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Alzir Hella (Traducteur)Hélène Denis-Jeanroy (Traducteur)
EAN : 9782253157045
160 pages
Le Livre de Poche (19/05/2010)
3.92/5   123 notes
Résumé :
On connaît l'intérêt passionné du romancier Stefan Zweig pour les zones inexplorées et obscures de l'esprit humain. on connaît aussi l'indéfectible et révérencieuse amitié qu'il voua toute sa vie au père de la psychanalyse ?
Zweig prononça l'éloge funèbre de Freud en 1939. résolument conçu comme une apologie, cet essai, publié en France pour la première fois en 1932 dans le recueil La Guérison par l'esprit, était destiné à prouver aux yeux du monde la valeur ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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C'est bien la première fois que je peine comme ça sur un livre très court (149 pages) écrit par un auteur parmi mes favoris (Zweig) dans un genre que j'apprécie (la biographie) et sur un thème qui m'intéresse (la psychanalyse) !

Mais force est de constater que j'ai mis plus d'un mois à le terminer, que pendant ce mois j'ai souvent trouvé autre chose à faire plutôt que de le prendre, et que la lecture m'a paru assez aride.

Le style de Zweig n'est pas en cause, il est aussi pur et précis que d'habitude. Mais le propos m'a semblé parfois un peu délayé ou répétitif. Et surtout, le livre est hybride : mi-biographie, mi-vulgarisation psychanalytique, avec en plus des rappels du contexte médical de l'époque et quelques études de cas. En additionnant tous ces demis, on arrive à plus que 1... ce qui explique peut-être pourquoi la lecture est difficile.

Ce livre demande donc des efforts, mais récompense aussi généreusement les courageux qui se donnent la peine d'y plonger, avec des explications intéressantes sur le discipline que s'imposait Freud, ses relations avec l'université, ses découvertes, ses théories, ses méthodes, mais aussi leurs limites, l'inconscient, le rêve, le sexe, l'hypnose, la cure, les lapsus, les talents d'un bon thérapeute.

Un livre exigeant, qui se mérite, peut-être à l'image de son inspirateur Freud... et un petit plaisir qui me fait enfin passer dans la catégorie Grignoteuse pour le Challenge Petits Pavés : 8/xx
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[CS] Quel fascinant sujet ! Un Maître de la littérature écrivant un ouvrage sur le fondateur d'une discipline aussi controversée aujourd'hui que la psychanalyse ! Et le faisant, en prime, au sujet d'un homme qu'il connaissait bien et admirait beaucoup (Zweig prononça rien moins que l'éloge funèbre de Freud en 1939). Quelle chance que de disposer du témoignage d'un des plus grands esprits de son temps sur un autre homme d'exception, qui indubitablement marqua durablement nos représentations du monde !

Quelle chance mais aussi quels risques ! N'allons-nous pas trouver un panégyrique dithyrambique nous semblant bien éloigné du réel ? le propos ne se limitera-t-il pas à une explication pauvre des grands principes de la psychanalyse ? Ne risquons-nous pas, près de un siècle plus tard, de trouver cet écrit daté ?

Ma réponse est claire et nette : en aucun cas ! Ce serait méconnaître le génie mais aussi la lucidité de Zweig et ce livre, aujourd'hui plus que jamais, me semble incontournable pour qui s'intéresse à la révolution psychanalytique, avec un esprit ouvert et critique. Il est non moins essentiel pour qui veut tenter de comprendre un peu mieux l'homme qu'était Freud.
*
Je ne vais naturellement pas tenter, dans cette critique synthétique, de résumer qui était Freud, pas plus insister de nouveau sur la plume admirable de Zweig ni revenir sur le fait que cet écrivain, connu du plus grand nombre avant tout pour quelques nouvelles, est un romancier tout aussi admirable (« La pitié dangereuse ») et, possiblement, un écrivain-historien encore plus fascinant lorsqu'il rédige des biographies. Là son génie littéraire mais aussi sa rigueur intellectuelle comme sa curiosité omnivore donnent toute leur mesure.

Non, je vais me borner à insister sur quelques points qui, selon moi, donnent toute la qualité de ce petit livre :
- Zweig commence par replacer les découvertes de Freux dans leur contexte historique, et c'est précieux, plus encore au XXI siècle qu'à son époque. En effet il nous est facile d'oublier que Freud a débuté ses recherches à une époque où la médecine peinait encore à imposer une approche à la fois globale et pleinement scientifique, à un moment aussi où le poids des non-dits comme de la religion étaient considérables. Au tournant du XVIIIe et du XIXe siècle il nous est facile d'oublier les pesanteurs morales, le fait que l'Angleterre Victorienne impose un refoulement de la sexualité, une chape d'interdits et de non-dits, si loin des discours ambiants et des pratiques de notre siècle. Sans ce contexte comment percevoir pleinement la démarche à proprement parler révolutionnaire de ce jeune médecin, qui fut au départ en butte à des critiques et à des rejets pratiquement unanimes ? Zweig nous décrit entre autre un siècle de « retenue et d'hypocrisie obstinées », une époque où « l'ignorance engendre la dureté », « une génération de pédagogues sans pitié, parce que sans savoir, faisant un mal irréparable aux âmes de la jeunesse, en prescrivant à celle –ci de « se maîtriser » et d'être « morale » ».
- Zweig, tout en nous proposant un portrait magnifique de Freud, immense travailleur et esprit intransigeant, chercheur épris de la vérité ne cherche pas à nous masquer la radicalité de cet homme, son intransigeance (sa « dureté biblique »), « l'oeil presque menaçant du vieux lutteur ». Plus important sans doute encore il n'hésite pas à mettre en doute certaines des affirmations du maître de la psychanalyse, en particulier sur quelques insistances concernant la sexualité qu'il juge trop dogmatiques et non nécessaires.
- Zweig n'hésite pas, et est-il facile de lui donner tort, à exprimer les plus grands doute quant à la pratique généralisée de la psychanalyse : «Un psychanalyste vraiment réalisateur… qualités qui ne peuvent s'apprendre et ne se trouvent réunies chez le même homme que par la grâce. La rareté de ces vrais maîtres de l'âme me paraît être la raison pour laquelle la psychanalyse restera toujours une vocation à la portée de quelques-uns et ne pourra jamais être considérée comme un métier et une affaire- contrairement à ce qui arrive trop souvent, hélas, aujourd'hui. »
*
En somme ce court ouvrage a l'immense mérite de nous proposer un regard précis et précieux sur Freud comme sur la psychanalyse. Il présente les principaux éléments de cette théorie mais, surtout, recontextualise l'ensemble, bien loin des débats stériles et de la courte vue qu'adoptent souvent les passionnés comme les détracteurs de cette approche médicale. Zweig ne cache pas son admiration pour Freud, sans pour autant masquer les aspects plus problématiques de l'homme ou les limitations théoriques et pratiques qu'il perçoit quant à l'usage généralisé de la psychanalyse.

Au final comment ne pas adhérer largement la conclusion de l'ouvrage, plus encore en comparant les approches éducatives en 1900 et aujourd'hui ? « le commencement obligatoire de toute science et de toute médecine psychique est pour lui le respect de la personnalité, ce « mystère révélé », selon le sens goethéen ; ce respect, Freud, comme personne d'autre, a enseigné à le révérer en tant que commandement moral. Par lui seul des milliers et des centaines de milliers d'êtres ont compris pour la première fois la fragilité de l'âme, en particulier de l'âme infantile ; à la vue des blessures dévoilées par lui, ils ont commencé à se rendre compte que tout geste grossier, toute intervention brutale (il suffit parfois d'un seul mot) dans cette matière super délicate, douée d'une force mystérieuse de ressouvenance, peut détruire un destin ; que, par conséquent, toute menace, interdiction, punition ou correction irréfléchie charge son auteur d'une responsabilité inconnue jusqu'ici. »

Freud transcende en réalité largement la psychanalyse et ce n'est pas la moindre des vertus de ce livre que de nous le rappeler.
*
Je ne saurais conseiller la lecture de cet ouvrage à un détracteur fanatique de la psychanalyse ou à qui cherche des explications détaillées sur cette dernière car ce n‘était pas ce qui motivait Zweig. Pour tout esprit curieux et ouvert je suis convaincu que cet ouvrage peut être à la fois un agréable moment de lecture et la source d'apprentissages féconds.

(Critique écrite en pensant avec émotion aux nombreuses victimes, directes et collatérales, de l' «affaire Olivier Duhamel ». La parole des enfants de cette famille donne une résonnance particulière aux travaux de Freud, nous rappelant combien son apport reste d'actualité)
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Court essai/biographie d'à peine 150 pages, qui retrace le parcours de Sigmund Freud sur le chemin de la psychanalyse. Alors oui, bien sûr, il y a un "léger" parti pris, on sent de manière très présente l'amitié qui unit l'auteur et son sujet, mais après tout, pourquoi pas, rien n'empêche le lecteur de poursuivre par un livre qui serait un peu plus critique sur le travail et la pensée de Freud.
Pour ma part, j'ai beaucoup apprécié le style d'écriture, à la fois précis et littéraire, et le contenu, accessible au plus grand nombre. Stefan Zweig nous fait partager les circonstances des premières découvertes de Freud dans le domaine psychanalytique, sa façon de les appréhender, de les affermir, de les expérimenter, de les diffuser...
Ce petit ouvrage est une excellent entrée en matière dans l'oeuvre de Sigmund Freud, dans laquelle l'humain et la science sont au coude à coude.
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Je croyais lire une biographie de Freud mais c'est uniquement un long discours d'éloges de Zweig à son ami Freud.
Zweig nous explique les théories et les découvertes "géniales" avec sa plume et sa poésie mais rien sur la vie de Freud, comment était il dans la vie de tous les jours? qu'aimait-il? etc. très très peu de précisions.
Pour ce qui concerne l'explication des théories de Freud et de la psychanalise il vaut mieux lire les écrits de Freud lui même plus factuels et moins dillués.

Moi qui suis toujours ému par Zweig et bien là je suis resté sur ma faim et je n'ai pas aimé ce livre qui bien sur est, comme toujours avec cet auteur, merveilleusement écrit.
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Acheté par hasard dans une brocante, c'est encore un livre que je vais oublier rapidement. Absolument à resituer dans son contexte. Zweig fait l'éloge de son ami Freud. Mais il semble plus circonspect en ce qui concerne la psychanalyse bien qu'il en décrive la découverte dans les moindres détails. Déjà dans les années 30, cette thérapie pouvait se révéler moins efficace que prévu.
C'est très court, mais intense, voire un peu fouillis. Je crois que c'est la première biographie rédigée par Zweig que je lis. Je préfère nettement ses romans.
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Citations et extraits (141) Voir plus Ajouter une citation
Pour l'observateur à l’ouïe fine , l'homme se trahit doublement au cours de l'entretien, premièrement par ce qu'il dit, et deuxièmement par ce qu'il passe sous silence. C'est précisément lorsque le patient veut, mais ne peut pas parler, que l'art détective de Freud s’exerce avec le plus de certitude et qu'il devine la présence du mystère décisif : l’inhibition, traîtreusement, se fait une auxiliaire et indique le chemin. Quand le malade s'exprime trop haut ou trop bas, quand il hésite ou se tâte, c'est là que l’inconscient veut parler. Et toutes ces innombrables petites résistances, ces ralentissements, ces légères hésitations, dès que l'on approche d'un certain complexe, montrent enfin nettement avec l'inhibition sa cause et son contenu, c'est à dire en un mot le conflit recherché et caché.
Car toujours au cours d'une analyse, il s'agit de révélations infinitésimales, de minuscules fragments d'événements vécus, dont se compose la mosaïque de l'image vitale intérieure. pp 120&121
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Un jour, sans la moindre intention révolutionnaire, un jeune médecin, dans le cercle de ses collègues, se lève et, prenant pour point de départ ses recherches sur l’hystérie, il parle des troubles, du refoulement des instincts et de leur délivrance possible. Il n’use pas de grands gestes pathétiques, ne proclame pas sur un ton ému qu’il est temps d’appuyer les conceptions morales sur une nouvelle base, que le moment est venu de discuter librement de la question sexuelle. Non, ce jeune médecin rigoureusement réaliste ne joue pas les prédicateurs dans le milieu académique. Il fait exclusivement une conférence diagnostique sur les psychoses et leurs origines. C’est précisément le calme et le naturel avec lesquels il établit qu’une grande partie des névroses, presque toutes, en somme, découlent du refoulement du désir sexuel, qui provoque l’épouvante glacée de ses collègues.
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Comme le temps n’existe pas alors (ce n’est pas par hasard que nous disons qu’une chose s’est « passée comme un rêve ») nous sommes au moment du rêve simultanément ce que nous étions jadis et ce que nous sommes maintenant, l’enfant et l’adolescent, l’homme d’hier et celui d’aujourd’hui, le Moi total, la somme non seulement de notre vie, tandis qu’éveillés nous ne percevons que notre Moi présent. Toute vie est donc double. En bas, dans l’inconscient, nous sommes notre totalité, le Jadis et l’Aujourd’hui, l’homme primitif et le civilisé, mélange confus de sentiments, restes archaïques d’un Moi plus vaste lié à la nature, - en haut, à la lumière claire et tranchante, rien que le Moi conscient qui existe dans le temps.
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Seul l’âge, qui chez la plupart des hommes dissout les traits personnels et les émiette en argile grise, seule la vie patriarcale, la vieillesse et la maladie, de leur ciseau créateur, donnent au visage de Freud un caractère spécial indéniable. Depuis que les cheveux grisonnent, que la barbe n’encadre plus aussi richement le menton obstiné, que la moustache ombrage moins la bouche sévère, depuis que s’avance le soubassement osseux et cependant plastique de sa figure, un quelque chose de dur, d’incontestablement offensif, se découvre : la volonté inexorable, pénétrante et presque irritée de sa nature. Plus profond, plus sombre, le regard, jadis simplement contemplateur, est maintenant aigu et perçant ; un pli amer et méfiant fend comme une blessure le front découvert et sillonné de rides. Les lèvres minces et serrées se ferment comme sur un « non » ou un « ce n’est pas vrai ». Pour la première fois on sent dans le visage de Freud la rigueur et la véhémence de son être, et l’on devine que ce n’est point là un good grey old man, que l’âge a rendu doux et sociable, mais un analyste impitoyable, qui ne se laisse duper par personne et n’admet point de duperie.
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Sans illusions, sans indulgence, sans croyance au progrès, Freud établit péremptoirement que les forces instinctives de la Libido, stigmatisées par la morale, constituent une partie indestructible de l’être humain qui renaît dans chaque embryon ; que cet élément ne peut jamais être écarté, mais que dans certains cas on réussit à rendre son activité inoffensive par le passage dans le conscient. Donc, la prise de conscience, que l’ancienne éthique sociale considère comme un danger capital, Freud l’envisage comme un remède ; le refoulement qu’elle estimait bienfaisant il en démontre le danger. Ce que la vieille méthode tenait à mettre sous le boisseau, il veut l’étaler au grand jour. Il veut identifier au lieu d’ignorer, aborder au lieu d’éviter, approfondir au lieu de détourner le regard.
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Vidéo de Stefan Zweig
Stefan Zweig, auteur à succès, se voulait citoyen d'un monde qu'unifiait une communauté de culture et de civilisation. Il n'a pas survécu à l'effondrement de ce «monde d'hier» qu'incarnait la Vienne impériale de sa jeunesse.
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