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EAN : 9782809709476
175 pages
Editions Philippe Picquier (03/10/2013)
3.9/5   25 notes
Résumé :
Fillette ou jeune veuve, les femmes qui habitent les deux récits de Chi Zijian ont les pieds dans la terre des campagnes chinoises et les yeux au plus près du ciel.
Elles aiment les tours de magie, les histoires de revenants, les nuages qui dansent dans le ciel immense.
Elles ont le coeur grand ouvert aux rencontres et savent découvrir le secret des plus humbles, le tendre aubier sous l'écorce.
Et quand approche le moment des adieux, à la saison... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Je retrouve avec plaisir l'auteure de " Bonsoir, la rose", cette fois pour un recueil de deux nouvelles.

La première, " Enfance au village du Grand Nord" est celle que j'ai préférée.La narratrice, une fillette délurée et attachante, va passer trois saisons chez ses grands-parents, dans la campagne rude du Nord de la Chine. On découvre avec elle les coutumes ancestrales et la vie rudimentaire qui sont encore en vigueur de nos jours dans ces contrées reculées. Dengzi va lier affection avec la vieille voisine , d'origine soviétique( comme dans "Bonsoir, la rose"...) , qui vit solitaire. Un beau lien tendre, avant la séparation...

J'ai aimé cette capacité de l'enfant à s'éblouir des merveilles de la nature: le fleuve, le ciel et surtout les nuages sont décrits avec poésie et émotion. Sous ses airs de garcon manqué, Dengzi cache une grande sensibilité. Et ces trois saisons la feront grandir...

La deuxième nouvelle, qui donne son titre au livre, met en scène une jeune veuve, inconsolable depuis la mort de son mari, magicien qui peinait à trouver des contrats. Elle tente de le retrouver, ne serait-ce qu'un instant, à travers les histoires de revenants dont les chinois sont friands, histoires qu'elle glane au fil de ses rencontres. Elle aussi, comme la fillette, sait percevoir avec subtilité les êtres et les choses.L'image finale est magnifique...

Un recueil tout en délicatesse et rêve, des personnages émouvants, voilà de quoi passer un moment de lecture bien agréable, en découvrant la campagne chinoise, aux confins du monde moderne.
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Un recueil de deux belles nouvelles d'une des grandes voix de la littérature chinoise contemporaine, où les femmes sont brillamment représentées, on pense notamment à Li Chi, Shen Keyi...

« Enfance au village du Grand Nord » nous conte l'histoire d'une petite fille de sept ans dont la maman se débarrasse en la confiant à sa grand-mère. Nous sommes dans le nord-est de la Chine, dans le Heilongjiang, là où le climat est rude, brûlant et sec l'été, glacial et neigeux l'hiver.
Triste à son arrivée au coeur de l'été torride, la petite narratrice se révèle vite intrépide et avide de découvrir la vie de la campagne. le défilé des nuages, les plantes et les légumes du potager, les animaux de la basse-cour l'enchantent. En la quasi-absence d'autres enfants de son âge, elle joue toute seule. Crétin, le chien de ses grands-parents, devient son copain. Un jour, la petite fille entre chez la vieille voisine qui vit seule dans sa maison, attirée comme si elle avait toujours connu cette femme d'origine russe (nous sommes proches de la frontière sino-russe). Entre elles se tissent des liens joyeux, et la petite l'appelle Nainai, grand-mère en chinois. La petite fille nous livre ses découvertes toutes simples de la campagne, ses rêves nocturnes, ses scènes de vie avec Nainai, qui lui apprend à lire, les petites fêtes traditionnelles comme la fête de la lune ou l'on déguste le gâteau de lune...Elle est aussi l'observatrice du comportement des adultes, en particulier de son grand-père, qui tente d'enfouir une vive douleur, un terrible secret qu'il cache à sa femme pour ne pas la faire souffrir, elle pourrait même en mourir si elle le découvrait…Mais arrivé au terme de l'hiver la vie abandonnera Nainai, et la petite fille devra repartir chez ses parents au printemps.
Un récit sur le monde de l'enfance, mélange de joies simples et de drames, de rêves. Un séjour initiatique, en forme d'hommage aux personnes âgées, d'une petite année d'apprentissage des choses de la vie, qui fait grandir d'un coup. Et en filigrane, subtilement, le drame des sacrifiés de la Révolution Culturelle maoïste, ou encore les exactions japonaises.

Dans « Toutes les nuits du monde », la narratrice a perdu son mari, un magicien, qu'elle appelle Magicien, fauché par une moto. Elle va alors entreprendre une sorte de quête initiatique au lac des Trois Monts, s'y enduire des boues rouges bienfaisantes et pour masquer sa détresse, se promener dans les villages voisins pour enquêter sur les moeurs locales, récolter des chants populaires et des histoires de revenants. Elle espère ainsi toucher du doigt le lieu où habiterait l'âme de son mari, voire même l'interroger via un médium. Elle se rendra à Wutang, ville minière très polluée, où elle va rencontrer sur le marché des hommes et des femmes simples aux personnalités attachantes tel un fabricant de tofu, un peintre, et parfois un peu extravagante comme cette belle-soeur Jiang Bai, qui depuis qu'elle a elle aussi perdu son mari deux ans plus tôt, se saoûle et ramène chaque jour un nouvel homme dans son lit…et qui pourrait peut-être l'aider dans sa quête. le style est ici souvent truculent, les dialogues savoureux, mais la poésie et la mélancolie d'un monde de traditions qui s'en va sont aussi bien présents.

Ces deux récits ont en commun une ambiance poétique et légèrement ésotérique, un hommage aux morts, aux vieux, la découverte de gens attachants, dans une écriture au style simple et de qualité, qui véhicule une émotion mesurée, tout en finesse et en pudeur. Un très bel hommage aussi de Chi Zijian à sa région d'origine, le rude Heilongjiang, « Fleuve du dragon noir ».
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"Enfance au village du grand Nord" conte l'enfance de Dengzi, âgée de 7 ans. Plus particulièrement, la période où sa famille la laisse chez ses grands-parents. Les jours s'écoulent entre les petites corvées ménagères, l'aide au jardin potager, la découverte des animaux environnants et l'amour que Dengzi donne à la voisine Nainai, une vieille dame solitaire. L'enfance de Dengzi s'envolera doucement. C'est poétique et empreint d'une douce tristesse.

Dans "Toutes les nuits du monde", Magicien est mort, laissant sa jeune épouse effondrée.
"Je voudrais enduire mon visage d'une épaisse couche de boue, car je refuse que l'on voie ma tristesse".
Elle partira pour un petit périple et le hasard lui fera s'arrêter à Wutang, un village de mineurs. A la recherche d'histoires de revenants et d'anciens chants populaires, elle y fera la rencontre d'hommes et de femmes au destin tragique. La misère engendre autant de noirceur des âmes que de bontés et de solidarité de la part de ces gens écrasés par les mensonges et calculs de l'Administration.
C'est très beau mais, peut-être à éviter si l'on n'a pas trop le moral.
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Que dire de ce livre qui par sa lenteur, par sa langueur m'a amené sur deux récits où fillette et jeune veuve ont les pieds dans la terre mais les yeux au plus près du ciel.

1er Récit : Enfance au village du Grand Nord nous conte l'histoire d'une petite fille téméraire, curieuse et bougeante envoyée à la campagne chez ses grands parents.

Dengsi, puisqu'il s'agit d'elle, va découvrir et s'émerveiller de la nature en toute liberté.
Entre le chien attaché à la chaîne et elle ce sera une grande histoire d'amour.
Puis elle marchera sur le chemin qui mène à la tendresse auprès d'une vieille voisine, abandonnée de tous, qui lui apprendra à lire et à aimer chaque instant passer à apprécier les petites choses de la vie.

Mais Dengsi devra s'en retourner, en ville, dans sa famille et son enfance s'achèvera sur deux sombres réalités.

2ème récit : le magicien et l'âne boiteux

- Jeune veuve qui aime la magie et les histoires de revenants, après le décès de son mari ira à la rencontre des humbles et saura percer leurs secrets les plus intimes.

Toutes ces femmes qui, comme elle, sont écrasées par les vicissitudes d'une vie de misère et de labeur, mais qui gardent leur coeur grand ouvert, et lèvent bien souvent le nez au ciel pour voir danser les nuages dans le ciel immense.

*C'est dans les faits qu'on pourrait croire banals et anodins que résident le charme éternel de l'existence humaine et ses limites inéluctables* (Chi Zijian)

Roman traduit par des mots simples et parfois envoûtants.

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Ce livre est un très beau texte, presque hors du temps, qui a pour narratrice une enfant pour le premier récit, une jeune veuve pour le second.
L'enfant est envoyée à la campagne, et, parce qu'elle est jeune, parce qu'elle est attentive à ce qui se passe autour d'elle, elle est sensible aux beautés de la nature, au passage des saisons, à cette vie simple menée au fin fond de la Chine. Elle s'occupe du chien, nommé Crétin, parce qu'à cause d'une grosse bêtise, il est condamné à être enchaîné. Il est des choses qu'elle ignore, comme ce qui s'est passé pendant la guerre entre le Japon et la Chine. Il est des choses qu'elle apprend malgré elle, dépositaire d'un secret qu'elle saura garder. Attentive à la nature et aux autres, elle devient ami avec Nainai, une vieille soviétique qui a été abandonnée par son mari, qui lui apprend à lire. Un récit émouvant de bout en bout.
Dans la deuxième nouvelle, la narratrice est une jeune veuve, sans enfant. Son mari, un magicien, est mort accidentellement. Sur son chemin, elle descend à Wutang, une ville peuplée de veuves. Elle rencontre Bon à rien, un âne surmené, puis le fils et le chien de Jian Bei, dont le mari a disparu. La jeune femme observe, comme une fourmo. Elle collecte les histoires de revenants, et s'intéresse à la vie de cette petite communauté. Les familles vivent de la mine, du moins les familles dont le mari est encore en vie, encore capable de descendre dans la mine. Les "épouses des morts" sont des femmes sans scrupules qui viennent à Wutang, épousent des mineurs et attendent leur mort. En province, les "contrôles" sont rares, l'administration se moque de plein de choses, et un vétérinaire peut devenir médecin. La fin de ce deuxième récit est particulièrement poétique.
Un récit à lire et à découvrir.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Le manchot m'explique que Yunling ne supporte pas d'entendre parler de la mort de sa mère, il dit toujours qu'elle est partie ailleurs. Il ne va jamais sur sa tombe, pour lui, elle n'est pas enterrée là. Ces deux dernières années, la nuit du quinzième jour de la septième lune, il est parti tout seul avec un lampion de rivière en disant qu'il s'en allait rencontrer sa maman et que personne ne devait le suivre. Même son père ignore dans quelle rivière il va faire voguer son lampion. Il fait sûrement un très long chemin, car il ne rentre qu'à minuit.

Extrait de "Toutes les nuits du monde"
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Belle soeur Jiang Bai apparut aussi au marché. Mère Shisan m'apprit que depuis que son mari avait disparu, elle venait y vendre de la bouillie au sésame. Elle était parmi les dernières arrivées, parce que le soir, quand elle avait bu, elle ramenait un homme chez elle pour se distraire et se levait donc tard. Son commerce ne marchait pas mal, les hommes aimaient bien s'attarder devant elle. Elle était toujours en noir, coiffée d'un chignon, à mâchonner quelque chose, son seau de bois contenant la bouillie accroché au bras. Le regard vague, nonchalante, légèrement titubante, on aurait dit qu'elle n'avait pas encore dessoûlé. Elle se faufila dans le marché tel un coup de vent froid ridant la surface d'un étang, suivie de nombreux regards comme si elle était un personnage d'opéra.

Extrait du récit "Toutes les nuits du monde"
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Fleuve impétueux, n'es-tu pas épuisé de couler sans jamais t'arrêter ? Tel un garnement malicieux couché dans ton lit, tu oublies de manger et de boire. Tu es retourné à l'état sauvage, roulant sans cesse tes vagues, lançant embruns sur embruns. Même cela ne te contente pas. Voici que tu déchires des pans de ta poitrine que tu jettes sur les bancs de sable où ils se transforment en pierres de toutes les couleurs.

Extrait de "Enfance au village du Grand Nord"
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Affalée sur le kang, je regarde les poutres en écoutant les histoires de grand-mère Hou. Soudain me revient à l'esprit ce que j'ai dit à grand-mère l'autre jour :
"Elle fait vraiment souillon, grand-mère Hou. Elle a les oreilles toutes sales et de grandes dents jaunes dégoûtantes !
- Dis ce que tu veux, mais surtout qu'elle ne l'entende pas, ça lui ferait de la peine. Autrefois, elle n'était pas comme ça.
- Tu veux dire qu'elle était propre ?
- Oui. Propre comme un sou neuf, sans le moindre pou ni la plus petite trace de poussière sur elle.
- Et pourquoi elle a changé ?
- C'est depuis qu'un démon d'officier japonais l'a forcée à coucher avec lui. Elle a voulu mettre fin à ses jours plusieurs fois, sans succès, et elle est devenue comme ça.
- Dormir avec lui, qu'est-ce que ça pouvait faire ?
- C'était une honte. Tu ne peux pas comprendre aujourd'hui. Tu comprendras quand tu seras grande. Quand les Japonais cherchaient de l'or à Mohe, ils ont commis bien des exactions et des viols. Elle était un bouton de fleur pas encore éclos quand elle a été violentée. Sous cette couche de crasse, personne ne peut discerner ce qu'elle est vraiment."

Extrait de "Enfance au village du Grand Nord"
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Le ciel est fleuri de nuages, des nuages tout laiteux. Certains ressemblent à des lièvres qui sommeillent repliés en boule, d’autres à des chats qui attrapent des souris, d’autres à des chiens ou des poissons... Ils voguent, ils flottent en liberté. Quel ciel immense ! Il contient tant de nuages ! Magnifiques nuages qui peuvent dormir, courir, se pencher pour voir les fleurs et les oiseaux blottis dans les arbres, qui peuvent lever la tête pour contempler la lune et les étoiles. C’est
vrai, j’ai même entendu papa dire qu’ils peuvent se transformer en pluie, en neige !
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