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EAN : 9782221095898
252 pages
Robert Laffont (11/02/2002)
4.29/5   7 notes
Résumé :

"Six nouvelles composent ce volume. Elles figuraient dans d’autres livres publiés de quinze à trente années auparavant et depuis lors introuvables. Ce sont des textes auxquels je tiens et certains me touchent de très près. Les relisant, je m’y suis retrouvé. Mes lecteurs, je le sais, forment une sorte de grande famille ; peut-être seront-ils heureux de me connaître de cette façon un peu mieux. Ma pr&#... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Quel régal de lire ou relire l'une de ces six nouvelles écrites dans les années 1970 à 1990 et rééditées en 2002 :

• « La passation du pouvoir » dépeint l'arrivée d'un nouveau locataire à l'Elysée. Les deux Présidents (le partant et l'entrant) s'enferment pour se transmettre les codes nucléaires et les dossiers secrets. L'un des deux ne survit pas à ce rite républicain … du pur Raspail au meilleur de son talent qui offre une peinture au Karcher de la caste politico médiatique. Je confesse apprécier ces pages politiquement incorrectes qui n'ont pas pris une ride au fil des quinquennats. Un régal … prémonitoire, hélas, de la république en marche vers son effondrement ?

• « Tombeau d'un garde suisse » nous mène au Comtat Venaissin aux cotés du « mouvement du 19 janvier » en lutte pour le rattachement du Comtat aux Etats pontificaux… la nostalgie romantique d'une cause perdue où Raspail marche sur les traces de Lord Byron luttant pour l'Indépendance grecque.

• « Le son des tambours sur la neige », qui donne son titre au recueil, évoque les Oumiates, ce peuple que l'on retrouve dans son roman « Septentrion » … Raspail sur les traces des peuples disparus ou Raspail prophète de la marche du monde vers sa fin ?

• « Les hussards de Katlinka » réunit les combattants de la LVF retraitant lors de l'hiver 1941/1942 dans la région de Smolensk et les descendants des hussards napoléoniens qui 129 ans ans plus tôt ont fait souche à Katlinka. Raspail cherche leurs descendants et les trouve près d'Amiens à la fin du XX siècle … le temps et l'amnésie ont gommé toute trace de ces ancêtres.

• « Une étrange exploration dans la forêt africaine en l'an 2110… », permet à des explorateurs mandatés par l'ONU de retrouver une tribu perdue au coeur de l'Afrique Wallonne des années 1950. Une histoire belge cruelle pour les technocrates de l'ONU et qui peut heurter un lecteur dévot du « vivre ensemble ». Ce récit se trouve également dans « Le tam-tam de Jonathan » et « Boulevard Raspail »

• « Athaulf le Wisigoth », dans le trésor personnel de Jean Raspail, figure une hache de pierre noire, qui vient du fond des temps, du fond des steppes. Objet transmis de père en fils (?) depuis des siècles qui rattache la génération présente à ses ancêtres et la projette vers les générations suivantes. Chaque homme est un héritier qui doit tout ou presque aux générations antérieures et doit transmettre le monde aux générations futures … Raspail, attentif au devoir de mémoire, honore nos racines et plaide pour une éducation qui transmette nos valeurs civilisatrices. Cette nouvelle de 24 pages justifierait à elle seule l'acquisition de ce recueil !

En conclusion, ces brèves nouvelles fournissent au lecteur matière à réflexion au fil de pages intrigantes et superbement rédigées qui peuvent être une bonne porte d'entrée à l'univers littéraire de l'un de nos plus grands romanciers.
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Cet ouvrage est du Raspail en concentré.
On y retrouve tout son esprit et c'est génial !

Je l'ai emprunté à la bibliothèque municipale et tout ce que j'espère c'est de le trouver pour me l'offrir !

Hurrah Zara !
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Etrange et envoutant... passionnant.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Par-delà l'antichambre présidentielle, dans l'enfilade des bureaux, on perçoit la rumeur d'une foule qui s'approche.

- Capitaine ! ordonne le général. Filez par le petit escalier, celui qui donne dans la cour d'honneur. Dites de ma part au colonel de nettoyer le palais et de boucler tout le monde dans les salons du rez-de-chaussée. J'ai dit : tout le monde !
- Le colonel ne me croira pas.
- J'y vais.
Il y court. Il est fou de joie. Il va faire donner la Garde ! II va balayer cette racaille ! Pour un soldat, l'ennemi vrai, le seul, c'est toujours le civil. Enfin il va la gagner, sa première et dernière bataille !

Qu'on imagine deux cents braves types en tenue Napoléon III, voués à l'astiquage des buffleteries et des boutons d'uniforme, au bichonnage des pompons de shako, dont le regard s'est vidé de toute curiosité à force d'être porté en avant à la distance réglementaire des vingt pas du garde-à-vous d'apparat, qu'on imagine ces paisibles soldats soudain requis à un maintien de l'ordre pour lequel ils n'ont pas été entraînés. C'est merveille à voir ! Ils en font trop. Dans l'épaisseur de leur âme doit reposer quelque vieux compte à régler. Peut-être le sursaut de la dignité militaire, une honte à laver, celle de leur drapeau s'inclinant par métiers devant trop de guignols ou d'honneurs rendus à trop de misérables, qui le saura jamais ? II y a des coups de crosse qui ne sont pas perdus pour tout le monde, des coups de plat de sabre d'officier sur des derrières ministériels et des postérieurs parlementaires. Et la presse ! Un désastre ! Reconduite à la hussarde jusque sur le trottoir de la rue Saint-Honoré qui retentit encore de ses vertueuses clameurs de vierge forcée. De ce hourvari, plus tard, on ne trouvera pas une photo. Ni des scènes d'outrage dont furent témoins les salons du rez-de-chaussée, qualifiées d'effrayantes par tant d'innocentes victimes. Qu'on en juge ! Le brave général ne porte pas d'arme. Seulement une badine, l'une des dernières de l'armée française. La brandissant dans le feu de l'action et sans trop y penser, quelle n'est pas sa stupéfaction de voir soudain s'aplatir un millier de députés, de sénateurs, d'anciens et de nouveaux ministres, sur les tapis des salons et les parquets marquetés. Un mot court la foule : putsch ! La Garde républicaine putschiste ! A qui se fier ! Les plus courageux s’esquivent par les fenêtres. Le reste se tasse comme des moutons le long des murs des salons et sur le troupeau apeuré s’abat le silence qui suit les catastrophes irrémédiables.

L'ordre règne à l’Élysée.

in « La passation du pouvoir »
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Essayons de cerner l'essentiel : la pérennité de l'homme, lorsque au moins il en a conscience, si misérablement et grotesquement inutile qu'il se représente à lui-même aux heures de découragement. Cette conscience-là, comment la retrouverait-il, comment y puiserait-il la force de durer et la fierté d'avoir duré, sinon en baissant la tête vers les abîmes du passé et en plongeant dans ces profondeurs un regard aveugle et reconnaissant ? Voici le malllon doué de vie qui prend conscience de la chaîne ininterrompue à laquelle il appartient. Vers l'avenir, c'est le vide sidéral, peuplé de foules en suspens, livré aux plèbes. Il est le dernier mailIon : de l'avenir il ne sait rien et l'ébauche des maillons suivants qui se forment l'inquiète. Il peut ensemencer conformément aux lois de l'espèce, par les temps que nous vivons il n'engendrera que l'incertitude, quelque chose et quelqu'un qui lui ressembleront de moins en moins et qui, très vite, ne lui ressembleront plus du tout et ne ressembleront plus à rien. Tandis qu'à l'opposé, combien la chaîne se révèle solide, si toutefois on veut bien s'aviser de son existence !
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Le téléphone sonne. Le président décroche et répond au Premier ministre qui s'inquiète.

- C'est vrai, nous avons oublié l'heure. L'ampleur des problèmes... Ne pas bâcler la France... Veuillez nous excuser auprès de nos amis. Nous descendrons à une heure précise. Prévenez la presse...

Il a répondu machinalement. Sans plus accorder d’attention au corps de M. Zed d'où s'échappe un ruisselet de sang qui serpente sur le tapis, le président se dispose à attendre. Il croise ses mains sous son menton. Un léger sourire erre sur ses lèvres. Il semblerait même qu'il s'amuse de la situation comme s'il venait de lui trouver une issue qui fût cocasse. Un voyant rouge s'allume à son bureau. L'interphone grésille. Il ne bouge pas. À une heure et deux minutes, les portes s'ouvrent. Le général s'avance et dit : « Monsieur le président... » puis baisse le nez sur le tapis et s'écrie :

- Nom de Dieu!

Eh oui ! dit le président. Un joli coup. J'en réclame l’entière responsabilité.

in « La passation du pouvoir »
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Avant ce bisaïeul, qui ? Et avant lui, qui d’autre ? Et avant ce qui, qui encore ? Et avant celui-là, quel autre ancêtre encore plus éloigné ? Si je fais le compte des générations, nous devons vagabonder à travers le règne de Louis XV. Continuons. L'obscur sujet du roi bienaimé portait déjà le nom du petit homme, car on avait, depuis pas mal de temps, inventé l’identité. Et avant lui ? Encore avant ? Et avant avant ? Même en laissant la chaîne des questions sans réponse, l'exercice, pour peu qu'on s'obstine, devient vertigineux. En cinquante générations seulement, nous avons rejoint Charlemagne et ses successeurs immédiats, le Débonnaire, le Chauve et le Bègue, et nous ne sommes pas encore des Français ! Cinquante ancêtres dont le petit homme ni personne ne savent rien et vous allez me dire qu’il a toutes les excuses ? Il est inexcusable ...

Cinquante, c'est peu, avouez-le. Dans sa vie quoddienne, le petit homme connaît au moins cinquante personnes par leur nom, avec quelque chose autour, métier, famille. Et pourquoi pas cinquante ancêtres ? Pour une mémoire normale, je ne vois pas la différence.
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Pour la majorité d'entre nous, certes, la chaîne — fiï d'Ariane — disparaît dès le maillon précédent. Le petit homme contemporain sait comment il se nomme et de qui il est directement issu. Là se borne sa certitude. Et encore ?...
(...)

Alors, le père de son père ? Quel était son métier ? Où était-il né ? Et quand ? Comment il avait vécu ? L'expérience des choses et du temps qu'il tenait de son propre père ? Et qui était cet aïeul plus lointain, lequel, cependant, portait le même nom que le petit homme ?

Sans remonter plus avant, voilà, généralement, le petit homme déjà sec. Il ne sait rien. En quoi cela le concerne-t-il ? Il se tient tout seul, au centre de sa vie passagère, entre son grand-père et son petit-fils, bornes extrêmes de son existence, pour le mieux.

J'ai pratiqué souvent l'expérience. Vous le pouvez également, rien de plus facile. Interrogez n'importe qui autour de vous. Et vous-même, pour commencer. Alors vous mesurez combien immense et proche est le désert...
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Vidéo de Jean Raspail
Petits éloges de l'ailleurs : chroniques, articles et entretiens Jean Raspail Éditions Albin Michel
Recueil d'articles publiés dans la presse au cours des trois dernières décennies, consacrés à des sujets de société, à certains aspects de la langue française, au voyage, à l'histoire ou à des écrivains, parmi lesquels Jacques Perret, Jean Cau, Michel Mohrt et Sylvain Tesson. L'ouvrage offre un tour d'horizon des univers multiples dont s'est nourri le romancier. ©Electre
https://www.laprocure.com/product/325795/raspail-jean-petits-eloges-de-l-ailleurs-chroniques-articles-et-entretiens 9782226470478
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