d'un regard nouveau, prenant le risque de déplaire aux organes promotionnels et de sonder l'oeuvre en question et sa portée artistique. Ainsi, faire progresser la pensée critique et analytique, tel est l'enjeu auquel de nombreux rédacteurs doivent faire face.

À la lecture de Critique et université : les lois de l'hospitalité, on sent que David Vasse est universitaire. Son ouvrage débute, de façon très traditionnelle, par une introduction, qu'il nomme préambule. Sur une dizaine de pages, l'auteur définit les termes essentiels du débat, présente les enjeux, à la fois historiques et contemporains, de son analyse, et bien entendu pose sa problématique. En l'occurrence, une série de questions vont mettre en perspective les chapitres qui vont suivre. C'est là que le lecteur va trouver le noeud du problème qui nous est posé, à savoir comment faire pour réconcilier les deux pratiques que sont, pour le monde des idées sur le cinéma, l'université et la critique. Chacun des sept chapitres sera ensuite développé de façon courte, avec parfois des parties pour orienter le lecteur. le ton est très pédagogique, et si Vasse utilise des théories, il prend bien soin de les expliquer doctement et bien sûr de sourcer l'ensemble de ses apports théoriques. le lecteur mauvaise langue pensera que le livre s'assimile à une bonne copie de doctorant, le lecteur plus indulgent fera l'analogie avec un produit qualitatif de la collection Que sais-je.

En tout cas le moins que l'on puisse dire est que Critique et université : les lois de l'hospitalité est un ouvrage référencé. Quasiment l'ensemble des théories sur le cinéma y sont présentées, elles sont d'ailleurs souvent énoncées par des cinéastes ou des critiques, les deux n'étant pas antinomiques, loin de là, que l'on pense aux cinéastes de la Nouvelle vague à des personnalités plus contemporaines comme Thierry Jousse ou bien à Olivier Assayas. François Truffaut est souvent cité dans le livre, qu'il s'agisse de défendre la politique des auteurs ou bien d'insister sur le fait que la critique n'est pas une science exacte. D'autres domaines de la critique sont également invoqués, et l'on peut lire des extraits de la pensée d'universitaires tels que Roland Barthes bien sûr, ou bien Stanley Fish, spécialisé en littérature américaine. David Vasse n'oublie pas de citer des critiques historiques comme celle de Charles Baudelaire, pour qui il n'est pas d'art sans réflexion sur l'art, et cite même des théoriciens de la psychanalyse comme Jacques Lacan. Parfois les références ne sont pas assez fouillées mais elles sont toujours citées de façon pertinente.

Ce que nous raconte Critique et université : les lois de l'hospitalité est dans le fond tout à fait passionnant, pour qui s'intéresse à ces sujet bien évidemment, le lecteur qui n'est pas au fait de ces sujets se sentira peut-être un peu exclu de ces développements. David Vasse débute son propos en insistant sur le fait que de moins en moins de critiques publiées dans des quotidiens, voire des mensuels, ne prennent le temps de contextualiser les oeuvres qui y sont présentées. L'attirail contemporain des réseaux sociaux et de la modernité pousse à émettre des jugements lapidaires contraires à l'analyse théorique. L'auteur prend tout de même bien soin de ne pas généraliser, et concède volontiers que le lecteur curieux saura trouver, à la fois dans des revues imprimées et sur des sites ou bien dans des blogs de nombreux textes dignes d'intérêt. Quant au débat de fond qui oppose deux mondes éloignés l'un de l'autre, difficile à dire s'ils sont réconciliables, et même si Vasse appelle de ses voeux dans sa conclusion une union éclairée, elle parait compliquée, en particulier dans un monde où la rentabilité immédiate, y compris des oeuvres de l'esprit, a tant d'écho.
Lien : https://www.panodyssey.com/f..
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Livre reçu dans le cadre de l'opération « Masse Critique » dont je remercie les organisateurs et les éditions mentionnées.
Je recommande de lire ce livre en prenant son temps, sachant que c'est une mine d'analyses qu'il s'agit d'extraire soigneusement et que la langue utilisée est soutenue. L'auteur nous fait partager son analyse et ses arguments avec conviction.
Pour faire le plus court possible (sans reproduire le livre ni lasser le lecteur), on peut dire que l'enjeu du livre de D. Vasse consiste à mettre en lumière l'opposition entre la critique universitaire sur le cinéma via l'enseignement et sa plus grande rivale : la cinéphilie, ainsi qu'entre différents courants de la critique cinématographique, qu'elle soit imprimée ou en ligne.
D'un côté, l'université s'impose comme le chantre du jugement argumenté. de l'autre côté, la critique est souvent présentée comme une agence de cotation.
L'achoppement se produit à différents niveaux et les dichotomies se multiplient.
Pour tenter de conclure brièvement: tout manichéisme peut être écarté et l'hospitalité entre les domaines (d'où le titre de cet ouvrage) doit amener à « L'art d'aimer » le cinéma (Jean Douchet). Un faux débat produisant une compétition stérile, David Vasse prône un « partage d'intelligences » (p 40).
Réunissant dans un processus à trois niveaux le créateur, le critique et le spectateur, la critique doit représenter un « cogito phénoménologique » (Barthes), soit : une vision du monde.
Et le monde d'aujourd'hui doit faire face à « des vents contraires » (p 163).
Plus sur http://anne.vacquant.free.fr/av/index.php/2020/07/08/david-vasse-critique-et-universite-les-lois-de-lhospitalite/
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Un ouvrage petit par la taille mais grand par les idées qu'il développe et la manière dont il les expose.
L'auteur aborde de nombreuses thématiques qui tournent autour de la notion de "critique" (de cinéma, presque exclusivement, avec quelques incursions du côté de la littérature) sans jamais perdre le lecteur. David Vasse connait parfaitement son sujet, prend énormément de plaisir à en parler et il transmet sa passion grâce à une forme limpide, un plan clair et lisible qui ne nous fait jamais perdre le fil de sa pensée. L'intention du texte est bien définie, dès le début, et, lorsqu'on repose le livre, on a très envie de se (re)découvrir certains films cités, de (re)lire des textes de certains critiques mentionnés, de tenir entre ses mains certaines revues évoquées dans cet ouvrage qui m'a fait profondément repenser le rôle de la critique de cinéma, ses apports, ses limites, ses perspectives.
Cerise sur le gâteau : si la langue est belle, elle n'est pas jargonneuse et l'auteur aborde un sujet complexe sans prendre le lecteur de haut, en rendant son livre parfaitement accessible à tous.
En bref, Critique et Université - Les lois de l'hospitalité est un ouvrage passionnant et très instructif, écrit par un passionné, qui transmet son savoir avec beaucoup d'envie et de pédagogie.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Le jugement indistinct (j'aime/j'aime pas), le jugement diacritique (privilégier la singularité de l'oeuvre à travers l'auteur) et l'attitude axiomatique qui se penche sur les effets qu'un film soumet à la pensée pour aboutir à la production d'idées sur la création de ces effets. (Josée Moure)
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L'oeuvre contient des "signifiés implicites", probablement révélateurs du "projet existentiel de l'auteur". (Roland Barthes)
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Telle est l'humble tâche du critique, pour laquelle il lui faut être un peu artiste - un artiste sans oeuvre. Il doit détecter cette chose mystérieuse dans le tumulte ambiant: le passage de la beauté." (Jean Collet)
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Il n'y a pas de faits, il n'y a que des interprétations. (Nietzsche)
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Comparer, c'est ce qui donne à penser.
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