Jordi Soler, écrivain mexicain, né au sein d'une communauté d'exilés catalans fondée par son grand-père à la fin de la guerre civile espagnole, se souvient de son enfance dans la plantation de caféiers exploitée par sa famille.
Situation précaire pour cette communauté espagnole, obligée de composer avec les exigeances de l'autorité locale sous peine d'expulsion et extorquée par le maire, personnage vicieux et corrompu.
La cohabitation est difficile entre ces républicains déçus et la population locale, souvent fourbe et violente, aussi impitoyable que cette jungle qui les cerne de toute part.
Les années que Jordi passent à la plantation sont marquées, notamment, par la folie de sa tante Marianne.
Consécutive à une méningite contractée à l'âge de trois ans, cette folie se traduit par de violentes et dangereuses crises de colère qu'on tente de maîtriser en lui attachant un collier et en lui faisant absorber journellement des tranquilisants.
L'enfant, traumatisé de voir régulièrement sa mère victime de ces crises, est habité par le désir de voir mourir sa tante.
Cet exil se terminera tragiquement dans une "fête" à la gloire du maire, dont ils sont contraints d'accepter l'organisation sur leur domaine et qui vire au pugilat.
C'est en revenant sur les lieux du drame dans l'intention de consulter la chamane de son enfance, que les souvenirs affluent à l'esprit de l'auteur.
Une écriture dense, compacte, composée de longues phrases non dénuées parfois de poésie, pour une aventure rocambolesque.
Ce roman fait suite aux "Exilés de la mémoire" dans lequel
Jordi Soler raconte la lutte de son grand-père contre la montée du régime franquiste et son exil.
Il faut un certain courage pour aller au bout de cette lecture très descriptive et très fouillée mais, si on le prend, on peut en sortir plutôt satisfait.