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sur 2308 notes
Mrs Dalloway est un roman étrange, qui m'a intriguée du début à la fin. Nous sommes pris dans un enchaînement de pensées pêle-mêle, on saute d'un personnage à un autre sans transition, tout cela donne l'effet d'un brouhaha, d'une cacophonie qui pourrait représenter l'ambiance de la ville de Londres, ou la folie. J'ai parfois été un peu lassée de ne pas toujours m'y retrouver mais je me suis laissé emporter par la plume de Virginia Woolf. Elle a une manière de décrire les pensées les plus intimes de l'homme avec beaucoup d'adresse. J'ai beaucoup aimé les passages sur Septimus, la manière dont les personnages sont coincés entre présent et passé, où tout semble parfois figé, immuable alors que tout bouge autour d'eux. C'est un roman exigeant mais qui laisse une forte impression.
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J'ai été déçu de cette lecture depuis que j'avais envie de découvrir les écrits de Virginia Woolf. Je trouve le style difficile à suivre et il n'y a aucune intrigue. Pour être honnête, j'ai eu beaucoup de mal à m'intéresser à l'histoire et aux personnages. Ce roman a été pour moi une lecture fastidieuse et compliquée. le côté positif est que l'objet livre est magnifique et le graphisme de Nathalie Novi superbe. Il faudrait que j'essaye de relire un autre livre de cette auteure
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Autrice que je découvre suite à une émission radiophonique. j'avais vu le Film The Hours et avais acquis le roman Mrs Dalloway peu de temps après...Et puis le livre est resté là, à prendre la poussière dans un coin de ma bibliothèque, mon envie de le lire était passée. Je ne sais plus quelle déconvenue j'avais trouvé: un roman à priori pas passionnant sur une vieille anglaise qui se balade dans Londres et qui achète des fleurs...
Et j'ai entendu ce documentaire sur Virginia, la controverse qu'avait suscité son oeuvre. Je me suis dit tiens! C'est peut-être pas si ennuyeux ce bouquin.
Et me voilà captivé des les premières pages par ce regard tellement lucide sur la bonne société Edouardienne, Londres et sa bourgeoisie, le temps qui passe...Loin d'être une simple déambulation dans les beaux quartiers de Westminster, c'est une ode à la vie d'une femme plongée dans une société anglaise encore dominée par la mâle bienséance. Mrs Dalloway s'efforce de vivre dans ce milieux qui semble pompeux au premier abord, mais qu'elle démystifie à chaque page, le théâtre de son existence semble peuplé d'acteurs qu'elle a l'air de connaître dans leur intimité. Avec Virginia Woolf, les apparences ne trompent personnes, c'est peut-être ça qui agace le plus! Moi, j'adore.
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Mon intention, en rédigeant ces quelques notes, n'est pas de faire le dithyrambe de cette oeuvre considérée à juste titre comme le meilleur roman de Virginia Woolf. Comme chacun sait il relate une journée de la vie de Clarissa Dalloway qui prépare une soirée chez elle, à commencer par son exultation au moment de sortir acheter une brassée de fleurs.
" What a thrill, what a shock, to be alive on a morning in June, prosperous, almost scandalously privileged, with a simple errand to run ".
Cette phrase dont on appréciera la légèreté, n'est pas une citation de “Mrs Dalloway”, mais de "The Hours ", roman de Michael Cunningham qui obtint le prix Pulitzer en 1999 et qui fut interprété à l'écran de façon magistrale par Stephen Daldry.
Mon intention est de démontrer « l'exploitation » d'un nom prestigieux (qui a valu à Cunningham une renommée internationale), et ceci malgré le talent que je lui reconnais et dont j'ai donné un exemple ci-dessus.
Au départ rien de choquant (si ce n'est le titre « The Hours » qui était le premier titre auquel V.Woolf avait pensé donner à son roman, à mon avis un emprunt majeur), dans ce récit qui relate la vie de trois femmes de différentes générations : Virginia Woolf qui lutte contre les atteintes d'une maladie mentale, Mrs Brown, épouse d'un vétéran de la seconde guerre mondiale, peu satisfaite de son existence, qui s'enthousiasme pour « Mrs Dalloway » qu'elle lit alors qu'elle «prépare » en 1949 une soirée d'anniversaire pour son mari, et enfin Clarissa Vaughan, bisexuelle des années 2000, qui sort pour acheter des fleurs en vue de la soirée qu'elle donne le soir même pour fêter le prix qui sera remis au poète qu'elle regrette de ne pas avoir épousé, de même que Mrs Dalloway regrette de ne pas avoir épouser son soupirant, Peter Walsh. A ce propos je veux bien d'ailleurs qu'on m'explique pourquoi l'ancien amant de Clarissa Vaughan porte le même prénom que l'époux de Clarissa Dalloway, Richard, personnage de « représentation »s'il en est (Inversion ironique ?).
Tout ceci est très intéressant et fonctionne à merveille, tant du point de vue du « miroir » de l'intrigue (fondée, à l'instar de "Mrs Dalloway" sur une journée de la vie de chaque femme), que de la technique narrative, le fameux « stream of consciousness » ou « monologue intérieur » qui vit le jour avant V.Woolf et James Joyce, mais dont ceux-ci appliquèrent largement la formule sous le nom donné en 1890 par le philosophe William James. Cette technique littéraire décrit les pensées et les sentiments qui traversent l'esprit d'un personnage. Elle se caractérise par des sauts associatifs entre le présent et le passé, et leur interaction. C'est un processus entièrement subjectif.
On peut faire remonter le « monologue intérieur à « Tristan Shandy » de Laurence Sterne (1757), suivi d'Edgar Poe (The tell-tale heart 1843), Edouard Dujardin « Les lauriers sont coupés » (1887), dont l'influence a été reconnue par J.Joyce et V.Woolf. Ont également utilisé cette technique,Tchekov (nouvelles), Knut Hamsun (La Faim 1890), Henry James (Portrait de femme 1881), Proust ( La recherche du temps perdu) et TS Eliot « The waste land ». Ensuite quatre romans marquent les années 20, « Ulysse » de Joyce (1922), « La conscience de Zeno » d'Italo Svevo (1923), Mrs Dalloway de V.Woolf (1925), et « le Bruit et la Fureur » (1929) de W.Faulkner.
De toute évidence Michael Cunningham maîtrise parfaitement le monologue intérieur et je n'ai d'autre reproche à lui adressé que d'avoir fait un « plagia » réussi. Je dis plagia en ce sens que V.Woolf, eût-elle vécu pour voir ça, n'aurait peut-être pas apprécié ce « remake » de son oeuvre maîtresse, publié je le répète sous son premier titre « The Hours », elle qui craignait tant que la qualité de son livre ne fût suffisante qu'elle le réécrivit plusieurs fois.
Une réussite stylistique ne suffit pas, ni même une intrigue bien construite. Ce que je trouve beaucoup plus grave, c'est une modification complète de l'élément le plus important peut-être de "Mrs Dalloway" , et je dirais même un « travestissement » par rapport à ce qui caractérise V.Woolf, à savoir la subtilité. Et là je pousse de hauts cris.
En effet, parallèlement à la journée de Clarissa, nous suivons celle de Septimus Warren Smith, un jeune poète schizophrène que Mrs Dalloway croise dans Hyde Park, alors que l'un et l'autre sont perdus dans leur monologue intérieur. Elle ne le connaît pas et ne le connaîtra jamais. Septimus Warren Smith (quel choix de nom magnifique) se défenestre , et le soir même son médecin, invité à la soirée de Clarissa, commente l'évènement qui bouleverse celle-ci.
Nous avons ici un exemple parfait de ce qui rend V.Woolf inimitable, n'en déplaise à Michael Cunningham. Dans « The Hours », le poète ex-amant de Clarissa Vaughan se défenestre également, mais cette fois « sous les yeux » de cette dernière. Que l'on me permette de trouver douteuse cette caricature, voire vulgaire et « accrocheuse ». Je vous pose la question en toute candeur : Virginia Woolf ne serait-elle pas atterrée de voir ce qu'on a fait de Septimus Warren Smith ?
« The Hours » (le roman, car je comprends que le film ait pu subjuguer les spectateurs) n'est ni une préquelle, ou antépisode, ni la suite d'une autre oeuvre.
Comme préquelle, ou histoire qui précède une oeuvre antérieurement créée, je choisirai le magnifique roman de Jean Rhys, « La Prisonnière des Sargasses » publié en 1996. Il se déroule à la Jamaïque peu après l'abolition de l'esclavage qui ruina les propriétaires terriens, et relate la jeunesse, les premiers signes de maladie mentale et la vie de recluse de Bertha Mason, première épouse de Mr Rochester. le nom de celui-ci n'est pas prononcé dans le roman de J.Rhys, ce qui me paraît juste étant donnée l'originalité complète de cette oeuvre.
Le roman de Björn Larsson « Long John Silver » décrit les évènements de la vie de ce pirate célèbre pour sa jambe de bois et son perroquet, à la "suite" de « L'île au Trésor ». L'auteur ne cherche pas à refaire l'histoire de Stevenson (de mémoire, il en parle très peu). Il s'intéresse seulement à la complexité du personnage qui est le seul « emprunt » à ce prestigieux auteur. Il n'y a ni modification, ni "vol", mais extension. J'ajouterai que c'est un roman sans prétention, ce qui n'est pas le cas « The Hours ».
Nombreuses sont les personnes qui ont vu « The Hours » de Stephen Daldry sans avoir lu « Mrs Dalloway » et je comprends leur engouement pour ce film. Mais je n'ai encore convaincu personne de la différence qualitative essentielle entre ce roman et celui de Cunningham.
J'espère avoir plus de chance aujourd'hui...
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Après avoir été scotchée par son essai Un lieu à soi, j'avais très envie de continuer à lire les oeuvres de Virginia Woolf. J'avais essayé, il y a quelques années, de lire Mrs Dalloway en anglais, mais j'avais eu beaucoup de mal avec le style d'écriture, je me perdais dans les paragraphes.
Armée d'une nouvelle détermination (et aussi parce que l'autrice est au programme du #readingclassicschallenge2019 en février), j'ai donc commencé le roman récemment, et je l'ai dévoré ! Encore une fois, Virginia Woolf m'a transportée par la finesse de son analyse de la société. Elle est tout simplement brillante !

Je pensais que le roman ne serait qu'à propos de Mrs Dalloway, compte tenu du titre. Or, ce n'est pas le cas.
Le premier chapitre commence effectivement par le monologue intérieur de Clarissa Dalloway, pour ensuite passer à un autre personnage. On découvre ainsi les pensées de Septimus Smith, de sa femme Lucrezia, mais aussi de Lady Bourton, Peter Walsh, d'autres personnages secondaires qu'on ne suit qu'une poignée de lignes…
Si ce voyage d'un personnage à l'autre peut paraître déroutant au début, l'écriture de Virginia Woolf est tellement incroyable et fluide qu'on finit par s'y habituer.

L'autrice utilise le procédé d'écriture du « stream of consciousness« , qu'on pourrait traduire par « courant de conscience » ou « monologue intérieur« . Je trouve ce style particulier, mais très intéressant.
J'aime le fait qu'elle colle aux pensées qu'on peut avoir, qui sont chaotiques et décousues, dans lesquelles on saute du coq à l'âne. C'est très proche de la réalité, on retrouve des personnages qui vivent des choses identiques à nous.

J'ai eu l'impression de connaître chacun des personnages intimement. On les perçoit à la fois de l'intérieur, à travers leurs propres pensées ; mais aussi de l'extérieur, à travers les pensées des autres.
Ainsi, Mrs Dalloway peut paraître sûre d'elle et à l'aise en société quand on la voit de l'extérieur, alors qu'en réalité, Clarissa doute beaucoup d'elle-même.

Le roman se déroule sur une seule journée. Il commence par Mrs Dalloway qui prépare une fête pour le soir, et se termine sur la dite fête.
Sur les 150 pages, Virginia Woolf explore des thématiques sociétales et féministes. Elle critique, entre autres, le mariage. Etre lié.e à quelqu'un.e est quelque chose de très beau, mais l'indépendance l'est encore plus ! On se perd dans une relation, alors que seul.e on peut mieux s'épanouir.
L'autrice parle également de maladie mentale, à travers un des personnages, chose rare dans la littérature. de même que Clarissa Dalloway est une femme de plus de 50 ans, héroïne de ce roman !

J'ai adoré Mrs Dalloway. J'ai encore plus envie de découvrir l'oeuvre de Virginia Woolf. C'est une femme fascinante, que ce soit dans son écriture, les thématiques qu'elle aborde dans ses livres ou encore sa vie personnelle.
Lien : https://boldreadings.wordpre..
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Quel talent ! Quel ennui !

Il suffit d'avoir, au moins une fois, tenté d'aligner trois mots en plaçant la virgule au bon endroit, pour mesurer l'étendue de la virtuosité de Virginia Woolf. Comment fut-il possible d'être dotée d'un aussi prodigieux talent pour l'écriture et de le gâcher en d'aussi vaines considérations bourgeoises ?

Je me fous, à un point qui pourrait vous donner une idée de l'infini, de ce que la grande bourgeoisie anglaise du début du XXe siècle pouvait suggérer d'elle-même. Et pourtant, je n'ai cessé d'être fasciné par cet incroyable foisonnement de pensées, de mots, de futilités, de couleurs, d'odeurs, de résonances, d'âmes errantes, de détails, de regards, de vies gâchées, de folie, d'égoïsmes, de snobisme, de bruit et de fureur qui caractérise l'histoire de Mrs Dalloway. Quand je lisais, parfois sautant un chapitre, revenant sur un autre, je voyais Virginia seule, au bord d'un étang. Elle se nourrissait d'une brume indécise et du chant d'une mésange, s'emparait d'une poignée de gravier et brisait ce fragile équilibre. Et de ces dizaines, ces centaines, ces milliers de remous à la surface de l'eau, elle échafaudait un imaginaire. Capable de décrire du bouleversement de cette harmonie précaire la moindre irisation, la plus étroite vibration, le souffle le plus ténu avec autant de fougue et d'ingéniosité que s'il avait s'agit de représenter les dernières heures de Pompéi ou des passagers du Titanic. Son tableau de la traversée de Londres par une automobile relève d'une précision et d'une fantaisie presque irréelles.

Peintre, elle aurait probablement été impressionniste. Musicienne, elle aurait surpassé Gould dans ses interprétations de Bach. Elle fut écrivaine et sculpta les mots et les âmes par petites touches avec une vigueur, un charme et une précision qui par moment faisait d'elle l'égale des dieux. Alors pourquoi cette impression de chef-d'oeuvre inachevé ?

Parce qu'il me manque quelque chose avec Virginia Woolf. Il me manque l'essentiel. Je suis imperméable à ces incessants jeux de miroirs dont les reflets en viennent, invariablement, à se perdre dans les méandres de l'ennui. Je comprends son cheminement, j'admire ses tenues, les plus petits recoins de son visage, l'infinie grâce de son âme, mais elle ne me touche pas. Elle ne m'atteint pas. Je n'en tire aucune gloire. Cette impression de passer à côté me questionne.

Je crois que Virginia avait le talent, peut-être unique, de savoir donner corps aux plus insignifiantes subtilités d'un monde tout droit issu des circonvolutions de son imaginaire. Un monde créé qui la fascinait au point de s'y perdre elle-même. Un monde peuplé de ses fantômes intérieurs, de ses cris, de ses doutes, de ses espoirs aussi. Un univers presque infini, mais borné par la croûte interne de son crâne. Elle se nourrissait de l'arborescence de ses rêves et du jaillissement de ses angoisses qui s'étendaient en une myriade de personnages pourtant lisses et froids. Submergée par ses figures de verbe et papier, incapable de s'extirper de ce gigantesque canevas intérieur elle se noya. Au plus profond d'elle-même…

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Avant d'entamer la lecture de « Mrs Dalloway » (le 1er roman que je lis de cette auteure), j'imaginais que Virginia Woolf était une femme à l'écriture complexe, torturée, laborieuse. Je n'imaginais pas si mal… du moins en ce qui concerne la complexité, et par conséquent, la nécessité à certains moments de faire preuve d'une certaine concentration pour suivre le cheminement de son récit (donc, oui, c'était parfois un peu laborieux aussi !)

Peut-on d'ailleurs véritablement parler de récit, concernant « Mrs Dalloway » ? L'action s'y déroule sur une seule journée, et culmine avec la description des quelques menus préparatifs auxquels s'attèle Clarissa Dalloway en vue de la réception qu'elle donnera en soirée. Et pourtant, j'ai souvent éprouvé au cours de ma lecture une sensation de mouvement incessant, presque de frénésie, qui tient au procédé de narration utilisé par l'auteure : tout le roman est la restitution des pensées, souvenirs, des divers personnages, qui se succèdent souvent sans transition.

Ces personnages parfois se croisent, parfois se connaissent. Virginia Woolf s'attarde davantage sur certains d'entre eux, et notamment sur cette fameuse Mrs Dalloway. Arrivée à la cinquantaine, mariée à un célèbre député dont elle a eu une fille, celle-ci fait preuve d'un état d'esprit qui peut sembler confus car émaillé de réflexions contradictoires. En effet, elle s'émerveille de bonheurs simples, fait preuve d'une humeur égale et sereine, puis manifeste soudain des regrets quant à la femme qu'elle est devenue, qui agit sous l'influence du regard d'autrui, va jusqu'à penser qu'elle aurait aimé être quelqu'un d'autre… Et surtout, elle laisse transparaître, sous-jacente, une angoisse, voire une terreur de la mort, qui à certains moments sera même clairement exprimée...

Les considérations de Peter Walsh, l'amour de jeunesse de Clarissa, confirme la dualité évoquée plus haut : s'appliquant à plaire à la classe dominante pour entretenir les relations mondaines de son époux, elle a acquis une rigidité préjudiciable à son sens critique et à sa vivacité d'esprit. Et pourtant, il lui reconnaît toujours un « sens du comique exquis », un caractère agréable et facile. Quant à lui, son retour après 5 années passées aux Indes (alors colonie anglaise) fournit un prétexte à l'auteure pour souligner les changements intervenus après la première guerre mondiale (le roman se passe en 1923) en Angleterre, la fin du conflit insufflant un vent de liberté qui se traduit par une évolution des comportements : Peter constate ainsi que les anglais se montrent moins pudibonds qu'auparavant, la censure morale semble être moins pesante. Un personnage d'ailleurs plutôt sympathique que ce Peter, qui se soucie peu du « qu'en dira-t-on », se contentant de suivre ses envies, ses impulsions, affichant une forme d'épicurisme débonnaire et aussi quelque peu enfantin. Lui-même se décrit comme étant « à la fois gai et bougon », sa bonne humeur alternant parfois avec des accès de mélancolie provoqués par une certaine nostalgie de la jeunesse.

Plus tragiques et beaucoup plus sombres sont les pensées de Septimus, un autre des protagonistes qui occupe une place importante dans le roman. Se promenant dans les rues de Londres au bras de Rezia, son épouse italienne, ce rescapé de la guerre, atteint d'une profonde dépression, sombre dans la folie…

Par la transcription des pensées, des états d'âme de ses personnages, Virginia Woolf a su donner à son récit une réelle consistance, l'enveloppant d'un réseau complexe de sentiments et de réflexions plus ou moins conscientes. Il s'en dégage au final une vague impression de mal-être existentiel, une difficulté pour les individus à accéder au véritable bonheur, à jouir de la maturité et de la sérénité que pourrait leur conférer l'âge. S'agit-il de l'écho des angoisses et de l'instabilité mentale de l'auteure ? On notera à plusieurs reprises l'évocation du suicide ou de la délivrance que peut apporter la mort, considérée aussi à certain moment comme un « enlacement »…
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Lire Mrs Dalloway, c'est comme s'assoir sur un banc dans un parc et regarder les gens qui passent, s'imaginer leur vie, leur conversation,...
Virginia Woolf nous raconte une journée. Une journée faite du présent et du passé de plusieurs personnages. On s'immisce dans leur pensées, sans toujours les comprendre immédiatement tant les liens sont parfois complexes. On passe d'une personne à l'autre avec des transitions superbement pensées, on voyage avec l'écriture poétique de l'auteur et l'on comprend à la fin le roman... à lire donc jusqu'au bout et sans attente particulière!
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En reprenant Mrs Dalloway après quelques années, sur le conseil enthousiaste d'une amie lectrice qui se reconnaîtra, je pensais entrer dans un univers un peu poussiéreux, ayant à l'esprit des images tronquées du film The hours. L'univers de Virginia Woolf est bien plus complexe, et loin d'être lisse. Sous couvert des préparatifs d'une réception londonienne, elle creuse les contradictions d'une société que l'on jugerait caricaturale de simplicité, mais qui peine malgré tout à étouffer les aspirations des individus. Ce texte écrit dans les années vingt résonne des soubresauts de la Grande Guerre, mais aussi des félures de l'Empire chancelant. Virginia Woolf touche le lecteur en creusant au coeur des individus.
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L'un de romans les plus connus de Virginia Woolf, édité en 1925, « Mrs Dalloway ». Qui a priori peut paraître suranné, mais qui sera toujours moderne par son style d'écriture qui insuffle un art du récit en s'intéressant au flux de conscience, c'est-à-dire au flot de pensées et de sensations qui traversent l'esprit des personnages.

Dans une ambiance littéraire de la haute société anglaise, l'auteure retrace la journée d'une femme de la haute bourgeoisie. À ne pas rapprocher de « Vingt-quatre heures de la vie d'une femme »de Stefan Zweig, une femme qui confie au narrateur le récit de rencontre amoureuse avec un jeune homme. Ainsi en juin 1923, Clarissa Dalloway qui déambule dans les environs de Big Ben, réfléchit au choix de l'époux qu'elle a choisi il y a quelques années, en l'occurrence Richard Dalloway au lieu de Peter Walh. Un choix qui représente le respect des convenances, de son bien-être social au détriment de son amour de jeunesse. Et, en parallèle, sur la réception qu'elle doit organiser le soir chez elle, avec la présence du Premier ministre.

À l'instar, de son héroïne qui avait un penchant pour l'amour lesbien ; et une fascination pour les thèmes de l'eau ; il en fut de même pour Virginia Woolf.

Il n'y a pas d'intrigue allant crescendo vers un épilogue attendu ou non ; mais plutôt une suite de rêveries, d'états d'âme, de suites de réflexions qui passent parfois du coq à l'âne. Car Clarissa au milieu de toutes ses digressions, s'adosse à ce qu'elle aime, et c'est tout simplement la vie.

Ce roman classé comme l'un de ses plus grands succès, classe Virginia Woolf comme l'une des plus grandes romancières anglaises, et laisse entrevoir la vision de la dépression qui en permanence l'habitera. Et comme un nuage qui voile le soleil, le silence tombe avec pudeur sur le destin de cette femme émérite. J'ai apprécié ce roman à lire non pas d'une traite, mais plutôt en suivant les circonvolutions existentielles de la romancière, qui dans la déception de voir Mrs Dalloway s'épanouir dans la représentation de la foire aux vanités et regarder Clarissa s'étioler dans le sentiment d'avoir rater sa vie.

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