Le livre qui traite des années 1930, résonne encore fréquemment dans l'actualité, à cause des agressions et des paroles antisémites qui surgissent régulièrement de nos jours, voire des contre-vérités qui sont émises sur le rôle du gouvernement de Vichy vis à vis des juifs français. Mais aussi, à cause du racisme concernant la minorité d'une autre confession accusée du grand remplacement, au même titre que les juifs dans les années 1930 étaient accusés, par les antisémites, de chercher la domination du monde.
Très documenté, riche d'un nombre impressionnant de citations, cette étude se partage en deux partie : la première traite du discours antisémite, alors que la seconde aborde la défense des juifs.
Alors que la France avait assimilé les juifs comme citoyens français dès 1791, au 19ème siècle l'antisémitisme était très actif notamment lié à "l'affaire Dreyfus". Aussitôt la grande guerre (14-18), dans les années 1920, il avait régressé, car beaucoup de juifs avaient combattu dans les tranchées. A partir de 1930 il a repris de manière plus virulente, à cause de la crise de 29, dont les juifs étaient accusés d'être les instigateurs pour s'enrichir. Puis, à partir de la prise de pouvoir d'Hitler en Allemagne, provoquant l'afflux de réfugiés provenant de Pologne, d'Allemagne et d'Italie, et enfin, à cause d'une extrême droite très forte dans ces années là qui ne supportait l'arrivée comme président du conseil de Léon Blum.
Les antisémites étaient constitués de quelques membres âgés, mais beaucoup de personnalités jeunes, politiques, notables, écrivains, journalistes, dont certains à partir de 33 appointés par les nazis et dans une moindre mesure d'une population ouvrière. L'extrême droite s'acharnait contre les juifs les accusant de tous les maux de la société, le chômage, les richesses accaparées, les bouleversements politiques, d'être à l'origine de la révolution russe de 1917, et de l'arrivée au pouvoir de Staline, et c'est un comble, d'être à l'origine d'un grand nombre de morts en Allemagne avant l'arrivée des nazis. Ajouté à cela qu'un nombre non négligeable de chrétiens continuaient à considérer que les juifs étaient déicides, et d'être les tortionnaires du Christ.
En 1934, l'affaire Stavisky a provoqué un déferlement de paroles antisémites. Parmi les fers de lances de l'antisémitisme, l'écrivain
Louis Ferdinand Céline avec ses deux livres "Bagatelle pour un massacre" et "L'école des cadavres" a été un des plus virulents avec des propos et des écrits orduriers, immondes, qui discrédite totalement l'admiration que l'on peut avoir pour le reste des son oeuvre. D'autres écrivains n'étaient pas en reste, tel que
Jean Giraudoux,
Paul Morand, Pierre Drieu La rochelle,
Robert Brasillach. A la fin de la première partie on est stupéfait de l'ampleur de cette haine et de l'importance de l'extrême droite en France dans ces années 30.
Heureusement la seconde partie montre que nombre de voix dans les milieux politiques, dans l'épiscopat français, chez les artistes, les scientifiques, du côté des protestants, qui avaient eux même endurés des persécutions se sont élevés contre le sort réservé en juifs en Allemagne et prendre la défense des juifs en France, en démontrant que les griefs qui leurs étaient reprochés étaient infondés, qu'ils étaient des hommes et des femmes comme les autres. (l'étude consacre un chapitre à ce sujet).
La conclusion apporte un démenti à certains propos émis récemment: 12 Jours après l'obtention des pleins pouvoirs par le maréchal Pétain, le régime de Vichy mettaient en place les premières lois discriminantes contre la communauté juive de France. C'est un livre dont la lecture n'est pas aisée, mais qu'il faut avoir lu pour comprendre l'ampleur de ce phénomène et celui du racisme en général.