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Critiques de Alfred de Musset (590)
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On ne badine pas avec l'amour

Perdican et Camille sont amis d'enfance. Ils se retrouvent, dans les lieux qu'ils ont connu enfants, avec leurs précepteurs respectifs et parent éloigné, elle sortie du couvent, lui des bras d'une impressionnante série de maîtresses.



Il est dégoûté de faire la vie, elle a peur de vivre la sienne .Il a accumulé les expériences, elle s'est fait instiller le venin des confidences féminines confiées au couvent: femmes trompées, déçues, malheureuses. qui lui ont empoisonné l'âme.. Lui est un cynique au cœur tendre, un corrompu épris de rédemption. Elle a la dureté des prosélytes fraîchement convertis, elle croit tout savoir, alors qu' elle n'a rien vécu.



La force inventive et le sens théâtral très abouti de Musset donne à ce tragique tête-à-tête un arrière-plan burlesque: la duègne guindée et racornie, le curé ivrogne, le précepteur sans préceptes, le baron...perché, tout ce peuple de fantoches papillonne autour des jeunes gens, et parasite leur dialogue de son agitation vaine et creuse, souvent très drôle.



Ils n'en sont que plus seuls..alors leur dialogue tourne à la guerre et à la prise d'otage: la petite Rosette en sera la première victime. D'autres victimes suivront, car "on ne badine pas avec l'amour"...



Une comédie-proverbe, un "spectacle dans un fauteuil" : après plusieurs bides, Musset n'espérait plus que son théâtre fût un jour joué, il le destinait amèrement à la seule lecture "dans un fauteuil"..



Il était né trop tôt dans un siècle trop vieux: les drames romantiques, si ennuyeux dans leurs excès, faisaient alors le buzz,alors que son théâtre élégant, léger, amer, entre tragique et burlesque ne plaisait pas...



On peut se réconforter en se disant que maintenant on joue Musset presque aussi souvent que Marivaux: ses comédies et proverbes n'ont pas fini de nous interroger avec leur finesse douce-amère, leur joyeuse cruauté.



"On ne badine pas..." est la plus connue de ces comédies -proverbes, la plus aboutie aussi. Elle met aux prises deux êtres faits pour s'aimer dans un monde artificiel et creux, qui renverra en écho leurs appels au secours sans leur répondre.



Un monde d'absence et d'insignifiance, une ultra-moderne solitude..
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Les Deux Maîtresses

Valentin, jeune dandy de 25 ans, aime tout ce qui brille ;

mais Valentin est né pauvre.

Depuis tout petit, l'éclat de l'or l'attire ; depuis toujours, il n'a pas les moyens d'assouvir ses désirs.

Joueur et dépensier, il est plus cigale que fourmi et certains moments de la vie le voient bien désappointé.

Mais Valentin n'est pas un fat et un envieux.

Choyé par sa mère, il sait reconnaître les plaisirs simples de la vie et s'émouvoir des attentions sincères d'un foyer pauvre.

C'est ainsi que naturellement, à l'image de sa vie entière, le jeune homme va aimer deux jeunes femmes en même temps.

Leur aspect physique les rassemble ; leur vie à chacune les distend.

Car l'une est riche, l'autre pauvre.

L'une parée de bijoux, l'exubérante marquise de Parnes, jeune épouse délaissée par son riche mari absent ;

l'autre penchée sur son ouvrage, la sobre et sérieuse Madame Delaunay, déjà veuve à 25 ans.



Musset nous conte fleurette dans ce court récit très plaisant à lire, qui nous met en présence des aventures sentimentales d'un jeune épicurien. Galanteries et badinage, mondanités et billets doux, bals et joli boudoir, l'auteur nous plonge allègrement au coeur des équipées ludiques et romantiques de Valentin et ses dames, tout en nous décrivant la vie parisienne et les endroits à la mode des années 1830.

Au-delà de ce récit typique du badinage amoureux, une question se pose pour le lecteur : laquelle de ces jeunes dames n'est pour Valentin que jeu de séduction et laquelle provoque en lui un sentiment bien plus profond ? de qui est-il amoureux ? le lecteur verra assez vite clair dans le coeur de Valentin, sans doute avant même notre jeune dandy. Et si le jeune homme s'y refuse au début, il finira aussi par se poser la question de savoir dans quelle direction s'engager : celle d'une existence bourgeoise et simple ou bien celle d'une vie libre, dédiée aux plaisirs ?



Si la nouvelle nous apparaît de prime abord comme un simple récit d'apprentissage romantique, Musset a su y glisser une réflexion plus profonde concernant d'une part l'évolution des sentiments de son héros, d'autre part en offrant un tableau sur la réalité sociale de son époque. Valentin prend conscience de cette dernière en fréquentant ses deux maîtresses qui sont toutes deux issues de milieux opposés. C'est en réagissant à cette découverte que notre jeune dandy saura où son coeur le porte…



Je n'ai pas souvenir d'avoir déjà lu une oeuvre de Musset et « Les deux maîtresses » ne figure sûrement pas dans ses oeuvres les plus connues – il se trouve que j'avais ce livre dans ma bibliothèque – mais j'avoue que la rencontre m'a beaucoup plu. L'évocation des sentiments et des désirs, voire des relations plus charnelles, dans ce style incomparable du Romantisme du XIXe est absolument incomparable. le tout mêlé à une certaine morale, ce n'est pas mal du tout.



Très jolie lecture !
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Les Caprices de Marianne

Une pièce qui délivre ses charmes au fur et à mesure de la lecture.

On passe du pastiche des comédies classiques, plutôt réussi d'ailleurs avec quelques outrances, mais plutôt bien géré... A quelque chose de beaucoup plus fin et engagé sur l'image de la femme et sa liberté dans une société d'hommes... La pièce continue ensuite à évoluer mais je preserverais les lecteurs qui ne l'ont pas encore découvert de toute révélation...



C'est MON point de reproche et il ne concerne que l'éditeur. C'est un peu un de mes chevaux de bataille sur ce site... S'il vous plaît, arrêtez de croire, vous éditeurs de classique, que tout le monde connaît forcément l'intrigue de ces oeuvres... C'est terrible de tout faire pour ne rien savoir de l'histoire avant la lecture (en évitant par exemple soigneusement de lire ce satané quatrième de couverture pourtant si visible) ... Et de se voir dévoiler la fin par la quatrième note de bas de page ! Oui je revendique le droit de recevoir des informations sur le sens du texte par ces notes sans pour autant tout apprendre de l'histoire alors qu'un auteur s'est donné du mal à construire une progression dramatique... A bon éditeur, salut !
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Les caprices de Marianne  - On ne badine pa..

Caprices et jeux de masques et de miroirs et de leurs reflets illusoires.

La tradition de la commedia dell'arte, une construction de la pièce en deux actes réunissant le classicisme avec ses trois unités, de temps de lieu et d'action, une journée à Naples, et le romantisme en sa période éclatante, et surtout un personnage, une jeune femme, Marianne, qui n'est surtout pas capricieuse mais bien consciente de sa condition et du rôle qu'elle a à jouer dans une comédie qui n'en est pas une.

Le tragique se fait ressentir dès le début dans un engrainage d'où tous sortiront perdants, ou presque. Marianne jeune épouse de Claudio, mari lourdement médiocre, accepte sa vie telle qu'elle est, même si les rêves ne sont pas loin, le jeune Cœlio très amoureux de Marianne n'écoute que son cœur et se lamente, et son ami Octave que le costume d'Arlequin lui va si bien se fait le messager d'amour auprès de la dame.

Avec ce thème universel le texte d'Alfred de Musset traverse les temps, passion amour sacrifice et trahison n'ont pas d'âge, et la pièce romantique par excellence traverse les sentiments d'amour et d'amitié, et des questions que les personnages se posent repliés souvent sur eux-mêmes. Marianne est au centre d'un jeu hypocrite où les masques cachent à peine et finalement dévoilent avec fracas ce dont elle a une douloureuse et vive compréhension. Qui est capricieux ? Marianne ou ceux qui la regardent ? Ou peut-être Musset lui même, libertin romantique et classique, à plusieurs facettes empruntées aux losanges de son habit d'Arlequin. La dualité de la femme, peut-être la dualité de nous tous, Arlequins ou pas.

Capricieux les temps et les sociétés, capricieux les yeux qui regardent sans rien voir, caprices accusés et accusateurs qui se dévoilent souvent couverts de ridicules quand les masques tombent et quand dans la bouche reste un petit goût amer.

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Emmeline - Croisilles

Emmeline, une riche héritière de la grande bourgeoisie, tombe follement amoureuse d'un aristocrate sans le sou si bien qu'elle convainc ses parents de la laisser l'épouser. Le ménage sera-t-il heureux ? ● C'est une nouvelle d'analyse psychologique, à la dimension autobiographique assumée, d'une grande délicatesse.
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La nuit d'octobre

"La nuit d'octobre" est le dernier poème du recueil des "Nuits" et il est magnifique.

Musset conte ici comment la tristesse et la mélancolie est compensée par la joie qui transcende ladite mélancolie, et c'est magnifique.

Dans cette petite pépite, on trouve conté tout le combat entre l'ennui et la joie de vivre, dans toute sa beauté, avec un lyrisme, une force poétique unique. Dans ce poème magnifique, unique, magique, profond, romantique, émouvant, Musset a mis un art rare.
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Le fils du Titien

Alfred de Musset écrit ce conte qui prend place dans le décor à la fois somptueux et décadent de la Venise du Seicento (qui correspond à notre Renaissance). A travers le personnage du peintre Tizianino (fils cadet du grand Titien), Musset développe et explore un dilemme qui l'aura hanté toute sa vie : est-ce que l'art mérite qu'on lui consacre son existence ?



Le personnage principal semble incarner un peu de chacun des sept péchés capitaux. Epicurien, il est joueur, galant, sujet à la paresse, guère content de son sort mais incapable d'en changer. Pourtant talentueux, il séduit sans le vouloir une très noble Vénitienne férue d'art pictural et qui cherchera à l'amener vers la gloire. Mais l'amour d'une femme demande bien des efforts pour celui qui veut jouir de la vie dans ce qu'elle offre de plus précieux : la possibilité de disposer de soi-même, autrement dit la liberté. Et la peinture devient ici un carcan, une sujétion ; le portrait de sa maîtresse que le Tizianino s'évertue à ne pas vouloir achever se fait chaîne.



Sous les dehors d'une romance flamboyante, Musset mène une vraie réflexion de fond, servie par une plume vraiment ensorcelante.





Challenge MULTI-DEFIS 2022

Challenge RIQUIQUI 2022

Challenge XIXème siècle 2022
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Fantasio

Une comédie en deux actes très courte : à peine est-on entré dans l'intrigue que la comédie se termine… ou pas…



C’est une proposition de LC de Bazar qui m’a poussé à découvrir ce texte. J’ai fait le choix de le lire directement sans revoir le contexte de l’époque afin de profiter pleinement du texte lui-même. Mon avis sera mitigé, je ne suis pas forcément emballée par l’écriture. Si l’on retrouve de nombreux codes du théâtre classique, de nombreux autres éléments s’en démarquent.

Le thème de départ est amusant, je pensais trouver le personnage de Fantasio proche de celui d’Arlequin par exemple que j’aime particulièrement : le serviteur qui se travestit et fait des farces. Or ici Fantasio n’a de fantasque (ou fantaisiste) que son nom… j’ai trouvé ce personnage plutôt fade et vide. De même que les autres personnages du reste qui manquent à mon goût de saveur.

Il y a de bonnes idées mais rien n’est vraiment approfondi et je reste sur ma faim. Les travestissements ne donnent lieu à quasiment aucun jeu sur scène, tout se jouera en dehors et nous sera raconté par la servante…quel dommage !

La fin m’a d’autant plus déçue qu’il n’y a pas de fin à proprement parler sans vouloir dévoiler les détails à de futurs lecteurs.



Cette pièce ne me laissera pas de grand souvenir. Je tenterai toutefois de lire d’autres textes de l’auteur dont les titres sont très connus, vous savez : ces fameux classiques qu’on ne lit que rarement…

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La Confession d'un enfant du siècle

La confession d 'un enfant du siècle ",est une oeuvre d 'Alfred de Musset . Elle est

écrite durant cette ère du romantisme .Franchement, modestement, cette oeuvre

je l 'ai trouvé un peu plate, elle ne m ' a pas trop emballé .L 'auteur est connu

comme étant un dandy débauché. Alfred de Musset voudrait-il vraiment se

confesser, se raconter ou délivrer après sa liaison houleuse et tumultueuse avec

Georges Sand ? Ce n 'est pas facile, pour un auteur du XIXeme Siècle, siècle du

romantisme. Car ces auteurs pleurnichent sur leurs amours et leurs plaisirs de

chair lors qu 'ils ne sont pas satisfaits .C 'est la même, presque, histoire avec

Balzac et d 'autres où ce qu 'importe est la chasse à la femme , c 'est leur trophée .Leur fait d 'armes.Revenons à Alfred de Musset .Lui et G. Sand étaient en voyage en Italie .Sand est tombée malade de dysenterie .Son compagnon , au lieu de rester à ses côtés, il est allé courir derrière les grisettes . Retour de la manivelle, Alfred à son tour tombe malade, alors a une

liaison avec le médecin qui l 'a soigné auparavent .Et Alfred est blessé dans

son amour propre et de là le différend entre les deux amants .

Ce livre nous offre, en fin de compte, une analyse complète, lucide, historique

psychologique, sexuelle et morale de la crise d 'une génération .A la fin de

sa vie, Alfred de Musset est devenu alcoolique et dépressif .

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Gamiani ou deux nuits d'excès

Une rumeur arrive aux oreilles d'Alcide : la comtesse Gamiani aurait de forts penchants homosexuels. Il ne lui en faut pas plus pour que son imagination s'emballe et décider de voir ça de ses propres yeux. Le soir même, il parvient à se cacher dans la chambre de la comtesse. Incapable de se maîtriser en la voyant s'ébattre avec son amie, il sort bientôt de sa cachette pour se précipiter dans leur lit, où il est d'ailleurs favorablement accueilli.



Après la bataille, et quelques exclamations de dégoût un peu tardives pour les pratiques effectuées, la comtesse raconte ses souvenirs de jeunesse : sado-masochisme, viol, relations avec un singe, avec un pendu, et j'en passe. Ces souvenirs enflamment les sens des auditeurs et les lancent de nouveau dans des pratiques bestiales qu'ils regrettent sitôt finies.



On retrouve finalement la marque de fabrique des textes érotiques des siècles passés : transgressifs, beaucoup, mais érotiques, bien peu.
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Fantasio

« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd’hui, je vais vous parler de Fantasio…



-Aaaaaah, enfin quelque chose d’intéressant ! J’adore Gaston Lagaffe !



-Euuuh… Le Fantasio d’Alfred de Musset et non d’André Franquin. Or donc, Fantasio, jeune homme endetté, se déguise en bouffon de la princesse pour fuir ses créanciers. Pendant ce temps, un prince voisin se déguise pour approcher ladite princesse incognito et la courtiser comme dans une pièce de théâtre.



-Voilà qui promet maintes situations désopilantes et quiproquos !



-Oui. Mais non.



-Non ?



-Non.



-Mais ça t’a plu, ça t’a déplu, ça t’a quoi ?



-Déplu. Comment dire ? Fantasio est une pièce de théâtre, une comédie, paraît-il. Hélas, la morosité de Fantasio me voile l’aspect comique. En parlant de comédie, j’attendais… de l’humour drôle, des répliques qui fusent, de la vivacité, un rythme prenant, et… j’ai trouvé des déclamations fades, un rythme lourd, trop déséquilibré entre les deux actes, trop lent au début, trop rapide à la fin. Quant à la meilleure blague, elle se déroule complètement hors de la scène !



-Moi, les petites allusions à d’autres œuvres m’ont bien amusée.



-Mais ses vitupérations contre le théâtre moderne, quel ennui ! J’avais envie de lui répondre « Alfred, tu es bien gentil, mais quand je te lis, j’comprends pourquoi on enseigne Ruy Blas… »



-C’aurait été de mauvaise foi, Déidamie. On enseigne aussi Lorenzaccio et Les caprices de Marianne. Antony, en revanche, ce n’est plus trop à la mode.



-Ah, Antony ! Quelle pièce intéressante ! De Terribles Souffrances, d’affreux dilemmes, du vice, de l’héroïsme, de l’amour, de la Société qui est méchante, bref, du sentiment, de l’intensité enfin ! Ici, tout nage dans une mélasse collante de sinistrose.



-T’exagères, Déidamie. De l’intensité, tu en as avec la princesse.



-Mouais…



-Ah si. Son déchirement entre l’intérêt collectif et individuel rend son texte poignant. Et j’ai beaucoup aimé comment sa tristesse la pousse vers le bas matérialisme pour toute consolation : elles sont là, nos copines Satire et Provocation ! Le texte du stupide prince de Mantoue est réussi, lui aussi. Quelle bonne idée de tourner en dérision les stratagèmes du théâtre de Marivaux ou de Beaumarchais !



-Certes, mais cela reste insuffisant pour sauver la pièce. Je crains bien d’être restée de la vieille école (ou plutôt de l’école « moderne » selon l’auteur) en matière de théâtre et de ne pas apprécier plus que cela la patte d’Alfred.



-Ce monsieur a quand même du mérite ! Tu ne peux pas dire que c’est tout mauvais !



-Non, en effet. Tu es là pour le rappeler. »
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Lorenzaccio



Cette pièce de Musset est dite “spectacle dans un fauteuil” c’est à dire non jouable tel quel sur la scène du fait de sa longueur, du nombre de personnages et de décors.

Je l’ai lue sans déplaisir mais sans être non plus soulevée.



Pour ceux qui ne connaîtraient pas l’intrigue, il s’agit de l’assassinat du duc de Florence Alexandre par son favori Lorenzo de Médicis afin de provoquer l’action des républicains. Mais le meurtrier agira en vain comme il s’y attend d’ailleurs car le peuple acceptera de lui voir succéder un autre Médicis, Côme. Il s’y ajoute un désir de vengeance des frères Strozzi dont la sœur a été insultée puis empoisonnée et un essai d’amendement d’Alexandre grâce à l’amour par la marquise de Cibo. Le bénéficiaire sera le cardinal Cibo, beau-frère de la marquise qui pourra manoeuvrer le nouveau duc.



L’inspiration est historique mais Musset accommode ce que l’on sait de cet événement par Varchi, dont le récit a été adapté par Georges Sand qui l’a communiqué à Musset. Ainsi il fait de Lorenzaccio un jeune homme vertueux qui ne sombre dans la débauche aux côtés d'Alexandre que pour gagner sa confiance et le tue par patriotisme, ce qui n’apparaît pas chez le chroniqueur italien.

Cette pièce n'est pas sans rapport avec l’actualité de l'époque.

Certains actes m’ont tout a fait plu mais j’ai un peu “décroché” à d’autres. Il me reste l’envie d’essayer La nuit vénitienne.

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La Confession d'un enfant du siècle

Il était temps de découvrir Alfred de Musset ! le romantique parmi les romantiques, le grand poète désillusionné.



Le roman est une biographie. Musset l'écrit après sa rupture avec George Sand (j'y reviendrai). Son personnage Octave est un poète désillusionné comme tous les hommes de sa génération en manque d'idéal. Napoléon n'est plus ; désormais le monarque est Louis-Philippe de Bourbon, le roi bourgeois. Octave est le poème bohémien parisien par excellence. Un jour, il découvre que sa maîtresse le trompe, il en devient fou. Le temps passant, il rencontre une femme plus âgée dont il s'éprend. Toutefois cette relation passionnelle le mène à la folie. Exemple : « Avec qui étais-tu hier soir ? - Je ne te le dirai pas et pourquoi te le dirai-je ? - Je mourrai si tu me quittes ! ». Vous avez compris l'idée.



Par ce court résumé, nous comprenons que nous sommes face à une oeuvre romantique (le mouvement littéraire). En effet, le roman n'est qu'envolé lyrique ! J'adore le mouvement romantique car ce n'est toujours que grands emportements sentimentaux. Pour certains, ce mouvement est désuet. Baliverne ! Je trouve que la langue française n'a jamais été aussi belle ! Jamais la langue française n'a été aussi bien mise en valeur que dans ce mouvement ! J'ai adoré le style d'Alfred de Musset qui m'a beaucoup touché. J'y repense avec nostalgie (déjà).



Il y a plusieurs années, j'avais lu « Elle et lui » de George Sand. J'étais donc curieuse de lire « La Confession d'un enfant du siècle ». D'ailleurs la libraire à qui j'ai acheté le roman était tout autant excitée que moi de savoir qui aurait ma préférence. Musset a ma préférence ! Ses mots m'ont plus touchés que ceux de George Sand.



George Sand et Alfred de Musset, deux amants terribles ! Honnêtement, il fallait être folle pour entretenir une telle relation avec Musset. Il torture et mène à la folie celle qu'il aime. Certains diraient pervers narcissique, je n'ai pas d'avis sur cette dénomination. Mais il faut être tout de même sous une certaine dépendance affective pour rester avec lui.



Mon coup de coeur est le chapitre 2 de la première partie. Le plus mélancolique à mon sens. Je reconnais être parfois tout autant désillusionnée que Musset lorsque je regarde notre siècle que je méprise profondément.



En conclusion, un roman que j'ai adoré et que je vous conseille. Il me tarde de découvrir d'autres oeuvres de cet enfant du siècle ;)
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La Confession d'un enfant du siècle

Dévorer Les Caprices de Marianne et redécouvrir Musset m'a fait me jeter et dévorer son roman autobiographique fameux (dont j'ai pourtant lu des choses mitigées au fil des années ici), et je me suis de nouveau régalé... Musset fabrique une ode à son histoire d'amour avec George Sand, et le personnage-narrateur Octave (encore ! Il y en avait un dans Les Caprices de Marianne), dans La Confession d'un enfant du siècle, est quasiment aussi transparent vis-à-vis De Musset que Bardamu ne l'est pour Céline. La Confession d'un enfant du siècle tient donc d'un hommage à la grande histoire d'amour De Musset, d'un roman-confession justement, où le processus par lequel passe le personnage est semblable au sien et sert comme de livre d'excuses à Sand pour avoir détruit leur relation. Mais Musset convoque aussi Les Souffrances du jeune Werther de Goethe et La Nouvelle Héloïse de Rousseau comme références, et on peut aisément voir La Confession d'un enfant du siècle comme son propre Werther, particulièrement au livre III.



Ayant dit ça, le roman commence par une introduction totalement inattendue, où Octave/Musset historicise son mal-être, puisqu'il se dit "enfant du siècle", donc produit, victime de son époque. Il explique par un topo historique, faire partie de la génération dont les pères se sont battus pour Napoléon. Les pères avaient un but, un objectif, un sens à leur existence, à leur destinée. Les enfants, sous la Restauration, avec un espèce d'entre-deux retour à la monarchie d'avant/espérance pleine de frustration pour un avenir meilleur, se trouvent coincés dans une époque qui semble s'être arrêtée en gare sur le train de l'Histoire. Perte de repères, de valeurs, désespoir : Musset explique que la génération devient blasphématrice de par ses désillusions, s'abîme dans les idées anglaises et allemandes d'un Byron ou d'un Goethe, et cela expliquera ensuite notamment ses errances morales, son libertinage et ses allers-retours passionnels vis-à-vis de Dieu.



L'on entame après cela véritablement le roman avec la très célèbre nuit où Octave découvre que sa bien-aimée le trompe. S'ensuit alors une immense chute psychologique, son personnage étant baigné de tout un idéal pastoral détruit en une nuit par cette seule infidélité. le monde que s'était bâti Octave est anéanti, et son ami Desgenais, sorte de mauvais génie (pas de jeu de mots...), le pousse alors à oublier sa dulcinée en s'abandonnant aux joies du libertinage. L'on pourra rire ou être frustré des éternels scrupules d'Octave à céder à la jouissance continuelle prônée par Desgenais, car on se dit que (mais c'est peut-être moi...) une sorte de Carpe Diem épicurien jouisseur perpétuel le guérirait de ses questions existentielles sur le siècle ou sur l'explosion de son idéal pastoral, en attendant éventuellement mieux. le livre II est donc celui de sa débauche, mais débauche forcée, suite d'épisodes où il se résigne à adopter des moeurs et un comportement prescrits, mais qui ne parviennent jamais à lui faire oublier sa dulcinée originelle. On est loin de l'expérience salvatrice que semble vivre Desgenais et que l'on espérerait pour Octave. Cette deuxième partie se referme sur la mort de son père et son exil à la campagne, dans la demeure familiale.



L'on en arrive pour moi alors à l'apothéose du livre, qui est d'ailleurs commentée à juste titre comme l'acmé du bonheur d'Octave par l'excellent Sylvain Ledda dans mon édition Garnier-Flammarion. La partie III est Les Souffrances du jeune Werther version Musset : Après un repli sur lui-même dans la maison du deuil et au milieu d'une campagne et nature mirifiques, Octave rencontre une nouvelle femme, Brigitte Pierson, avatar de George Sand. Elle éclipsera tout : La première maîtresse à l'infidélité traumatique et le tourbillon du libertinage. le livre III baigne dans un univers extraordinaire où Octave retrouve ses idéaux, avec une nature célébrée comme il se doit. le conte de fées s'y termine comme il se doit avec la conquête de Brigitte Pierson, mais je ne choisis pas justement par hasard le verbe "se termine"...



Dès le livre IV, une fois qu'Octave et Brigitte Pierson devraient vivre cet amour formidable, en happy end pastoral, comme en rêvait Octave depuis le début, le fait d'être enfin en couple (j'ai l'impression de parler comme un ado d'aujourd'hui) le fait tout d'un coup s'asseoir sur ses acquis et il sombre dans une jalousie paranoïaque perpétuelle qui entraînera la chute de leur relation. C'est surtout là que Musset semble confesser, à travers son double de fiction, comment il a torpillé son histoire avec Sand par les propres échauffements de son esprit et en devenant abominable : Jamais certain en totalité que Brigitte ne reproduira pas la trahison de sa première maîtresse, démangé par des pulsions irraisonnées restes de son libertinage et de ses discussions avec Desgenais, il n'aura de cesse de tourmenter Brigitte en s'enfonçant dans le soupçon obsessionnel toqué ou en lui disant regretter ses maîtresses précédentes. J'essaie de ne pas spoiler et vous laisse imaginer la fin, surtout que tout est mis sur la table : Rupture, suicide, maladie de Brigitte...



Le livre V est le retour à Paris censé être l'antichambre provisoire avant un voyage extraordinaire censé réparer toute leur histoire d'amour et tout le mal qu'Octave a causé à Brigitte. En réalité, on se doute bien que ce sera le dernier clou du cercueil de leur histoire...



Cela faisait très longtemps que je n'avais pas dévoré un classique avec une telle voracité et rapidité, et pourtant submergé par le boulot. Tous les ingrédients y étaient : Histoires d'amour tragique, XIXe romantique... J'ai a-do-ré. le roman est vraiment un régal du début à la fin, tant dans ses descriptions que dans le lyrisme De Musset et les références constantes (on apprend plein de choses justement de par l'excellence des commentaires de Ledda) aux autres oeuvres De Musset, aux auteurs et artistes qui l'ont influencé... On s'amusera, enrichi par les commentaires, des leitmotivs de l'auteur, notamment du double, omniprésent... Mon édition bénéficie de passages entre crochets qui sont des élans ou digressions supprimés un temps par Musset, dont on pourra estimer de la valeur ajoutée ou au contraire du caractère superflu, c'est selon. On peut à la limite préférer Les Souffrances du jeune Werther, trouver que tout ne se vaut pas toujours dedans, considérer Octave comme ridicule et insupportable par moments, se dire que Musset ne se hissera jamais sur mon podium personnel avec Hugo et Baudelaire, mais cela faisait vraiment très longtemps que je n'avais pas été aussi enthousiaste avec un roman. Je viens d'en offrir un deuxième exemplaire à un de mes proches, et vraiment, je le recommande fortement, pour tous les fans de l'époque et du romantisme !
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Si j'étais femme : Poèmes choisis

Je ne connaissais que le début du poème Ballade à la lune :



C'était, dans la nuit brune,

sur le clocher jauni,

La lune,

Comme un point sur un i.



Les biographes de Musset parlent d'un jeune homme qui tombe dans l'alcool, la débauche, les désillusions et qui finit par se suicider.

Pourtant, ce que j'ai gardé, moi, de ces poèmes choisis, c'est comme ce poème appris enfant, une écriture légère et sautillante, musicale qui parle d'amours et de femmes fraîches et ravissantes.

Il y a quelque chose du papillon qui volette et butine malgré une mélancolie sous-jacente. Je me suis par moments demandé si Apollinaire était un lecteur de Musset, mais sans doute car on pourrait presque retrouver du Musset dans ses poèmes à lui.

Une découverte agréable donc, mais pas de coups de coeur. Il était temps que je découvre ce poète qui sait si délicatement poser à l'écrit de simples situations.
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Histoire d'un merle blanc

Pauvre merle blanc! Différent et rejeté! Solitaire et trompé! En lisant cette histoire merveilleuse, bien écrite, et aussi mélancolique, on revient forcement sur la vie d'Alfred de Musset, surtout au moment où il développe la ruse des femmes à travers l'image de la merlette apparemment blanche mais eu fond elle se fait blanchir par une poudre rien que pour séduire le merle blanc, ça nous fait penser à George Sand! Pour ma part, je trouve cette analogie vraiment affligeante, présenter cette grande dame des lettres de cette façon, c'est être égocentrique!

Entre temps, la première partie de l'histoire est consacrée à la recherche de l'identité, hé oui, le merle blanc n'arrive pas à se fixer des repères car abandonné par les siens. Et dans tout son parcours il n'arrive pas à s'identifier à aucune espèce d'oiseaux. Mais une fois, qu'il ait retrouvé son identité en tant qu'un merle blanc, différent des autres merles, c'est la révélation et le déclenchement de ses talents intérieurs, en même temps le chemin de la gloire s'ouvre à lui ...puis la ruse de la merlette qui va le pousser à recroqueviller à nouveau dans sa solitude.

Un merveilleux conte initiatique!
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Lorenzaccio

Après l'échec de sa première pièce, La nuit vénitienne en 1830, Musset continuera d'écrire des pièces, mais sans vouloir les faire représenter. Lorenzaccio paraîtra en 1834 dans le premier tome du Spectacle dans un fauteuil. Malgré des tentatives de Paul, le frère de l'auteur, l'oeuvre ne pourra être représentée pour la première fois qu'en 1896, avec Sarah Bernhardt dans le rôle titre. Cette prise de rôle prestigieuse va créer la tradition de faire jouer le personnage de Lorenzaccio par une femme. Ce n'est qu'en 1953, qu'une version avec un homme dans le rôle titre s'impose : c'est la fameuse mise en scène de Jean Vilar, avec Gérard Philippe. La pièce devient un classique.



Elle est toutefois très complexe à mettre en scène : trente-neuf tableaux, une centaines de rôles...c'est la pièce de la démesure, du romantique flamboyant. L'absence de la perspective scénique, avec ses limitations, a permis à Musset de donner libre cours à toute son imagination créatrice. Le revers de la médaille, c'est que la pièce reste finalement peu jouée, et qu'elle ne l'a jamais été en entier : toute représentation est une adaptation. Le choix de ce que l'on coupe est déjà une lecture.



C'est une pièce historique, genre souvent mis à l'honneur par les Romantiques (la pièce suit d'une année Lucrèce Borgia de Victor Hugo). Elle se base sur l'assassinat du duc de Florence, Alexandre, par son cousin Lorenzo en 1537. Georges Sand avait écrit sur le sujet un drame, « Une conspiration en 1537 » qu'elle abandonne à Musset. Il va complètement transformer la trame d'origine pour en faire cette pièce polyphonique et complexe, presque monstrueuse (le monstrueux fascine les Romantiques), qu'est devenu Lorenzaccio.



La pièce est en réalité très difficile à résumer, tant les personnages, les thèmes, les sujets sont nombreux. Le motif principal, est celui de Lorenzo, cousin du duc en place, Alexandre, son âme damnée semble-t-il, qui l'accompagne dans ses débauches et ses crimes, qui gagne sa confiance. Musset laisse très vite deviner que Lorenzo a comme but d'assassiner Alexandre, pour rendre la liberté aux citoyens de Florence, que son comportement est une ruse. Mais la grande richesse de la pièce est de ne pas se borner à ce motif, mais d'élargir le questionnement. En réalité de nombreux personnages interviennent, avec à chaque fois, à un niveau ou à un autre, une interrogation sur le pouvoir, sur la façon de gouverner, de se gouverner, d'organiser la vie sociale, de se positionner dans une société. Il y a la comtesse Cibo, républicaine convaincue, qui devient la maîtresse d'Alexandre, avec l'idée de faire changer son comportement. Mais ce personnage montre toute l'ambiguïté de la pièce : bien évidemment, elle ne pourra pas changer le Duc, mais on finit par se demander, si elle y croyait elle-même ; à quel point son orgueil, son attirance aussi pour Alexandre ne l'ont-ils pas motivée. Mais Musset entremêle toutes ces motivations, elles ont au final chacune une part dans le comportement de la comtesse, rien n'est univoque.



Un autre pesonnage important est Philippe Strozzi, le chef d'une famille importante de Florence. C'est en principe l'homme juste, mesuré, il se retrouve victime des menées du Duc. Mais il se contente d'être observateur, n'approuvant pas, mais restant en retrait, ce qui permet aussi au Duc de se maintenir en place. Il réagit uniquement au moment où sa famille est menacée. Son fils Pierre, quand à lui, se montre violent et inconsidéré, et finit, devant l'impossibilité de réaliser son ambition, de se tourner vers un autre maître, le roi de France, tout en étant conscient que ce dernier ne respectera pas ceux qu'ils souhaite conquérir, donc en trahissant en pleine connaissance de cause. Ces grandes familles sont au final d'autres Médicis en puissance, l'intérêt et l'ambition personnelle étant en quelque sorte inévitables, les réaliser est une question d'opportunité et de possibilités matérielles.



Enfin le peuple, le plus grand sacrifié des coupes effectuées par les mises en scène de la pièce, qui juge, qui commente, spectateur et possiblement acteur. Musset le montre changeant, facile à manipuler, possiblement violent sans raison, peu conscient de ce qui se joue, égoïste à court terme, et peu fiable. On pourrait aussi évoquer la figure importante du peintre, qui introduit un artiste, et l'oblige aussi à se positionner.



Le drame de Lorenzaccio prend toute sa mesure dans ce contexte. Le personnage est au moment de l'action pleinement conscient de l'ambition des puissants et de l'impuissance et faiblesse de la foule.En côtoyant le pouvoir, il a perdu foi dans les hommes. C'est cela qui fait qu'il ne croit plus à l'utilité de son geste, qui devient presque juste une obsession, et une fuite vers sa propre mort. Car lui-même en devenant un autre s'est perdu. Le masque qu'il pensait avoir revêtu pour abuser Alexandre est devenu son propre visage, et le retour en arrière n'est plus possible. Il est d'une extrême lucidité sur lui-même et les autres, ce qui l'amène à l'amertume et finalement une forme d'impuissance.



Une pièce immense.
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La Confession d'un enfant du siècle

Un des chefs d'oeuvres, si ce n'est le chef d'oeuvre De Musset. Si Musset avait un don évident pour les vers, il excelle dans l'art du roman où son talent et sa facilité pour la poésie se ressentent à chaque phrase. Quand il présente en première partie de son roman "la maladie du siècle, le mal de toute sa génération, ce n'est pas l'exercice facile et évident qu'on a bien voulu lui prêter; il fait preuve d'une grande clairvoyance dans l'analyse d'une époque et d'un recul assez remarquable sur sa vie et celle de ses contemporains. Que dire de la maîtrise de son verbe, la puissance de son style et la richesse de ses références dans ces quelques chapitres.

Musset raconte ensuite sa "désillusion", sa "désespérance" qui l'ont fait sombrer dans la débauche. Ici encore il analyse son sentiment de dégoût avec simplicité mais beaucoup de subtilité. Si le thème a souvent été repris par la suite, accordons à Musset le mérite d'avoir, le premier (du moins un des premiers après Goethe, Chateaubriand...), su mettre des mots justes sur ces sentiments de désillusion et d'écoeurement. Musset sait dire les choses, et bien les dire, et se trouve un contradicteur dans la personne de Desgenais, ce qui enrichit considérablement ses réflexions. Il a su mettre des mots sur des sentiments et des idées qui ont inspiré de nombreux auteurs (Beigbeder ne s'y est pas trompé en appelant son héros Octave) et qui sont malheureusement devenus un poncif du genre, affadissant parfois ses propos.

Vient ensuite sa relation complexe et tourmentée avec Brigitte. Octave est attiré par Brigitte, elle se refuse à lui, il la séduit puis finit par ne plus la désirer quand elle se donne à lui avant de le rendre jaloux... Ok, on est dans le roman psychologique estampillé "Romantique". Mais ce jeu amoureux n'est pas aussi ennuyeux qu'on a bien voulu l'admettre. Encore une fois Musset sait mettre les mots exactes sur l'analyse des sentiments et nous offre des paragraphes d'une beauté et d'une fluidité indiscutables. Si on aime le style De Musset, un style qu'il est allé puisé dans sa poésie, on ne peut pas s'ennuyer à la lecture de ces chapitres. Musset ne nous offre pas qu'une vision amère ou passionnée du sentiment amoureux, il nous offre aussi une très belle analyse de l'acceptation ; acceptation de l'amour en tant que sentiment imparfait et acceptation de la vie par un jeune homme qui est en train de devenir adulte. En ce sens, les dernières lignes du roman nous offrent une réflexion plus subtile et moins poussive que la tirade d'"On ne badine pas...", certes très belle mais trop souvent citée et dévoilée.

Enfin, La Confession n'est pas qu'un simple exercice de justification ou de règlement de compte envers George Sand; même si le contexte et les références amoureuses sont évidentes, ce roman n'est pas aussi agressif qu'on a bien voulu le dire, on perçoit la tendresse De Musset envers sa maîtresse en particulier dans les dernières pages. Ce roman va plus loin qu'un simple exercice de justification, Musset n'y parle pas que de lui mais cherche aussi à comprendre, expliquer et d'une certaine manière excuser tous ceux qui, comme lui, ont été gagnés par le mal du siècle, sorte de mal universel (la mélancolie, la jeunesse ou les deux...) qui touche toutes les générations depuis deux siècles.

Ce roman est à découvrir, à lire et à relire. A découvrir au lycée parce qu'il est d'une grande richesse littéraire, à lire quand on est encore jeune parce qu'il aide à mettre des mots sur ses sentiments de dégoût, de désillusion, de déception amoureuse et parce qu'accepter l'imperfection de monde pour devenir adulte peut faire peur et à relire à tout âge parce que c'est un très beau roman à l'écriture parfaitement maîtrisée qui ne peut laisser insensible aucun amateur de belles lettres.
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Poésies complètes

Je connaissais pas la poésie de Musset avant. Je le connais surtout pour son théâtre, Lorenzaccio avant tout. Ce fut une très belle découverte. Il n'est pas dans la lignée de Voltaire ou Baudelaire mais je dirais plutôt dans celle de Ronsard dans sa vision (libre) de l'amour. Ses poèmes sont moins dramatiques que ses pièces de théâtre. Il ne donne pas l'image du poète torturé, qu'il désacralise d'ailleurs! Sa poésie est vraiment à découvrir (je vais en poster quelques uns pour vous en donner une petite idée!). Il mériterait d'être un peu plus connu pour ses vers.
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On ne badine pas avec l'amour

Quelle merveilleuse pièce! L'une des meilleures d'Alfred de Musset. L'auteur a frappé fort sur un travail nettement approfondi sur les personnages...chaque personne a semblé appartenir à un monde à part entière, mais la magie de la théâtralité des situations et celle de la verve de l'auteur ont permis à ces différents mondes de se fabriquer une seule paire de manche d'où la beauté, pour ma part, de ce drame romantique...
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