Quel régal de lire ou relire l'une de ces six nouvelles écrites dans les années 1970 à 1990 et rééditées en 2002 :
• « La passation du pouvoir » dépeint l'arrivée d'un nouveau locataire à l'Elysée. Les deux Présidents (le partant et l'entrant) s'enferment pour se transmettre les codes nucléaires et les dossiers secrets. L'un des deux ne survit pas à ce rite républicain … du pur Raspail au meilleur de son talent qui offre une peinture au Karcher de la caste politico médiatique. Je confesse apprécier ces pages politiquement incorrectes qui n'ont pas pris une ride au fil des quinquennats. Un régal … prémonitoire, hélas, de la république en marche vers son effondrement ?
• « Tombeau d'un garde suisse » nous mène au Comtat Venaissin aux cotés du « mouvement du 19 janvier » en lutte pour le rattachement du Comtat aux Etats pontificaux… la nostalgie romantique d'une cause perdue où Raspail marche sur les traces de
Lord Byron luttant pour l'Indépendance grecque.
• « Le son des tambours sur la neige », qui donne son titre au recueil, évoque les Oumiates, ce peuple que l'on retrouve dans son roman «
Septentrion » … Raspail sur les traces des peuples disparus ou Raspail prophète de la marche du monde vers sa fin ?
• «
Les hussards de Katlinka » réunit les combattants de la LVF retraitant lors de l'hiver 1941/1942 dans la région de Smolensk et les descendants des hussards napoléoniens qui 129 ans ans plus tôt ont fait souche à Katlinka. Raspail cherche leurs descendants et les trouve près d'Amiens à la fin du XX siècle … le temps et l'amnésie ont gommé toute trace de ces ancêtres.
• « Une étrange exploration dans la forêt africaine en l'an 2110… », permet à des explorateurs mandatés par l'ONU de retrouver une tribu perdue au coeur de l'Afrique Wallonne des années 1950. Une histoire belge cruelle pour les technocrates de l'ONU et qui peut heurter un lecteur dévot du « vivre ensemble ». Ce récit se trouve également dans «
Le tam-tam de Jonathan » et « Boulevard Raspail »
• « Athaulf le Wisigoth », dans le trésor personnel de Jean Raspail, figure une hache de pierre noire, qui vient du fond des temps, du fond des steppes. Objet transmis de père en fils (?) depuis des siècles qui rattache la génération présente à ses ancêtres et la projette vers les générations suivantes. Chaque homme est un héritier qui doit tout ou presque aux générations antérieures et doit transmettre le monde aux générations futures … Raspail, attentif au devoir de mémoire, honore nos racines et plaide pour une éducation qui transmette nos valeurs civilisatrices. Cette nouvelle de 24 pages justifierait à elle seule l'acquisition de ce recueil !
En conclusion, ces brèves nouvelles fournissent au lecteur matière à réflexion au fil de pages intrigantes et superbement rédigées qui peuvent être une bonne porte d'entrée à l'univers littéraire de l'un de nos plus grands romanciers.