AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Marianne Millon (Traducteur)
EAN : 9782742766697
514 pages
Actes Sud (28/02/2007)
3.8/5   604 notes
Résumé :
Isolée sur un atoll de l'océan Indien, la fine fleur de la physique mondiale est en quête du Graal. Elle oeuvre à un ambitieux projet fondé sur la théorie des cordes, qui permettrait d'ouvrir le temps. S'ils parviennent avec ravissement à contempler le passé de l'humanité - la crucifixion du Christ ou la terre à l'ère jurassique -, les scientifiques perçoivent rapidement que ce programme, financé par de mystérieux fonds privés, pourrait connaître des applications mo... >Voir plus
Que lire après La Théorie des cordesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (95) Voir plus Ajouter une critique
3,8

sur 604 notes
José Carlos Somoza a intitulé son roman « Zigzag », titre traduit en français « La théorie des cordes ». Après l'avoir lu, je me demande encore bien pourquoi. Ce titre-alibi permet certes de colorer d'un vernis scientifique un techno-thriller dont l'action se déroule dans le milieu très sélect de la recherche fondamentale. La véritable théorie des cordes est une théorie encore en construction, mystérieuse, peu connue du grand public, se déclinant en multiples variantes, s'appuyant sur des conjectures et un formalisme essentiellement mathématique ; la théorie des cordes ne peut s'enorgueillir aujourd'hui d'aucune vérification expérimentale. On peut donc en dire ce que l'on veut…
José Carlos Somoza s'engouffre dans une double brèche : l'inexistence de projets expérimentaux, et le vide béant laissé par l'absence de roman explorant le sujet. Dans son roman, il lui suffit de renommer « théorie du séquoia » une nième théorie des cordes, qui peut bien s'accommoder d'une variante de plus, pour permettre à l'un de ses personnages d'en revendiquer la paternité, puis de donner une vague explication sur la lecture des cordes du temps – qui n'ont aucun rapport avec la véritable théorie, mais permettent à bon compte de visualiser le passé – et le tour est joué !
Je rassure définitivement celles et ceux qui se sont émus du titre français, se demandant s'il fallait s'y connaître un chouia en science physique pour pouvoir apprécier le roman et avoir un diplôme d'Harvard ou du M.I.T. en poche pour le comprendre… Que nenni !
Ce roman, au titre si « scientifique », est en fait un thriller de science-fiction. Mais quel thriller !
Il s'agit de mon premier Somoza. Et si le reste de sa production tient aussi bien la corde, ce ne sera sans doute pas le dernier.
Elisa Robledo peut se prévaloir de deux domaines d'excellence : la physique et… son physique. Sorte d'Angelina Jolie dotée du cerveau d'Einstein et d'Hawking réunis (non, ce n'est pas mon fantasme, mais c'est visiblement celui de Somoza), cette bombe atomique se balade plus souvent qu'à son tour en tenue légère, façon Lara Croft en débardeur et minishort, bravant la chaleur et le danger dans des laboratoires surchauffés situés au beau milieu de l'océan indien, dont la clim comme par un fait exprès tombe régulièrement en panne suite aux catastrophes en série dictées par le scénario. Sa mission : sauver sa peau et celle de ses camarades…
Or, Elisa n'était pas destinée à assumer le destin d'une aventurière provocante. Sa devise au début du roman pourrait être « pour vivre heureuse, vivons cachée ». Elle reste d'ailleurs un mystère pour ses collègues et amis qui ne comprennent pas pourquoi une personnalité si brillante et si parfaite se contente de donner des cours dans une (minable) école privée pour étudiants blasés. Elle tente de se faire oublier et occulte son passé.
Mais alors qu'elle croyait échapper à ce passé, celui-ci va ressurgir brutalement à la lecture d'un simple article de journal qui lui saute au visage tel un petit Alien Facehugger bondissant de son oeuf, et qui va bouleverser la suite de son existence. Car elle se sent désormais en danger de mort et décide de reprendre un combat abandonné dix années plus tôt.
José Carlos Somoza revisite avec panache le mythe de Frankenstein, qui lui-même revisitait le mythe de Prométhée (vous me suivez ?). Avec le « Prométhée moderne » de Mary Shelley, l'homme défie Dieu en créant la vie, et la Créature se retourne contre son créateur. Somoza reprend le même thème et invente l'une des créatures les plus terrifiantes – et je pèse mes mots – de la science-fiction actuelle : j'ai nommé Zigzag, qui peut faire passer le Gritche d'Hypérion pour un vulgaire assemblage de boîtes de conserves et les monstres de la mythologie lovecraftienne pour une famille d'aimables batraciens annonçant la météo. Zigzag est un être pervers et cruel, d'origine mystérieuse, aux desseins insondables, aux pouvoirs illimités, qui semble être doué d'ubiquité et développer une inexplicable addiction aux carnages sanguinolents, ciblant notre groupe de scientifiques de haut niveau.
Les scientifiques ont ouvert la boîte de Pandore, et ils vont s'en mordre les doigts.
Les commanditaires de l'opération ont évalué les profits potentiels d'une telle arme de destruction massive, et ils souhaitent ne pas en rester là, il suffirait de poursuivre les recherches, de maîtriser la bête et tout ira bien. Humm… à votre avis ? Zigzag mettra rapidement fin à ces illusions.
Mais d'où vient ce Zigzag ? Qui l'a créé ? Jusqu'au bout, on ne saura presque rien sur son origine, et c'est bien sur cette ultime énigme que les scientifiques survivants devront se pencher s'ils veulent parvenir à sauver leur peau. Une seule certitude : Zigzag est le fruit de leurs expériences passées sur la théorie du séquoia. Mais la recherche de la vérité va s'avérer d'autant plus complexe et difficile à mener que les chercheurs en question seront décimés les uns après les autres.
Avant d'embarquer dans la lecture de ce roman, assurez-vous de la fermeture de vos portes et de vos fenêtres, et glissez le plus gros couteau de votre cuisine sous votre oreiller. La théorie des cordes est un roman qui accroche d'emblée le lecteur et propose plusieurs niveaux de lecture (le thriller proprement dit, une réflexion sur l'éthique scientifique, une autre sur la nature humaine…) ; José Carlos Somoza aime les intrigues bien ficelées et possède assurément plusieurs cordes à son arc.
Commenter  J’apprécie          9114
Achevé il y a plus d'une semaine, commencé avec la vague caniculaire de ce début d'été, reçu janvier 2019 pour mes 60 ans, noté août 2018 suite à la critique de Joséphine , pourquoi donc vouloir remonter le temps ? Et quelle idée de lui attribuer les pouvoirs d'un talisman, en lire des passages à haute voix comme autant d'incantations : malgré cette belle théorie des cordes toujours pas une goutte de pluie en mon petit pays pourtant réputé. Il ne faudrait pas prendre ce livre pour ce qu'il n'est pas : c'est une fiction ! Un excellent thriller fantastique, une plongée aux limites de la physique. Quelque chose comme le vingt mille lieues sous les mers du 21ème siècle ou le voyage au centre de la terre ou plutôt Frankenstein.


Une Pulp Fiction oserais-je avec une Elisa Robledo plus attirante par son que sa physique.(et c'est bien ce qui compte après tout pour le passage au film). Car l'intérêt du bouquin réside avant tout dans la peinture sociale des mondes académiques et de la recherche fondamentale, dans la description psychologique de ces êtres hors normalité et leur déconnection plus ou moins marquée du sens commun, dans leur incapacité à prendre en compte le bien-être (voire la survie) du genre humain face à leur insatiable plaisir égocentrique de la découverte. Et bardaf en jouant avec leurs accélérateurs (de particules) c'est l'embardée ! Une « chose » indomptable et terrifiante, l'ombre d'un humain arrachée à un moment paroxysmique de colère et de haine se promène assoiffée de sexe et de sang dans les cordes du temps. Nous v'la bien, c'est pire qu'Hiroshima c't affaire-là !


Franchement j'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture. Et pour le coup c'est bien écrit avec beaucoup de rythme et des caractères suffisamment développés pour ne pas être des caricatures, des failles apparaissent et la fragilité humaine aussi, le suspense monte crescendo et la fin ne nous dit pas s'ils furent heureux et eurent beaucoup d'enfants. Mais ce n'est pas un livre de vulgarisation scientifique (ouf diront peut-être la plupart) même si des physiciens sont nommés et s'il existe des théories des cordes, l'auteur est plus proche de Jules Verne que d'Hergé, par contre son histoire est des plus palpitantes sans descriptions superfétatoires ni l'utilisation de ficelles grosses comme des cordes pour maintenir le suspense à son comble. (Quoique c'est relatif car un peu trop d'annonces dramatiques viennent inutilement alourdir le récit à mon goût.)


Le livre tourne autour du temps, thème maintes fois exploré en science fiction mais voici une nouvelle approche qui ne manque pas de créativité pour revisiter avec succès le mythe de Prométhée. L'être non pas vraiment créé mais en sorte libéré consomme beaucoup d'énergie pour se déployer. Cela m'a fait penser au film Lucy de Luc Besson par association à la chanson Lucie d'Obispo et sa si belle définition du temps qui n'est pas marquée dans les livres, si ce n'est par ce lien.
https://www.youtube.com/watch?v=kjKawxIAeMM

------------------------------------------------------------------------------------
Pour les fans de physique je recommande ces deux vidéo de scienceétonnante excellente vulgarisation sur les deux voies poursuivies pour une théorie du tout c-à-d une loi unique applicable autant à l'infiniment petit (actuellement décrit par la physique quantique) et l'infiniment grand (actuellement décrit par la théorie de la relativité générale). La première que je n'aime pas beaucoup parce qu'elle se rapproche d'un tour de passe-passe mathématique pour (forcer à) faire marcher un modèle qui autrement coince (cela me rappelle trop les tentatives de complications des modèles du soleil tournant autour de la terre pour les faire coller à tout prix aux mouvements des planètes observés contredisant les prévisions du modèle de base). C'est ce qu'on appelle la théorie des cordes.
https://www.youtube.com/watch?v=rXhzeKh8yBk
L'autre approche plus radicale me paraît plus prometteuse c'est la gravité quantique à boucle.
https://www.youtube.com/watch?v=3MJJvXGuDag

Commenter  J’apprécie          337
Oui, étonnant bouquin qui commence non pas par un prologue mais deux. Aussi frustrant l'un que l'autre, ça appate fort le client ! Et puis on continue par le premier chapitre qui titre 'L'Appel'. Comme il est question d'universitaire et d'école, on suppose que la superbe brune que l'on imagine facilement comme une Kate Beckinsale avec des cheveux longs et bouclés (bouclés, pas sûr que ça aille à Kate, peu importe quand c'est une brune canon, c'est Kate que j'imagine ; mais je m'égare...), on suppose donc que ce professeur va faire l'appel. Ce qui se fait dans les établissements publics d'enseignement, non ? Alors voilà qu'en plus, juste après ce titre, on nous annonce qu'il est telle heure et qu'il va se passer quelque chose de terrible dans 6 minutes 13 secondes. Là, franchement, j'ai un peu décroché. J'ai toujours considéré le langage comme un outil de communication, donc, quelque part, je m'attends à ce qu'une information, si elle est donnée, soit en relation de cause à effet avec le reste de ce qui apparaît dans le chapitre. Ce que que je veux dire, c'est que l'auteur ne donne aucune raison de commencer à cet instant-là et d'instaurer un délai. Avec précisément cette durée. A quoi sert-elle ? Est-ce qu'il faut lire le livre en temps réel ? Il nous est donné officiellement 6 minutes 13 secondes pour avaler à très grande vitesse les pages qui nous séparent de l'évènement annoncé mais pas défini quoique qualifié ? Dans ce cas-là, il faut être plus explicite. Par exemple, qu'est-ce qui se passe si on traine un peu dans la lecture et que l'on dépasse le temps imparti ? On doit sauter des pages pour être pile poil au rendez-vous ? Et même ! Combien de pages ? Et puis personne n'a dit qu'il fallait s'armer d'un chronomètre pour lire ce bouquin... enfin bon, c'est du grand n'importe quoi ! Dans le genre pisse copie, je préfère encore Guy des Cars... Me voila donc devant cette heure arbitraire au degré zéro de l'information et je suis déjà en train de me dire que ce bouquin pourrait facilement perdre quelques pages si tout le reste suit le même modèle. Et puis je comprends : c'est juste un effet. Même pas un effet de style. Juste un effet. Comme au cinéma quand les héros sont dans une voiture avec un chat et une bombe à retardement dans un parking en sous-sol. le réalisateur se débrouille pour que l'on voit le chronomètre et que les chiffres défilent à toute vitesse. Est-ce qu'il faut couper le fil bleu ou le fil rouge ? C'est une forme de manipulation : cette annonce installe un chronomètre sur mon écran intérieur perso celui où je me projette le film de l'histoire que me raconte le romancier. Pour que l'adrénaline monte en flèche ! Sauf que moi, ça ne me fait pas monter l'adrénaline : ça me stresse !! Parce que ça me brouille la comprenette cette histoire de timing ! ça me laisse pas tranquille !! Pourquoi 6 minutes 13 exactement ? Pourquoi pas 7 ? ou 5 ? ou 20 ? ou n'importe quoi ?! Non mais ... et 13 secondes... en plus ! Je n'ai pas envie de savoir ce qui va se passer plus loin, j'ai besoin de savoir pourquoi il faut commencer là, précisément à 11h12. Pourquoi ce repère dans le temps est-il important ? ou alors il ne l'est pas... outre la manipulation mentale, il y a peut-être une connotation à envisager. L'auteur me dit indirectement " mon p'tit gars, j'écris sur la physique et, donc, je vais être rigoureux comme doit l'être un scientifique - et je sais que tu as déjà pris connaissance du postscriptum où je remercie un certain nombre de physiciens d'avoir relu mon texte pour vérifier que je ne disais pas trop de bêtises - alors sors le caméscope JVC, Marty, et enregistre ce qui se passe. Il est 11h12 précisément et ceci est une expérience temporelle...
Moi (en Mickael Fox, je laisse un moment ma fourrure de chat pour celle du renard) :
- Mais Doc, pourquoi 11h12, précisément ?
Le Doc (en fait, Somoza en doc Braun) :
- Aucune importance, Marty ! C'est le hasard ! ça ne s'explique pas. Comme les constantes de l'univers, peu importe que ce soit 11h12 ou 11h13, c'est un fait précis, un évènement correctement situé dans le temps. Comme les limites d'un référentiel. C'est objectif ! Pas d'interprétation possibles, pas de poésie, pas de métaphore ou d'allégorie. Des jalons qui marquent un cadre de référence où se déploie notre réalité."
Moi (en Mickael Fox... pas convaincu mais diplomate) :
- C'est vous le doc, Doc. C'est vous qui savez."
Je me colle le caméscope sur l'épaule et je commence à filmer - en clair, je lis la suite. Et voilà le doc, sous les traits de cette charmante doctoresse qui me fait la leçon sur les dimensions imbriquées ou supplémentaires. Il y a même un dessin, vraiment dans les pages du livre. Plusieurs. La pédagogie ça fonctionne mieux avec des images. Je filme sans piper mot mais bon, c'est quand même le retour de Mal Dessiné ou de Patafil... en plus, c'est même pas cohérent : il est question d'un exemple où un bonhomme en 2D gagne des euros en 3D. Mieux, ce petit personnage, met ses économies sous clé. Déjà, si on accepte les données de base d'un univers qui n'aurait vraiment que deux dimensions, bravo ! pour plusieurs raisons : premièrement, c'est une sorte de génie ou de mutant capable de manipuler un objet qui n'appartient pas à son univers. Faut être logique car soit on a seulement deux dimensions et notre monnaie est aussi en deux dimensions, soit on est déjà conscient de l'existence d'une autre dimension supplémentaire, voire même d'un autre univers avec trois dimensions celui-là, puisqu'on y fait frapper monnaie (seconde raison de saluer l'exploit : le petit bonhomme en fil de fer 2D a quand même réussi à organiser une transaction commerciale entre deux univers). Autre question à laquelle il faudrait apporter une réponse : combien d'épaisseur d'univers en 2D faut-il empiler pour obtenir l'épaisseur dans la troisième dimension d'une pièce d'un euro ? Je conjecture une infinité ce qui me paraît quand même beaucoup (l'équation à poser serait du type combien de fois faut-il que j'ajoute zéro pour obtenir quelque chose ? Pour un mathématicien, ça n'a pas de sens, pour Raymond Devos, c'est une autre histoire sachant qu'avec une fois rien, on a rien avec deux fois rien on a toujours rien mais avec trois fois rien on peut faire quelque chose !!) et rend totalement délirant le prix de revient de fabrication d'une telle pièce... et puis surtout comment, un personnage en deux dimensions aurait-il pu empiler ces épaisseurs (qui n'existe pas soit dit encore en passant) dans cette dimension supplémentaire dont il ignore tout. Bon, hum.... comme exemple de cours de ce qui est présenté comme une héroïne qui serait en quelque sorte la fille cachée d'Albert Einstein et de Stephan Hawkins, je trouve que c'est un peu faiblard... Mais faut pas trop s'étonner, ça sent l'improvisation à plein nez ! D'ailleurs, elle se met à lire le journal pendant le cours ! Voilà qui signe son manque de sérieux et donne encore une image peu reluisante du corps enseignant.

Jusque là - vingt pages - je ne suis pas enthousiaste sur la qualité du bouquin. Pourtant des livres avec des contenus pédagogiques intéressants, j'en ai eu sous la main. Par exemple, j'ai appris à faire de la trigonométrie appliquée avec l'île Mystérieuse, à résoudre un labyrinthe sans erreur possible dans le Nom de la Rose et ça marche vraiment (un agrégé de math a donné cette solution ultime dans l'émission On n'est Pas que des Cobayes il y a quelques temps). A programmer en basic - il y a plus d'un quart de siècle quand j'ai commencé l'informatique - un logiciel d'anagramme dans le Pendule de Foucault. Mais là, je dois avouer que je suis un peu déçu et que plutôt que d'avancer dans la découverte du livre, j'ai plutôt eu envie de faire partager mon ressenti à ce sujet.

Post Scriptum

Sans rien révéler de l'intrigue, le reste du livre ressemble aux vingt premières pages : le paradoxe des dimensions imbriquées les unes dans les autres - ce qui pourrait se concevoir si la plus petite se trouve dans la plus grande - ne semble pas trop gêner l'auteur qui développe une théorie des cordes où une corde unique et indivisible pourrait contenir à volonté un ensemble de cordes infiniment plus grand. Mais si elle est indivisible comment peut-elle contenir toutes les autres ? Il ne faut trop espérer de la cohérence dans tout cela. On est plutôt dans du fantastique moyennement horrifique quoique le suspense soit peu soutenu par une écriture poussive qui conduit à un dénouement encore moins crédible que l'argument scientifique. Il y avait peut-être de quoi faire une nouvelle mais l'étirer sur six cents pages, quelle drôle d'idée ? Vraiment pas le bouquin que j'emmènerais sur une ile déserte ...
Commenter  J’apprécie          2314
Quand les Dix Petits Nègres rencontrent Lost. Comment ne pas céder à l'achat compulsif et à la lecture frénétique? Dix scientifiques sur une île déserte profanent le temps, et vont être alors le fruit de la vengeance d'un tueur en série fou, une entité, une créature mystérieuse qui défie les lois de la physique, Zigzag, ou le Fantôme noir de Mickey version ultra gore et obsédé sexuel. Thriller SF d'épouvante, car on flippe vraiment, gros melting-pot des genres qui fonctionne à mort, qui plus est essai sur la science, exactement comme Clara et la Pénombre était un essai sur l'art. Les deux romans présentent pas mal de similitudes, on reconnaît le style et la façon de procéder de l'auteur, mais Elisa Robledo, scientifique sexy quelque peu portée sur la chose, vous séduira davantage que la froide Clara dès le départ dépersonnalisée.

Bon, outre l'excellent thriller fantastique que constitue La Théorie des cordes, j'aimerais souligner autre chose : je n'avais plus lu de roman, depuis des années, depuis Harry Potter en fait, qui se passe (pour une partie) à l'école (plus exactement à l'université), et qui chante les louanges de l'enseignement et de l'étude. Certes, la morale du roman, dans son final magistral, expose les limites de la science au châtiment divin, à la possibilité de tout dérégler. Mais Somoza livre une ode à la magie de l'université, du professorat, et pour un étudiant parfois débordé, y a vraiment de quoi émouvoir et remotiver. La fac fictionnelle nommée Alighieri, avec le profil de Dante pour mascotte, et devise "L'eau que je prends n'a jamais été parcourue" laissera des traces durables! Tout comme la figure de David Blanes, professeur détesté puis figure de mentor absolu, et alors spoiler si vous ne l'avez pas lu :

Le mystère concernant Zigzag étant maintenu jusqu'à son comble, les pires morts se produisent, j'en ai eu la nausée alors que je suis pourtant habitué d'Ellroy, et je dois dire qu'avec elles, pas mal de scènes d'anthologie, surtout celle de Silberg qui est absolument grandiose (allez, c'est pas un spoil, j'ai dit que c'était un hommage aux Nègres, tous doivent y passer! :p ) le personnage de Valente Sharpe n'a suscité que dégoût et révulsion de ma part, pour continuer sur Harry Potter, imaginez Drago Malefoy, son ego au carré, version maître chanteur sexuel! INSUPPORTABLE, quelles que soient ses circonstances atténuantes... Ce cher Victor Lopera était très réussi lui aussi, son amitié avec Ric frôle souvent les sous-entendus homosexuels refoulés, j'en viens à l'énième qualité de ce roman : les personnages VIVENT. Ce ne sont pas des doubles fictionnels de l'auteur comme trop souvent dans le polar, ils sont tous très différents, on s'y attache ou on les déteste, et leur mort nous touche, comme elle pouvait le faire chez J.K. Rowling...

Concernant la résolution de l'énigme, elle m'a vachement plu, encore un point en faveur du roman par rapport à Clara et la Pénombre où elle était ultra prévisible. Au fil de la Théorie des cordes, plusieurs possibilités s'offrent à nous, on vient à souhaiter que l'une d'elles se réalise, au final Somoza sait nous surprendre tout en restant logique et fidèle à ses thématiques, le tout formant une oeuvre cohérente et aussi riche, voire plus, que Clara. Science, religion, thriller, voyage dans le temps, débat incessant avec les limites de la science et la justice divine ou le risque de tout détraquer à force de jouer à l'apprenti-sorcier ou à Dieu...

L'épilogue m'a laissé pantois, avec une fin classique de SF un peu cliché, mais qui fait son effet. Pour tout ce que j'ai cité, La Théorie des cordes s'est installé pour le long terme dans mon affect, et je vais depuis tous les jours à l'université avec pour mantra "L'eau que je prends n'a jamais été parcourue"!
Commenter  J’apprécie          211
Fascinant ! Elisa Robledo, belle, sensuelle, intelligente, super intelligente, donne des cours dans une université de Madrid. Pourquoi n'est-elle pas dans un grand laboratoire scientifique ? Elle vit seule, elle est très secrète, personne ne lui connaît d'aventure. Que cache-t-elle ? C'est la question que se pose Victor, ami, le seul, d'Elisa.

Tout bascule le jour ou Elisa découvre un article dans le journal qui va la bouleverser et qui va changer définitivement le cours de sa vie. le passé la rattrape, la prend dans ses filets et ne la lâche plus. Elle, mais aussi les scientifiques qui ont vécu un temps ensemble sur une île perdue au milieu de nul part, à découvrir, grâce à un consortium puissant, le mystère de la théorie des cordes.

Ils ont joué les apprentis sorciers. Ils ont voulu défier « Dieu » et ils le payent maintenant. Ils sont remontés dans le temps. C'était fabuleux, mais, après ces expériences, quelque chose de prégnant les poursuit encore aujourd'hui. Quoi ? Arriveront-ils à mener jusqu'au bout leurs expériences ?

Je me suis laissé porté par ce roman. Il prend aux trippes, et même s'il aborde la théorie des cordes, il est facile à lire. J'ai adoré !
Commenter  J’apprécie          282

Citations et extraits (43) Voir plus Ajouter une citation
Page 207
— Pourquoi ? — Parce que l’histoire n’est pas le passé. L’histoire a déjà eu lieu, mais le passé est en train de se produire. Si cette table n’avait pas été faite un jour par un menuisier, elle ne serait pas ici aujourd’hui. Si les Grecs ou les Romains n’avaient pas existé, ni toi ni moi ne serions là, ou nous n’y serions pas de la même façon. Et si je n’étais pas né il y a soixante-sept ans, tu n’en aurais pas quinze aujourd’hui et tu ne serais pas cette si jolie jeunette que tu es. Ne l’oublie jamais : tu es parce que d’autres ont été.

— Tu n’es pas le passé, grand-père.

— Bien sûr que si, et tes parents aussi… Toi-même, tu es ton propre passé, Elisa. Ce que je veux te dire, c’est que le passé constitue notre présent. Ce n’est pas une simple “histoire” : c’est une chose qui arrive, qui est en train d’arriver. Nous ne pouvons pas le voir, ni le sentir, ni le modifier, mais il nous accompagne toujours, comme un fantôme. Et il décide de nos vies, et peut-être de nos morts. Tu sais ce que je pense parfois ? C’est une pensée un peu bizarre, mais je vois que tu es très intelligente, avec toutes ces mathématiques que tu connais, et tu me comprendras. Les gens disent souvent, avec une certaine crainte : “Le passé n’est pas mort.” Mais tu sais ce qui m’effraie le plus, Eli ? Non pas que le passé ne soit pas mort, mais qu’il soit capable de nous tuer…Fascinant !
Commenter  J’apprécie          100
Sans qu'elle le sût, il ne restait que douze secondes avant que sa vie toute entière volât en éclats.
(...)
Elle ouvrit le journal à la page centrale, au hasard, et le lissa.
- Imaginez que cette feuille est un plan dans l'espace...
Elle baissa la tête pour séparer la feuille des autres sans abîmer le journal.
Et elle le vit.
L'horreur est très rapide. Nous sommes capables d'être effrayés avant même d'en avoir conscience. Nous ignorons encore pourquoi, et déjà nos mains tremblent, notre visage pâlit ou notre estomac rétrécit comme un ballon dégonflé. Le regard d'Elisa s'était posé sur l'un des gros titres dans l'angle supérieur droit de la feuille et, avant même de vraiment comprendre ce que cela signifiait, une brutale décharge d'adrénaline la paralysa.
Commenter  J’apprécie          140
C'est LE système de surveillance le plus important au monde, ma chère. Mon père a travaillé pour eux, c'est pour cette raison que je le connais bien. Tu savais que tout ce que tu dis au téléphone, achètes par carte bancaire, ou cherches sur Internet, est enregistré, examiné et filtré par des ordinateurs? Chacun d'entre nous, chaque citoyen de chaque pays, est étudié par ÉCHELON avec un soin directement proportionnel à notre degré de dangerosité présumée. Si les ordinateurs décident que nous sommes dignes d'interêt, ils nous épinglent avec une punaise rouge et commencent à nous passer sérieusement au peigne fin : leurres, micros... Tout le tremblement. C'est ça ÉCHELON, le Big Brother du monde. Surveillons nos fesses, disent-ils, histoire de ne pas les poser sur du verre brisé. Le 11 septembre et le 11 mars nous ont tous laissés comme Adam et Eve au Paradis : à poil et sous surveillance.
Commenter  J’apprécie          80
En argot, on appelle ça des "leurres perturbateurs". Ce ne sont pas eux qui te surveillent réellement. En fait, leur mission consiste justement en le contraire : que tu les remarques. Dans les films, il est fréquent que le héros s'aperçoive que le type qui feint de lire le journal ou l'homme qui attend l'autobus l'épie, mais dans la vie réelle, tu ne vois que les "leurres". (...) Mon père est un spécialiste des questions de sécurité. Il dit que l'usage des "leurres" est purement psychologique : si tu crois que des hommes avec une moustache grise te surveillent, ton cerveau cherchera de façon inconsciente des types de ce genre et écarteront tous ceux qui ne présenteront pas cette caractéristique. Ensuite, tu es convaincue qu'il s'agit d'une paranoïa, tu baisses la garde et d'autres détails étranges ne retiennent pas ton attention. Et, pendant ce temps, les vrais espions se régalent avec toi.
Commenter  J’apprécie          70
Nous savons intuitivement que le temps avance. "Comme il passe vite", nous plaignons-nous. Mais cette affirmation a-t-elle un sens? Si quelque chose "avance", il le fait à une vitesse déterminée, et à quelle vitesse le temps avance-t-il? Les lycéens qui tombent dans le piège tendu par cette question faussement simple répondent parfois: "A une seconde par seconde" mais cela n'a pas de sens. La vitesse relie toujours une mesure de distance à une autre de temps, de sorte qu'il n'est pas possible de répondre:"A une seconde par seconde"
L'énigmatique Mr Temps a beau se déplacer, nous ne sommes pas d'accord dur sa vitesse.
Commenter  J’apprécie          90

Videos de José Carlos Somoza (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de José Carlos Somoza
12 janv. 2023 Que lire pour des romans policiers d’un nouveau genre ? Le coup de projecteur sur Jose Carlos Somoza.
Liste des romans présentés : Clara et la pénombre La caverne des idées L’appât Daphné disparue.
autres livres classés : littérature espagnoleVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (1317) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4886 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..