Rien de mystérieux dans cette disparition d'Odile. Elle a dix-huit ans, ne sait pas quoi faire de sa vie, boit, fume et couche avec des inconnus pour remplir le vide d'une existence dénuée de sens. Elle étouffe en Suisse, à Lausanne, dans
la vieille maison familiale sombre et froide, entre des parents indifférents, un père historien et une mère qui joue au bridge et boit du whisky. le seul dont elle est proche, est son frère, Albert, dit Bob, étudiant, auquel elle envoie une lettre d'adieu. Un adieu définitif. Il devine qu'elle est partie à Paris pour mettre fin à ses jours.
Bob va se lancer à sa recherche, décidé à remonter jusqu'à elle avant qu'il ne soit trop tard, suivre les traces de ses derniers séjours parisiens. D'hôtel en bar, de bar en boîte de nuit, il retrouve peu à peu les lieux où elle est passée, les personnes qu'elle a fréquentées, mais de plus en plus inquiet s'adresse à la police.
La deuxième partie nous raconte l'histoire d'Odile. Adolescente fragile, en proie à un certain mal de vivre, se sentant incomprise dans sa famille, peu écoutée et peu stimulée par ses parents. Elle a abandonné le collège et passe ses journées à faire pas grand-chose, joue un peu de guitare…elle rêve de Paris sans voir d'issue à sa situation et décide d'en finir. Elle a emmené dans ses bagages un flacon de somnifères et le revolver de son père…
Odile a l'âge de la fille de
Simenon, Marie Jo, qui se suicidera quelques années plus tard…Il s'est certainement inspiré de sa propre histoire, sa femme alcoolique, lui écrivain, sa fille dépressive, pour écrire ce roman déroutant, où la détresse d'une adolescente croise la route d'adultes parfois inquiets, soucieux de pouvoir l'aider mais désarmés et trop absorbés par leurs propres problèmes…Odile agace et interroge, petite fille gâtée mais négligée, qui met en lumière le malaise de cette famille bourgeoise dans laquelle tous ne font que se croiser…et surtout l'irresponsabilité des parents qui se déchargent d'abord sur la bonne Mathilde puis sur leur fils Bob du soin de leur fille.
Un bon
Simenon même s'il manque paradoxalement un peu de profondeur.