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Louis Vincenolles (Traducteur)
EAN : 9782283034644
432 pages
Buchet-Chastel (03/02/2022)
4.28/5   20 notes
Résumé :
Pendant son incarcération en 2011, repensant au fossé d'incompréhension qui s'était creusé entre son père et lui, Ai Weiwei décide d'écrire ses mémoires pour que son enfant n'ait pas les mêmes regrets. Ai Weiwei est le fils du grand poète chinois Ai Qing, ami de Mao Tsé-Toung. Violemment critiqué lors de la Révolution culturelle, ce dernier est envoyé avec sa famille en camp de travail. Avec une absolue franchise et beaucoup d'esprit, dans ses mémoires intimes illus... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Emprunté à la Bibliothèque Forney- Paris- 9 mars 2024

Récit autobiographique aussi captivant que brûlant d'actualité, concernant la Liberté d'opinion octroyée ou non aux individus dans leur pays...

Je remercie les bibliothécaires de Forney d'avoir eu l'heureuse idée de mettre en avant cette publication d'un créatif peintre- sculpteur- vidéaste chinois; Cet artiste chinois contemporain, en sus de son propre parcours d'artiste engagé, souhaitait redonner vie à l'itinéraire exceptionnellement courageux et rebelle de son père, AI QUING,célèbre poète et intellectuel persécuté des années durant par Mao et son régime !

Il aura fallu que le fils, l'auteur, se retrouve, en 2011, emprisonné deux mois durant( avec ensuite 4 années de résidence surveillée) ; cause: délit d'expression, pour qu'un déclic se fasse; qu'il réalise le caractère exceptionnel de son père, les épreuves terribles endurées pendant 20 ans,où les punitions, les mises à l'épreuve, les exils dans les camps de travail aux confins du pays supportées par cet intellectuel déterminé mais modéré, un véritable " Saint laïc ", ami de Lin- Ding, et de Neruda, etc.; ce que lui et son frère, partagèrent tout jeunes, avec leur père.
(***la mère et un autre fils restèrent, ne pouvant supporter un énième transfert dans une région hostile et lointaine)

Une triple histoire: celle de la Chine des années 1930 à aujourd'hui, les mauvais traitements du Père, infligés par le régime maoïste, et enfin le prolongement de cette histoire aussi individuelle, avec le parcours et les engagements du fils, prolongeant l'esprit et les combats paternels...

Ce que l'on peut regretter, au final, c'est que cet artiste, à son tour, pour continuer à agir efficacement , doit quitter son pays, et s'installer en Allemagne ....

Le récit est abondamment accompagné de dessins de l'écrivain,et complété par deux cahiers de photographies ( *au centre de l'ouvrage)

On a la sensation très forte que cet artiste, traumatisé par les souffrances et humiliations inimaginables vécues par son père, et
auxquelles il a assisté, impuissant, l'a à la fois fragilisé et fortifié dans ses révoltes...dans son évolution intellectuelle et agissante pour les Droits de l'homme, dans le monde entier.

Ce qu'il explique fort bien dans les lignes suivantes :
"Lesbos m'a permis de comprendre comment j'en étais devenu un être incomplet, et m'a aidé à voir comment la vie d'exil qui avait affligé mon père forme aussi la vie de mon propre enfant tout comme l'ombre suit la forme. Depuis 2011, début du conflit syrien, près de 10 millions de réfugiés ont été chassés de chez eux, quittant les lieux où sont logés leurs souvenirs, perdant contact avec leur langue et leurs émotions. Lorsque la mémoire d'un individu ou d'un peuple ne peut perdurer, la tristesse qui reste est un trou noir sans fond."

Je ne veux pas omettre que l'auteur- artiste narre également abondamment son parcours artistique protéiforme. Fasciné très jeune par Marcel Duchamp...il s'en inspirera lui- même dans ses oeuvres- révolte ..

L'art provocateur de Duchamp, qui détournera la fonction originelle d'objets pour s'exprimer !

Weiwei est aussi photographe, commissaire d'exposition...

En Chine, il est une figure artistique majeure de l'opposition au pouvoir.On comprend d'autant plus aisément ses engagements absolutistes, alors qu'il a souffert de voir son père persécuté et rabaissé, empêché d'écrire et de publier...

Pour ce père admirable, et par conviction personnelle, sans oublier son amour pour son fils, à qui il veut TRANSMETTRE...l'histoire de son grand- père et l'histoire de leur pays d'origine...

Car , même après la reconnaissance artistique, l'aisance et la sécurité relativement acquises à l'étranger, reste à jamais ce sentiment de l' Exilé, pour qui le mot " MAISON " garde un goût
amer:
"Nous avons souvent déménagé pendant mon enfance, et comme chaque déménagement exigeait ajustement et adaptation, la maison, pour moi, n'était pas un endroit où je me sentais en sécurité et ne suscitait pas un sens d'appartenance.Une maison que l'on ne peut ni protéger ni conserver ne convainc plus; la confiance et l'attachement, lorsqu'ils ne sont pas ancrés dans la mémoire, cessent aussi d'exister."

Il y aurait encore énormément à dire de ce témoignage incroyablement foisonnant et
intense , qui nous bouleverse, nous chavire, particulièrement le chemin de souffrances et de persécutions , dégradant deux décennies durant, au moins ce père bienveillant, poète reconnu et brillant lettré, qui résistera jusqu'au bout !

Très impressionnante personnalité paternelle, dans la modestie et la fidélité à toute épreuve, à ses idéaux...Tout cela excellemment rendu par un fils admiratif et reconnaissant !

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« Sans liberté d'expression, il n'y a pas de monde moderne mais uniquement un monde barbare ».
*
Né en 1957 à Pékin, Ai Weiwei est un des artistes majeurs de la scène artistique indépendante chinoise, il est le fils de l'écrivain et grand poète chinois Ai Qing, catalogué droitiste, violemment critiqué lors de la Révolution culturelle.

C'est durant son incarcération en 2011 – quatre-vingt-un jours de détention secrète, considéré « ennemi de l'état », puis libéré et assigné à résidence quatre ans - qu'Ai Weiwei se décide à écrire ses mémoires – livre qu'il dédie à ses parents et à son fils.

Ai Weiwei revient sur l'histoire de son père, l'enfermement subi quatre-vingt ans auparavant, l'histoire de sa famille et celle de la Chine sur tout un siècle.

L'année de naissance de l'artiste est la période de la campagne antidroitière lancée par Mao Tsé-Toung.
Les souvenirs d'une époque tumultueuse où les turbulences et l'engouement politiques entravaient tout espoir de culture libre. Une époque « (…) dans un monde qui ne cessait de basculer ».
« En Chine, toutefois, le destin des hommes est trop souvent formé par des forces politiques supérieures et non par les choix individuels ».

Un récit intime - l'histoire de sa jeunesse dans les camps de travail chinois avec son père dans la province du Heilongjiang « la petite Sibérie » jusqu'à son exil en Europe - où il se confie et met en évidence de façon forte la défense de la liberté d'expression et la puissance révolutionnaire de l'art, et aussi témoigne de la vie dans un régime totalitaire et l'impact sur son oeuvre, ses provocations, son combat continu contre le pouvoir dominant écrasant les pensées et les sentiments individuels.
Un récit où il conte aussi ses rencontres avec différents artistes, ceux qui l'ont inspiré tels que Marcel Duchamp, Andy Warhol…et également l'impact incontournable de l'Internet sur son oeuvre.
« Il faut une raison pour s'exprimer, mais la raison, c'est de s'exprimer ».
Une lecture qui révèle combien le passé, l'histoire de son pays et de sa famille, ont conditionné les choix de l'artiste, militant, opposant au régime chinois.

« La liberté provient des sacrifices que l'on fait pour l'obtenir ».

Ai Weiwei, un destin hors norme, un artiste contemporain – extravagant et subversif - connu mondialement pour ses oeuvres révolutionnaires, une figure de l'engagement contre la répression de la liberté d'expression et le contrôle idéologique.
Un artiste qui réveille les consciences et souligne l'immortalité de l'art.

Des extraits des poèmes de son père Ai Qing parsèment tout le cours du récit, ainsi qu'un aperçu de ses oeuvres d'art, dessins, photographies.

Autobiographie bouleversante – depuis la Chine de Mao Tsé-Toung jusqu'à nos jours.
Un ouvrage plaidoyer pour les droits de l'homme.

« Mille ans de joies et de peines,
Dont ne reste la moindre trace
Hommes qui vivez, profitez de la vie
N'espérez pas que la terre en gardera le souvenir »
*
Un grand merci à Babelio et aux éditions Buchet-Chastel pour cet ouvrage dense et fort intéressant que j'ai apprécié, reçu dans le cadre de Masse critique.
*
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« Mon père avait traversé une période bien plus dure, dans laquelle tant de personnes ont payé de leur vie les propos qu'ils avaient tenus. Je ne lui avais jamais demandé ce qu'il pensait, je ne m'étais jamais demandé comment était selon lui le monde qu'il voyait de son oeil valide. Je ressentis un vif regret de ce fossé désormais infranchissable entre lui et moi. C'est là, à cet instant, que l'idée d'écrire ce livre m'est venue, pour éviter à Ai Lao de souffrir un jour du même regret. » Pour son fils, Ai WeiWei remonte donc le fil du temps et relate le parcours difficile de son père Ai Qing, né en 1910 et qui a vécu et souffert, en tant que poète et intellectuel, des nombreuses réformes issues des bouleversements politiques de la Chine au cours du XXe siècle. Lui-même aux prises avec les tracasseries de l'État chinois (surveillance, censure, interrogatoires et pour finir, emprisonnement), Ai WeiWei persiste et signe de ses oeuvres dérangeantes, témoignant de façon spectaculaire au monde entier de la coercition que la Chine exerce de façon constante sur ses citoyens. « Maintenant, en tant qu'ennemi public, j'étais l'égal de mon père. Avec quatre-vingts ans d'écart, dans le même pays, des infractions similaires nous permettaient de nous réunir. »
Le livre contient plusieurs dessins de l'auteur ainsi que des photos de ses expositions dans les musées des grandes capitales occidentales. J'ai été y voir de plus près sur Internet et ses créations m'ont fortement impressionnée. Intelligence, sensibilité, imagination et détermination sont au coeur de son oeuvre artistique.
Un récit émouvant et confrontant, narré avec pudeur, et qui se lit d'une traite. Un compte-rendu minutieux et un constat implacable de la position des artistes et des écrivains dans la Chine actuelle qu'il vaut la peine de lire.
« L'autoritarisme craint l'art qui fonctionne sur plusieurs niveaux et avec des sens multiples. »
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Cet essai autobiographique nous raconte l'histoire familiale de l'artiste Ai WEI WEI et également l'histoire contemporaine de la Chine que je connaissais assez mal. Tout commence avec l'histoire du père, Ai Qing, poète qui va être l'une des nombreuses victimes de la politique de Mao lors de la révolution culturelle. Ai Wei Wei grandit alors dans un camp de travail chinois auprès de son père.

La relation pudique entre père et fils est très émouvante. Ai Wei Wei va lui-même vivre ce destin d'artiste persécuté qu'avait connu son père, en subissant l'emprisonnement. Tous les évènements difficiles ou tragiques sont décrits avec justesse sans jamais tomber dans le pathos.

J'ai également apprécié que le lecteur ait le privilège de suivre le chemin artistique de l'auteur et ainsi mieux comprendre son oeuvre et son travail. le livre est d'ailleurs parsemé de dessins inédits de l'artiste et de quelques photos. C'est un essai indispensable pour découvrir l'artiste contemporain majeur qu'est Ai Wei Wei.

Ai Wei Wei a rédigé en réalité ses mémoires en cadeau à son fils, quelle chance de pouvoir les lire également !
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Livre reçu dans le cadre d'une masse critique.
Je connais mal Ai Wei Wei, c'est pourquoi j'avais sélectionné ce livre. Cette autobiographie m'a permis de mieux cerner l'artiste qu'il est et son importance dans le monde de l'art. Artiste contestataire, il est très important en Chine où il a fait de nombreux projets, mais aussi très surveillé par les autorités. Mais il continue son combat pour la liberté coûte que coûte.
Ai Wei Wei se raconte, raconte sa famille. Son père était un poète ennemi du peuple qui a vécu une bonne partie de sa vie dans des camps de rééducation.
Les oeuvres de Ai Wei Wei montrent le pouvoir de l'art. Très intéressant.
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critiques presse (2)
LePoint
16 février 2022
Dans le passionnant Mille Ans de joies et de peines, Ai Weiwei, l'un des plus grands artistes plasticiens et documentaristes de notre époque, revient sur sa vie tout entière marquée par la poigne de fer du régime chinois.
Lire la critique sur le site : LePoint
Bibliobs
31 janvier 2022
Une autobiographie bouleversante.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Grand- père possédait une échoppe de sauce soja et une épicerie générale de produits importés. En sus de gérer ses affaires, il passait une bonne part de son temps à suivre l'actualité et à lire les nouvelles parutions.(...)
Il était considéré dans le village comme un réformiste et avait été l'un des premiers à couper sa longue tresse, laquelle symbolisait la soumission des Chinois Han aux autorités mandchoues de la dynastie des Qing.Il autorisa les femmes de la famille à débander leurs pieds et envoya ses deux filles à l'école chrétienne (...) Grand-père était aussi membre de la Société inernationale d'épargne, une banque française de Shanghai. À cette époque là, déposer ses économies dans une banque était considéré comme très audacieux.


( p.25)
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Les étagères de Père étaient remplies d'œuvres littéraires, mais aussi de nombreux livres d'art.Quand j'étais petit, avant de savoir lire, j'avais déjà plaisir à feuilleter certains de ces volumes, avec leurs couvertures captivantes et leurs illustrations : des Vierges dorées, des images d'eaux- fortes sur bronze de Rembrandt et de statues de l'époque classique iu de la Renaissance.Tout cela donnait des ailes à mon imagination. Je me souviens aussi de recueils de poésie de Whitman, Baudelaire, Maïakovski, Lorca et du poète turc Nazim Hikmet.J'étais fasciné par les gravures de Picasso dans un volume des poèmes d'éluard, ainsi que par des impressions au Block de bois des débuts de la Révolution chinoise et des papiers découpés pour décorer les fenêtres, que Père avait acquis à Yan'an. Les pages de ces livres dégageaient quand on les tournait une odeur unique, qui vous disait immédiatement qu'elles provenaient de lieux et de moments différents.
Nous avons su très tôt que ces livres et albums signifiaient tout pour Père, parce que chaque fois qu'il en parlait, son visage s'illuminait.Ils l'aidait à oublier ses soucis.
Mais à présent, dans l'ambiance du moment, chaque fibre du textile de leurs couvertures représentait pour nous un danger.Après plusieurs intrusions des Gardes rouges, Père décida de brûler tous ses livres, et c'est moi qui l'y ai aidé


(p.147)
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La provenance des travailleurs était multiple, tous avaient leur histoire, mystérieuse et secrète, que cette région frontalière les avait aidés à laisser derrière oubliés par les communautés dont ils avaient fait partie autrefois, ils vivaient ensemble " ici et maintenant".Nombre d'entre eux relevaient des " cinq catégories noires"maudites- les propriétaires fonciers, les paysans riches, les contre-révolutionnaires, les mauvais éléments et les gens de droite.Ou bien, comme moi, ils en étaient des rejetons.
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Les Temps nouveaux

L'époque ne connaissait pas le papier toilette, aussi les gens se servaient-ils de divers autres moyens- n'importe quoi, depuis des rafles de maïs et les balles de coton au rembourrage des vestes effilochées et aux paquets de cigarettes vides (...)
Les journaux, par contre, ne pouvaient remplir cet office, pour la simple raison qu'on y trouvait à chaque page le nom de Mao et quelques citations de lui, et il était très dangereux de s'en servir pour se nettoyer, faute de lieu sûr pour s'en débarrasser.
En cas de découverte d'une feuille souillée, un tel acte sacrilège ne pouvait qu'être rapporté en haut lieu, la pièce incriminante serait exposée en tant que preuve d'un nouvel " incident contre- révolutionnaire ".Personne n'était prêt à courir un tel risque.

( p.85)
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Comme l’art révèle la vérité qui gît tout au fond du cœur, il a la capacité de délivrer un message puissant. Pour moi, plaider pour la liberté est indissociable de s’efforcer d’y parvenir, parce que la liberté n’est pas un but, mais une direction, et elle se réalise à travers l’acte même de résistance.
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Videos de Ai Weiwei (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ai Weiwei
“I would say the Zodiac jewellry is more like a personal statement. (…) I think the story and the narrative are very strong in this set. (…) Those stay forever. We don't have much, long time to stay on the planet, but those pure gold objects, they are handled for generations and carry different stories… and they can be as big as universe.” – Ai Weiwei
Discover the Zodiac Charms: https://www.taschen.com/goto/zodiac-charms
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