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Commissaire Maigret - Romans et ... tome 70 sur 103
EAN : 9782253142454
188 pages
Le Livre de Poche (02/06/2003)
3.81/5   81 notes
Résumé :

Tout à coup, entre deux petites gares dont il n'aurait pu dire le nom et dont il ne vit presque rien dans l'obscurité, sinon des lignes de pluie devant une grosse lampe et des silhouettes humaines qui poussaient des chariots, Maigret se demanda ce qu'il faisait là. Peut-être s'était-il assoupi un moment dans le compartiment surchauffé ? Il ne devait pas avoir perdu entièrement conscience car il savait qu'il était da... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Venu rendre visite à son ami le juge Chabot dans la petite ville de Fontenay-Le-Comte, Maigret est prié de prendre part à une enquête sur une série de meurtres brutaux qui terrorise la population.

Je n'ai pas lu beaucoup de romans de la série Maigret, connaissant surtout les adaptations cinématographiques et télévisuelles des enquêtes du commissaire.

Il me semble pourtant que ce roman de 1953 est bien représentatif de la manière dont Simenon concevait ses personnages et le genre d'ambiance dans laquelle ils évoluaient.

Une petite ville de province où un tueur supposé fou fait régner la peur.
Une population divisée, les tensions sociales se révèlent, voir l'épisode du témoignage de l'instituteur.
Une bourgeoisie qui vit dans le mensonge et l'hypocrisie.

Ces aspects sociaux se retrouveront dans plusieurs enquêtes. On notera que Maigret, sans exprimer d'opinions penche du côté des "petites gens", ici la "fille" Sabati maîtresse recluse d'un fils de famille, le commissaire est même choqué quand un confrère lui fait subir une arrestation humiliante.

Maigret a peur, en plus d'être un habile roman policier à l'ambiance paranoïaque, donne de précieuses indications sur l'état d'esprit de Maigret.

A ce titre, il peut être une bonne entrée en matière à qui voudrait découvrir la série.
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Simenon et, par conséquent, Maigret, c'est ma cerise sur le gâteau, mon réconfort, ma détente et un bien grand ami. Lecture et relectures me procurent, systématiquement, un bien être profond.
Ce bouquin ne fait pas exception, pas forcément le meilleur, mais de bonne facture. L'ambiance lourde et chargée de haine, est, ici, épaisse à couper au couteau, on attend l'étincelle qui provoquera le déferlement de violence et le drame. Drame auquel on échappe de justesse suite à une maladresse policière, relative à une découverte primordiale, que Maigret connaît, mais a tue, pour éviter le pire.
Maigret aime bien le juge Chabot, sa mère, sa cuisine, ses attentions, ses souvenirs et puis, ce n'est pas son enquête, il a compris mais il n'arrête pas, non, Chabot est assez intelligent pour terminer et clore le dossier. Il rentre, c'est fini, la ville peut se rendormir...

La grande force de Simenon, qui en fait un auteur de romans policiers atypique, c'est son style inimitable de justesse et de concision. Quatre phrases et l'intrigue est lancée, pas de fioritures, pas de termes ronflants et incompréhensibles, juste le minimum dans son exactitude. 189 pages, certes, mais 189 pages de littérature sans remplissage.

Que du bonheur !

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Jamais encore je n'avais lu de "Maigret" aussi oppressant. Non qu'il y ait un tueur en série qui court parmi les pages ou que, moi-même, j'aie traversé une crise d'angoisses personnelle lors de cette lecture - vous savez comment ça arrive, parfois, comme le chantait notre immortel Claude François : "Ca s'en va et ça revient, c'est fait de mille petits riens ..." Admirable portrait de l'Angoisse brossé sur l'un des airs les plus sautillants, les plus légers (et les plus idiots) de toute la planète. ;o)

Avec "Maigret A Peur", on est bien loin de la chanson aux notes allègres et pépiantes. du début jusqu'à la fin, ce livre est d'une noirceur peu commune - un peu comme "L'Ombre Chinoise", voyez ? le commissaire n' eût-il pas été convié par son géniteur à se mêler à l'affaire, qu'on aurait pu ranger sans problème cet opus dans les "romans durs" de Simenon. Tout commence dans un train - le mauvais train, l'omnibus qui traîne dans toutes les gares, que Maigret a pris parce qu'il a raté le bon, celui qui devait le mener d'une traite à Fontenay-le-Comte, chez son ancien condisciple Julien Chabot, devenu juge d'instruction de la ville - et sous une pluie toute en grisaille et en désespoi,r qu'il est rare de voir tomber avec autant d'accablement. C'est vrai, d'habitude, la pluie, ça fouette, ça gifle, ça vous pousse en avant ou ça vous repousse si le vent est de la partie, ça vous trempe comme une soupe mais ça vit, ça bouge, ça se remue. La pluie de "Maigret A Peur" se contente de tomber et d'accabler : on finirait même par penser qu'elle se plaint elle-même de son triste sort.

Pour nous résumer, disons qu'il s'agit d'une pluie comme seul Georges Simenon savait en créer, un personnage à part entière et un personnage omniprésent, quoique muet, du livre tout entier, pesant de toutes ses hallebardes sur une ville dont l'atmosphère est déjà amplement plombée par deux meurtres. D'abord, celui de Robert de Courçon, assassiné chez lui, dans son salon, sans que personne, apparemment, ne puisse dire qui l'a fait et pourquoi. Ensuite Mme Gibon, sage-femme d'un certain âge qui vivait seule chez elle. Là encore, personne n'a rien vu et tout le monde se demande qui a pu faire le coup et surtout pour quelle raison. Courçon, c'était le notable. Déchu certes sur le plan de la fortune mais le nom demeurait même si les ancêtres directs vendaient des bestiaux dans les foires - notez bien qu'il n'y a point de sots métiers, qu'il n'y a que de sottes gens. ;o) Mme Gibon, elle, était issue d'un milieu bien plus humble au coeur d'une ville ouvrière qui, l'auteur l'indique au passage, est à l'époque fortement à gauche (la vraie, celle de l'Ancien temps, quand les Dinosaures peuplaient encore la Terre et que l'Homme n'était pas encore descendu de son arbre. :o) ) Comme il est assez difficile d'établir un rapport entre les deux morts (même si Mme Gibon a dû accoucher une ou deux des parturientes des familles Courçon et Vernoux, alliées par la grâce du troc : "Tu me donnes ta particule, je te fais une bonne pension avec mon argent"), les autorités et l'opinion publique en concluent au "crime de fou." Là par contre où les deux groupes diffèrent dans leur avis sur la question, c'est que le premier ne voit le fou nulle part à Fontenay (ce doit être un étranger ) tandis que le second a la certitude absolue qu'il fait partie de la famille Vernoux de Courçon.

Là-dessus, boum, badaboum ! troisième meurtre. En pleine nuit. Avec la même arme - on la retrouvera plus tard, derrière une palissade. Cette fois-ci, c'est Gobillard, le marchand de peaux de lapin qui n'avait pas un fifrelin sur lui et ne laisse pas grand chose en ce monde. Qui, je vous le demande - et les notables de Fontenay-le-Comte vous le demandent avec moi - mais qui diable, si ce n'est un individu complètement fou, songerait à assassiner un marchand de peaux de lapins ? (Comme je suis à bloc dans les films actuellement, ça m'a fait penser à la scène où, dans "Les Enfants du Paradis", un Lacenaire plus vrai que nature, interprété par un Marcel Herrand au mieux de sa forme, assassine froidement le "'chand d'habits", par ailleurs très antipathique, que joue Pierre Renoir. C'était notre petite aparté du vendredi. Merci d'en avoir pris connaissance.)

Récapitulons : un notable, ruiné mais ayant encore pignon sur rue et son indestructible particule, fût-elle un peu trop jeune ; une ancienne sage-femme ; un marchand de peaux de lapin. Voilà un assassin qui, aucun socialiste n'osera me contredire, je l'espère, a le sens de la mixité sociale ! Maigret, lui, trouve même ce sens de la mixité un peu trop appuyé. Quant au "crime de fou", formule que les autorités et les dignes bourgeois du lieu échangent à qui mieux mieux pour se rassurer, il n'y croit guère. Au grand désespoir de son ancien condisciple, le juge d'instruction, qui eût été certainement beaucoup plus heureux de le revoir dans d'autres circonstances. Mais là ! Trois crimes dans une sous-préfecture en même pas une semaine et demie (je précise ce détail sous réserves) et, comme par hasard (et c'est vraiment un hasard, en plus ! ) le fameux commissaire Maigret, de la P. J. parisienne, qui déboule là-dedans comme un gros chien hirsute dans un jeu de quilles, alors que règne tout ce désordre, non, non, trois fois non ! Chabot est à la fois exaspéré et rassuré par la présence de Maigret.

Car Chabot est un pauvre type, jamais fiancé, jamais marié, qui vit encore chez sa mère à un âge où, en général, on a quitté depuis longtemps ses pénates natales. Il fait son travail honnêtement mais il vit dans la peur - dans l'horreur - de se mettre les notables à dos. Ses frères notables. Voilà le hic. Et voilà aussi pourquoi il reçoit tellement de lettres anonymes lui disant de regarder absolument en direction de la maison Vernoux de Courçon où, hélas !, chaque mardi, monsieur le juge va faire son bridge hebdomadaire ...

Comme à son habitude, Maigret observe, se force à manger les profiteroles que la bonne Mme Chabot mère s'imagine qu'il apprécie toujours comme au temps de sa jeunesse, va, vient ... et lui, le massif, l'impavide, le redoutable commissaire Maigret, à qui, depuis le temps qu'il est dans le métier, "on ne la fait pas", il a peur. La pluie continue à tomber mais somme toute, elle ne fait que son boulot, un peu comme la Faucheuse, quand elle passe. Certes, elle assombrit encore un paysage déjà trop triste, trop provincial, trop replié sur lui-même mais si seulement il n'y avait qu'elle pour tout noircir ... Ambiance pesante, foule hostile réunie par groupes tout autour de la maison des Vernoux, regards menaçants qui vous suivent par-dessus les rideaux du "Café de la Poste", pavé gras de pluie sur lequel fuit le pas des noctambules furtifs, une ville scindée en deux (les ouvriers et le petit peuple d'un côté, les nantis de l'autre, ceux-ci étant numériquement les plus faibles), une tension qui ne cesse de monter, monter, monter à l'image de la légendaire petite bête des comptines enfantines, un Alain Vernoux, médecin de son métier mais n'ayant jamais exercé, qui tient les théories les plus formelle sur le "Fou" potentiel - tout à fait comme il connaissait son identité - une famille de notables complètement déchirée, dont les membres ne vivent ensemble que par bienséance, un Parquet et des autorités policières locales complètement dépassés qui veulent un coupable à tout prix, bref, des gens tellement absorbés par leur propre réputation et par le respect dû, estiment-ils, à leur classe sociale, qu'ils ne se rendent absolument pas compte qu'ils sont manipulés par un assassin qui jouera tellement au fou qu'il finira par le devenir, non sans avoir perpétré un dernier crime, indirect mais d'autant plus impardonnable.

Un "Maigret" exceptionnel, où le commissaire, bien que respectant le fait qu'il ne se trouve pas dans sa juridiction, est loin de prendre le parti de la passivité et tente, autant qu'il le peut, de sauver les meubles et le reste, tout en évitant, par délicatesse, de marcher sur les plates-bandes du trop falot juge Chabot. Toutefois, en dépit de son sens aigu de la psychologie et de ses célèbres "méthodes" (bien qu'il n'aime rien tant à répéter qu'il n'en a aucune ), Maigret ne parviendra pas dans ce volume à éviter au Drame une victoire quasi complète. ;o)
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Maigret a peur ! Incroyable non? et pourtant...
Maigret revient d'un congrès de criminologie à Bordeaux sur le chemin du retour il s'arrête chez son vieil ami Chabot dans une petite ville non loin de Niort. Chabot a repris la fonction de juge d'instruction qu'occupait son père avant lui.
Une petite ville où les notables sont peu nombreux, se fréquentent sous les regards plus ou moins hostiles de tous les autres habitants. L'un d'entre eux vient d'être assassiné, la rumeur a désigné la maison Vernoux.
Ecrit en 1953 alors que Simenon séjournait dans le Connecticut, ce roman a été comme beaucoup d'autres adapté pour le petit écran. Il reflète l'état d'esprit des années 50 dans les petites villes, les coteries les clans, les hostilités larvées ou visibles entre les classes sociales , le regard bienveillant que les notables portent sur leur alter ego et certaines scènes m'ont semblé intemporelles..
Un roman où Maigret sort de son Paris bien aimé et souffre dans cette atmosphère provinciale à la fois feutrée et délétère . Un excellent Maigret.
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1. Le petit train sous la pluie - 2. Le marchand de peaux de lapins - 3. L'instituteur qui ne dormait pas - 4. L'Italienne aux ecchymoses - 5. La partie de bridge - 6. La messe de dix heures et demie - 7. Le trésor de Louise - 8. L'invalide du Gros-Noyer - 9. La fine Napoléon. [...] Magie de cette humble litanie des titres de chapitres "Maigret"... Et nous, humbles lecteurs, qui préférons paître là où l'on voit paître déjà la chaude & rassurante "Masse critique" des autres. Cet instinct grégaire, plus fort que nous, qui nous pousse à chaque instant vers cet herbage géant du présent : celui des "Nouveautés" [?] ... Tiens ! Voici que certains s'écartent de notre troupeau, de temps à autre... Allons et pour une fois, suivons-les bravement, ces explorateurs du Passé ! Sans doute l'attrait de l'herbe forcément plus verte d' "avant" ? ... Chère Woland qui vous penchez, au long de vos deux longues pages (que j'imprimais soigneusement), à propos de ce "Maigret a peur" oublié de 1953... Eh bien je vous admire. Et pourquoi ? Parce que vous l'avez deviné bien avant nous : "le doux chant de la pluie" [selon Ferrat] et la nuit y tiennent les rôles principaux. On saura désormais ce qu'a été Fontenay-le-Comte dans les années cinquante à l'approche du Printemps. Question d'humidité, de pavé luisant, de rues désertes... On se rappelle "la Ville-Close" de Concarneau dans "Le Chien jaune" [1931] ou les quais de la Mer Noire suintant la solitude de cet autre chef d'oeuvre existentialiste des années trente : "Les Gens d'en face" [1933]. Mais pourquoi ne pas citer aussi : "Les Demoiselles de Concarneau" [1936] ou "Le Bourgmestre de Furnes" [1939] ? Et tant d'autres... Ici : les notables d'une sous-préfecture, l'ennui, le seul souci du paraître, le bridge du mardi soir et la bienséance. L'argent qui manque. La détresse du Juge d'instruction Julien Chabot qui n'a jamais fui la maison de ses parents, restant vieux célibataire depuis les temps lointains de sa jeunesse partagée avec Jules Maigret. L'engluement. Chabot, "alter ego" enlisé de Maigret le néo-Parisien. Les profiteroles de Mme Chabot mère. Trois meurtres, un suicide... Quatre lettres anonymes pourries de fautes d'orthographe (" Ne vous léssé pas imprecioné par lai gents de la Haute. ", " Taché de savoir ce que le docteur faisé à la fille Sabati. ", etc. etc.) ... Bah, et quelle importance ? Le "petit peuple de gauche" (celui qui fréquente comme Maigret la terrasse du café de la Poste) assiégera vite la maison bourgeoise aux allures de Gentilhommière de la Rue Rabelais... Là où se trament (sans doute) "les innommables horreurs de ces riches corrompus"... Ne reste qu'à organiser des comités de Citoyens dans l'obscurité déserte des ruelles pour enfin débusquer ce coupable appartenant à "la Haute"... Ne comptons sûrement pas sur Chabot, ce "complice" qui se terre dans son "Palais de Justice" cerné de journalistes de Niort et Poitiers... Magistral portrait d'une névrose collective teintée de pluie, magistral de simple poésie. Merci Woland !
Lien : http://www.latribudhotel.can..
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... Chabiron revint sur ses pas, après un coup d'oeil par la fenêtre du couloir, et demanda :

- "Les journalistes ?

- Ne leur dites rien maintenant. Partez d'abord vers les centre de la ville. Annoncez-leur que j'aurai une déclaration à leur faire d'ici une demi-heure et ils resteront.

- On amène [Alain Vernous] ici ?

- Directement à la prison. Au cas où la foule tenterait de le lyncher, il sera plus facile de l'y protéger."

Tout cela prit du temps. Ils restèrent enfin seuls. Chabot n'était pas fier.

- "Qu'est-ce que tu en penses ?" se décida-t-il à questionner. "Tu me donnes tort ?

- J'ai peur," avoua Maigret qui fumait sa pipe d'un air sombre.

- "De quoi ?"

Il ne répondit pas.

- "En toute conscience, je ne pouvais pas agir autrement.

- Je sais. Ce n'est pas à cela que je pense.

- A quoi ?"

Il ne voulait pas avouer que c'était l'attitude du petit commissaire face à Louise Sabati [= maîtresse d'Alain Vernoux] qui lui restait sur l'estomac.

Chabot regarda sa montre.

- "Dans une demi-heure, ce sera fini. Nous pourrons aller l'interroger."

Maigret ne disait toujours rien, avec l'air de suivre Dieu sait quelle pensée mystérieuse.

- "Pourquoi ne m'en as-tu pas parlé hier soir ?

- De la fille Sabati ?

- Oui.

- Pour éviter ce qui est arrivé.

- C'est arrivé quand même.

- Oui, je ne prévoyais pas que Féron s'en préoccuperait. ..." [...]
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[...] ... - "Tu es au courant ?

- De quoi ?

- De ce qui se passe ici.

- Il y a presque une semaine que je n'ai pas lu les journaux. Mais j'ai voyagé tout à l'heure avec un certain Vernoux de Courçon qui se prétend ton ami.

- Hubert ?

- Je ne sais pas. Un homme dans les soixante-cinq ans.

- C'est Hubert."

Aucun bruit ne venait de la ville. On entendait seulement la pluie qui battait les vitres et, de temps en temps, le craquement des bûches dans l'âtre. Le père de Julien Chabot était déjà juge d'instruction à Fontenay-le-Comte et le bureau n'avait pas changé quand son fils s'y était assis à son tour.

- "Dans ce cas, on a dû te raconter ...

- Presque rien. Un journaliste s'est précipité sur moi avec son appareil photographique dans la salle-à-manger de l'hôtel.

- Un roux ?

- Oui.

- C'est Lomel. Qu'est-ce qu'il t'a dit ?

- Il était persuadé que j'étais ici pour m'occuper de je ne sais quelle affaire. Je n'avais pas eu le temps le l'en dissuader que le commissaire de police arrivait à son tour.

- En somme, à l'heure qu'il est, toute la ville sait que tu es ici ?

- Cela t'ennuie ?"

Chabot parvint juste à cacher son hésitation.

- "Non ... seulement ...

- Seulement quoi ?

- Rien. Tu n'as jamais vécu dans une ville sous-préfecture comme Fontenay-le-Comte. ..." [...]
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- Je n’ai pas bien compris ce que tu m’as dit au téléphone. Tu t’es occupé d’une affaire ?
- Elle st finie.
- Qu’est-ce-que c’était ?
- Un type qui ne se résignait pas à perdre.
- Je ne comprends pas.
- Cela ne fait rien. Il y a des gens qui, plutôt que de dégringoler la pente, sont capables de n’importe quoi.
- Tu dois savoir ce que tu dis, murmura-t-elle philosophiquement, sans plus s’en préoccuper.

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Le visage était bouffi, d’un rose presque artificiel.
Pourquoi le commissaire pensa-t-il à un acteur devenu vieux qui s’efforce de continuer à jouer son rôle et vit dans la terreur que le public s’aperçoive qu’il est déjà à moitié mort ?
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... avant d'ouvrir les yeux, il sentit un rayon de soleil qui lui traversait les paupières. Il ne faisait pas que le sentir. Il avait l'impression de le voir à travers la fine peau qui picotait et, sans doute à cause du sang qui circulait dans celle-ci, c'était un soleil plus rouge que celui du ciel, triomphant, comme sur les images.
Il pouvait créer tout un monde avec ce soleil-là, des gerbes d'étincelles, des volcans, des cascades d'or en fusion. Il suffisait de remuer légèrement les paupières, à la façon d'un kaleidoscope, en se servant des cils comme d'une grille.
Il entendit des pigeons qui roucoulaient sur une corniche au-dessus de sa fenêtre, puis des cloches sonnèrent en deux endroits à la fois, et il devinait les clochers pointant dans le ciel qui devait être d'un bleu uni.
Il continuait le jeu tout en écoutant les bruits de la rue et c'est alors, à l'echo que laissaient les pas, à une certaine qualité de silence, qu'il reconnut qu'on était dimanche.
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"L'Homme de Londres", Georges Simenon, aux éditions le libre de poche
Mila Boursier, libraire à La Grande Ourse à Dieppe, nous parle du roman "L'homme de Londres" de Georges Simenon. Dans ce polar, l'auteur ne nous parle pas de Maigret, mais d'un homme qui prend une mauvaise décision un soir à Dieppe. de fil en aiguille, le lecteur parcourt les rues de la ville dans une haletante chasse à l'homme.
Un entretien mené à Dieppe, à la librairie La Grande Ourse.
Vidéo réalisée par Paris Normandie.
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