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Pline tome 4 sur 12
EAN : 9782203159983
202 pages
Casterman (06/09/2017)
4.15/5   42 notes
Résumé :
An 62 de notre ère. Substitut du gouverneur de la province de Sicile, Pline se rend à des fins d'observations au pied de l'Etna, qui vient d'entrer en éruption. Il a pour compagnons de route son scribe Euclès, son garde du corps Félix et son chat adoré, Gaia. Sur ordre de l'empereur Néron, le naturaliste et sa suite regagnent Rome. Ils retrouvent une capitale impériale au bord du désastre. De plus, son air aggrave l'asthme dont souffre Pline. Tous quittent Rome et r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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♫… Cette année-là [...]
Le public ne me connaissait pas
Oh quelle année, cette année-là [...]
… C'était hier, mais aujourd'hui rien n'a changé
C'est le même métier qui ce soir, recommence encore
… C'était l'année 62...♫
- Claude François - 1976 -
----♪---♫---🌋---😱---🌋---♫---♪----
Ce tome s'ouvre sur un grand tremblement de terre
se poursuit avec des fantômes, de la foudre, des éclairs
des statuettes de malédiction
un étrange homme-poisson
une mystérieuse devineresse,
une rime sans queue ça ni paresse
une première apparition où professe Sion
une comète ...Une ribambelle de mauvais présages.
Manga, selon l'usage commence par la dernière page...
Année 62, sous Néron et Poppée. Poings à la ligne
Arrete ton char lit pacha Pline 🤭
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Dans "Pompéi" et "Pozzolana", la team Pline est au coeur du grand séisme de 62... Ce qui est le plus à redouter lorsqu'une calamité survient, c'est le chaos consécutif provoqué par les hommes : alors que craignant pour leurs vies les habitants se battent pour l'eau et la nourriture, on voit la différence entre les héros qui aident et soignent les autres et les salauds qui les pillent et les exploitent. En suivant sa chatte Gaïa qu'il considère comme un augure, Pline trouve un bâtiment intact construit en béton de Pouzzoles en alternant opus testaceum et en opus reticulatum....
Dans "Lémures", la team Pline est obligé de partir précipitamment pour ne pas se faire dépouiller par des délinquants en col blancs... Dans le brouillard de la montagne Félix et Euclès voient les fantômes des morts, mais Pline n'en démord pas : ce n'est que superstitions pour les esprits crédules persuadés qu'il y a une vie après la mort ! Belle opposition entre raison et religion, qui annonce la philosophie moderne (n'est-ce pas Luc Ferry ? ^^)
Dans "Dionysos", Poppée ordonne qu'on donne la priorité à ses lubies plutôt qu'aux sinistrés de Pompéi, puis elle intrigue auprès de Néron pour obtenir la tête d'Octavie qui vit en exil en résidence surveillée. Poppée est une pétasse narcissique dans toute sa splendeur : elle complote à tout bout de champ pour réaliser ses ambitions à la con, et après ça elle vient pleurer qu'elle n'est pas aimée... Pauvre conne va : si tu es détestée, c'est tout simplement parce que tu es détestable ! de son côté, Pline enrage qu'on ne le croit pas et pioche chez les auteurs grecs pour prouver que le Vésuve est bien un volcan « plinien » ! ^^
Dans "Octavia", Poppée semble triompher : elle a obtenu la tête d'Octavie et Sénèque, qui ici en prend son grade (n'est-ce pas Luc Ferry ? ^^), raconte à Pline l'assassinat de Burrus et son remplacement à la Préfecture du Prétoire par cette raclure de Tigellin, l'homme prêt à tout et au reste dont Néron se méfiait comme de la peste...
Dans "Christ" et "Malefica", on oppose une nouvelle fois raison et religion avec l'opposition entre un juif matérialiste et un chrétien spiritualiste, et avec Poppée qui se fait entraîner dans un préquel de l'Affaire des Poisons et le marchand courtisan qui la mène par le bout de nez pour faire prospérer ses intérêts... Ah, on se croirait dans la BD "Murena" ! ^^


Euclès blessé à Pompéi est ici très en retrait, et si cela continue ainsi je crains qu'il finisse par disparaître du récit... Par contre Pline ressemble plus que jamais à ces érudits de la Renaissance qui voulaient tout savoir et tout connaître, mais qui n'avaient pas les outils matériels et intellectuels pour confronter leurs théories à la réalité : il n'arrête pas de critiquer les croyances des autres, mais lui croit dur comme fer à la théorie du souffle terrestre et aux monstres marins... A chacun sa religion et ses superstitions ! (mais là, on entre dans les arcanes de la civilisation romaine qui opposait radicalement « religio » et « superstitio », à une époque ou le christianisme les mélangeait allègrement)
A noter que les appendices sont très intéressants : à coeurs ouverts les auteurs évoquent les difficultés de marier et fusionner leurs styles, se demandant à quel point ils se conforment au regard de l'autre en s'autolimitant... L'un est un autodidacte qui est passionné par le fantastique, l'autre est une professionnelle qui est passionnée par l'historique (elle est passée par les Beaux-Arts dont elle exècre l'élitisme abscons à la con : tiens donc, ils sont très nombreux/nombreuses à tenir le même discours), donc c'est l'humour qui permet de relier le seinen décontracté de l'un et le josei sérieux de l'autre. Ils comparent également manga et cinéma, et j'ai bien ri quand ils expliquent qu'ils se placent dans la cinématographie d'Akira Kurosawa alors que la plupart des auteurs de shonens se placent dans la cinématographie de Zack Snyder (non seulement ils sont dans le vrai, mais en plus Pline a des faux airs de Kyōjio Niide, dit Akahige, dit Barberousse ^^). Ça, et l'hommage à Shigeru Mizuki le Pierre Dubois nippon récemment décédé...
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Ce tome 4 de "Pline" s'ouvre sur le grand tremblement de terre qui s'est produit en l'an 62 à Pompéi, un événement bien moins connu que l'éruption de 79. Pline, toujours accompagné de son scribe Euclès et de son fidèle Félix, assiste au chaos et à la terreur provoqués par le séisme. Pendant ce temps, à Rome, Poppée continue d'ourdir et de manipuler Néron à ses fins.

Une nouvelle fois, c'est avec un réel plaisir que je plonge dans 1er siècle après Jésus-Christ au côté de Pline l'Ancien. le philosophe nous fait toujours partager ses réflexions, scientifiques et morales, tandis que nous découvrons, avec des dessins toujours très réalistes, Pompéi dévastée. de nombreuses pages nous décrivent les ruines, les blessés et les morts. C'est l'occasion pour certains, comme Félix, de montrer toute leur solidarité avec les victimes, tandis que d'autres n'hésitent pas à continuer à s'enrichir. Superstition et religion sont également deux thèmes abordés dans ce volume. Enfin, l'intrigue politique à Rome, délaissée dans le précédent tome, est mise à l'honneur autour du perfide personnage de Poppée. Et ce sont finalement les chapitres consacrés aux manigances de cette dernière qui m'ont le plus intéressés.

Point essentiel pour terminer : Pline découvre que le Vésuve serait bel et bien un volcan et espère que ce dernier fasse la démonstration de la toute puissance de la Nature... Funeste souhait...

Voici, encore une fois, un tome de qualité, intéressant et vivant. A suivre.
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AU PIED DU VOLCAN


Où l'on reprend la série Pline, signée Yamazaki Mari et Miki Tori, avec ce quatrième tome intitulé La Colère du Vésuve, paru tout récemment. Et, autant vous le dire de suite, je vais probablement SPOILER un peu, çà et là…


Le tome 3, qui avait sacrément remonté le niveau, à mes yeux, après un tome 2 très décevant, nous avait laissés à Pompéi, au pied du Vésuve, en proie à des difficultés d'approvisionnement en eau, et où s'accumulaient les signes d'un cataclysme à venir… quand soudain la terre s'était mise à trembler !


C'est ici que nous reprenons le récit, in media res (le latin est à propos, non ?) : Pompéi et sa région sont secouées (pour le moins…) par un violent séisme dont je ne sais pas s'il a une quelconque réalité historique. Un séisme, pas une éruption : le Vésuve n'explose pas, il ne le fera qu'une petite vingtaine d'années plus tard, et c'est alors seulement qu'il prendra la vie de notre héros, le grand naturaliste Pline. Mais les signes étaient là, sans doute – pour qui savait les interpréter… En fait, c'est sans doute un thème important de ce quatrième tome, que ces signes ou ces présages, et qui oppose à nouveau sous cet angle science et superstition... éventuellement en leur adjoignant une portée narrative et symbolique de bon aloi.


Il me faudra revenir sur la nature du Vésuve, mais, dans un premier temps, le tremblement de terre, bien assez destructeur assurément, suscite des scènes fortes, qui orientent le discours de ce volume et probablement de la série dans son ensemble. En effet, le cataclysme peut susciter de beaux élans de solidarité – ici, et la bravoure même ronchonne de Félix n'y est pas pour rien, c'est un médecin, oui, un homme de cette caste honnie par Pline (il en avait amplement fait la démonstration dans le tome 2), un médecin donc qui se rend des plus serviable en portant secours aux sinistrés ; l'ingénieure croisée dans les tomes 2 et 3 fait également preuve d'un beau désintéressement, jusque dans les pires drames personnels.


Cependant, l'égoïsme est une réponse au moins aussi fréquente aux drames… et probablement davantage. Cela ne surprend en rien Pline, si ses compagnons se montrent peut-être davantage perplexes : le malheur rend les hommes fous – et dangereux, pour eux-mêmes (par exemple en se précipitant sur une eau qu'ils savent pourtant polluée par des cadavres), et pour les autres ; car, dans la lutte pour la survie, ils sont prêts à tout, et d'abord à écraser impitoyablement sous leur botte le voisin dès lors perçu comme un concurrent, et en tant que tel une menace – éventuellement en cherchant absurdement à perpétuer jusque dans la catastrophe des privilèges qui ne font aucun sens… Pour l'heure, Pline se contient – il ne le fera pas éternellement…


Il a la science pour lui – et étudie par exemple des procédés de construction à l'épreuve des tremblements de terre. Mais il a une autre préoccupation, plus précise, et qui ne parviendra à un semblant de conclusion que plus tard dans ce volume : l'identification du Vésuve en tant que volcan. C'était une thématique introduite dans le tome précédent, et, déjà à ce moment-là, je ne savais trop qu'en penser… Bien sûr, je suis affecté par un biais très fâcheux : pour un homme d'aujourd'hui, il ne fait aucun doute que le Vésuve est un volcan – l'éruption tragique de 79, qui a ravagé Pompéi et Herculanum, est connue de tous, et ne laisse pas l'ombre d'un doute à ce propos. Mais, dans la BD, cela ne semble pas aller de soi – cela paraît même constituer une découverte fondamentale, une véritable illumination scientifique…


Pour déterminer que le Vésuve est un volcan, Pline fait appel aux érudits : il cite Diodore de Sicile, Strabon, Silius Italicus… Ce dernier est son contemporain (même s'il est cité rapportant un témoignage remontant à 300 ans plus tôt), et les deux précédents vivaient à une époque encore assez proche de celle de Pline – moins d'un siècle de différence. Aussi, je ne sais pas ce qu'il faut en penser – mais surtout, en fait, parce que j'ai du mal à concevoir que les habitants de la région, au-delà de ces seuls érudits, aient pu y vivre si longtemps sans en avoir la moindre idée. Bien sûr, je n'en sais rien, c'est bien le propos, et je suppose qu'historiquement cela doit être possible… Mais j'ai un vague doute, disons. À moins qu'il ne faille en tirer une autre conclusion ? À savoir que l'érudition de Pline, en étant essentiellement de nature livresque, pouvait l'amener à passer à côté de choses évidentes pour d'autres, qui cependant n'écrivaient pas ? Je n'en suis pas persuadé – parce que nous ne suivons pas que Pline, après tout. Bref : je n'en sais rien ; si quelqu'un sait, qu'il n'hésite pas à éclairer ma lanterne !


FÉLIX VOIT DES CHOSES


Mais, non, Pline n'est pas seul. Et si Euclès demeure le falot jeune homme qu'il a au fond toujours été, un autre personnage ne cesse de gagner en intérêt à mes yeux, et c'est Félix ! le plus ou moins garde du corps, bourru en tout cas, de notre cher naturaliste, me séduit de plus en plus – c'est clairement mon personnage préféré de la BD, en fait. Y compris dans la mesure où il obéit à une double fonction (parmi d'autres encore) : susciter le rire, et jouer des poings – le cas échéant, en même temps (c'est déjà arrivé à plusieurs reprises). Mais, et sinon ce ne serait pas un bon personnage, il est bien plus que cela, il a une âme, et une vie – magnifiquement rendues par le dessin, a priori de Yamazaki Mari donc (puisqu'elle est censée prendre en charge les personnages – en notant toutefois que les entretiens à la fin du tome 3 témoignaient de ce que la collaboration entre les deux auteurs avait évalué depuis le début de la série, avec des attributions toujours moins systématiques ; en même temps, le trait, ici, évoque bien sûr Thermae Romae).


(Rien à voir avec le manga, mais, en fait, il m'évoque pas mal un autre beau personnage d'une lecture parallèle, Gus MacCrae de Lonesome Dove, ou plus exactement ici de Lune comanche, je vous cause de tout ça très bientôt.)


Félix a aussi des yeux, et des oreilles. C'est sans doute le plus lucide de tous nos personnages – celui qui, peut-être bien mieux que Pline, et en tout cas d'une manière toute différente, voit et comprend aussitôt les choses, par exemple la menace qui pèse sur les voyageurs dans cette auberge miraculeusement (non, scientifiquement !) épargnée par le séisme de Pompéi… Son intervention dans une rixe opposant un juif et un chrétien est probablement du même ordre.


Félix, lucide… et même extralucide ? L'épisode 24 (soit le troisième de ce tome) nous incite à nous poser la question, car, alors que la petite troupe, ayant fui la menace de l'auberge de toutes les convoitises, voyage de nuit, Félix soudain s'interrompt, et la chatte Gaïa avec lui, en prétendant avoir vu des lémures – des fantômes, ceux sans doute des victimes du cataclysme. L'homme « simple » et la féline n'en démordent pas, quand bien même Euclès et Pline, eux, ne voient rien…


Et, surtout, Pline se fâche, et sermonne son vieux compagnon : les lémures ? Sottises que tout cela ! Les fantômes n'existent pas – ils ne sont qu'une bien mauvaise réponse, d'ordre religieux, à l'angoisse des hommes conscients de ce qu'ils vont mourir. La philosophie (stoïcienne, en l'espèce, via Sénèque – je suppose ; même s'il y a sans doute de l'Épicure là-dedans, aux sources ?) permet de répondre à cette angoisse avec bien davantage de sens : après la mort, il n'y a rien – à craindre, ou à espérer. C'est un retour à l'état antérieur à la naissance, rien d'autre. Les spectres ne sont que des superstitions idiotes.


Mais Félix ne se laisse pas faire : Pline a de bien beaux discours, sur les fantômes – mais qu'en est-il alors de ces monstres qui le fascinent tant, et dont rien de plus sourcé n'atteste l'existence ? Mais... Ce n'est pas la même chose ! Il y a des témoignages ! Mais autrement valables ? Pour Félix, le naturaliste se contredit – rangeant telle ou telle chose dans la science ou la superstition en fonction de ce qui l'arrange, autant dire de ce qu'il croit. le lecteur a un rapport ambigu à cette discussion : il est tout autant porté à soutenir Pline, voix de la sagesse ou du moins de la raison scientifique, contempteur de la superstition, et Félix, pas si bête, bien plus sympathique, et dont on ne se plaindrait certes pas si, une fois, en passant, il parvenait enfin à coincer l'arrogant naturaliste, en lui faisant admettre qu'il ne sait pas tout…


Le fait est que, depuis le début, la série rapporte les pensées de Pline sans faire véritablement de tri – et qu'on ne s'y trompe pas, j'y vois un atout, sacrément bien pensé, encore une fois : les thèses les plus « scientifiques » ne sont pas davantage nombreuses que les plus fantasques, et le partage entre les catégories n'est pas toujours aisé (j'imagine que, dans cet épisode, le pneuma provoquant les tremblements de terre, déjà évoqué dans le tome 1, en témoigne d'une certaine manière – mais, dans ce domaine, tout nous incite à envisager cette thématique surtout au regard des considérations botaniques du naturaliste, et à sa pharmacopée). La science, en tant que telle, se distingue par la méthode – du moins est-ce ainsi que nous la concevons. Mais, dans le contexte historique de Pline, la question se complique…


Cette scène, très réussie à mes yeux, m'a vraiment plu – elle constitue, je crois, ce qu'il y a de meilleur dans ce quatrième tome. Avec, plus globalement, le personnage de Félix.

LES GRIFFES DE POPPÉE (CETTE FOIS, OK)


Par un quasi-paradoxe, le comportement de Félix, peut-être le personnage le plus sympathique de la série, nous ramène éventuellement à celui du personnage qui en est (devenu) le plus détestable (après un départ plus ambigu qui avait du coup ma faveur) : Poppée… En effet, tous deux semblent confrontés, mais comme des reflets dans des miroirs déformants, aux mêmes sujets – le parallèle étant tout particulièrement explicite au regard de la question des signes ou présages virant à la superstition (contre les explications froidement scientifiques du naturaliste, dans son adoration presque religieuse de la nature ; tandis que le peuple de Rome trouve dans telle comète ou tel accident une raison de plus de haïr Poppée, laquelle doit recourir aux services d'une sorcière pour triompher des maux qui l'accablent, sous la forme d'une poupée percée d'aiguilles…), mais aussi dans deux autres scènes où tous deux font connaissance avec la jeune et bizarre secte chrétienne, dont les pires adversaires, dans tout l'empire, sont alors encore les juifs…


Le traitement de Néron et Poppée, dans ce tome 4, poursuit sur ce qui avait été amorcé auparavant, après un faux départ qui me paraissait plus intéressant… Encore que : le portrait de Poppée devient peut-être paradoxalement moins unilatéral, alors même qu'elle sort cette fois bel et bien ses griffes (ce qui n'était pas vraiment le cas, en dépit de son titre, dans le tome 3) ; emportée par la colère, surtout une fois qu'elle a appris que le peuple de Rome la détestait (voyez-vous cela !), elle obtient d'abord la mort de Burrus, l'oiseau de mauvais augure dont la franchise est le plus insupportable des torts, puis celle d'Octavie, supposée autoriser enfin son mariage avec Néron – lequel s'avère plus veule que jamais.


Poppée… Je reste déçu par son traitement – en dépit d'un flashback qui essaye, sans doute un peu trop tard, de « motiver » le personnage jusque dans ses infamies, en en faisant disons une Merteuil romaine… L'idée n'est pas mauvaise, loin de là, mais j'ai quand même un peu le sentiment que son amourette avec le retors Tigellin, aussitôt, l'annule aussitôt, et rejette tristement le personnage dans ine regrettable banalité du mal, un peu vulgaire.


Ceci étant, je ne suis pas fâché que les éléments bougent enfin, sur la scène politique de la BD, quand les tomes 2 et 3 semblaient surtout faits d'atermoiements un peu gratuits. Nous verrons bien…


LA COLÈRE DU NATURALISTE


Pline est loin de Rome, certes – qu'il a fuie au prétexte de son asthme, mais aussi pour rassurer ses amis bien plus conscients que lui-même de la tournure toujours plus fâcheuse des événements au sommet de l'empire. Mais il n'est pas ignorant de ce qui se produit dans l'Urbs – car Sénèque lui en fait le récit, désespéré.


Pline, qui avait déjà du mal à contenir sa colère devant les turpitudes et les bassesses des rescapés de Pompéi, si cupides et égoïstes, lui dont nous avions déjà pu peser l'amertume misanthrope dans ses errances romaines du tome 3, éclate enfin – conjurant le grand Vésuve, dont il sait maintenant qu'il s'agit d'un volcan, de faire disparaître tous ces immondices dans une glorieuse éruption, un témoignage ultime de la puissance incomparable de la nature, à même de balayer les hommes si faibles, mesquins et idiots, comme les fétus de paille qu'ils sont ! Bien sûr, ce n'est pas sans une certaine ironie, connaissant le destin du savant… Une ironie plus tragique que grandiose, pour le coup.


Tout ceci nous renvoie au bestiaire de Pline, j'imagine – mais il est intéressant, alors, de voir surgir des flots un vieux camarade, le « monstre marin » du premier tome, effectivement plus concret qu'un fantôme... Mais Pline ne l'avait alors pas vu de ses yeux, et il ne le voit pas davantage maintenant ! Pourtant, la créature est là, qui entend, sans se manifester plus avant, Pline et Félix discuter de la nature et des signes qu'elle nous adresse… ou non. Une bonne idée, ça !


UN CRAN (EN DESSOUS) MAIS


Ce tome 4 ne manque donc pas d'éléments intéressants. Cependant, je suppose qu'il est un bon cran en dessous des tomes 1 et 3 (mais bien au-dessus du 2) – impression, dès lors, que la série joue un peu au yoyo… Ceci en raison d'une certaine dispersion, je dirais. Les bons moments sont là, et qui sont sans doute conçus pour faire de l'effet – mais, en fait, c'est un peu trop voyant pour pleinement fonctionner, peut-être. Et, ce nouveau volume manquant un peu d'unité, dans ses effets, il ne se montre peut-être pas aussi subtil qu'il le devrait.


Cependant, les idées intéressantes demeurent, et j'ai l'impression que la série ne cesse de s'améliorer au plan graphique – en ayant pourtant déjà commencé à un niveau plus qu'honorable. Seulement, cette fois, ce sont surtout les personnages, plutôt que le cadre dans lequel ils évoluent, qui ont attiré mon attention à cet égard – et Félix en tête.


Je reste curieux de voir comment tout cela va évoluer – il y a assurément de la matière, mais tout dépendra sans doute de la manière dont les auteurs s'y prendront.


Alors le tome 5 un de ces jours.
Lien : http://nebalestuncon.over-bl..
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Ah, la colère du Vésuve ! Et surtout ce qui suit la catastrophe...
Alors que cet épisode naturel amène Pline à s'interroger sur la nécessité et la pertinence des croyances et des superstitions qui guident la vie de ses concitoyens, les superstitions s'invitent aussi à la cour... Poppée est de plus en plys hystérique et s'entourent de nouveaux soutiens contre ceux qui menacent son ascension et sa toute puissance dans les conditions où elle l'entend... Les incidents avec les Chrétiens se multiplient également, comme des répliques de l'éruption à dimension mystico-humaines.

A suivre !
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Tori : Ce tome 4 s'ouvre sur le grand tremblement de terre qui s'est produit à Pompéï en 62. Un évènement bien moins connu que l'éruption de 79.

Mari : C'est vrai. Il est peu mis en scène au cinéma et en littérature. Du coup, je me dis que c'est peut-être parce que nous, Japonais, vivons sur une terre de séismes que nous avons choisi cet événement-là.

Le charivari de Tori et Mari
p.190
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Monde corrompu peuplé de créatures à l'esprit corrompu !
Où tout est vanité, aveuglement, soif cupide de richesse et de pouvoir !
Combien d'hommes tous ces travers ont-ils conduits à leur perte ? Combien en ont-ils précipité dans de cruels tourments ?
Sont-ils donc irrémédiablement fous, pour ne pas apprendre de leurs erreurs mais les répéter ainsi depuis des siècles, des dizaines de siècles !
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Tout événement doit être accepté comme tel avec calme. Céder aux passions quelles qu'elles soient, c'est se rendre aveugle à quantité de choses.
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Ce qui est le plus à redouter lorsqu'une calamité survient, c'est le chaos consécutif provoqué par les hommes. 
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La nature se meut de sa propre force. Elle n'a pas besoin des présages des hommes.
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