J'ai découvert avec grand plaisir cette collection destinée aux jeunes , : « Je chemine avec » mais pas seulement , aussi à tous ceux et à toutes celles qui continuent de s'interroger et à se questionner au fil de leur parcours de vie.
Il n'est jamais trop tard pour re- penser ou…construire son futur proche …
Ainsi j'ai découvert le chemin de vie de
Nancy Huston dont j'ai lu : «
Instruments des ténèbres » «
L'empreinte de l'ange », «
Lignes de faille, » «
Dolce agonia , « «
La virevolte », «
Lèvres de pierre » « ,
Prodige » et sans doute d'autres …..
Née au Canada , dans les plaines de l'Alberta , vivant en France depuis les années 70 - 80, elle a été abandonnée —— une rupture indélébile ——-par sa mère , qui a quitté le foyer suite à de très nombreux déménagements.
, Nancy , profondément marquée , se réfugie en compagnie de voix qui ne la quittent plus et prendront vie dans ses futurs romans .
Serait - elle devenue l'écrivaine prolifique que l'on connaît si elle n'avait pas vécu ce « cadeau en mal de la vie » comme elle le qualifie en répondant aux questions de Sophie Lhuillier ? .
« Il n'y a pas de chemin , le chemin se fait en marchant » .
Elle évoque avec sincérité ,émotion , les traumatismes de son enfance qui l'ont en partie construite , sa circonspection à l'égard des Identités , car depuis son enfance elles ont été toutes remises en doute ou fracassées malgré le deuxième foyer aimant de son père et ses failles, remarié avec une allemande .
Son père qui lui fait comprendre que l'important c'est
l'amour, l'humour , la nature ,les balades en montagne , s'ouvrir aux nouvelles du monde, se montrer attentif aux problèmes des autres….
L' enfant qui souffre , la fillette blessée et furieuse, laissera place , in fine , au processus secondaire qui correspondra , plus tard à l'écrivaine professionnelle..
Arrivée à Paris à l'âge de vingt ans , son parcours va l'obliger à des expériences limites , elle saura s'arrêter à temps puis deviendra prof d'anglais pour le ministère des finances.
Son temps libre sera consacré à l'écriture .
« Il y a toujours une petite fille qui sommeille en moi » .
Son chemin a été multiple , tournants , zigzags , imprévus , bifurcations , maternité , maladie à trente - deux ans .
Elle aborde la problématique de la différence des sexes sous des angles un peu originaux , certaines des femmes de ses livres peuvent présenter une image très complexe : source de pouvoir ou d'abus de pouvoir, ou agressives , abusives ….
Ses livres explorent avec finesse la famille et ses drames intimes , la littérature qu'elle apprécie de
Toni Morrison à
Marguerite Duras , d'
Arundhati Roy à Dickens , l'écologie ,la violence , l'identité multiple , l'exil, la grande histoire liée à des drames intimes , l'esclavage et la colonisation , le comportement des pères , la liberté , le bocage berrichon , la religion, la psychothérapie qu'elle a suivie, la prostitution , le féminisme , la spoliation de la nature , son engagement d'écrivaine prolongée de diverses manières dans sa vie citoyenne ….
Elle a travaillé sous la direction de Roland Barthespour rédiger un mémoire sur les jurons …..
Ses réflexions pertinentes , riches, m'ont aidée à mieux la comprendre et réfléchir sur son oeuvre .
Ce questionnement judicieux nous montre une femme à la fois forte et déterminée, à l'esprit libre, au parcours atypique, à la vie mouvementée : une intellectuelle féministe à l'écoute des autres ….
Une narration pétrie d'humanité, bouillonnante d'émotions , lucide , sincère .Elle a fait de sa souffrance , de son mal être , un « déclencheur d'écriture » , une remise en cause , une incroyable force .
Un très beau documentaire de vie , à partager.